7e ANNÉE. - Na 637. INTERIEUR. [lus mm BMtiuiiOTii. DIMANCHE, 13 JUIN 1817. JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Manilius. On «'abonne Ypres, Marché au Beurre, 1et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABORNEMEKT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres looalités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Le Pro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco, i l'éditeur du journal, Ypre». Le Progrés parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EtNDO. YPRES, le 12 Juin. LES ÉLECTIONS DE 1847. Jamais bataille électorale n'a été plus funeste au parti clérical, que la journée du 8 juin. Le Nouvelliste avait bien raison de prédire, que ç'aurait été le Waterloo du parti rétrograde. En effet, jamais élections ne furent disputées avec plus d'acharnement de part et d'autre et bien que l'opinion libérale soit descendue seule dans la lice, abandonnée elle-même, la vic toire qu'elle a remportée est fatale aux destinées du parti catholique. Comme l'a dit le Messager de Gandla fin du crétinisme politique est sonnée, il faudra qu'on ail égard aux vœux du pays, nettement formulés par les collèges électoraux,non-seulemenldes grandes cités, mais aussi de quelques villes de second rang. Si la Belgique a souffert le régime théocralique pendant seize ans, sa résignation reçoit sa récompense dans la journée du 8 juin et dès aujourd'hui nous pouvons être certains d'être débarrassés sous peu des ministères la six- IVlalou. Les forces respectives des partis dans la Chambre sont profondément modifiées. D après un tableau inséré dans X Observateur^ les partis se balancent et des 108 représentants, 54 ou la moitié, appartiennent l'opinion libérale. En voici le relevé MM. DÉPUTÉS REPRÉSENTANTS LIBÉRAUX. CATHOLIQUES. Loos. MM. Cogels. Henol. Veydt. Osy. Masl-De Vries. Rogier. Scheyyen. Anspach. Du bus, aîné. Cans. Dubus, Albéric. De Bonne. D'Anelhan. De Brouckere. Delà Cosle. Eenens. Deman d'Altenrode Lebeau. Vanden F.ynde. Orts. De Mérode. Tielemans. Mercier. Vei haegem Coppieters. Jonet. De Haerne. Trémouroux. De Muelenaere. Devaux. Van Cutsein. MM. Maerlens. De Breyne. Bruneau. Yan Cleempulle. De Villegas. Liedts. Cte D Hane. Delehaye. Delhougne. Herry-Vispoel. T'Kindt-Denaeyer Van Huffc-1. Broquet-Goblet. Casliau. Gilson. Lehon. Dumont. Pirmez. Troye. Dolez. Lange. Rotisselle. Sigart. Bricourt. Desaive. Del fosse. Deslri veaux. De Tornnco. Frère-Orban. Lesoinne. D'Autrebande. David. Lys. Moreau. D'Hoffschmidt. Pirson. De Baillet. Parmi les 54 libéraux, nous avons com pris quatre membres de la Chambre d'un libéralisme très-anodin. Ce sont MM. Maertens, Liedts, Pirmez et Troye. Mais nous avons l'espoir fondé, que la grande voix du pays ne se sera pas fait entendre en vain, et que si le ministère trouve bonde faire le sourd, au moins ceux qui tiennent honneur d'être comptés au nombre des libéraux, se rendront dignes de ce nom. Du reste, si nos prévisions étaient déçues, il MM.CIep. Donny. Rodenbach. AValIaert. De Foere. De Roo. Biebuyck. XMaloti. Van Renirighe. De Clippele. Thienpont. Lejeune. De Meesler. De T'SercIaes. Vilain Xllll. De Decker. Denlerghem. De Terbecq. De Sécus. Duroy de Blicquy. Dechamps. De Chimay. Fagnart. Yandesleen. Eloy de Burdinue. De Corswarem. De Theux. IluveneTs. Raikera. Simons. Nothomb. Orban. Zoude. D'Huart. Liedekerke. Brabant. Garcia delaVega. Fallon. serait impossible au ministère De Theux, en face d'une minorité compacte de 50 voix, de conti nuer exploiter la Belgique, au profit de l'ob scurantisme, avec 8 voix de majorité. Il faut que ce cabinet quitte la partie ou ait recours la dissolution et alors les