INTÉRIEUR.
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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Feuilleton.
LUS ©HOT MAIRGUËIRgirE.
JEUDI, 17 JLKS 1847.
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oepteurs des postes du royaume. §1] .O 1 |£I H B| H HAm IVditeur du jouro.l, a Tpres.
PRIX DEL ABONNEMENT, H J| 7 H H Tl Ft tljfMl R 9 A A
Pour les autres localités 6-00 w Quinze centimes par ligne.
Prix d'un numéro 0-25
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
ÏPRES, le 16 Juin.
Il s'est formé Ypres une société sous les
auspices des libéraux, qui ont admis indistinc
tement toutes les opinions, s'en rapportant
l'honneur des membres, et elle n'a pas eu
regretter celle confiance, jusqu'à la domination
récente des honnêtes gens par excellence, du
gouvernement religieux et vertueux Cl. Une
fois les six-Malou installés et bien ancrés, ils
devaient suivre forcément l'impulsion de leur
nature et, sous léur prêle-nom, fiefFé jésuite
lui-mêmefils de jésuite et demi de robe
courte l2!, et petit-fils de jésuite de robe lon
gue, on devait mettre en pratique la règle, la
maxime, le principe fondamental deTordre de
S'-lnigo l'espionnage et la délation avec
l'obéissance cadavérique. Nous venons de voir
en conséquence appeler devant un satrape
hautain et rogue, parce qu'il est pusillanime et
peureux, des employés de la catégorie la moins
politique, pour être traités par lui comme des
manants, et menacés comme des écoliers, par
rapport quelques phrases libérales, énoncées
ladite société ou ailleurs. Ces employés pou
vant peine se rappeler ces propos vagues, il
leur allégua des circonstances, qu'il ne pouvait
connaître qne par un espionnage ét une déla
tion la jésuite. La société, pure jusqu'à ce
jour, vient donc d'être infectée de celle lèpre
hideuse, le gouvernement vertueux y a infiltré
son poison vertueux toutes les relations, tous
les rapports des membres entre eux doivent
s'en ressentir. El puisque celle vipère de l'es
pionnage et de la délation ose se hasarder dans
des lieux publics, bientôt aussi elle se glissera
dans l'intimité des familles, si ce ministère dure
encore longtemps l'on conçoit quels ravages
elle y portera, et nous subirons, dans notre
pays de liberté, toutes les avanies, que fait pe
ser sur les sujets des gouvernements absolus et
despotiques ce monstre rampant qu'on nomme
la police politique secrète. Si des familles, elle
se glissait dans l'armée, sa bave y souillerait
tous les sentiments, tous les instincts généreux,
les corroderait comme un poison lent, et mine
rait l'institution dans ses bases parce que l'es
pionnage et la délation sont la bassesse et la
lâcheté, et que l'esprit militaire c'est la fran
chise, le courage, la loyauté.
(1J On a rarement les vei tus et les vices dont on se vante.
Lessîng.
(2) Un membre défunt du conciliabule ooculte politique clérical
le désignait ainsi.
VUII. LA breloque. »- (Suite.)
Raoul prit la montre et l'examina; c'était un bijou passé de mode,
mais qui avait dû être d'un certain prix. Un vieux ruban rouge
était passé dans lanneau, et ses deux extrémités formaient un
nœud d'où pendait, en manière de breloque, un cachet armorié. Ce
dernier objet attira particulièrement l'attention de Raoul; l'écusson
surmonté d'une couronne de marquis, portait en champs d'azur
trois merlettes d'or.
Je retrouverai bien ces armoiries murmurat-il ah c'est une
fille noble!...
