INTERIEUR.
0e ANNÉE. - N° 573.
DIMANCHE, 1 NOVEMBRE 1846.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
MOUTON.
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cepteurs des postes du royaume.
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tion doit être adressé, franco
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VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 31 Octobre.
LA VÉRITÉ ET LE JOURNAL DES
BAZILES.
Il est rare que nous ayons ennuyé nos lec
teurs aussi longtemps, en suivant pas pas les
élucubralions calomnieuses et mensongères de
la feuille cléricale. Mais dans cetteoccurence, il
s'agit de mettre nu 1 egoïsme des patrons de
cette feuille qui, loin de s'émouvoir de l'ini-
uilé dont leurs concitoyens et peut-être eux-
mêmes «ont victimes, y ont applaudi et l'ont
justifiée. Le Journal des Baziles qui ne ment
jamais plus effrontément que quand il prétend
jpxprimer une vérité, a dû, sous le coup del'in-
ignation générale, pallier ses premières expli-
alions sur le retrait delà garnison de cavalerie
t dans son numéro du 24 octobre dernier,
nie ouvertement ce qu'il avait avancé que la
iminulion de notre garnison_était une ven
geance de son parti.
Ce journal véridique nous annonce que les
libéraux seraient intéressantss'ils parvenaient
se poser en victimes et plus loin, il dit qu'on
%ie fera accroire personne que le gouvernè
rent ait eu l'intention de les punir. Ceci ne
accorde guère avec ce qu'on lisait dans son
uméio du 10 octobre; beaucoup de maisons
de quartiers sont vides par suite de la di-
inution de garnisontel est pourtant un des
ésultats de tout ce fracas de libéralisme et de
ette parade d'hostilité contre le gouvernement
ont on fait un si grand étalage. Les ministres
léseraient que des niais, s'ils allaient au-devant
es velléités de leurs ennemis et de leurs détrac
teurs.
Ou ces lignes n'ont aucune signification ou
elles doivent se comprendre en ce sens que si
la ville d'Ypres a une garnison moindre, c'est
la rancune du ministère que nous le devons.
Et depuis, succombant sous l'exécration pu
blique, la feuille du clergé se rétracte. Ce n'est
plus une vengeance, eh non, c'est par une
combinaison dont on nedoit pas rendre compte,
que la ville d'Ypres se trouve lésée. Mais si c'é
tait une vengeance, ajoute-t-elle, le ministre
pourrait réduire l'effectif de la garnison zéro,
vu qu'ici on ne fera pas d émeutes et qu on n'a
besoin de troupes que là où la tranquillité pu
blique pourrait être menacée.
La béate feuille qui, depuis dix ans, se plaint
de ce qu'elle se pose en Cassandre cléricale et
qu'elle propage sans succès ses prophéties, an
nonce que ce n'est pas sans un secret plaisir
qu'elle a vu ses prédictions s'accomplirc'est
dire, que la ville a été victime d'une injustice.
C'est un réjouissant spectacle pour un béat
jésuite que de voir la justice dédaignée et l'in
justice triomphante 'pour autant toutefois
qu'il n'en soit pas victime, car alors tout chan
gerait de face et ce qui est vérité aujourd hui
deviendrait mensonge demain.
Il est vrai que les béats du Journal des
Baziles ne sont pas illuminés loin s'en faut,
car ils vous avancent les excentricités les mieux
conditionnées qu'il soit possible dinventer.
Pour eux, le rôle de l'armée doit se borner celui
d agents de police. 11 n'est besoin de troupes,
aux yeux du parti clérical, que pour prévenir
les émeutes et les étouffer. Cela donne la me
sure de l'estime et des sentiments, dont il croit
lui-même la nation animée son égard.
Enfin nous touchons la dernière partie de
Vélucubration véridique qui brise le masque
sur la figure aux charlatans du libéralisme. Il
faut du courage pour relever vingt fois les
mêmes mensonges, des calomnies toujours ré
futées, toujours renaissantes; mais ces fanati
ques appellent cela briser le masque sur la
fiyure des libéraux. 11 est vrai que nous ne
pourrions en dire autant, car le masque que les
jésuites portent sur la figure est inaltérable;
l'habitude de la dissimulation, de la calomnie,
du mensonge et de l'astuce, leur en a composé
un qui est devenu pour eux une seconde
figure,comme beaucoup d habitudes deviennent
une seconde nature.