électeurs désillu sionnés nous en débarrasseront pour toujours. Dans le tableau que nous donnons plus haut des forces libérales et cléricales la chambre, nous avons rangé parmi les catholiques, MM. De Clippele, Fagnart et Duroy de Blicquy. Il paraît que M. De Clippele a déclaré, qu'il n'était aucunement engagé au parti qui l'avait porté comme candidat et qu'il se ralliait franche ment, d'après ses anciens principes, ses deux autres collègues libéraux. Pareille déclaration aurait été faite par M. Fagnard avant l'ouver ture du scrutin, et c'est pour ce motif que l'élu de Soignies a obtenu le chiffre le plus élevé de suffrages. Pour M. Duroy de Blicquy, ceux qui le connaissent, prétendent que le parti clérical ne trouvera en lui qu'un adhérent très-tiède, s il consent se ranger sous celte bannière, ce qui est douteux jusqu'ici. Tout compte fait, si les protestations faites par les élus d Alost et de Soignies sont sincères, la légion libérale' compterait cinquante-sept voix et le parti catholique cinquanle-et-un députés. La lettre du cher Oncle, du Père du ministre, de M. Malou-Vanden Peereboom est reproduile par l'Observateur. C'est une pièce assez origi nale pour mériter les honneurs de l'insertion dans tous les journaux libéraux et de faire ainsi son tour de Belgique. Elle est caractéristique, en ce sens qu'elle démontre quel point celle famille et par conséquent le ministre des finances subissent le joug du jésuitisme. Du moment que les intérêts du parti sont en jeu, on méconnait famille, attachementles plus nobles sentiments, pour faire triompher le sys tème qui nous opprime. Aujourd'hui de pa reils hommes ne laissent pas que de faire du mal, mais ils ne sont plus dangereux, le pouvoir leur manque, pour qu'ils puissent exécuter ce que la fougue de leurs passions fanatiques pourrait leur inspirer. A une autre époque, on Feuilleton. (Sut le.) VIII. la breloque. La mère Moinaud était occupée détirer et repasser sur ses genoux la lessive de la veille, lorsque Raoul entra dans la mansarde. Ah! mon bon monsieur, s'écria la vieille femme, que je suis aise de vous voir! Maguette est allée précisément pour vous faire savoir ce qu'il en est de cette pauvre sauté laquelle vous avez la bonté de vous intéresser. Je vois avec plaisir que vous vous trouvez mieux, dit Raoul en «'asseyant nous allons causer un peu de oe qui vous regarde je suis bien aise que voire fille ne soit pas là..i Pensez-vous qu'elle revienne bientôt ajouta t-il en se touriiaul du côté de l'entrée, où il avait cru entendre quelque bruit. 1— Elle en a pour deux bonues heures, la pauvre enfant, répondit madame Moinaud, car je l'ai envoyée aussi chez M. le docteur, qui demeure, oomme vous le savez, au fond du faubourg St-Germain. Cette certitude acheva de raffermir Raoul dans ses résolutions; il se sentit l'esprit plus libre, le cœur plus tranquille, lorsqu il ne put plus espérer et redouter la fois le retour inopine de Maguette. Vous me voyez tout disposé vous etre utile, ma chère madame Moiuaud, reprit-il d'uu air d'intérêt qui, certes, n'était pas feint j'ai réfléchi sur ce projet que vous m'avez manifesté, et il me paraît que le moment est venu de l'accomplir. Nous allons parler d'abord de vos petits arrangements. Moi je serais d'avis que vous quittassiez ce quartier, où rien ne vous retient, pour aller demeurer aux envi rons du Luxembourg j'ai là une maison où il y a toujours quelque petit appartement vide, et je vous offre un logeaient en bon air, au plein midi, et d'où vous aurez vue sur le parterre de l'orangerie, sur tout le jardin. Ah monsieur! que de grâces s'écria la vieille femme avec transport; nous pourrons le soir