Marie Bondin garda l'enfant et en prit soin, reprit la mère
Moinaud; mais, au bout de dix-huit mois, n'ayant aucune nouvelle
des parents, elle commença s'effrayer. Le mari, qui avait déjà
bien de la peine nourrir ses six enfants, brutalisait sa femme au
sujet de Maguelte. Il y avait tous les jours des querelles de ménage
par rapport A elle. Ce fut sur ces entrefaites que mon mari étant
allé péober la ligne aux Moiilineaux, entra par hasard dans leur
maison. En voyant cette belle petite que Bondin menaçait de porter
Ouifiez-vous alors quelque règle politique,
et vous verrez comme el'e vous fera défaut. On
veut qu'un petit état voisin d'un grand, qui
naturellement (naturellement parlant politi
quement) le convoite supplée au manque de
forces matérielles, par des forces morales, pour
s'opposer ce puissant voisin; c'est-à-dire qu'il
doit travailler se former, acquérir des habi
tudes, des mœurs, des institutions, une langue,
une éducation, des principes philosophiques et
religieux, etc., contraires ou différents de ceux
du voisin pour que ces différences se lient en
faisceau et présentent une opposition naturelle,
un antagonisme instinctif et, si faire se peut,
une aversion même pour toutes ces choses chez
ce voisin de manière que ces répulsions mo
rales se passionnent contre lui, animent les
esprits, exaltent les sentiments et augmentent,
un haut degré, les forces matérielles d'oppo
sition, de défense. Le gouvernement hollandais
calculait ainsi contre le gouvernement français,
alors bigot, hypocrite, jésuite, parlant destruc
tif du vrai sentiment religieux, rétrograde,
visant au vieux régime malgré la nation mais
il ne tint pas assez compte de nos idées politi
ques et religieuses, de trois siècles d'obscuran
tisme et d'abaissement de domination étran
gère, nous négligeant et exploitant pour son
propre comple il allj trop vite et froissa
maladroitement ceux qui l'auraient soutenu, et
l'on sait ce qu'il en advint: au moment où il
croyait que sa règle politique s'affermissait, elle
se brisa dans sa main. Le gouvernement fran
çais avait déjà croulé sous l'aversion de sa na
tion. Non unquam Inlitdocumenta sors majora
quo fragili loco slarent superbi. (Sénèque.)
Hé bien, que les six-Malou et la camarilla
clérico-nobiliaire ne se figurent pas de mieux
réussir, en prenant le conlrepied de notre gou
vernement précédent, et en changeant de rôle,
parce qu'on en a changé en Franceen fesant
passer la bigoterie, l'hypocrisie le jésuitisme
chez nous parce que les tendances rationnelles,
les vues élevées ont passé en France: ils doi
vent sentir déjà ces ressorts se détendre et se
rompre tout autour d'eux et en désespoir de
cause, ils s'adressent l'intérêt particulier,
l'égoisme éhonté, la cupidité sordide, au cal
cul du moment, la persécution, l'intimida
tion, la peur, toutes les passions basses et
haineuses, et démoralisent ainsi le pays et s'il
leur était donné de continuer encore longtemps,
ils parviendraient étouffer franchise, courage,
indépendance, patriotisme, tout sentiment
grand et généreux et régner sur une popula-
aux Enfants-Trouvés, il eut l'idée de me l'amener,et voilà comment
je l'avais vu arriver dix heures du soir, avec le marmot et la
nourrice. Pendant qu'on me contait tout cela, ce petit ange, que
j'avais assis sur le comptoir, jouait avec la montre et le ruban dont
Marie Bondin voulait faire de l'argent le lendemain. C'était tout oe
que la pauvre innocente tenait de ses père et mère, et l'on eût dit
qu'elle comprenait cela, car lorsque sa nourrice voulut lui ôter la
montre, elle se prit pleurer, et rpe la mit entre les mains.
Ce fut comme un signe de la Providence qui me décida. Déjà
nos affaires n'allaient pas bien; mais je pensai que le bon Dieu ne
nous abandonnerait pas quand nous aurions un enfant. Nous
payâmes Marie Bondin le piix de la montre, et le lendemain
elle retourna seule aux Moulina»x. Vous savez le reste, monsieur,
le malheur est venu sur nous, puis la mort... J'ai élevé Maguelte
comme j'ai pu; elle a souffert beaucoup de misère, mais elle n'a
pas élé malheureuse, parce qu'elle n'a jamais vu autre chose autour
d'elle que la pauvreté; mesure qu'elle a grandi, j'ai eu plus de
peine et de souci mais ce n'est pas sa faute, c'est celle du bon Dieu,
3ui lui a donné une si grande beauté. Elle est docile, laborieuse,
'une humeur tranquille et même un peu triste, elle ne parte pas
beaucoup, et je ne lui crois pas grand esprit; n'ayant reçu aucune
éducation, elle est comme ces pauvres âmes qui sortent des mains
de Dieu, elle ne connaît ni le bien ni le mal. Si la Providence lui
faisait retrouver ses parents, je pourrais bien dire sa mère je vous
la rends aussi innocente que le jour où vous l'ayez mise au monde.
lion dégénéréesur des cadavres de la liberté.
