YILLE D'YPRES. conseil communal.
aurait trouvé ces jésuites de robe courte enrô
lés dans le respectable corps des familiers de la
très-sainte Inquisition.
On continue toujours s extasier sur 1 op
portunité qu'il y avait choisir un député dans
la seconde ville de l'arrondissement. Gracieuse
ment, on en accorde deux la ville d'Ypres, les
représentants qui ont déjà siégé et ce sont ceux-là
qu'on qualifie de députés d'Ypres. Or, l'un est
né Roulers et l'autre n'a jamais habité la ville
que passagèrement, et pour comble de dérision,
ce sont les électeurs de la campagne qui nous
les ont imposés, car la grande majorité des
électeurs de la ville ont chaque fois protesté
contre leur nomination. En analysant impartia
lement le résultat des élections de l'arrondis
sement, il n'y a que la ville d Ypres qui ne soit
pas représentée. C'est la ville de Poperinghe
avec les communes éclairées de» environs qui
peuvent se vanter d'avoir choisi les trois députés
de l'arrondissement d Ypres. Quant la ville
d'Ypres, elle les répudie, et espère qu'une ère
meilleure est la veille de s'ouvrir, qui lui per
mettra de secouer le joug que le gouvernement
et le clergé lui ont fait subir.
Le Journal des Bazilesdans son dernier
numéro, fait mention des discours du docteur
Lepoulre et les estime sans portée. Nous te
nons cependant de bonne source qu'ils n'ont
pas été aussi inoffensifs qu'on veut bien le pro
clamer, puisqu'on peut tenir pour certain que
25 30 électeurs de Poperinghe même ont
suivi son impulsion. L'opposition qu'il a faite au
choix de NI. Van Renynghe avait un autre
mobile que des motifs d'inimitié personnelle.
Car au point de vue de son art, le docteur
Lepoutre était intimement convaincu que les
intérêts du corps médical dont il est membre,
eussent été plus efficacement défendus par M.
Alphonse Vanden Peereboom, s'il eut été élu,
que par M. Van Renynghe, lé nouveau député,
et pour cette raison, il croyait devoir préférer
le premier.
D'ailleurs, il n'est pas le seul Poperinghe
qui se soit ouvertement déclaré hostile M.
Van Renynghe. MM. Liévin Danneel et Van
Renynghe, le germain du nouvel élu, ont hau
tement manifesté leur préférence pour M.
Vanden Peereboom et nous croyons que si
l'élection était refaire le nom de M. Vanden
Peereboom sortirait triomphant de l'urne, car
bien des électeur» semblent regretter le choix
qui a été fait.
La question de localité est en effet la seule
qui a fait triompher le candidat ministériel
Poperinghe. Pas un seul électeur indépendant
n'est assez aveugle pour ne pas apprécier les
qualités supérieures de son concurrent. Mais
l'amour-propre de clocher et la longue habi
tude d'une rivalité habilement exploitée par les
partisans du nouveau député, l'ont emporté sur
toutes les convictions. Joignez cet élément,
les moyens de tous genres mis en œuvre par les
agents de l'autorité, et vous aurez l'explication
d'un succès qui renferme dans son sein les
conditions significatives d'un échec futur cer
tain lors d'une nouvelle épreuve, soit pro
chaine, soit l'époque ordinaire du renouvel
lement des chambres.
■■rwiooa
Le dernier du second article du précédent
n° du journal, est inintelligible par suite de
l'omission de deux mots. Nous le donnons tel
qu'il aurait dû se trouver.
Que le père du ministre, la main sur la
conscience, s'il a pesé les qualités du candidat
qu'il a soutenu et celles de son neveu qu'il a
répudié, le confesse, pourra-t-il disconvenir
que, guidé par le fanatisme politique, il n'ait
joué un rôle odieux, méprisable et qui n'aug
mentera pas ses minces titres la considération
et la bienveillance de ses concitoyens.
Nous avons oublié de dire que le soir même
du jour des élections, une brillante illumina
tion a eu lieu dans le voisinage de la maison de
M. Malou-Vergauwen, sénateur élu par l'arron
dissement d'Ypres. Des sérénades lui ont été
données par la musique du corps des Sapeurs-
Pompiers et la Société des Chœurs. Pareille
manifestation a eu lieu devant la maison de
M. A. Vanden Peereboom pour le remercier
d'avoir cédé aux vœux de toutes les personnes
indépendantes et dévouées la prospérité de la
Belgique, en acceptant la candidature de mem
bre de la chambre des représentants, malgré
sa répugnance pour la carrière parlementaire
et le sacrifice qu'il eut dû faires'il avait été
élu, de ses goûts personnels.
Aujourd'hui17 sacs de froment ont été
présentés au marché oû l'on en vend ordinai
rement 200. Des bruits absurdes paraissent
avoir été répandus dàns la campagne nous
en parlerons plus lard. L'administration com
munale s'est empressée de mettre la disposi
tion des boulangers une certaine quantité de
froment. Celle mesure aura pour effet de
n'augmenter que légèrement le prix du pain.
