INTÉRIEUR.
6" ANNÉE. - K8 624.
JEUDI, 29 AVRIL 1847
Le P&ogkè»parait le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine,
PRIX DES INSERTIONS.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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TIRES ACQUIRIT EUNDO.
1TPKES, le 28 Avfll.
La feuille de celte ville qui patronne M. De
Neckere-De Coninck, est revenue dans son der
nier numéro sur cette candidature, mais inci
demment celle fois. C'est au Progrès qu'elle s'en
prend particulièrement et de manière faire
croire que dans la polémique qu'elle a ouverte
avec nous, l'avantage ne lui est pas resté, car elle
déraisonne de dépit et se livre aux plus grandes
excentricités, pour prouver que blanc est noir
et réciproquement.
Pour commencer, elle s'extasie sur les contor
sions du Progrèsj l'approche des élections.
Rien qu'à cette remarque, on découvre le sal
timbanque de métier qui, accoutumé sauter
pour tout le monde, mesure les autres son
aune et croit qu'il s'élève, en ravalant les autres
son niveau.
Quant la manière d'agir du Progrès dans
les élections, elle n'est pas ici en cause, car il
s'agildes candidaturesde MM.Malôu-Vergauwen
et De Neckere-De Coninck, et nullement
des journaux qui défendent ces candidatures.
Cependant nous voulons bien nous occuper
pour celte fois des allégations de la feuille de
là rue de Lille. Elle nous accuse d'agir avec une
insolente fatuité l'approche des élections
communales, parce que nous avons, dit-elle,
une majorité simplebénévole et assez aveugle
pour suivre les conseils que nous donnons et
adopter les choix que nous proposons dans
notre sollicitude dominatrice. Personne n'ignore
que c'est le contraire qui a toujours eu lieu et
3u'avanl d'appuyer des candidats, nous alién
ions qu'une réunion préparatoire d'électeurs
les eut désignés. Jamais le Progrès n'a soutenu
un candidatavant que le choix ne fut sanctionné
par les électeurs libéraux, et ce n'estpas de celle
ibanièreque nosadversairesàgissent.lesélecleurs
ne sont en aucune façon consultés par eux.
Le choix se fait dans Un conciliabule plus ou
moins secret et le tour fait, les meneurs disent auk
électeurs de leur bord, c'est un ici et pas d'autre.
Que jusqu'ici le Progrès ait eu peu d'in
fluence sur les élections générales, il n'y a pas
s'en étonner. Toute espèce de calomnies ont été
déversées sur l'opinion libérale dans les cam
pagnes et jusqu'ici, grâce celte conduite des
ennemis du libéralisme, nos efforts n'ont pas
toujours été convenablement appréciés, nds
intentions étaient dénaturées avec une persis
tance perfide et si cela n'est plus ainsi actuelle
ment, si ces préventions se sont affaiblies, c'est
une preuve que les idées politiques ont fait
quelques progrès même dans les communes les
plus éloignées des centres de population. Jus-
u'ici le Progrès n'a eu qu'une fois l'occasion
e soutenir des candidatures libérales et depuis
lors, on a jugé que la lutte avait lieu des
conditions trop défavorables; aucun candidat
même ne se présentait. Si c'est là se retirer
lâchement et honteusement sous sa tentele
ministère De Theux en a fait de même lors de
1 élection de M. Dindal Bruxelles et quoique
dans une toute aulre position que le libéralisme
Yprois, le cabinet s'est ûbstenu d'opposer un
candidat l'élu de l'opinion libérale.
Quand il s'agit d'un candidat patronné parla
feuille anti-civique de la, rue de Lille, les mots
n'ont plus leur acception ordinaireles vices
deviennent vertus, la vérité se transforme en
calomnie, au gré du rôle qu'il s'agit de jouer.
M. De Neckere se dit outragé et calomnié, il
est facile de crier la calomnie et de se poser
en victime, cela vous donne un air intéressant
et le rôle d'honnête homme politique méconnu
va beaucoup dé gens, surtout ceux qui
n'ont pas la conscience i.ès-purè.
