INTERIEUR.
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B' ANNÉE. - N° 590.
JEUDI, 31 DÉCEMBRE 1846.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 30 Décembre.
LA. REACTION CONTINUE.
Jnsqu'ici nous avions eu sous le ministère De
Theux seulement des destitutions brutales pour
opinions politiques et pour crime d'affiliation
une société électorale. Mais le système desli-
tutionnel, comme le qualifiait le comte De
Mérode, quand M. Rogier voulait se mettre en
garde contre les intrigues des hauts fonction
naires, prend des proportions plus élendues.
Ap rès M. Desaive, qui a été révoqué de ses
fonctions de secrétair e de la Commission d'agri
culture, c'est au tour de M. Théodore Juste,
auteur de l'histoire de Belgique et de l'essai sur
l'instruction publique en Belgique, être offert
en holocauste aux rancunes cléricales. C'est
YObservatcttr qui l'annonce en ces termes
Nous apprenons que M. Théodore Juste vient
d'être révoqué de ses fondions de secrétaire de la
Commission d'instruction publique, fonctions qui
lui avaient e'té conférées en i843. On ne connaît
pas les motifs qui ont pu donner lieu une mesure
aussi grave, aussi violente.
M. Juste ne faisait partie que nous sachions
d'aucune association libérale, serait-ce que les opi
nions très-modérées qu'il a énoncées dans les ou
vrages historiques auraient offusqué M. De Theux?
Mais jusqu'icila presses élé unanime dans les éloges
qu'elle a décernés un des écrivains les plus popu
laires du pays.
M. Juste devait d'autant moins s'attendre cet
acte de brutalité administrative que le 22, il rece
vait du ministre une lettre de convocation, en sa
qualité de secrétaire, pour assister la session de la
commission qui devait se réunir le 28, et c'est le 24
qu'il a reçu le sermon ministériel qui le destitue.
Cette mesure est un avis rassurant pour les fonc
tionnaires qui n'affichent pas ouvertement des opi
nions selon les vœux de M. De Theux.
ri n n —1
D'après les renseignements officiels, on pré
sumait que la population de la ville d'Ypres
devait s'élever au 1er janvier 1846 16,413
âmes. On avait lieu d'espérer que ce nombre
eut élé dépassé par suite du dépouillement des
bulletins du recensement général. Mais c'était
une illusion. La population réelle de la ville
d'Ypres, non compris les passagers et les habi
tants momentanés, s'élève 16,019 âmes, 394
de moins que ne le portail la population officielle
en 1846.
Le Journal des Flandres rapporte le fait
suivant, qu'il met les journaux catholiques au
défi de démentir
Récemment M. le gouverneur de la province
d'Anvers dût se rendre au ministère de l'inté
rieur. La conversation tomba sur les élections
pour le sénat du mois de juin prochain. M.
de Theux demanda au gouverneur quelle était
sa pensée louchant la réélection du duc d'Ursel,
et celle du comte de Baillet. M. Teichman ré
pondit que ces messieurs appartenant tous deux
au parti soi-disant catholique, ne seraient pas
réélus, que la candidature lui avait été offerte,
par quelques amis qui réélus, la soutiendraient
au sein de l'association libérale, et qu'il était
décidé ne pas la repousser.
Dans ce cas, lui dit M. de Theux il ne
vous restera qu'à renoncer votre place de
gouverneur.
C'est ainsi que M. de Theux entend les règles
de l'impartialité, qui fait la base de son admi
nistration.
pays libres, on est loin d'être unanimement de
cet avis. On y croit au contraire que s'il est un
esprit qu'il faut détruire lorsqu il existe, et
empêcher de se créer lorsqu'il n'existe pas,
c'est précisément cet esprit de corpsqui est le
plus décidé antagoniste de Y esprit de liberté.