aller prendre le frais dans les allées!... Depuis quinze ans je ne sais plus ce que c'est que de me promener je n'ai plus marché que sur les boulevards, le balai la main, et avec de la boue jusqu'à la cheville. Ce premier point réglé, continua Rioul,il s'agit de trouver quelque ouvrière habile et honnête qui, chaque jour, sous vos yeux, fasse travailler cette enfant. Air! si elle vit encore, o'est trouvé, répondit la mère Moinaud; mon ancienne raccommodense de dentelles, une brave femme qui s'appelle Mm9 Pavonnet, Séraphine Pavonnet, et qui demeurait daus le temps rue des Marais-Saint-Germain c'est deux pas du Luxembourg tous les jours je pourrais conduire Maguette et la ramener. Ah si le bon Uieu voulait que Mme Pavonnet fut encore de ce monde et qu'elle demeurât toujours son quatrième étage. C'est ce que nous saurons dans quèlques jours, dit Raoul; je me charge de cela. En attendant, faites vos arrangements pour sortir d'ici voici trois oents francs; il faudra acheter quelques meubles dont vous avez absolument besoin. Peut-être vous feriez un scrupule de prendre cet argent si je vous le donnais eh bien je vous le prête sans intérêt jusqu'au moment où vous pourrez me le rendre. Vous avez de la probité, Paraqur du travail, allez! c'est un argent bien placé. Ah monsieur, que vous êtes bon! s'écria la mère Moinaud les larmes aux yeux comme vous savez bien aider et consoler les pauvres! J'ai encore un autre projet, reprit Raoul avec effort, un projet qui regarde votre fille.... 11 faut songer son avenir. Je suis tranquille là-dessus, répondit la vieille femme; gr&oe Dieu et vous elle gagnera honnêtement sa vie. Oui, s jus vos y eux, elle restera une fille laborieuse et iage, elle vivra heureuse. Mais si elle avait le malheur de vous perdre, qui la délivrerait de tous les dangers que lui susciteraient infailliblement sa jeunessse, sa grande beauté, son innocenoe surtout?... elle deviendrait la proie de quelque libertin qui l'abandonnerait après l'avoir déshonorée... Oui, cela arriverait peut-être, si je venais mourir, dit la mère Moinaud d'un ton concentré. Sans prévoir un tel malheur, ii faut en prévenir les suites, re prit Raoul avec une pénible décision; pour cela il n'y a qu'un seul moyen, c'est de marier cette enfant. Ace mot, ia mère Moinaud fil un geste d étonnement, de refus, et murmura C'est impossible Impossible pourquoi dit Raoul, parce qu'elle n'a point de dot? je lui en ferai une. Point de prétendu j en sais un qui vous conviendra un brave garçon auquel je ferai donner un emploi, un bon emploi... Ce petit ménage s'établira avec voos dans le quarti r du Luxembourg; votre fille pourra, quoique mariée, apprendre l'état que vous voulez lui donner ce sera toujours une ressource, un moyen d'ajouter quelque chose votre aisance... Je ne vois pas pourquoi vous vous refuseriez faire ce mariage. La mère Moinaud paraissait tout étourdie de celte proposition et ne répondait pas, Croyez* moi mariez votre fille continua Raoul avec une véhémente mêlée tl amertume elle est trop belle pour que vous puissiez la garder ainsi. Espérez vousqu'elle pourra plus tard trouver mieux?.. Mais c'est un bon parti que je vous offre pour elle; c'est un jeune homme honnête, intelligent, que je protège, le fils de l'un de mes fermiers. A ce mot la veuve du cordonnier Moiijacd releva la tête et dit avec un aoceus de tristesse qui ne manquait pas de dignité Maguette ne peut pas épouser votre protégé, monsieur; elle ne peut .épouser personne... Je n'ai pas le droit de la marier, car je ne sufi passa mère...

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Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 1