6e ANNÉE. - NB 596. UM ROMAN mm LE ©ÉilRT. JEUDI, 21 JANVIER 1847. JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. INTÉRIEUR. Feuilleton. On s'abonne Tpbes, Marché au Beurre, l,etche*tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimeatr*. Pour Ypres fr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui conoernela rédac tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès paraît le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS, Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIR1T EUNDO. YPRES, le 20 Janvier. L'arrondissement de S'-Nicolas s'est pro noncé. Par la mort de M. Verwilgen, le collège électoral a été convoqué pour pourvoir au remplacement de l'honnête député si dévoué au clergé. Il était clair que le district qui avait repoussé M. Van Hoobrouck de Fiennes, parce qu'il n'était pas assez fanatique, n'aurait pu élire un libéral, fut-ce même un homme capa ble, indépendant, né dans la localité, connais sant ses besoins. Le parti catholique a triom phé. M. de T'Serclaes, qu'on présentait aux bons électeurs du pays de Waescomme un compatriote, un flamand pur-sang, a été élu, grâce l'influence abrutissante du clergé et du comte Vilain XIIII. M. Boyé, le candidat libé ral, l'homme de la localité, le président de la chambre de commerce, n'a obtenu, sur 969 votants, que 3 0 voix. Quand on voit un ar rondissement électoral se laisser berner tel point par le clergé, on renierait le nom de fla mand qui brillait autrefois par l'esprit d'indé pendance qui animait ses ancêtres. C'est une honte pour un pays d'être abruti au point de rendre de pareils tripotages possibles, et de quel droit nous est-il encore permis délever la voix contre ceux qui nous accusent d'être abêtis sous l'action incessante des momeries cléricales? CONCERT-BAL DE LA SOCIETE DE S'-SEBASTIEN, AU BÉNÉFICE DES INDIGENTS. Tout en accomplissant une bonne œuvre, quelques membres de la confrérie de S'-Sébas- tien et sous les auspices de celle sociétéont réussi nous donner une des plus jolies fêtes dont on conservera le souvenir. Une compagnie nombreuse était réunie vers six heures, di manche dernier, dans la fraîche et coquette salle de l'antique confrérie. Elle était ornée des portraits des prolecteurs de la sociétéet au- dessus de la frise du plafond étaient représen tés les chefs de la société. Un certain nombre de drapeaux aidait encore embellir le coup- d'œil et prouver que rien n'avait été négligé pour donner toute la splendeur convenable une fête destinée secourir l'indigence. La partie musicale de la soirée a été ouverte par l'exécution de l'ouverture des Mousquetai res de la reinearrangée pour harmonie, par M. Otto. C'est la musiqueldes Sapeurs-Pompiers qui nous a fait connaître ce morceau, et par la manière dont il a été rendu, ainsi que la scène et air de Bèatrixnous pouvons dire sans crainte d'être taxés d'ex:<géralion que la mu sique des Sapeurs-Pompiers ne cesse de faire des progrès et qu'elle a acquis un degré avancé, cet ensemble, cet aplomb, qui n'appar tiennent souvent qu'à un corps musical consti tué depuis longues années. Le duo de Brian de Bois Guilbert a été chanté d'une manière admirable. Mnie qui a bien voulu prêter le concours de son talent, a réussi, on ne peut mieux, ajouter l'agré ment qu'offrait le concert, par un chant bien nuancé. Elle a été dignement secondée par Mr qui a l'avantage de posséder une fort jolie voix qu'il manieavecjusles.se et facilité. La Fantaisie pour piano a été exécutée par une jeune personne quion ne soupçonnait pas un talent d'artiste. Son jeu, bien nuancé, et les difficultés les plus ardues enlevées avec légèreté, ont démontré que Mlle avait fait du piano une élude approfondie. La Plainte de Saufrendue par une jeune dame, dont celte mélodie chantée en public était les premières armes en fait d'exécution musicale, a fait le plus grand plaisir. Mme pour un début, s'est parfaitement acquittée de la lâche qu'elle a bien voulu assumer, la grande satisfaction des auditeurs. MmB qui s'est fait entendre une seconde fois, a chanté l'air de la Favorited'une façon très-distinguée. Mm8 aime la musique et la manière dont elle exécute les morceaux qu'elle veut bien chanter, prouve qu'elle en saisit les diverses nuances et les rend avec autant de délicatesse que de sentiment. L'air varié pour Flûte a été exécuté par un amateur qui a fait anciennement l'ornement des concerts, mais qui depuis s'est retiré sous sa tente. Sa réapparition, dimanche dernier, a fait grand plaisir et prouvé que Mr*** conserve un talent très-agréable d'exécutant solo. Nous devons encore rendre compte du der nier morceau qui a dignement clôturé la partie musicale de la fête. Nous voulons parler de l'exécution du chœur: la Nuitpar les élèves de école régimentaire du 5e de lignesous la direction du sous-officier Gillis. Le chant de ces jeuneffgens a été remarquable par l'ensemble etlajustesse des intonations. Certes, on n'aurait pas cru trouver parmi ces jeunes apprentis- soldats, une éducation musicale aussi avancée. Si nous avons pu faire cette nouvelle connais sance, nous le devons l'obligeance de M. le major N'ugues qui, la demande de la com mission, s'est empressé de permettre aux élèves de l'école régimenlaire de se faire entendre. Après le concert, la danse s'est immédiatement organisée et le bal a duré avec animation et entrain, jusque vers deux heures du matin. Le lendemain lundi, une distribution de pains a été faite aux indigents qui avaient