En France, en juillet 1830 les Suisses, les
gardes du corps, la garde royale possédaient
éminemment Y esprit de corps les terrains du
Louvre et du Champ-de-Mars en font foi; heu
reusement cet esprit de corps n'a pas élé uni
versellement répandu dans l'armée, et la cause
de la liberté a vaincu. Serait-ce pour cela même
qu'on tient tant donner l'armée belge l'es-
prit de corpsIl faudrait qu'on eût alors la
franchise belge. Libéral Liégeois.
M. Lehon vient d'être élu Tournay, une
majorité absolue de 92 voix. M. Heughebaert,
le candidat clérical, n'a obtenu que 553 suffra
ges sur 1301 votants.
Le 5 décembre, 9 heures du malin, est mort
Athènes, des suites d'une attaque d'apoplexie
foudroyante, M. Constantin Rodenbach, chargé
d'affaires de Belgique en Grèce et frère de M.
Alexandre Rodenbach représentant. Plein de
force et de santé, M. C. Rodenbach a élé en
levé sa famille en 21 heures.
M. Constantin Rodenbach avait élé membre
du Congrès national et de la Chambre des Re
présentants commissaire d'arrondissement
Saint-Nicolas et Malines et consul général en
Suisse. Il était décoré de la Croix de fer et che
valier de l'ordre Léopold.
L'Émancipation consacre aujourd'hui une
colonne réfuter quelques observations bien
pâles, bien humbles, que le journal Y Indépen
dance s'était permisde présenter sur l'installation
luxueuse des tables d'officiers. L'Émancipation
se montre profondément scandalisée des vel
léités d'opposition de Y Indépendance. Tout
le monde convient, s'écrie Y Emancipation, que
l'on doit favoriser Y esprit de corps dans l'ar
mée. n Oui, tout le monde convient de cela...
Berlin, Pétersbourg, Vienne et même
Londres; mais en France, mais en Belgique,
mais aux Etats-Unis, mais enfin dans tous les
On écrit de Thielt, 24 décembre, YOrgane
des Flandres
Aujourd'hui a élé adjugée pour la somme
de 10,500 fr. la perception du droit de mesu-
rage et estampillage de notre marché aux toiles
pour 1847. Pour 1846 l'adjudication avait élé
de fr. 13.800.
La cause pour laquelle notre marché aux
toiles a été affermé en moins qu'en 1846, doit
être attribuée ce que la récolte du lin ayant
manqué dans nos contrées, les campagnards
connus sous le nom de Kortwonderset qui
fabriquent beaucoup de toiles, n'ont pu ache
ter du lin vert sur pied, les petits cultivateurs
n'ayant récollé sur leurs terres que la quantité
de lin suffisante pour confectionner de la toile
jusqu'à Pâques. D'un autre côtéle lin des
grands cultivateurs est acheté pour l'exporta
tion. Ainsi notre marché sera moins fourni
pendant cet hiver qu'en d'autres années. Ces
causes réunies paraissent être celles qui ont in
spiré de la crainte aux amateurs pour se char
ger de l'entreprise du mesurage. La cause du
reste ne peut en être au manque de demandes
pour les toilesparce qu il y a en ce moment
beaucoup d ordres venus de la France et de
mandant des toiles faites la main.
Feuilleton.
XXIV. le jugement.
I Comme on le devine, les brigades de gendarmerie étaient toutes
»ur pied depuis l'événement où Laure se trouvait compromise. Il ne
«'agissait pas seulement d«-farrestation d'un bandit redoutable et
célébré, mais du recouvrement des riches joyaux qui appartenaient
l'un des membres de la famille impériale. C'était le cas de faire
du zèle et l'on en fit. Chaque gendarme comprenait qu il avait le
grade de maréohal-de-logis dans sa giberne les sous-licutenauts se
voyaient chefs d'escadionset les capitaines colonels. Jamais le
pays ne fut battu avec plus d'ardeur et plus d'ensemble les pa
trouilles de jour et de nuit se succédaient. A Toulon on fouillait les
maisons suspectes dans la campagne on s'emparait des issues on
occupait en forces les villages bref sur tous les points on déployait
les ressources de la stratégie. En outre le signalement de Pierre
Mouton avait été envoyé aux polices italiennes et des deux côtés des
Alpes on était la poursuite de l'audacieux malfaiteur. A cette
époque la main des autorités françaises s'étendait fort loin et il
était assez difficile d'atteindre le9 limites du territoire.
