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NOUVELLES DIVERSES.
public la viande un taux considérablement
réduit.
D'un.autre côté, M. le bourgmestre vient de
faire procéder un relevé officiel des différens
prix de vente réclamés par les bouchers de nos
halles, en les avertissant que, s ils persistaient
exiger des bénéfices exagérés, il soumettrait au
conseil communal des mesures destinées ame
ner un baisse dans les prix.
Le comte de Flandre, deuxième fils du roi
des Belges,est entré aujourd'hui dans sa onzième
année. Le prince est né le 24 mars 1837.
Des élections communales viennent d'avoir
lieu Braine-le-Comle; elles ont provoqué une
lutte dans laquelle l'opinion libérale l'a emporté.
Ses candidats, MM. L. Fiameng, fabricant, et
de Broux, notaire, ont été élus une immense
majorité.
On écrit de Gand 20 mars
Ainsi que nous le prévoyions une baisse sen
sible a eu lieu hier sur noire marché aux grains
elle a été de fr. 2-50 par hectolitre de froment
et d'un franc par hect. de seigle. Une grande
partie de froment est restée sans acheteurs.
Voici les renseignements que nous avions
reçus et qui nous ont été confirmés sur la no
mination du nouveau secrétaire communal de
Vichte. A peine l'ancien titulaire avait rendu le
dernier soupir, que M. le bourgmestre, cheville
ouvrière de M. le curé, convoque le conseil, et
lorsque les membres furent réunis au complet,
M. le curé, sans seulement se faire annoncer,
pénétra dans la salle de délibérations et leur
tint ce petit discours: Je pense, MM. que ma
présence ici ne peut vous déplaireil s'agit
de nommer un nouveau secrétaire; j'ai voire
fait sous la main, c'est mon sacristain. J'aime
croire que, présenté par moi, il vous sera
agréable. Au reste, ce sont les désirs de Mgr.
Févêque comme les miens et si vous ne le
nommez pas, j'abandonne votre commune et
ne serai plus votre curé. Un honorable con
seiller hasarda de répliquer au curé qu'il lui
semblait de la dernière inconvenance de pro
céder la nomination d'un nouveau secrétaire
avant que l'ancien fut enterré, qu'ainsi qu'il le
lui avait promis, sa voix ne serait pas contraire
aux désirs de Mgr. l'évêque mais que pour le
maintien de la dignité du conseil il s'opposera
au vole dans la séance du jour. Un autre con
seiller s'exprima dans le même sens, mais M. le
bourgmestre prit la parole pour dire que tout
était convenu le procès-verbal dressé et le
sacristain, nommé l'unanimité. Ainsi soit-il.
Chronique.
Avant-hier ont eu lieu Saint-Josse-len-Noode
les funérailles du prétendu Th. de Croismare, cet
employé du ministère des finances, dont le sexe n'a
été découvert que lorsqu'il a fallu procéder son
ensevelissement. La curiosité publique a été assez
visiblement excitée par cette découverte passable
ment romanesque, et c'est qui racontera aujour
d'hui quelques détails sur la vie, les habitudes, le
caractère et la manière d'être, les antécédents de
cette femme étrange.
et saisissant l'oreille la malheureuse bête exténuée il lui faisait
pousser des cris de détresse inouïs.
Ces cris nous étaient parvenus. Arrivé avec Breton, sur la pente
opposée de la montagne nous rebroussions chemin en hâte hale
tants d'inquiétude, lorsque nous vîmes tout coup Eveliu et Fabre
au sommet des rochers.
Ah oe malheureux Evelin est fou s'écria Breton. En avant
eu avant Ils sont perdus...
Je me précipitai sur ses pas. Mais des pierres des graviersdéta
chés de la oime de la montagne descendirent soudain avec fracas
vers nous... Un long cii fut poussé... Le capitaine s'arrêta le front
penché, immobile, péliifié, muet... Evelin et Fabre, enlaoés l'un i
l'autre étaient étendus sans mouvement devant lui... Ils avaient
roulé du sommet des rochers avec les graviers et les pierres.