Nous voudrions réduire sa juste valeur la
situation florissante du collège communal de
1815 1826. Elle n'était pas plus prospère
que celle actuelle. La seule différence qu'il y
avait, c'est qu'il n'existait pas alors de pépinière
spéciale de jeunes prêtres en ville. Tout était
concentré l'institution communale.
Combien de fois devrons-nous répéter que
les ministres de la religion catholique ne soDt
pas exclus du collège communal, qu'il leur est
loisible d'y aller et que c'est l'évêque lui-même,
qui a refusé un aumônier pour l'instruction
religieuse. Ce sont des mensonges cent fois ré
futés et que la véridique feuille cléricale répète
conslamment. D'ailleurs il est impossible que
la ville subsidie un établissement pour chaque
fraction d'habitants qui serait méconlente de ce
qui existe. Dans l'étude du latin, du grec, des
mathématiques, de l'histoire, il est difficile de
ne pas être orthodoxe. Si, sous des prétextes
njtfnsongers et fallacieux, le clergé poursuit de
son inimitié l'établissement communal et veut
par tous les moyens y faire irruption nous
croyons qu'il se flatte d'un vain espoir. Ni par
convention, ni par fusion, on n'y laissera pren
dre pied au clergé que pour exercer les fonc
tions de son ministère, c'est-à-dire l'enseigne
ment de la religion. Toutes autres conditions
sont inacceptables.
Un concours de poésie de littératurede
belle écriture et de déclamation est annoncé
pour le 29 novembre 1846. Quelques membres
de la société, dissimule actuellement, de poésie et
et de déclamation, sous la devise: De kunst is
ons vermaekse sont associés pour l'organiser.
Dix-huit médailles seront offertes aux vain
queurs dans ces luttes pacifiques, qui faisaient
anciennement la gloire et les délices de nos
ancêtres. Des prix de poésie, de littérature, de
déclamation tragique et comique en français
et en flamand seront décernés, ainsi qu'à l'au
teur de la plus belle page d'écriture. Nous dé
sirons que celle solennité soit brillante et que
les ordonnateurs de celte fête d'origine flamande
puissent avoir du succès. Depuis longtemps
nous n'en avons eu de ce genre, peut-être cela
pourrait-il reprendre par suite des efforts qu'on
fait partout, pour épurer le langage de nos an
cêtres et l'asseoir sur des bases uniformes.
On nous écrit de Bruxelles
Nous voici en pleine scission-, l'on est vieux ou
jeune, libéral ou radical, constitutionnel ou républi
cain. Nous qui sommes des premiers, avant huit
jours nous serons l'œuvre pour former une nou
velle association. Les démissions se donnent eu
grand nombre et une foule de personnes qui étaient
restées inactives au milieu de ces luttes politiques,y
prendront part dans notre nouvelle association.
Celte scission était inévitable, elle était dans la
force même des choses; la proposition des représen
tants n'est point en effet la cause réelle de la désu
nion elle n'est que l'occasion laquelle éclate une
scission dont les germes étaient dans l'assemblée
depuis plus de deux ans. La cause réelle est la con
duite delà minorité toujours active, turbulente
même et recourant tous genres d'intrigues pour
se créer une majorité factice et substituer sa volonté
celle de la majorité. Celle-ci a pu se soumettre
d'abord patienter ensuite mais elle a fini par re
vendiquer une prépondérance qui lui appartient.
On s'explique difficilement peut-être comment la
majorité ne peut faire prévaloir sa volonté. Les
motifs sont nombreux et faciles saisir l'apathie de
Feuilleton.
