6e ANNÉE. - N° 580. INTÉRIEUR. JEUDI, 26 NOVEMBRE 1816. JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 2. 6. Feuilleton. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 1, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres looalités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco, k l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès paraît le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. YPRES, le 25 Novembre. La question de cabinet a été résolue en faveur du ministère, et la majorité de la chambre a déclaré implicitement, en rejetant l'amende ment de M. Rogier qu'il était loisible au cabinet de ne tenir aucun compte de l'indépendance du pouvoir civil de l immoler aux saintes prétentions de l'épiscopat. Enfin la chambre des représentants a décidé par une majorité de 52 membres, que l'autoritéusurpéedu haut-clergé était tout et le pouvoir civil, rien. Dans la question de cabinet posée le 29 Avril dernier, quarante membres s'étaient pro noncés contre le ministère. Trente-trois de ces membres ont volé hier pour l'amendement de M. Rogier. Quatre ont voté contre, ce sont MM. Bie- buyck, Liedts, Maertens, Pirmez. Deux n'ont pas répondu l'appel nominal, MM. Manilius et Troye. Le quarantième membre était M. Duvivier, décédé depuis et qui a été remplacé par M. De Lannoy. La voix de M. De Brouckere, absent lors du vole du 29 Avril, complète les trento-quatre qui viennent de se prononcer formellement contre le cabinet, en volant pour l'amendement de l'honorable député d'Anvers. .i rx><j ai Lundila Société des Chœurs composée de 62 membres exécutants, a célébré dignement la fête de Stc-Cécile. La messe de Von Weber, hérissée de difficultés, a été exécutée avec un aplombextraordinaire aussi n'y avait-il qu'une voix pour proclamer le succès obtenu, tant pour l'émission des sons qui pour l'ensemble est une qualité très-rare. Le Graduel chanté par les voix seules, a révélé le même accord, la même précision qui a distingué jusqu'à ce jours nos chanteurs Yprois, et nous osons dire qu'un nouveau succès vient de signaler leur t réveil. Mais c'est surtout au salut que l'exécu- j tion a atteint, pour ainsi dire, la perfection Le Sanctus et le Benediclus de la messe ont été répétés avec le même bonheur. L'Ave maris Stella a été admirable par les chants les plus ravissants et par l'harmonie de l'orchestre. Honneur M. Édouard Brunfaut! sa voix forte et sonore n'a pas peu contribué nous donner des distractions pendant la solennité. Les amateurs n'ont pas fait défaut, car l'église était comble. Après le salut les membres de la Société des Chœurs se sont réunis un banquet. La plus cordiale fraternité n'a cessé de régner pendant tout le repas. Un premier toast a été porté M. Vander- stichele de Maubus tant comme président ho noraire de la Société des Chœurs, que comme chef de l'administration communale. Cette pro position a été accueillie avec le plus vif en thousiasme par le cri de vive notre digne Bourgmestre Ensuite un toast a été porté M. Duhayon- Brunfaut, dont le talent distingué et le zèle infatigable sont si nécessaires l'existence de la société. Honneur, hommage et reconnaissance notre cher directeur, tels étaient les cris ré pétés par toutes les bouches. Alors M. Duhayon-Brunfaut porta un toast M. Istas pour les services qu'il a rendus la société et M. Zulch pour ceux qu'il pourra lui ronrlrp l'avenir; puis enfin M. de Beau- court, dont le zeie persévérant contribue si puissamment au bien-être de la société. Nous sommes heureux de pouvoir commu niquer nos lecteurs quelques couplets de circonstance composés par M. Albert Denoyelle; tout y respire cet air de modération et de calme qui doit être l'apanage d'une société de musi que dont les liens bien souvent sont trop fragiles. X A Mes chers amis, l'hiver sur celle plage A de nouveau secoué ses frimas Déjà du nord plus d'un sombre nuage De la nature a voilé le trépas. Heureux pourtant l'hiver qui nous rassemble, Loin d'assoupir, il anime nos voix Serrons nos rangs, et répétons ensemble, Nous sommes tous Yprois. Un noir démon soudain sur nous s'élance; Son souffle impur glace un instant nos cœurs. Plus de gaîté, car bientôt le silence Vint succéder nos chants, nos chœurs. Mais l'harmonie en ce jour nous rassemble, Enfants, dit-elle, unissez donc vos voix Serrez vos rangs, et répétez ensemble, Nous sommes tous Yprois. 3. Pour nous encore il est des jours prospères Aimons la paix, et chantons les amours A nos côtés je vois de nouveaux frères De leurs talents nous offrir le concours. Nous, francs amis que le plaisir rassemble, Pour les fêter, unis comme autrefois, Le verre en main, ah répétons ensemble, Nous sommes tous Yprois. 4. De fleurs, Messieurs, formons une couronne; Quel est le front qu'elle doit ombrager L'esprit devine, et l'amitié la donne Au beau talent qui sut nous diriger. Consacrons lui le jour qui nous rassemble, Pour chanter juste écoutons bien sa voix Serrons nos rangs, et répétons ensemble, Nous sommes tous Yprois. 5. De la musique admirons les doux charmes Le pauvre souffre, elle voit ses douleurs Son chant fécond veut essuyer des larmes, Et la pitié pénètre dans les cœurs. Au temple saint la foule se rassemble Et Dieu bénit les accords de nos voix J.