XIII.
L'horrible coup de la mort'de Fabre et d'Evelin nous accabla.
Le capitaine Breton s'était assis près d'eux sur un bloc de rooher.
H examina leurs curps meurtris le visage d'Evelin avait conservé
son expression d'égarement farouche, celui de Fabre, triste et con
tracté semblait garder l'empreinte de son dévoùiuent douloureux.
Ils étaient dans les bras l'un de l'autre comme deux frères qui
se seraient embrassés (instant suprême. Leurs cheveux s'étaient
mêlés les cheveux blonds de Fabre aux boucles noires d'Evelin.
Les pointes des rochers dans cette chute elTrayaute du haut de la
montagne avaient déchiré leurs vêtements et leurs membres. Le
sang coulait de leurs luas et de leurs joues...
Quoiqu'on dise ou qu'on pense, on ne peut cepen
dant que former des conjectures sursoit identité;
car malgré les recherches les plus îniuutieuses, on
n'a pu découvrir au domicile de la défunte aucun
papier de nature éclaircir quelque peu le mystère.
Un brevet de lieutenant portant bien réellement le
nom de Th. de Croismare, brevet qu'elle a toujours
présenté comme preuve de ses services dans l'ar
mée française, et quelques pièces de vers, voilà les
seuls papiers qui aient élé trouvés. Cette absence de
preuve écrite permet toutes les suppositions, mais
s'oppose aussi ce qu'on puisse rien affirmer.
Ce nom de Croismare n'est cependant pas un
nom en l'air; il appartient une ancienne famille
noble de France, et quelques personnes nous ont
assuré qu'elles croyaient bien réellement que l'ex-
employée descendait de celte famille. On suppose
que, peut-être, l'époque de la révolution fran
çaise, celte famille fut forcée d'émigrer, et que, soit
pour échapper des dangers, soit pour trouver
plus facilement un travail qui lui permit de gagner
sa vie, la jeune fille abandonna les habits de son
sexe pour prendre des vêlements d'homme. Elle
aurait conservé ces derniers depuis son départ.
Mais est-il bien certain que, trompant toutes les
investigations en France comme en Belgique, elle se
serait fait admettre dans l'armée et aurait servi en
qualité de lieutenant, ainsi qu'elle l'a toujours pré
tendu, et comme le constate le brevet trouvé chez
elle? Voilà ce qui semble assez difficile admettre.
N'est-il pas plus probable que ce brevet apparte
nait quelqu'un autre, un membre de sa famille,
si elle est réellement une Croismare, et qu'elle s'en
est emparée pour donner plus de poids ses asser
tions, et comme un moyen d'éloigner tout soupçon
sur son véritable sexe Cette dernière inlerpréta-
tion est assez vraisemblable.
Ce qu'il y a de positif, c'est qu'elle habitait la
Belgique depuis une vingtaine d'années. Avant d'en
trer au ministère des finances eu qualité de surnu
méraire, elle avait occupé la place de caissier au
journal le Mémorial qui s'est fondu dans l'Indépen
dantet, après cette fusion, ce dernier journal.
Admise au ministère des finances, elle s'y fit remar
quer par son zèle, son aptitude, et arriva successi
vement au grade de second commis, qu'elle occu
pait au moment de son décès.
Elle était un des employés les plus intelligents de
l'administration, où l'on ne rencontrait pas un
travailleur plus assidu. Cependant pour avoir droit
la pension et même jusqu'à un certain point la
conservation de sa place, il y avait une formalité
remplir la naturalisation, et on la pressait sou
vent de se conformer le plus tôt possible celte
prescription. Mais pour se faire naturaliser, il faut
fournir des papiers, un acte de naissance, prou ver
son identité. Aussi le prétendu de Croismare ne se
hâtait-il pas de se rendreaux avis qu'on lui renou
vêlait souvent, et il avait recours mille prétextes
pour expliquer son peu d'empressement. C'étaient
des papiers qui n'arrivaient pas de France, des ré
ponses qui se faisaient attendre, etc. La mort est
venue tirer le malheureux employé d'un grand
embarras.
