3 Vers une heure, S» M» là Reine et LL* AA. RR. le duc de Brabant, le comte de Flandre et la princesse Charlotte sont venues prendre place dans la tribune au-dessus du couloir de droite. S. M. et les princes ont été salués des plus vifs applaudissements. A une heure et quelques minutes, le canon a annoncé le départ du Roi de son palais. Arrivée au Palais de la Nation, S. M. a été reçue par la députa- tion des deux Chambres,accompagnée des questeurs. Le Roi a fait son entrée dans la salle, précédé de la grande députation, accompagné des personnes com posant sa maison militaire et des officiers généraux présents Bruxelles. L'assemblée et les assistants se sont levés, et ont accueilli S. M. par des applaudis sements et par les cris de Pire le Roi Le souverain a salué plusieurs reprises l'assem blée, a pris place sur le trône, s'est couvert et a prononcé le discours suivant Messieurs, En ouvrant le cours de vos travaux, je puis nie féliciter de voir mei relations avec les puissances étrangères conserver un caractère pacifique et amical Les traités conclus avec les États-Unis, la France et les Pays-Bas ont eu pour objet de consolider et d'étendre nos rapports commer ciaux. La discussion de ces traités, la loi de comptabilité générale, les lois sur les entrepôts et sur les sucres ont heureusement signalé Votre dernière session. L'industrie et le commerce des sucres reprennent leur ancienne importance, et le trésor réalise les produits que vous avez voulu lui réserver. Parmi les propositions sur lesquelles il vous reste délibérer, j'indiquerai spécialement la loi relative l'enseignement secondaire. Ce projet qui a reçu des développements nouveaux complétera notre système d'instruction publique. Mon Gouvernement recommande cette grande question d'ordre moral votre sollicitude éclairée. Il «n attend avec confiance la solution dans la session actuelle. La prospéiité des branches principales de la richesse commerciale et industrielle s'est généralement maintenue et développée. La prochaine exposition nationale permettra d'appiécier les succès de sios industriels. Malheureusementcôté des progrès et des espé rances d'avenir, d autres intérêts auxquels j'ai voué toute ma sym pathie subissentdans une partie du pays une crise dont la gravité ne peut être méconnue. L'état des populations qui s occupent de l'industrie linière exige des mesures immédiates. Encourager et perfectionner le travail en vue d'une augmentation des salaires orgauiser l'industrie pour mettre les produits mieux en harmonie avec les besoins du commerce, étendre les exportations, tels sont les objets principaux des soins de mon Gouvernement. Les moyens d'une intervention active de l'Etat vous seront proposés. Les dispositions prises pourassurer l'alimentation du pays, les nombreux travaux d'utilité généraleles secours publics et pa.ticuliers ont puissamment aidé les classes uécessiteu->es supporter les privations qui résultaient delà mauvaise récolte des pommes de terre en 1845. La récolte eu est satisfaisante cette année: mais lepiix élevé des denrées et surtout le manque de la récolte du seigle appellent l'attention sérieuse des Chambres et du Gouvernement. La prorogation de la loi relative aux subsis tances, l'allocation-des subsides nécessaires aux tlavaux publics et aux secours exceptiouels que les circonstances peuvent exiger, produiront sans doute encore d'heureux résultats. La canalisation de la Campine avance avec un entier succès. Les irrigations qui pourront désormais être continuées et éten dues la construction de roules, et d'autres moyens qui vous seront proposés, assureront en peu d'années, le défrichement de cette pallie de noire territoire. Les projets de loi relatifs l'enseignement agricole et vétéri naire seront incessamment «oumis votre examen. Les opérations du recensement se ponrsuivent avec régularité. Les données déjà recueillies, bien qu'elles soient incomplètes, consistent un accroissement notable de la