Séance publique fixée au Lundi, i4 Juin 1847,
deux heures et demie de relevée.
1" Aviser sur une demande de l'administration
des Hospices tendante être autorisée accepter le
legs fait en sa faveur, par Livine-Cor.nélie Ramoen.
i" Émettre un avis sur le procès-verbal de
location du droit de chasse sur les propriétés des
hospices.
3° Aviser sur le procès-verbal de la location de
plusieurs biens ruraux appartenant la même
administration.
4* Procéder au tirage pour le remboursement
annuel des cédules de la dette différée jusqu'à con
currence d'une somme de 15,000 francs, allouée
cet effet au budget.
On lit dans le Messager
Jamais on n'a vu une pareille émotion civique,
nous dirions un enthousiasme aussi gantois.
Les maisons des élus étaient littéralement en
combrées de l'élite de notre population. Le
soir il y a eu une brillante illumination spon
tanée de tous leurs voisinages. Les plus remar
quables étaient ceux de MM. D Ellioungne et le
comte d'Hane. Dans le premier, des emblèmes
du commerce, de l'industrie et des arts, déco
raient la rue des Épingles et symbolisaient l'es
poir que toutes les trois placent dans l'appui
de ce beau talent et de ce noble caractère.
Les cris de Vivent les libérauxse sont
élevés dans toutes nos rues. Les lieux de réunions
publics se sont encombrés comme en un jour
de grande fête. Diverses sociétés ont tiré le
canon en signe de réjouissance. Le peuple s'est
assemblé devant le local de la Concordenon
dans des intentions hostiles, mais pour prendre
part la joie que le triomphe des libéraux y
faisaient brusquement éclater. Nous sommes
heureux d'avoir exprimé spontanément une
pensée qui se trouvait dans tous les cœurs, eu
conseillant d'inaugurer l'avènement des libé
raux par un acte philanthropique. Une sous
cription a été ouverte au bénéfice des indigents
dans celle même société, et en peu d instants
elle s'élevait plus de six mille francs. Cet ex
emple a été suivi par la société de VUnion, où
Ion a également recueilli une somme considé
rable. Le soir les façades de ces deux associa
tions étaient brillamment illuminées. A la
Concorde des personnes ont souscrit pour deux
cents florinscent francsd'autres sommes
moindres mais importantes. Non contente de
cette démonstration, la société de Y Union a
voulu y joindre une autre plusieurs de ses
membres se sont cotisés l'effet de tirer des
pièces d'artifice dans le jardin dépendant du
local de l'institution.
La première fusée était peine lancée qua
M. le bourgmestre s'est rendu au sein de la
société pour s'assurer, en qualité de chef de la
police locale, de ce qui s'y passait. A la vue de
notre premier magistrat, l'enthousiasme s'est
accru de nombreux vivats ont été poussés
son intention par les sociétaires réunis, et le
vin d'honneur lui a été présenté. Invité
prendre part la souscription en faveur des
pauvres. M. le bourgmestre s'est empressé de
souscrire l'instant même pour cinquante fr.
Après s'être eatretenu avec les membres, et
avoir pris part l'expansion que les résultats
de la journée avaient fait naître, le chef de
l'administration locale a quitté la société au
milieu des cris mille fois répétés de vive le
bourgmestre
On écrit de Gand
Le bruit a circulé avant-hier en ville qu'un
curé de la campagne avait été condamné 500
fr. d'amende pour avoir entravé les opérations
Raoul se leva demi avec une exclamation étouffée; les supposi
tions les plus romanesques lui passèrent en un moment par l'esprit,
mais sentant aussitôt la folie de ces imaginations, il dit d'un ton
calme
Et quels sont ses parents les connaissez-vous Si je savais
où ils sont, est-ce que j'aurais laissé leur fille dans cette misère!
répondit la pauvre femme les larmes aux yeux-, est-ce que je l'aurais
fait pâtir quinze ans avec moi.
Maguelte est donc un enfant trouvé demanda Raoul,
La mère Moinaud fit un signe négatif.
Volé s'écria-til.
Non, répondit la vieille femme, non, monsieur, je vais vous
dire comment tout cela s'est passé, flélas bon Dieu, cette pauvre
enfant iguore qu'elle n'est pas ma fille je ne lui ai jamais parlé de
$es parents, ni elle, ni personne il n'y avait que mon pauvre
mari qui savait ce secret.
Parlez... achevez, dit Raoul avec une impatience contenue.
Je vous ai dit, monsieur, que je n'ai pas toujours été pauvre,
reprit la vieiKe femme émue par ses souvenirs dans le temps de
notre prospéiité je me serais crue la plus heuieuse créature qu'il y
«ut sur la terre si le bon Dieu m'avait envoyé un enfant. Mais au
bout de vingt ans de maiiage, il ify avait pas apparence que ce bon
heur là m arrivât jamais, et j affligeais souvent mou pauvre mari
par les moments de tristesse que cela me donnait. Le brave homme
était bon ouvrier, je crois vous l'avoir dit aussi; mais le dimanche il
n'y avait pas moyen de le retenir la boutique. 11 partait de grand
matin et s'en allait pécher la ligne... c'était sa marmotte; pour me
rapporter une misérable friture de goujons, il faisait souvent une
faction de douze heures, les pieds dans l'eau et la canette la main.