11 ou elle était, au reste, d'un commerce fort
agréable, aimait la société des jeunes gens auxquels
elle donnait volontiers des conseils excellents. Sa
politesse était parfaite, ses manières de très-bon
Ion, et l'on remarquait souvent sa galanterieauprès
des dames. Sans doute c'était encore là une des
mille ruses qu'elle employait pour mieux dissimu
ler son sexe.
L'administration a fait, dit-on, demander des
renseignements en France, pour tâcher d'éclaircir
ce singulier mystère.
Le capitaine contemplait cet affreux spectacle.... Mais quand'il se
fut bien persuadé qu'ils étaient morts, il laissa tomber sa tête dans
ses mains avec découragement... et les larmes jaillirent de ses pau
pières.
Pauvres enfants dit-il.
J'étais acoablé j'avais les yeux brûlés la poitrine serrée je ne
respirais plus, j'étranglais, je suffoquais... j'enviais de pouvoir pleu
rer je souffrais cruellement.
Breton resta jusqu'au soirla léte dans ses mains, abîmé de dou
leur.
Mais quand l'ombre de la montagne eut grandi
Et Jeuny dit-il Jeuny! Oh ma pauvre Jeuny!
Nousensevelîmesen hâte Evelin et Fabre, àl'eudroit où ils étaient
étendus... Nous remontâmes les rochers. Le capitaine arrivé au
sommet de la moutague poussa un cri la voix de Gilbrac lui ré
pondit.
Jennyagenouillée sur le sable du désertrepliée tristementle
front sur la poitrine étouffée de sanglots paraissait l'instant de
succomber. Quand la malheureuse enfant nous vit, elle tendit, vers
Breton, ses mains joinles et sou visage baigné de pleurs. Elle voulut
se leverj mais, exténuée, faible, elle retomba haletante.
Gilbrac était couché tout de son long. 11 soutenait sa téte sur sa
main, accoudé près de Gilbraille.
Mes enfauts-, ma 6lle dit le capitaine en assurant sa voix
demain, ce soir peut-être, nous aurons des secours. Evelin et Fabre,
que nous avons rencontréssont restés là-bas... On doit venir nous
Madrid, 10 Mars.
Le sénat a décidé l'unanimité, moins le séna
teur Luzuriaga, l'arrestation du général Serrano qui
est caché en ville. On dit que le ministère a donné
des ordres pour commencer le procès du général.
La chambre des députés-est saisie de propositions
pour déclarer que le ministère a la confiance de la
chambre.
On assure ^jue le roi aurait prié hier, M. Sala-
manca de ne plus revenir an palais, attendu que sa
présence y était inutile. Cette nouvelle a besoin
d'être confirmée.
Le général Oraa est malade depuis deux jours, et
n'a pas assisté aux derniers conseils du cabinet.
On dit que le général Villalonga était destiné
occuper le commandement général de Valence,
lorsque l'on a peine envoyer en Navarre le général
Serrano. Le général Bayona, dans ce cas, eut été en
Galicie.
Hier, on disait que le général Roncali irait
Valence, mais il n'y a encore rien de décidé cet
égard.
Le duc de Sotomayor, fort de l'approbation du
sénat, s'est rendu hier soir auprès de la reine, pour
l'expédition des affaires. S. M. ne lui a rien dit de
ce qui est aujourd'hui le sujet de toutes les conver
sations, l'affaire du général Serrano.
On avait dit que quelques ouvertures auraient
élé faites M. Pacheco, pour qu'il entreprit la mis
sion de récomposer uu cabinet dans le sens progres
siste. M. Pacheco auraitdit-on, répondu ces
ouvertures en déclaraul que tant que le ministère
n'avait pas donné sa démission il ne pouvait pas
accepter un tel mandat.