Les prisons de Toulon renfermaient un instrument précieuxour
diricer les recherches. Les rapports s'accordaient dire que Pierre
Mouton n'avait pu franchir la ligne dn Var. Trois fois il s'était
présenté la frontière sous des déguisements diverset reconnu
trois fois il n'avait dû son salut qu'à la vitesse de son cheval.
C était donc dans le département qu'il se cachait; et Point-du-Jour,
longtemps son complice connaissait les repaires que la bande s'y
était ménagés. Le Provençal devenait ainsi un homme important
et l'âme de cette entreprise. Ou cherchait exciter sou zèle par
l'appât d'une récompense mais sa haine contre Pierre suffisait.
Depuis l'heure où le capitaine l'avait jeté vivant dans un sépulcre
Point-du-Jour ne respirait que pour la vengeance... Il avait vu une
fois sa proie lui échapper et n'en éprouvait que plus d'ardeur le
rejoindre. Cet homme avait tout perdu même son honneur de
bandit; il ne lui restait plus qu'une passion, la soif du sang de son
ennemi. Quand il offrait son concours dans la battue qui allait se
poursuivre, il se réservait de se faire justice lui-même et ne voulait
pas que Pierre put se méprendre sur la main qui le frappait.
La comtesse de Slolbcrg était au fait de ces détails; elle savait que
Point-du-Jour, l'un des affiliés de la bande, devait guider l'expédi
tion contre les malfaiteurs et elle mit tout en œuvre pour avoir un
entrelien secret avec cet homme. Claire n'était pas tranquille; la
lettre de Pierre l'effrayait. Arrêter le cours du procès de Laure était
désormais impossible; l'affaire avait trop fait de bruit, et d'ailleurs
Claire ne reculait pas deyant quelques risques pour satisfaire ses
inimitiés. Sa fortune et son impunité passées tenaient ce mélange
de ruse et d'audace. Seulement elle avait toujours eu le soin de se
ménager le plus de chances possibles et c'est pour cela qu'elle
cherchait voir Poiut-du-Jour. Si Pierre tombait vivant entre les
mains de la justice, elle avait craindre ses révélations elle était
l'abri de tout si les gendarmes ne rapportaient qu'un cadavre. Tel
était son calcul et le malfaiteur qui avait dénoncé la bande lui
paraissait propre la comprendre et la servir. Grâce l'entremise
du comte Gabriel, il fut facile la comtesse de pénétrer jusqu'à la
prison de cet homme. Point-du-Jour parut étonné de l'honneur que
lui faisait une graude dame reçut la bourse qu'elle lui offrait et
l'écouta avec attention. Claire n'eut garde de se livrer; elle se dit
envoyé par les priucesses et chargée d'uue promesse de grâce si
elles recouvraient leurs pierreries. Puis elle ajouta que Pierre avait
compromis l'une des dames d'honneur et que la mort de ce baudit
serait un titre pour celui qui en purgerait la contrée. Pendant
qu'elle parlait ainsi, elle examinait Poiut-du-Jour et voyait avec
satisfaction se réfléchir sur son visage l'expression d une haine
farouche
S'il en échappe s'écria-t-il en brandissant le poing c'est que
je n'aurai pas trouvé un couteau mettre dans cette main-là Que
je le rejoigne seulement, et puis, bagasse, nous verrons
p* Très-bien, moD garçon; yous rachèterez ainsi yolre faute ré-