Mais on ne s'y trompera pas. les divagations
de là feuille dévouée M. .De Neckere ne con
vaincront personne pas plus que ses assertions
ne produiront de l'effet. Nous sommes loin de
vouloir traîner M. De Neckere dans la fange,
mais nous voulons éclairer les électeurs sur la
valeur des candidats qui briguent le siégî du
sénat, c'est notre droit, c'est notre devoir. Si
l'appui de sa candidature, M. De Neckere ne
peut faire valoir que le fameux ote toi de là
que je m'y mettealors nous disons qu'il n'y a
pas lieu de la part des électeurs de concourir
lin acte d'ingratitude et de répudier celui qui
a occupé le mandat pendant dix ans la satis
faction de ses commettantspour faire choix
d'un autre qui est loin d'avoir les qualités et le
'désintéressement de M. Malou-Vergauwen.
C'est dans ce sens que noiis avons engagé M.
De Neckere divulguer les griefs qu'on pouvait
alléguer contre M. Malou ce qui ne veut pas
dire tout-à-fait, sinon en langage jésuitique
peut-être, traîner dans la fange. Du reste, nous
défions le journal et sa triste séquelle de trou
ver mordre sur la conduite privée ou publi
que de M. Malou. L'impuissance servira ici de
barrière infranchissable aux mauvaises passions.
Du reste, que le journal qui a voué ses sym
pathies M. De Neckere, fasse moins de bruit
du bon ton de sa polémique et de sa parfaite
modération. Les clameurs qu'il pousse et les
injures qu'il nous lance, n'ont pas la puissance
de nous émouvoir. 11 nous faut d'autres argu
ments que les gros mots d'un enragé par modéra-
lion, et nous laissons aux lecteurs de bonne foi
juger de quel côté sont les injures et les pla
titudes.
Pour vendredi prochain, on nous annonce la
réunion des quatre conseils de fabrique des
églises paroissiales l'hôlel-de-villeafin de
délibérer sur la marche suivre, pour parvenir
forcer M. De Neckere-De-Coninck commis
saire d'arrondissement, sénateur, et trésorier de
la commission des pdmpes funèbres, présen
ter les comptes des exercices 1844, 1845 et
1846 de celte institution. L'on se rappelle que
dans la séance du conseil du 22 mars 1847, il
a été question de celle comptabilité et qu'alors
on a fait Connaître que M. De Neckere,
qui le Cdnseil avait enjoint de rendre sés
comptes, lui a dénié qualité Cet égard.
Alors le Conseil a décidé que, pour ne pas en
trer dans des discussions de compétence, il
ferait connaître aux conseils de fabrique que
les subsides communaux ne seraient plus payés,
si on ne se mettait en mesure de régulariser la
comptabilité de l'institution des pompes fu
nèbres.
-id»
Dans notre dernier n°, en annonçant le ré
sultat du concours agricole, nous avons com
mis une erreur dans la désignation du nom de
celui qui a obtenu le premier prix. Au lieu de
Sr Jacques Demarct, il [faut lire Sr Jacques
Demarel, ancien échevin elcullivaleur Proven.
On nous assure que M. Peellaert qui, dans'
le temps a sollicité la place de notaire Mes
sines, vientd'y être nommé directeur du bureau
de l'enregistrement, des successions et hypothè
ques. Celte nomination démontre que tout
chemin conduit Rome.
Un événement affreux a failli s'accomplir
Caeskerke, sans la vigilance de la gendarmerie.
Une bande de sept brigands avait fait serment
Si'cctillctoit.
LES ®Ey^ B
IV. l'hotel de nanteu1l.
(Suite.)
Avant de recommencer sa partie de whistla comtesse dit tout
Las Raoul d'un air triomphant cela va bien, très-bien. Reli
iez vous maintenantce soir même, je veux encore jiarlèr M. de
Hanleuil.
Vers onze heuresles deux amis sortaient ensemble.
Eh bitli dit Philippe où en sommes-rtous
Au dénoûmenl arrangé par la comtesse, répondit Raoul.
Un mariage d inclination
Et de couvenauce. M11*5 de Nanleuil est un ange et sa jeune
maman est une femme adorable toutes deux m inspirent le même
sentiment...
Ab mon Dieu que dites-vous'là s'écria Philippe.
Elles m'inspirent un sentiment de respect affectueux, de douce
et caluie sympathie continua Raoul eu soupirant; voilà où j'eii suis
tki mou roman.