population. Gomme la situation politique du pays est calme je puis, dès aujourd'hui, vous annoncer la présentation d'uu projet de loi pour augtneuter le nombre des membres des deux Chambres. Cette loi aupa un caractère d'urgence déterminé par l'époque des prochaines élections. Selon le voeu de la Constitution, les études tendant réviser diverses parties de la législation ont élé continuées. Des projets fur les tribunaux de commerce, la contrainte par corps, les sursis, les faillites sont envoyés l'avis des corps judiciaires et des Universités. J'espère qu'ils pourront vous être proposés dans le cours de la présente session. Les modifications projetées au code d'instruction criminelleainsi qu'au nouveau code dis ciplinaire de la marine marchande seront très-prochainement déposées. L'attention du Gouvernement s'est aussi portée sur le régime des établissements d'aliénés, des monts-de-piélé et sur la création de colonies agricoles. Des propositions vous seront failes pour réaliser les améliorations que l'humanité et l'état de la société réclament* Je désire la piOinpte discussion du projet de loi relatif au système pénitentiaire. Le mouvement des transports par le chemin de fer de l'État a pris, en 1846, une nouvelle et remarquable extension. L'achèvement des doubles voies en cours d'exécution et des chemins de fer con cédés, dont les travaux sont commencés sur plusieurs points, réagira encore d'une manière favorable sur une situation déjà très-prospère. Il est devenu possible de doter d'une organisation législative cette grande entrepris nationale. Des propositions vous seront sou mises pour déterminer les bases des tarifs et pour régler le système d'exploitation du chemin de fer. Les travaux publics les plus importants qui restent exécuter concernent le régime des eaux et les voies navigables. L'étude de divers projets se poursuit, des moyeus d exécution pourront vous être successivement demandés mesure que la situation du trésor le permettra. Afin d'augmenter les ressources des classes ouvrières mon Gou vernement donnera une forte impulsion la construction des routes déjà décrétées et l'amélioration des chemins vicinaux. Il ne né gligera aucun moyen de hâter l'exécution des nombreux travaux qui ont été concédés L'armee, l'un des fermes soutiens de l'indépendance du pays et de les institutions, continue se rendre digne de toute ma confiance et de l'intérêt que vous lui témoignez. Les cfiorls de mon Gouverne ment tendent maintenir dans ses rangs une émulation utile et le «enliment de ses devoirs envers le pays. Toutes les mesures qui peuvent la diriger dans la voie du progrès, et assurer son bien-être, obtiendront, je ne puis en douter, votre concours bienvieillant. Les modifications la loi sur la milice, les réformes proposées dans le système des pénalités et la loi relative au service de santé contribue ront puissamment atteindre ce but. Malgré les circonstances exceptionnelles qui affectent le pro duit de certaines sources de revenu public, l'équilibre eutre les receltes et les dépenses de l'État pourra étire conservé sans imposer aux contribuables des sacrifices nouveaux. La plupart des budgets de dépenses, pour l'exercice 1847, vous sont déjà présentés le budget des recettes et le complément des budgets de dépenses pour cet exeroice seront immédiatement déposés. Dans le cours de la session, et des que des prévisions pourront être établies, vous recevrez communication des budgets des dépenses et des voies et moyens pour l exercice 1848. Messieurs, la Belgique, an sein de la paix, a devel >ppé les germes d'une activité féconde. En leporlant notre pensée sur les résultats déjà obtenus nous pouvons contempler l'avenir avec confiance. L'accord des grands pouvoirs de l'Etat l'appui que vous avez donné mon Gouvernement et sur lequel je compte encore nous permet tront de conserver et de consolider nos institutions. Le vœu formé par notre pays depuis des siècles d avoir une existence lui et la