r INTÉRIEUR. LE PDITS DU MEURTRE. DIMANCHE, 10 JANVIER 1847. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 6' ANNÉE. - N* 593. On s'abonne Tpïies, Marchi au Beurre, 1 ,et cher, tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr* 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EDNDO. YPRES, le 9 Janvier. Le Journal des Baziles se livrait, il y a quel ques jours, d'incommensurables commentai res sur la conduite peu logique d'après lui, de certains pères de famille quitout en se disant catholiquessous le point de vue reli gieux, étaient libéraux quant leurs opinions publiques. Celte honnête feuille s'étonnait sur tout que des parents catholiques eussent l'au dace deuvoyer leurs enfants d'autres institu tions d'instruction moyenne que celles du clergé. Nous croyons au contraire que ces pères de famille qui ont démêlé le mobile secret du parti-prêtre, jugent très-sainement leurs obli gations, car autre chose est de remplir exacte ment ses devoirs religieux et de prendre en politique le mot d'ordre de son curé. Devons-nous encore le répéter, la politique est entièrement distincte de la religion, non- seulement d'après la Constitution, mais d'après l'Evangile, qui dit en propres termes: Rendez César ce qui appartient César. Nous savons bien qu'on ne demande pas mieux que de pou voir jeter la confusion sur les droits respectifs de l'autorité civile et du clergé, afin que ce dernier puisse les absorber son profit. Mais cela nêTsefera pas si facilement, maintenant que l'éveil est donné et qu'on réclame l'indépen dance réelle du pouvoir civil avec les instances les plus vives. Nous désirons ajouter une petite observation que l'ergoteur du Journal des Baziles a feint de ne pas aperce voir. D'à près son argumentalion,on devrait croire que le parti catholique n'est com posé que de petits saints, des aspirants la canonisation. Hélas! la chair est faible, et parmi les adhérents fougueux du parti catho lique, il en est bon nombrequi nese distinguent ni par la pureté de leur vie, ni par la moralité de leurs actes. Ces béats hypocrites font ce pendant l'honneur et la gloire du parti des honnêtes yens par excellence, qui, du moment qu'on paraît prêt endosser la livrée jésuitique, ne demande jamais qui vous êtes. Far arrêté royal du 31 Décembre 1346, un subside de 4,000 francs est alioué au conseil de fabrique de l'église S' Martin, pour l'aider couvrir les frais de réparation de celle église. 11 arrive que des individus se présentent, le jour du Lundi perdu, aux portes des maisons enqualitéde Pompiers, pour recevoir des étren- nes. Nous prévenons le public que ces gens sont tout simplement des escrocs et des filous, car de puis que défense a été faite aux Pompiers de faire la tournée qui était anciennement en usage, aucun homtnc de ce corps ne se présente plus au domicile de ses concitoyens ce jour-là, dans 1 intention d'obtenir un pourboire. Il en résulte que si des individus se présentent sous le nom des Pompiers, on ferait, bien de les signaler la police. Hier dans l'après-midi, le nommé Chergez qui jugeait sa part dans la distribution des secours trop minimes, par suite d'une retenue opérée pour payement d'une dette contractée par lui dans l intention de ne jamais la solder, s'est porté des tentative» de voies de fait en vers l'administrateur du Bureau de Bienfaisance de la section de S'-Nicplas. Repoussé, il est allé au domicile de ce dernier et a brisé quatre carreaux de vitras. Il a été immédiatement ar rêté, ainsi que son père qui faisait l'orateur et voulait ameuter la population. Le jour avant, le norhmé Denolf, gibier du dépôt de mendicité. s'ejjJ. livré des acles de violence dans la maison du même administra teur et pendant son absence, sous prétexte qu'il lui fallait du secours la minute et sans retard. La police s'en est mêléeet l'individu a été immédiatement écroué la prison