G aidez-nous de dire cela la comtesse, elle en serait trop
indignée.
Je l'avoue malgré la peine qu'elle s'est donnée je vais faire
j tout Simplement un mariage raisonnable.
Oui, vous épousez une foi tune, une famille....
Exceptons le beau père, je nous prie, interrompit Raoul; je
l'épouse pqs du tout M. de Nautcuil.
Ne me parlez pas de ce vieux hibou! s'écria Philippe je l'ai
pris en haine en horreur sa présence me cause une irritation que
jé ne puis exprimer et quand je me trouve en face de lui je n'ai
qu'uue consolation, c'est de penser que je fais ma cour sa feuime
que je l'aime quejè l'adoré et nie permets de le lui dire.
Et comment prend-elle cet amour
Elle ne le prend pa* du tout, mais n'importe je persévérerai.
Tenez reprit Raoul après un moment de silence, tout me plaît
dans M10® de Nauteuil èlle a la grâce la bonté toutes les qualités
qui fout aimer une femme. Mais son mariage the semble une con
tradiction de tout ce qu'elle paraît être. On ne marie plus lesjeunes
filles malgré elles on ne les traîne plus Vautel par quel sordide
calcul cette charmante créature a-t-elle uni son sort celui de ce
vieillard Pourquoi est-elle devenue sa feaime
Selon toute apparence ce f »t en effet un triste calcul qui la
décida ce mariage; elle a sacrifié ses répugnances l'ambition
d'une grandc.exis(enee M. de Nanleuil a cent mille livres de renie,
sans compter la fortuue que Mârgucrile tient de sa mère.
Eh bien je trouve que M111 e de Nanleuil a encore acheté trop
cher cette opulence et je me Ggure qu'elle s'est mille fois repentie
de cet odieux marché.
Je ne sais. C'est une femme impénétrable sou humeur est
toujours égale. Je ne lui connais aucun dè ces goûts qui remplissent
oïdiiiairemenl la vie des femmes dont le cœur est sans passion. Elle
porte sans vauilé des toilettes ravissantes - bien qu'elle ail les plus
beaux chevaux de Paris je crois qu'il lui serait peu piès indiffé
rent de eoitîr en citadine quant au luxe et l'élégance exquise de
son intérieur, elle n'y prend pas gai de. Sa vie toute entière se passe
accomplir un miracle c'est sa seule occupation que je sache.
Quel miracle demanda Raoul.
Celui de persuader Marguerite que M. de Nanleuil est uû boa
mari, un père tendre, uu homme comme tout le monde.
Quoi! M'I® de Nauteuil a de telles illusions!
Elle aime et vénère son père; les plus féroces caprices, les plus
terribles emportements de ce vieillard ne la frappent point, tant
Mme Nanleuil met de soin et d'adresse, cacher, atténuer,
interpréter d'une manière favorable les actes et les paroles de son
mari. L'on peut dire, sans la calomnier, que la vie de Celle femme
est un mensonge perpétuel, une éternelle tromperie.
C'est bien, c'est sage, cela! dit vivement Raoul. Pauvre
femme!
La nuit était froide, claire et sereine; les deux amis firent pied
une centaine de pas; au détour de la rue, ils rencontrèrent le coupé
du docteur Valérion. A leur voix, le cocher arrêta, et le médecin
mit la tête la portière.
Est-ce que vous allez au bal? docteur? demanda Raoul.
Je ne me dérangerais pas cette hcuie pour si peu, répon
dit-il je vais chez cette pauvre femme.
Elle est donc bien mal! Elle va mourir
Si j'étais certain qu'elle va mourir, je n'irais pas niinuit
moins uu quart voir comment elle se trouve, observa philosophi
quement le docteur; pourtant jé ueiépondsde lieu; if sciait pos
sible que uia visite fût inutile.
Docteur, je vais avec vous, dit Raoul frappé de l'idée que
dans celte mausarde froide et nue il y avait peul-êtie une jeune
fille, seule avec un cadavre; mou cher Pliilippe, allez tu'allcndrc
chez M,ue d'A. nous rentrerons eusemhfe.
Le docteur Yaléiiua était un de ces lum'oiea rares qui guide'