disposition de ses nombreuses ressources s'est réalisé de nos jours. Ce sera toujours un grand bonheur pour moi de penser que mes ef forts ont contribué a surer la Belgique les précieux avantages d'une existence libre et indépendante NOUVELLES DIVERSES. Nouvelles importantes du Portugal. Les journaux anglais ont des nouvelles de Lis bonne du 30 octobre; celle date, cinq heures du soir, 1 escadre britannique, sous les ordres de l'amiral Parker, se trouvait l'em bouchure du Tage. Elle était attendue d'un moment I autre devant Lisbonne, où le steamer Rnttler s était rendu pour prendre des pilotes pour XHiherniale Rodney,\'Albion,le Superbe et le Trafalgar. Le Vanguard avait dû appa reiller pour Gibraltar pour y subir quelques réparations. Les journaux assurent que I escadre a été appelée par le chargé d'affaires anglais M. Southern, la demande de la Reine et afin d imposer aux insurgés. Uuedemandesemblable a été adressée I Espagne, pour l'engager rapprocher son corps d'observation des fron tières. Dans un de ses derniers articles, le Dinrio do Gobierno affirme qu'en cas de besoinle gouvernement portugais peut compter sur le secours d une flotte anglaise et d une armée espagnole. Celte assertion contribuera aug menter encore les sentimens d'antipathie que l'Angleterre inspire en Portugal. Un corps d'armée s'organise Lisbonne, et se mettra en marche- contre les insurgés aussitôt que les arrangements nécessaires seront terminés. Ce corps, fort de5,000 hommes, sera commandé par le Roi lui-même, qui aura le marquis de Saldanha pour chef de son état- major. Tous les steamers qui naviguent sur le Tage ont été mis en réquisition pour le transport des troupes de Santarem qui doivent faire partie du corps expéditionnaire. Le premier sang a coulé. Le général Schwalbach a rencontré les insurgés des Al- garves, sous les ordres de Celestinoqui se portaient au secours d Evora et les a mis eu déroute après leur avoir fait 200 prisonniers et leur avoir tué beaucoup de monde. Les insurgés de Villaréal commandés par Veiga, Ribello et Seixas,ont également été battus par les troupes royales sous les ordres du baron Cazal. Le nombre de morts a élé considérable de deux côtés; Veiga et Ribello sont de ce nombre. Le Diario publie une série de documents intéressants: Un décret par lequel la Reine, la récommandalion de ses ministres, s'attribue le pouvoir absolu pendant le temps que durera l'insurrection; une lettre par laquelle la Reine invite le comte Das Antas faire sa soumission et la réponse négative de celui-ci; enfin un décret qui dépouille de tous leurs litres et hon neurs le comte Das Antas, le comte de Mello, le marquis de Louléle vicomte Sa da Randeira et le baron Algoders. La colonne sous les ordres du comte Das Antas, partie d'Oporto le lo pour marcher, disait-on, sur Lisbonne, se trouvait encore le 14 Coïmbre. Almargen qui commandait l'insur rection Penafiel, fuyait devant le baron Cazal, cherchant gagner Oporto pour s'y renfermer avpc ses troupes. La situation de celte dernière ville est également critique. On écrit de Venise, le 28 octobre Nous venons de recevoir la nouvelle que le pape a accordé la concession de deux chemins de fer, l'un de Rome Bologne, qui est d'une haute importance politique et militaire; l'autre de Rome Ci vit ta— Vecchia. Les deux maisons Torlonia et Jackson sont le plus fortement intéressées ces deux entre prises dont les frais sont évalués i5 millions d'écus romains (environ 78,750,000 fr.) La Gazette de Madrid du ir de ce mois publie le décret de dissolution des Corlès espagnoles. Les nouvelles élections auront lieu dans toute la mo narchie suivant la nouvelle loi sur les élections dans le courant de ce mois et la nouvelle Chambre est convoquée pour le 25 décembre prochain. M. Bullvver ambassadeur d'Angleterre, après la réception d'une dépêche de lord Palmerston, qui lui a été apportée par le courrier du cabinet Towley, s'est présenté le 5i octobre chez M. Isturilz pour lui