muni cipale. Ypres, 8 janvier 1847. Monsieur le Rédacteur, Je vous dois des remercîments pour les quelques paroles obligeantes que vous avez publiées dans vo tre feuille du 6 courant, en réponse aux platitudes insérées au Propagateur, l'occasion de mes ré flexions sur le tout petit article qui a paru le même jour dans ce journal et dans le Progrès. J'étais allé passer quelques jours Bruxelles, lorsque les invec tives signées par un lecteur du Propagateur ont paru. C'est mon retour que j'en ai eu connais sance, ainsi que de votre réplique. J'ai d'abord été tenté de n'y rien ajouter, pour ne pas me salir, en remuant d'aussi niaises injures. Cependant, continuant mon rôle d'observateur, il m'a paru utile de vous adresser quelques nouvelles réflexions. N'est-il pas déplorable que la presse accueille de pareilles sottises? El que, sans respect pour sa mission, elle se fasse l'écho de pitoyables passions? Qu'est-ce, en effet, qu'un écrivain qui ose employer un texte d'Horace, le plusélégant desauteurs latins, pour se livrer une diatribe écrite en style de cro- cheteur Quel nom mérite l'homme d'assez mau vaise foi, pour se jeter dans la voie ignoble des personnalités, parce qu'il se sent incapable d'aborder une critique franche et loyale D'après les informations que j'ai dû prendre pour ma propre satisfaction, j'ai acquis la certitud e que ce dégoûtant amas de suppositions erronées et grossièretés du plus bas étage,avait été parfaitement apprécié de tous ceux qui ont jugé l'une et l'autre pièce. On a été d'avis unanime que la malignité passionnée a pu seule s'y complaire; mais les gens sensés ont reconnu que l'impuissance de combaJJj^ les réflexions était l'unique cause de ce dévergon dage ridicule. Vous penserez donc, comme moi, Mr le Rédac teur, qu'une pareille attaque, lancée au hasard comme une boule perdue, ne mérite pas seulement le rire sardonique d'Horace, mais encore le plus souverain mépris. l'auteur des réflexions. PS. J'apprends par la voie des journaux, qu'il est question Poperinghe d'une distribution sup plémentaire de pains pour les pauvres, de la part de la famille de M. Emmanuel Danneel. Cela prouve victorieusement que les réflexions n'auront pas été perdues pour tout le inonde. «ra a»a-T5 Par arrêté royal en date du 3 janvier, la dé mission de M. De Lalre, de ses fonctions de juge au tribunal de première instance de Furnes, est acceptée. Il est admis faire valoir ses droits la pension. La population de Bruges s'élève au nombre de 46,000 habitants, et celle de la ville de Gand 102,000. Cette dernière ville compte 14,230 pauvres soutenir, tandis que Bruges en a 21,733. Par arrêté royal du 4 janvier, le collège élec toral de l'arrondissement de Bruxelles, est con voquée pour le 25 janvier, l'effet d'élire un membre du sénat, en remplacement de M. EDgler, décédé. M. l'abbé de Foëre, député élu par le district de Thielt, a décidé de consacrer une grande partie de l'indemnité qui lui est allouée comme Feuilleton. Par line belle matinée du printemps en l'an 1811 la jeune et jolie Paquita fille d un marchand de Tarragone se rendait la cathédrale. Quelle joie brillait dans ses yeux TJne couronne de mariée ornait son front virginal, et un voile blanc flottait sur ses épaules au léger souffle du zéphyr. Juanito l'homme de son choix la conduisait aux autels. Juanito n'avait que vingt ans; il était derpelile stature; ses mem bres avaient peu de vigueur mais sa taille était svelte ei gracieuse ses yeux bleus étaient pleins de charmes de jolis cheveux blonds s'anondissaieut en boucles autour de sa tête. Toutes les filles du pays raffolaient de Juanito. Mais Paquita seule avait su plaire au Catalan. Douce comme la brise embaumée des champs deTairagone, elle s'était juré, dès l'âge de quiuze ans de n'être qu'à Juanito. Elle avait atteint dix- sept ans; la voilà tout au bien-aimé. La