XV. le retour. {Suite.)
Ces obstacles n'intimidèrent point Laure, ces périls lui semblaient
légers aupiès de celui auquel elle venait d'échapper. Pierre, d'ail
leurs, élait la et son dévouaient s'était retrouvé. La force corporelle
de cet houimc l'élasticité de ses muscles, son agilité sa présence
d'esprit tenaient du prodige. Il emportait Laure dans ses bras avec
la vitesse de l'éclair sur les pentes les plus rapides, bondissait comme
le chamois d un roc un autre sans broncher, sans hésiter, saus un
faux pas on eût dit que cet homme avait fait un pacte avec le3
ténèbres, avec les pierres, aveo l'eau, avec la forêt. L)evaut lui, les
difficultés s'aplanissaient comme s'il eût joué avec elles-, rien ne l'ar
rêtait, ni les broussailles, ni les fondrières, ni les escarpements, ni
les marécages son œil distinguait des objets imperceptibles pour
d'autres; son pied semblait avoir l'instinot du lieu où il fallait se
poser; aussi cetlc course de nuit s'acheva-t-clle comme par enchan
tement. Au moindre pas périlleux Laure se sentait soulevée de
terre et transportée eu un moment sur un terrain moins rude; son
vigoureux compagnon semblait n'avoir d'autre souci que de lui
épargner les fatigues et les dangers du chemin.
Quelquefois pourtant, Pierre s'arictail tout A coupet faisant
asseoir la jeune fille, il lui recommandait le plus profond silence.
Il n'était pas rare alors d'entendre le hennissement des chevaux ou
le retentissement de quelques pas dans les sentiers voisins. A la
nature des bruits Pierre devinait le nombre de ses ennemis el la
direction qu'ils prenaient. Ceindices le guidaient dans sa marche,
la rendaient plus sûre. Un général consommé n'eût pas déployé plus
de ressources ni imaginé une marche plus savante. Ce fut au miieu
de ces précautions et l'aide de celte stratégie que les deux fugitifs
arrivèrent sur les bords d'une petite rivière qui serpentait dans une
plaine couverte d'oliviers: c'était la rivière de Gapeau. On entendait
de loin par un profond silence, clapoter l'eau dans les endroits où
le lit se resserre et où le courant acquiert plus de rapidité. A quelque
distance de là, une masse noire semblait former une barrière
l'horizon. Des murailles délabrées des» créneaux demi écroulés
se dessinaieut confusément on était arrivé devant les ruines de
Saint-Michel, assignées Zéphyr comme lieu de rendez-vous.
Pierre eu jetant les yeux sur ces décombres ne put retenir un
geste d'impatience et de mécontentement. Évidemmentses ordres
n'avaient pas été suivis il cherchait un indice qu'il n'apeieevait
pas, et semblait se défier d'une surprise. Par trois fois il fit le tour
des murailles en y jetant des regards soupçonneux et cherchant
éclairer ses doutes. Enfin se plaçant sur l'une des meurtrières les
plus rapprochées de la porte il fit entendre ce que, dans la troupe
on nommait la Romance des MoutonsA peine le dernier son du
sifflet avait-il retenti qu'une tête parut hors de la meurtrière
Est ce toiZéphyr dit Pierre.
Ouioapitaiue.
Et pourquoi n'as tu pas allumé le petit fan il étourdi
Il a passé des gendarmes capitaine. Fallait pas se trahir.
Ah diable et de quel côté allaient-ils
Du côté des Maures.
Combien étaient-ils
Cinq.
C'est bien descends.
Oui capitaine.
Zéphyr au lieu de faire le lour par l'intérieur des ruines sauta
du haut de la meurtrière et se trouva sur-le-champ aupiès de Pierre
Et la voiture dit celui-cioù est-elle
Dans le magasin fourrages capitaine les chevaux sont at
telés je vous attendais.
Maintenant mou gars, qu'as-lu observé dans le jour Qu'y
a-t-il dans l'air
Un Ira la la de gendarmes capitaine Gendarmes pied et
cheval. La brigade donne toute entière faut croire C'est pire que
les sauterellesl
Le chemin le moins garni de ces oiseaux-là lequel est-ce
Zéphyr Tâchons d'avoir la main heureuse 1
Celui de Piguans capitaine le Bas-de-Gapeau est trop mau
vais Piguans et Cuers, voilà notre affaire.
Ya pour Piguans et Cuers, mou garçon 1 C'est arrêté j fais
sortir les bucéphales.
Oui t capitaine et des bêles solides vous allez voir comme ça
détale*