reçu des cartes. Deux mille deux cents pains ont été donnés aux pauvres, et lundi, 23 janvier, on en distribuera encore environ douze cents. Dans le partage des 330.000 francs, part al louée la Flandre occidentale, dans le subside de 1,300,000 francs voté par la Chambre, la somme qui revient la ville d'Ypres s'élève cinq mille soixante francs. Nous croyons qu'avec ce qu'on a eu en trop l'an passé on instituera un comité qui pourra venir efficacement au secours de la classe ouvrière nécessiteuse. Celte nuit des voleurs se sont introduits dans Vaubetle de, l'octroi, la porte de Dunkerque dans l'espoir, sans doute, d'y trouver la caisse. Cet espoir a été trompé, car tous les soirs, les fonds et registres sont mis en lieu de sûreté. Un canif, des ciseaux, une vieille couverte, une pipe et une paire de lunettes, sont le seul butin découvert par les voleurs qui. se retirant hon teux et confus, se sont dit, sans doute, en grelottant Nous sommes volés. Nousdonnonsaujourd'hui le tableau de l'aug mentation projetée des membres de la chambre et du sénat. L'arrondissement d'Ypres aura un représentant en plus, mais il perd par compen sation le sénateur qu'il élisait alternativement avec Dixrnude, Fumes et Ostende. Il nous est difficile de comprendre, comment il se fait qu'a vec une augmentation de population qui nous donne droit a un représentant en plus, nous perdions le sénateur que nous avions élire alternativement avant qu'une population plus forte ne fut constatée. Nous sommes très-dis posés voir dans cette combinaison un tripo tage jésuitique et nous voudrions connaître il Nos premiers pas dans le désert furent silencieux. Gilbrac ouvrait la marche, majestueusement assis sur son baudet. Akber et Yonsef, cheval, venaient derrière Gilbrac Jenny venait derrière les deux guides. Emile Fabre et Paul Evelin se tenaient aux cotés du dro madaire et de la jeune fille. Je fermai la caravane avec le capitaine Breton. Gilbrac s'occupait tourmenter son singe aux yeux rouges, qui, perché sur la tête du baudet, tourmentait de son mieux son tour le pauvre animal. Akber et Yousefbien que cheminant l'un près de l'autre, se foudroyaient d'instants en instants de rapides coups d'œii étincelanls de haine et de menace. Émue, sans doute, du spec tacle de l'immensité des sables qui se déroulaient devant nous, Jenny, le regard fixe, avait la main droite appuyée sur sa poitrine, Evelin contemplait en exlase Jenny. Fabre avait le front penché vraisemblablement le pauvre Fabre songeait aux préférences que la jeune fille accordait son rival Evelin. Je causais, avec le capitaine Breton, des étranges et funestes malheurs que la vieille femme arabe ■oui avait annoncés, du fait de l'un de nos guides,du singulier re cours de salut qu'elle avait remis Gilbrac, dans la personne du petit singe aux yeux rouges. Et sur notre groupe imperceptible point dans l'immense plaine du désert, sur notre groupe où se trouvaient contenus, s'exaltant en chevauchant côte côte la haine l'amour la plus absolue insou" ciance et quelque peu diuquiétude le soleil levant, le soleil de lequateur dardait ses rayons embrasés. Le oapitaine Breton réfléchit aux paroles de la vieille femme arabe il me dit Nous sommes ici dans la patrie depuis longtemps célèbre, des prophètes et des talismans. J'ai rencontré sur toutes mes routes dans toutes les tribus des femmes des hommes, et quelquefois de jeunes enfants, qui distiibuaient aux voyageurs des avis et des amu lettes. lis m'ont arrêté souventrarement ils m'ont trompé. Leurs avis sont bonset voici pour quel motif ils conuaissent le guide auquel ils vous voient confié. Le désastre du voyageur u'arrive guère aujourd'hui que par la faute de son guide. Far le passé ils préjugent l'avenir, ils prophétisent et donnent une amulette pour obtenir le prix de leurs prophéties. Mais en ce cas dis-je capitaine Breton, nous avoDS dans l'un de nos guides le plus désastreux brigand qui ait jamais trahi la confiance d'une oaravane. Four que celle femme nous ait prophétisé spontanément l'avenir sous de si sombres couleurs il faut qu'elle sache, sur ce guide, un bien terrible passé nos vies sont menacées, la vie et l'honneur de Jenny, sans doute. Akber me dit Breton n'a jamais eu ma confiance je n'aime pas le ton qu'il prend l'égard de Yousef. Il existe, entre ces deux hommes, une haine instinctive la haine du chien au loup. Cet Akber avec sa parole arrogante sa face noire et son maintien fa rouche, ne m'a jamais plu je crains qu'il ne soit le loup, Yousef, dis-je prend effectivement l'altitude caressante du chien. Use montre doux poliinsinuantautant insinuant qu'un homme de sa nature sauvage peut l'être. Il fléchit devant Akber, aux arrogantes boutades de l'Abyssin, il répond avec douceur. Il est souple, il rampe. Mais la trahison ne se montre-t-elle pas souple, polie, douce, insinuante, caressaute Avec le caractère indomptable des gens de sa tribu, mais vingt fois Yousef, insulté, eût poignardé Akber, capitaine, s'il ne méditait pas un arrière projet. Quant moi je me confierais de préférence àl'àpre et fière attitude du noir Abys sin. La souplesse de ce Berber me paraît insidueuse. Je crois Yousef capable d'attachement je le crois capable de se dévouer. Depuis qu'il nous guide par les cheminsje l'observe il ne bronche pas. Yousef se montre nous sous un jour-favorable: il est poli, attentif, retenu et plus icrviable qu'aucun des hommes

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