cérémonie nuptiale est terminée; les époux sortaient de l'é glise. Tout coup un homme stature athlétique s approche de Juanito. Ses Irails ont une expression farouche; sa mai elle incertaine a quelque chose d'effrayant, il y a dans toute sa personne un incon cevable désordre. Cet homme s'appelait Gomès. Juanito, dit tout bas athlète, j'aimais Paquita avant toi. Tu viens de prononcer un set ment l autel du Seigneur, moi aussi u et voici le mien J'ai juré que mon poignard t'immolerait la première fois qu en un lieu secretloin des hommes nous nous rencontrerions face face Et Gomès se perd dans la foule. Rien n'échappe au cœur d une amante. Bien que les paroles menaçantes de Gomès n'eussent été proférée» qu'à l'oreille de Jua nito et de manière n'être entendues d'aucun autrePaquita les avait sinon distinctement ouïes du moins parfaitement devinées. Ses joues étaient devenues pâles et son bonheur s'était enfui. Luis Gomès, épi is depuis longtemps de ses charmes l'avait de mandée pour compagne; c'était le plus redoutable et le plus vaillant des contrebandiers du pays; jaloux, vindicatif et féroce, il était beau de force et d'audace mais ses sentiments passionnés épouvantaient les jeunes filles Paquita l'avait refusé. Terragone cette époque, assiégée par l'armée française, se défendait avec vaillance mais l'artiilerie des héros de l'empire abattait chaque jour de nouveaux pans de muraille aux nombreux forts qui l'entouraient. Bientôt une brèche est praticable; le général Suchet depuis maréchal de Fiance et duc d'Albuféra somme les insurgés de se rendre sinon hommes femmes soldats enfans vieillards, tout sera passé au fil l'épée, et la ville entière livrée, pen dant trois jours toutes les horreurs du pillage. Inutiles menaces! les Tarragouais et leurs défenseurs refusant de capituler ne répondent que par l'insulte et les défis aux parle mentaires du chef assiégeant. Le sigual terrible est donné les Français montent la brèche, et, sou^ les murs de Terragone le tocsin d'alarme a sonné. Paquita n'était mariée que depuisquinze jours. Juanito! s'écrie* t-elle écoule l'assaut vient d'être commandé. C'est le glasfunesto qui liute Juanito! nous sommes perdus, Hélas! reprend le Catalan je l'avais prévu et annoncé; rien ne résiste l'intrépidité française. Dieu quels cris... Oh la ville est prise. Et trois jours trois jours de massacre! ils nous tueront tous, les barbares. Vierge sainte! aie pitié de nous! dit Paquita agenouillée. C'est pour Juanito seul que je t'implore. Prends ma vie! mais sauve la sienne. Vienne, Paquita le ciel m'inspire. Et Juanito en prononçant ces paroles, entraînait sa compagne ver» un puits assez large, placé au milieu de la petite cour de sa maison. Le puits était alors àseo; et, au-dessus de l'ouverture s'é levait, moitié brisée, une charpente mal couverte. Prenons des vivres pour trois jour», reprend Juanito la hâte, et descendons au fond de ce puits. L'avis est adopté sur le champ. Les époux sont au fond du gouf fre; et la corde par laquelle ils s'y sont glissés, disparaît soudain avec eux. Cependant les troupes françaises, montées triomphantes sur le» remparts, ont tout renversé devant elles, La ville, abandonnée leur exaspération, est déjà mise feu et sang. Plus de pardon, plus de pitié. Le vaillant Gomès avait combattu jusqu'à la dernière extrémité parmi les soldats espagnols. Il n'est plus de salut pour Tarragone il a fui devant les vainqueurs. Le terrible contrebandier ennuaît l'im pitoyable loi de guerte; il sait qu'il n'est aucun refuge possible contre le fer exterminateur des assiégeants; n'importe, il traverse la ville. Où donc se dil igent ses pas Il veut aller mourir près de la seule femme qu'il ait aimée sur la terre. Gomès entre chez Paquita. Mais l'habitation est déserte. Toute recherche est inutile. Qu'est

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 1