„wl,-->.v,K1a Pour les pauVres Yprois. Enfin, Messieurs, si de ma chansonnette J'osais encor vous chanter un couplet, Je vous dirais pitié pour la pauvrette, D'un peu de vin arrosez son bouquet. A ce festin l'amitié nous rassemble, Comme nos cœurs sachons unir nos voix La coupe en main vidons la tous ensemble, Nous sommes tous Yprois. Nous ne nous permettrons pas cependant d'oublier deux toasts qui méritent sans nul doute une mention honorable: c'est celui porté M. Keyzer qui est sans contredit une sommité musicale du pays, et celui porté M. le séna teur Malou, et M. Léopold de Florisone pour l'intérêt et l'attachement qu'ils portent dans toutes les circonstances la société ces deux toasts ont été accueillis par une salve d'applau dissements. En somme, toutes les figures avaient une expression de bonne humeur et de joie, qu'on XXI. la leçon. Une demi-heure ne s'était pas écoulée depuis l'événement du Mourillon que déjà la ville entière riait elle-même de son épou- I vante. On sut bientôt quoi s'en tenir. Quelques pièces de bois, qui I formaient le berceau du bâtimentn'avaient pas présenté une solidité suffisante et s'étaient affaissées. De là ce mouvement d'in- B clinaison qu'avait décrit le vaisseau. Il suffisait de quelques heures de travail pour le remettre en place, changer les madriers qui avaient souffert et achever l'opération. Pendant qu'ou réparait le dommage, les princesses firent une promenade dans la rade et visitèrent le v bâtiment sur lequel flottait le pavillou amiral. Il est peu de spec- j- tacles au monde plus imposants que celui du bassin de Toulon couvert d'une escadre pavoisée et sillonné par des voiles élégantes. Cette nappe d'eau unie comme celle d'un lac et qui d'un côté °orme Pavant-portde l'autre fuit en s'arrondissant vers l'anse où repose la petite ville de la Seyne, ce fort de La Malgue assis sur un I rocher calcaire qui étincèle au soleilces batteries distribuées le long de la passe depuis Saint-Mandrier jusqu'au monument funé raire de la Touche-Trévilleces embrâsures où veillent tant de canons, ces eaux, ces caps qui rappellent tant de souvenirs glorieux, tout cet ensemble de beautés naturelles et d'ouvrages militaires respirent un tel sentiment de grandeur de puissanoe au repo3 de calme dans la force qu'il est difficile de se dérober l'enthou siasme qu'excite un tel spectacle. Pour faire aux sœurs de l'empereur un accueil digne de leur rang les vaisseaux mouillés en rade les saluaient de leurs batteries et s'enveloppaient de fumée. On les voyait s'effacer puis reparaître avec leurs mille pavillons et leurs équipages debout sur les vergues, le chapeau la main. Cette scène magnifique eût duré plus longtemps si la princesse Pauline que le bruit du canon fatiguait n'eût demandé grâce pour ses oreilles. Le commissaire extraordinaire commençait aussi trouver l'odeur de la poudre fort incommode, et il ne fut pas fâché qu'on le délivrât de ces terribles détonations. En fait de romancesil aimait mieux quelque chose de plus doux. Pierre n'avait pas accompagné les princesses dans leur promenade sur l'eau les émotions de la journée lui offraient une excuse et ses intérêts prenaient le pas sur sou service. Jusque-là tout lui avait réussile désordre de la foule avait couvert la retraite de Bouton- de-Rose et perdu dans cette masse de curieux, le forçai avait pu gagner l'une des ruelles qui débouchent sur le port. Là il frappa la porte d'une maison de mauvaise apparence et s'engagea dans un corridor sombre qu'obstruaient des immondices. Pierre et Zéphyr l'avaient suivi du regard et apjès l'avoir vu en lieu de sûreté^ ils continuèrent leur route. Il s'agissait de réparer l'équipement de Zéphyr le premier fripier y pourvut après quoi le capitaine en traîna son compagnon vers la place du Champ-dc-bataille le fit asseoir devant la table extérieure d'uu café et lui donna des instruc tions Mon garçon, lui dit Pierre, tu vas aller trouver Bouton-de-Rose chez ces dames avec mes épauletles je n'y peux pas paraître j mais retiens bien ce que je vais te dire. Oui capitaine. D'abord point d'orgie, point de tapage: voua attireriez la police. Si ces dames sont moulées et le prennent trop haut, mets-moi ça l'ombre. A. fond de cale c'est entendu. Sur-le-champ vois avec Bouton-de-Rose s'il y a par-ci par-là quelques hommes de bonne volonté pour une expédition... Pierre en était là de cet entretien quand deux personnes vinrent s'asseoir devaut la table qui était contigùe la sienne. Il se tut et s'assura quels indiscrets il avait affaire. L'un d'eux était précisé ment le commandant de l'Arsenal son mauvais œil l'homme qui semblait obstinément voué sa poursuite. Pierre ne se troubla pas et salua le fonctionnaire qui lui rendit sa politesse, tout en l'exa- minant avec une fixité implacable. Il était inutile de soutenir plus longtemps cette situation aussi vida-t-il dans le verre de son ca marade le restautde la bouteille de bière qu'il s'était fait servir en ajoutant, de manière n'être entendu que de lui Pas moyen de causer tranquillement ici, il pleut des mouchards; filons. Un moment après il se leva et entraîna Zéphyr vers l'allée la

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