Uu vol audacieux et qui prouve assez que son
auteur n'habite pas très-loin du théâtre de ses ex
ploits criminels, a élé perpétré dans la matinée de
Dimanche, au préjudice des époux Seys,cabaretiers,
au hameau de Nieuwhuyzensur la commune de
Dadizeele. Les locataires de la maison étaient allés
entendre la grand'messe au village, après avoir
laissé la garde du logis a leur fille; c'est donc au
moment où celle-ci, s'avisant d'aller faire une com
mission dans le voisinage avait chargé quelques
gamins de garder un instant la porte que les mal
faiteurs si tant est qu'ils étaieut plusieursse
sont introduits dans l'habitation par la porte de
derrière qu'ils sont parvenus ouvrir, présume-t
on, en passant le bras travers le trou collé de
papier d'une vitre pénétrés dans une chambre
coucher ils y ont enlevé une somme de 798 francs
renfermée dans 4 sacs, et qui, par une fatalité vrai
ment déplorable étaitce que l'on croitle fruit
des épargnes du frère l'épouse Seys, ouvrier labo
rieux demeurant avec elle. Cet ouvrier s'était
imposé les plus dures privations pour amasser
comme on dit,cequ'il envisageait comme un trésor,
enfin une pomme contre la soif dans ses vieux jours.
Aussitôt la nouvelle du vol connue l'autorité
communale s'est transportée sur les lieux pour
dresser procès-verbal. Espérons que la justice ne
négligera rien pour découvrir les auteurs d'un pa
reil méfaitet que grâce l'activité de ses recher
ches, les coupables seront bientôt livrés entre ses
mains.
La Gazette de Rhin et Moselle publie, d'après
une correspondance de Munich les détails suivants
sur les membres du nouveau cabinet bavarois. M.
de Zenettiqui remplace M. d'Abel au ministère de
l'intérieur jouit de l'estime générale en Bavière.
Quoique ce soit un homme d'état distingué il n'a
pas le talent oratoire de son prédécesseur, M. de
Zu-Rhein, ministre des finances, est le fils aîné de
l'ancien ministre de la justice mort il y a quinze
prendre avec des chevaux bon courage
Nous n'apportions rien, pas une goutte d'eau, pas une bouchée de
pain, pas un fruit. A ces paroles vagues, dites d'une voix tremblante
d émotion, Gilbrac, ni Jenny, ne prirent le change. Jenny regard»
le capitaine avec stupeur, Gilbrac me regarda.
11 y eut un instant de silence étouffé.
Devant le regard de Gilbrac je détournai la téte. Je nTy tenais
plus, les sanglots m'étranglaient. Gilbrac me serra la main t il avait
compt is.
Mais le capitaine s'approcha de Jenny. Il se pencha sur elle et
voulut l'embrasser... Une larme coula de ses yeux sur le front de la
jeune fille... Tout fui dit j la malheureuse enfant se renversa en
poussant un cri déchirant.
Nos sanglots éclataient.
Plus une lueur d'espoir. Nous étions découragés, brisés, épuisés de
lassitude, de soufiiance et de besoin. Le désert nous enveloppait..
Pour sortir du dé<ert nous avions tout tenté vainement. Nos forces
notre énergie, étaient bout.
Yousef et Akber étaient morts...
Evelin et Fabre étaient morts...
Nous survivions quatre-, quatre, maintenant incapables d'avancer
de deux cents pas Jenny était étendue sans connaissance-, le coup
affreux de la mort d'Evelin dans l'état d'épuisement où elle ae
trouvait, Pavait peut-être tuée.
Gilbrac ne se plaignait plus. La soifla faim le torturaient le
gonflement de ses ja mbes montait j le pauvre Gil ne pouvait plu#