6" ANNÉE: - N* 599. DIMANCHE, 31 JANVIER 1847. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. INTÉRIEUR. Ou s'abonne Ypkes, Marché au Beurre, 1et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS, Quinze centimes par ligne. TIRES ACQUIR1T EUNDO. YPRES, Se 30 Jauvier. S'il est une question qui, au plus haut point, mérite d'émouvoir l humanité, c'est bien celle du paupérisme; aussi les chambresle pays, la presse, tout le monde s'en est occupé; si notre mission telle que nous la comprenons est, de propager les idées qui tendent soulager nos frères malheureux, ne fussent-elles même quel quefois que de généreuses fictions, plus forte raison devons-nous faire connaître nos lecteurs les choses réelles Nous savons qu'à Dieu seul appartient de cicatriser toutes les plaies et que nos efforts, quels qu'ils soient, ne sont que des palliatifs bien faibles pour guérir celles qui rongent notre malheureuse population, cepen dant ne fût-ce que pour le denier de la veuve, nous nous ferons toujours l'écho de ceux qui emploient leur temps et leur fortune sou lager les malheureux. Le 10e régiment de ligne en garnison dans notre ville a fait distribuer vendredi dernier du pain et de la houille aux nécessiteux, cette dis tribution continuera le lundi, 1er et le samedi 6 Février, jusqu'à absorption d'une côlisalion qui monte, nous assure-t-on au-delà de ciuq cents francs. Voilà donc environ 900 francs que ce corps donne aux pauvres, depuis son arri vée dans nos murs. Honneur aux bienfaiteurs de l'humanité! honneur l'armée, que des actes de cette nature identifient de plus en plus notre nationalité. Nous apprenons qu'une expérience vient d'être tentée au moyen de l'élher sulfurique dans une opération chirurgicale, par M. le docteur Dalmote, de celle ville. Une personne qui lui semblait posséder toutes les qualités requises, devait subir l'amputa tion de deux doigts. Il la soumit l'action de cet agent et ne put parvenir produire l'état syucopal même après trois quarts d'heure d'essai; les seuls symptômes qu'il put constater pendant ce temps, ainsi que les personnes pré sentes, ne furent autres qu'un larmoyement continuelune pâleur extrême et une toux difficile. L'opération prouva que non-seulement la sensibilité ne fut pas perdue, mais pas même émoussée. L'appareil employé et construit par M. le pharmacien Frisou était simple et facile; il consistait en un flacon de AVolf contenant de l'étherjet auquel fut adapté un tube élastique qui aboutissait aux narines du patient. Les expériences faites par les divers opé rateurs au moyen de l'éther sulfurique, sont, on doit en convenir, on ne peut plus contra dictoires les uns prétendent en obtenir un effet prompt au bout de quelques minutes, landis- que les autres, en y mettant la meilleure volonté du monde, n'ont jamais pu parvenir observer cet état syncopal, et cela après avoir renouvelé leurs expériences sur différents sujets. Parmi ceux-ci nous citerons Mr Roux, l'Hôtel-Dieu, et Laugier, l'hôpital Beaujon de Paris. Quoiqu'il en soit, nous dirons, en jugeant la chose impartialement, que ce ne paraît être que par une exception rare, que l'on trouve une per sonne qui puisse se soumettre pendant un cer tain temps,l'action de l'élher sulfuriquesans en éprouver des désagréments qui empêchent de continuer l'expérience, tandis qu'il est plus rare encored'en trouver qui puissent donner l'état syncopal que les auteurs ont obtenu. Il n'est donc pas encore constaté que l'élher sulfurique, pas plus que le magnétisme soit appelé jouer un rôle aussi important pour l'humanité entière, en rendant nos organes insensibles l'action des instruments tranchants de la chirurgie. Si nous ne craignions d'empiéter sur le do maine de la sciencenous demanderions si ce n'est pas ce même élher qui est employé jour nellement pour rappeler les facultés intellec tuelles et la sensibilité, durant une syncope auquel aujourd'hui on voudrait faire jouer un rôle tout opposé. La Commission directrice de la Bibliothèque communale de la ville d'Ypres a l'honneur de por ter la connaissance du public, qu'à dater du i" Février 1847, cet établissement sera ouvert trois jours par semaine, savoir Le Lundi et Vendredi, de 9 1 ji heures du matin midi, de 2 5 heures de relevée en hiver, et de 3 6 heures en été. Le Mercredi, de 2 5 heures de relevée eu hiver, et de 3 6 heures en été. pour la commission: ALPIÏ. VA.NDEN PEEREBOOM. 11 paraît que l'insuccès des voleurs qui ont dévalisé l'aubette de l'octroi de la porte de Lille, n'a pas retenu d'autres malfaiteurs de renou veler la tentative de vol l'aubette de la porte de Dunkerke. Ils n'ont pas été plus heureux que leurs devanciers. La recette et les registres étaient en sûreté. Ils se sont contentés d'em porter la vieille veste d'un employé, quelques ustensiles de mince valeur, faute de mieux, vou lant laisser des traces certainesdeleurshauts faits. En rapportant l'histoire romanesque de Vir ginie Callensalias François Lepetinnous avons dit qu'elle avait été en service chez M. Smits de Gand. Nous avons été induit en er reur; l'habitant de celle ville qui a été victime de ce méfait est M. De Kersemaeker. Il a été Ypres, mais nous ignorons si la rusée coquine a été confrontée avec lui. On nous écrit de Warnêton, 28 Janvier Un accident qui