déclarer qu'il était chargé de notifier au gouverne ment espagnol que le gouvernement anglais s'op posera formellement toute intervention armée de l'Espagne dans les affaires actuelles du Portugal sous quelque prétexte que ce soit. Il paraît que M. Isturitz a formellement promis que l'Espagne se tiendrait neutre, mais que par mesure de précaution et dans l'intérêt de sa propre conservation le gou vernement avait ordonné de couvrir ses frontières par une armée d'observation. Cette déclaration n'é tant pas conforme aux vues politiques de MM. Mon, Caneja et le général Sanz qui s'étaient prononcés pour l'intervention ces trois ministres auraient de nouveau manifesté leur intention de se retirer, mais il estprobable que tout cela s'arrangera. Il n'y a point de nouvelles de Lisbonne aujour d'hui. Costa-Cabral est arrivé le 26 Cadix, mais il y a trouvé des lettres de ses amis qui l'engageaient a ne pas rentrer dans ce moment en Portugal; il per sistait cependant vouloir s'embarquer avec M. Gonzalès-Bravo, ambassadeur d'Espagne Lisbonne. C'ëst lundi prochain quedoit être transcrit sur les registres de l'état-civil destinés la famille x-oyale, l'acte de mariage-du duc et delà duchesse de Montpensier. A l'occasion de celle cérémonie il y aura grand dîner au palais des Tuileries, et on assure que le corps diplomatique doit être présent cette occasion. Il n'y a aucun doute que lord Normamhy s'abstiendra. La cérémonie du ma riage civil, qui n'existe pas en Espagne, aurait eu lieu aujourd'hui, mais le Roi désire que le duc de Dalmatie y assiste comme président du conseil, et le vieux maréchal a été appelé Paris, où il est attendu dimanche prochain. Toute la cour se rendra, vers la fin de la semaine prochaine Fontainebleau ou bien Cotnpiègne. Un journal ministériel, la Presse, dit ce matin qu'on rédige au ministère des finances lin projet de loi qui doit être présenté aux Chambres pour les conclusions d'un emprunt de 6 millions de francs pour venir en aide aux différentes lignes de nos chemins de fer, et pour arrêter la dépréciation actuelle des actions la Bourse de Paris. Je puis vous donner l'assurance qu'il n'y a rien de vrai dans cette assertion. M. le curé de... a un frère marin, lequel frère a rapporté d'un voyage de long cours un joli petit singe dont il a fait cadeau M. l'abbé. Ce petit singe s'est tellement affectionné an curé, qu'il ne le quitte presque jamais et qu'il faut l'enfermer avec soin toutes les fois que le digne ecclésiastique va l'église. Dernièrement cependant, le singe trouva moyen, un jour de sermon, d'aller se cacher au- dessus de la chaire du prédicateur, et il ne se mon tra que quand son maître commença prêcher. Alors il s'assit de manière être vu des chers auditeurs,et, regardant les gestes que faisait le curé, il se mit les imiter par des postures et des grima ces qui firent rire tout le inonde. Le digne prêtre, qui ignorait le sujet d'un pareil scandale, reprit d'abord l'auditoire avec assez de douceur mais, voyant que les éclats de rire augmentaient au lieu de diminuer, il entra dans une sainte colère. Ses mouvements, devenus ainsi pins animés, firent prendre plus de développement aux postures et aux grimaces du singe, et par suite aux rires de l'assem blée. A la fin, quelqu'uu fit signe au prédicateur de regarder au-dessus de sa têteet il n'eut pas plutôt aperçu le manège du malin singe,qu'il ne put s'empêcher de prendre part l'hilarité générale. Or, comme il n'y avait pas moyen de s'emparer de l'animal, le bon curé prit le parti d'abindonner le reste de son discours, n'étant plus d'ailleurs en état de le continuer ni les auditeurs de l'écouter. Par suite du blocus des bouches du Daurola douane d'Oporto 11e reçoit plus rien, ce qui produit le découragement parmi la population, que l'on s'attend d'un moment l'autre voir se soulever contre les troupes insurgées.

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Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 3