Mais ils n'y parviendront pas! Ils sont parve
nus déjà s'aliéner tous les centres d'intelli
gence et d'activité, les villes; les campagnes se
laissent mener encore, mais sans dévouement
s'ils poussaient l'espionnage et la délation, l'in
timidation et les récompenses injustes dans
l'armée;s'ils ne reculaient pas devant des avan
cements au choix, accordés la faveur et aux
intrigues électorales, au lieu de l'être au mérite,
alors ils s'aliéneraient promptement tout ce qui
y a le sentiment d'honneur et au premier
danger, la première invasion, ils moissonne
raient ce qu'ils auraient semé. Les villes se
défendraient mollement, sans s'imposer ni
grands sacrifices ni grands efforts, dégoûtées
d'un côté et avilies de l'autre; les campagnes
calculeraient les avantages ou désavantages, et
l'armée se battrait par devoir, mais sans enthou
siasme et la règle politique se briserait ainsi
dans leurs mains. Voyez celte belle et nom
breuse armée prussienne en 1806, qui devait
renverser les vainqueurs des Autrichiens, des
Espagnols, des Italiens, etc., au premier souffle
Iéna elle était dispersée, et toutes les forte
resses si bien garnies et approvisionnées, se
rendirent quasi sans coup férir. Il y avait des
vers rongeurs dans son sein des injustices, de?
désaffections que le gouvernement n'appréciait
pas, et dont il fut cruellement puni. Quelle
différence, au contraire, au réveil de la nation
en 1813 quand ces causes de désaffection
étaient écartées en grande partie et devaient
l'être entièrement sous peu selon des promes
ses solennelles, éludées jusqu'à ce jour, où nous
voyons poindre une velléité craintive et forcée
d'exécution.
El toutes ces armées européennes battues
continuellement par les Français de la révolu-
lion et longtemps par ceux de l'empire c'était
certainement d'un côté l'exaltation et l'enthou
siasme, qui enfantaient l'héroïsme et ces géné
raux éminents, sortis de tous ses rangs. Mais
de l'autre côté ce n'était pas autant une infério
rité militaire que le mécontentement de l'état
civil et politique de leurs patriesen compa
raison de celui de la France et la désaffection
qui en résultait, qui amenait ces désastres
officiers et soldats en grand nombre se battaient
par devoir mais sans plus: même pendant la
terreur, les étrangers jugeaient bien que ces
excès populaires dureraient peu d'années, et
qu'il en sortirait une situation civile et politi
que qu'ils auraient envier; tandis que les
excès des despotes monarchiques et aristocra-
1 m
Et jamais vous n'avez fait aucune démarche pour découvrir ces
gens-là? dit Raoul, bouleversé par ce singulier récit; celte femme,
cette nourrice, vous ne l'avez pas revue
Si fait, mon bon monsieur, de loin eu loin, elle est venue; mais
on n'a plus entendu parler aux Moulineaux des père et mère de
Maquette. Quant des démarches pour savoir ce qu'ils étaient
devenus, mon pauvre mari en a fait plus d'une; il tait d'abord
allé voir le propriétaire de la maison des Moulineaux, et il se trouva
qu'elle avait été louée sous le nom d'une Mrae Durand; ensuite, il
interrogea la sage-femme qui avait assisté l étrangère dans
couches; mais elle ne put lui dire le vrai nom de ses part ots,attendu
que la naissance de l'enfant n'avait pas été déclarée la mairie.
Peut-être scra-t-il encore possible de découvrir la famille de
cette enfant, dit Raoul; eonfez-moicc cachet, c'est un indice pré
cieux; j'irai moi-même aux Mouliocaux voir cette Marie Bondin...
Hélas mon bon monsieur, dans le ciel soit sou âme Elle est
morte depuis plus d'un an, répondit la mère Moinaud.
Et son mari
Le bon Dieu l'a pris aussi.
Enfin, ces indices, ces preuves restent, reprit Raoul en regar
dant le colfre et la montre quil bonheur que vous ne les ayez pas
vendus dans un moment de détresse
Les vendre! s'écria la vieille femme, ah! jamais, monsieur! j'ai
eu faim, j'ai eu froid... J'ai été près de meudier mon pain; mais je
n'ai pas touché cc qui ne m'appartenait pas, ce qui est tnut ce