a failli avoir des suites plus déplorables, est arrivé ce malin, vers les sept heures, sur la route de Warnêton au Pont Rouge. Un ouragan a entièrement enlevé le moulin àl'huileappartenantà M. Augustin Godtschalck. Le corps du moulin, qui renfermait un ouvrier, et l'arbre principal, ont été jetés une distance de 30 pieds au-dessus d'une petite haie dans un potager; l'arbre tournant et les volants sont allés se briser contre le pignon d'un bâtiment usage de magasin, qui se trouve également fort endommagé. Uh bout de volant s'est dé taché et en traversant la toiture dudit magasin', est venu se loger dans le lit d'un des ouvriers heureusement inoccupé en ce moment. L'ouvrier qui se trouvait dans le moulin, et qui en est quitte pour quelques fortes contu sions, n'a pu se dégager, qu'environ dix minu tes après l'événement. Le second ouvrier a été jeté de l'escalier une distance d'environ quinze pieds. Un commencement d'incendie se déclara en suite, mais des prompts secours ont été appor tés, et on se rendit assez difficilement maître de ce nouvel élément destructeur. On nous écrit de Messines, 28 Janvier Un vol audacieux a été commis jeudi, vers midi, la ferme occupée par M. De Railleul, en celte commune. Les malfaiteurs se sont intro duits dans la ferme et ont enlevé une somme de 10 francs et tous les habillements de fête ap partenant l'un des domestiques, qui, privé de touts'est vu forcé de faire en sabot le trajet de la ferme Messines, pour faire sa déclaration au commissaire. On est sur les traces des cou pables. Feuilleton. UIN mmm DANS LE DÉSURH1. III. (Suite.) Deviner lequel était le traître, deviner lequel incriminait fausse ment 1 autre semblait chose impossible. Qu'ils s'accusassent ou se défendissent, ils conservaient tous deux l'expression typique de leur caractère: Yousef, souple, patient, caressant; Akber, fougueux, em porté, la menace aux lèvres et le yatagan au poing. Breton, qui avait toujours penché pour Yousefsemblait pénétré de ses dernières paroles il me jetait de moment en moment un coup-d'œil signifi catif, et considérait l'Abyssin avec défiance. Mais soit velléité de'con- tradiotionsoit prédilectionje demeurai du parti d'Akber je dis Yousef, ou vous connaissez les intentions d'Akber et son pacte avec les fils du pillage ou vous imaginez perfidement l'heure même, cette infamie, contre un homme que vous haïssez, et qui vous accuse. Si vous connaissiez le guet-apens du détroit de la montagne, pourquoi ne pas nous l'avoir révélé Sydy-Heymah Là nous au rions pu nous informer sonder approfondir la vérité qui ici nous échappe. Mais Yousef me répondit de son ton froid et subtil l'espérais convaincre mon frère, j'espérais que mon frère aban donnerait son dessein, j'espère encore qu'il l'abandonnera. Akber celle réponse tressaillit de nouveau impétueusement il releva son yatagan et s'écria Maudit! je veux te faire rentrer dans la gorge le poison de tes paroles Mais je l'arrêtai une seconde fois. Akber dis-je rentre au fourreau Ion yatagan cette façon d'agir n'est pas le moyen de nous persuader de ta bonne foi rentre au fourreau ce yatagan et demeure calme préfère la vie de ton ennemi l'honneur de ta parole... Convaincs-nouscela sera ta ven geance. Les Francs ne comprennent-ils pas le langage de la vérité dit Akber est-il donc si facile de les tromper Mon frère peut me tuer, répéta Yousef, il ne peut pas tuer ce que j'ai dit. Allah est Dieu. Le ton doux et résigné du Berber m'inspirait encore moins de confiance que l'emportement sauvage de l'Abyssin. Quant au capi taine Breton, il semblait tout fait pencher pour Yousef. Evelin et Fabre, qui nous écoulaient, paraissaient partagés ici comme toujours; ce partage était dans les nécessités du caractère entier de chacun d'eux et de leur situation derivaux; Evelin semblait appuyer Akber, Fabre, froid et réfléchi, Yousef. Cependant au milieu de'ces inextricables perplexités lorsque nous cherchions vainement découvrir celui de Yousef ou d'Akber la direction duquel nous devions nous abandonner, Gilbrac, épe- ronnant tout coup son âneson petit singe aux yeux rouges sur l'épaule, se rua brusquement dans notre cercle; nos chevaux effrayés s'écartèrent. Il me vient une idée cria Gilbrac. Et tournant ça et là sa face joyeuse et bouffonnebizarrement rapprochée de la mine grimaçante du petit singe, il arrêta sa mon ture qui se cabrait. Eh bien, don G il, tire nous d'embarras, dit le capitaine, conte- nous ton idée là où les hommes sensés ne voient plus rien, les fous débrouillent quelque chose; conte-nous ton idée. Gilbrac fit un nouveau tour sur lui-même et nous regarda l'un après l'autre surpris de la gravité de nos visages. Il s'était amusé bruyamment de son singe derrière notre groupeinattentif au. sérieux de notre discussion. Enfin sa rubiconde figure s'épanouit. Eli bien déjeunons! dit-il. Et partant aussitôt Le verre eu main, toute chose s'explique, Le jour, la nuit, le paradis, l'enfer, Tout, enfin, tout... et même le désert. Le vieux Caton sauvait la république, Le verre en main Socrale, dans une céleste ivresse Inventait Dieu le diable, la sagesse, Le verre eu main 1 Le très-saint pape aux en fans de la terre Ouvre le ciel par un divin mystère, Le verre cd main

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