Ordinairement il revenait tard, et après avoir fermé la boutique, je
l'attendais, moitié endormie, derrière le ©omptoir. Voilà qu'un
soir, c'était le second dimanche après Pâques et il faisait mau
vais temps, j entends heurter plustôt que de coutume; c'était mon
mari. Tiens, Annette, me dit-il d'un air moitié joyeux moitié
inquiet, voilà du monde que je t'amène... je ne sais pas si j'ai bien
fait... Et se détournant, il me montra derrière lui une paysanne
gui tenait sur ses bras la plus belle petite créature qu'on pût voir.
Ah bon Dieu, c'est ta pêche d'aujourd'hui dis-je toute stupé
faite. Oui, me répondit-il, une pauvree petite abandonnée dont
tu pourras prendre soin et que tu t'appelleras ta fille... Voilà sa
mère nourrice qui ne peut plus la garder parce qu'elle en a déjà six
domicile, elle va te raconter comment elle lui a été remise...
et laissée, ajouta la paysanne. Cette femme me fit alors une his
toire bien cxlraodiuaire et pourtant bien véritable. Figurez-vous,
monsieur, que dix-huit mois environ auparavant, il y avait au
village des Mouiinaux, où elle demeurait, une petite dame que
tout le monde appelait l'étrangère, faute de savoir précisément son
nom. Elle était toute jeune, assez jolie, et meuait une vie fort
retirée. Les deux domestiques qui la servaient disaient qu'elle était
mariée un grand seigneur étranger qui voyageait, et que se trou
vant au moment de ses couches, elle n'avait pu k suivre. Tout cela
avait bien un air de myslère mais personne n'ayant intérêt
savoir ce qui en était, on crut tout simplement ce que les domesti
ques racontaient. Marie Boudin, c'était le nom de la paysanne, de
meurait précisément en face de la maison de l'étrangère, et naturel
lement elle la rencontrait quelquefois. D'abord elle la saluait seu
lement; ensuite elle se luttarda lui parler un peu, en passant, par
curiosité. D'après ce qu'elle m'a raconté, la pauvre jeune dame
paraissait bien iriste et bien malade. Une fois, Marie Bondin ayant
pris la liberté de lui dire qu'elle devait s'ennuyer comme cela, toute
seule, la campagne d'autant plus que 1 hiver approchait, elle
répondit avec uu soupir Avant l'hiver ça cessera... Le moment
de ses couches arriva, et elle mit au monde uae fille. Trois ou quatre
jours après, Marie Bondin, qui, de son côté, avait un enfant de six
semaines, vit entrer chez elle uu monsieur d'une très-belle figure et
fort bien mis. il s'expliquait bien eu français; mais il avait uu
accent étranger. Marie le prit pour un mylord, pourtantd'après
le portrait qu'elle m'en a fait, il ne ressemblait pas un Anglais; il
avait une chevelure très-noire, une barbe très-noire aussi, et les
plus beaux traits du monde.
C'était le père de Maguette dit Raoul d'une voix oppressée.
Oui, monsieur, c'était le père de cette pauvre petite créature
qni venait de naître. Il demanda Marie Bondin si elle voulait la
nourrir, et lui fit de grandes promesses. La brave femme consentit
sans peine se charger de l'enfant, et le soir même on lui apporta
Maguette enveloppée dans une pelisse de soie, et sa petite tête
couverte d'un béguin de dentelle. On lui remit en même temps ce
coffre que vous voyez-là, tout remplie d'une jolie layette. Elle
demanda le nom qu'il fallait donner i'enfaut, et on lui répondit
qu'elle s'appelait Marguerite. Le monsieur étranger avait anuoncé
qu'il parlait avec sa femme le l/ndemain, et que bientôt il revien
drait voir la petite. Ce voyagéprécipité, au oœur de l'hiver, avec
une jeune femme qu'il fallait ôter de son lit pour la mettre en
voilure, paraissait une chose extraordinaire. Le mari de la Bondin
était un paysan méfiant et rusé il aîla s'informer aux gens de la
maison, et il apprit que leur maître devait faire une longue absence,
car il avait vendu son mobilier et quitté l'appartement qu'il occu
pait Paris. A cette découverte, le père Bondin se présenta résolu
ment et demanda qu'on lui payât d'avance les mois de nourrice.
Apparemment l'argent manquait ces gens qui avaient l'air si
riches. Le monsieur se mit dans une grande colère, fil des promesses
et ne donna rien. Bondin, qui était enleté, voulait absolument
toucher trois cents franos. Enfin la chose sarrangea, on lui remit
une montre en or, et l'adresse d'un banquier de Paris où il pourrait
aller toucher de largent chaque mois. Cette montre, là voilà; quant
l'adresse, elle était fausse, et si le banquier existe, il a été impos-
{La 9vite au prochain n#.)
sible de le trouver»