7e ANNÉE. H* 656.
JEUDI, 19 AOUT 1847
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
DOCTRINE CHRÉTIENNE.
Application et bonne conduite.
U CHATELAINE DE WAGRAM.
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cepteurs des postes du royaume.
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LePro
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tion doit être adressé, franco,
l'éditeur du journal, A Yprès.
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che et le Jeudi de chaque semaine.
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Quinze centimes par ligne.
vires acquirit ecndo.
1TPRE8, le 18 Août.
Le croirait-on ce sont les journaux mixtes
qui faisaient les plus belles protestations d'ira-
partialilé, qui ouvrent le feu contre le pro
gramme du ministère libéral. Les feuilles clé
ricales se tiennent dans une dédaigneuse
expectative, laissant faire la besogne leurs
commères soi-disant gazettes libérales, mais qui
n'ont passé pour telles qu'aux yeux des gobe-
mouches et de ceux qui avaient intérêt se
laisser aveugler.
L'annonce de l'avènement de l'opinion libé
rale au pouvoir et de la nomination définitive
d'un ministère a été partout bien accueillie, les
journaux libéraux sont unanimes sur ce point
et prêteront franchement leur concours l'ad
ministration, qui est la conséquence immédiate
des élections du 8 juin. La révocation de trois
gouverneurs et le remplacement de ceux du
Hainaut et de Liège, ont produit un excellent
effet. On nous annonce un remaniment des
commissaires de district et autres fonctionnaires
politiques. 11 n'y aura que le parti clérical qui
cherchera jeter du blâme sur ces actes, car
du moment que les avenues du pouvoir seront
déblayées de ses créatures, les trahisons et les
trames souterraines deviendront impossibles.
Les libéraux ont acquis de l'expérience cet
égard et la comédie de 1841 a été pour eux un
utile enseignement. Aussi y a-t-il dans le pro
gramme une phrase très-significative l'adresse
des brouillons et des fanatiques qui voudraient
recommencer cette opposilion systématique et
faire ressusciter celte irritation fictive du parti
catholique.
Le programme du ministère est celui du
libéralisme et tout homme modéré, mais sin
cèrement dévoué aux principes libéraux doit
l'approuver. 11 offre des garanties au pou
voir eivilabsorbé, quoiqu'on en dise, par le
haut clergé. 11 fait de la question des Flandres
une question d honneur et c'est ainsi que de
pareilles plaies sociales doivent être traitées. Le
retrait de la loi du fractionnement et autres
mesures réactionnaires est nécessaire, car au
bout de quelques temps, on serait revenu dans
les villes aux luttes du moyen-âge, l'exception
que la désunion aurait éclaté entre les quar
tiers au lieu qu'anciennement c'étaient les
métiers qui luttaient entre eu* pour conquérir
la prépondérance. La loi sur le jury d'examen
sera modifiée, épreuve tentée par M. Nothomb
et dans laquelle il a succombé. Le ministère
espère surtout en l'appui loyal et sineère que
les fonctionnaires doivent lui prêter dans les
limites de leurs attributions, mais depuis que
nous savons que MM De Muelenaere eld'Huart
ont promis leur concours franc et loyal, l'acte
d'adhésion perd beaucoup de sa valeur, et
comme les mauvais exemples se propagent fa
cilement, aucun fonctionnaire ne se croira tenu
de montrer la moindre loyauté politique et
tous adhéreront, quitte suivre les traces de
MM. De Muelenaere et d'Huart, qui peuvent se
vanter d'avoir édifié la Belgique sur leur fidé
lité la bannière cléricale et la consistance de
leurs opinions politiques.
DISTRIBUTION DES PRIX au COLLÈGE COJÎMUNAL.
Le temps nous manque pour donner un
compte-rendu de celle solennité, mais nous
croyons bien faire en nous empressant de
reproduire dans la feuille d'aujourd'huiles
noms des jeunes gens qui ont remporté des prix
L'élève Jules Kilsqonk, dYpret, de la classe
de Quatrième, ayant obtenu un accessit au
concours général de Celte année l'autorité
communale lui accorde titre d'encourage
ment et comme témoignage de sa haute satis
faction, un prix extraordinaire (l).
Professeur M. Ferdinand Maertens.
première Dbietsn.
1. Pierre Delmaere, d'Ypret.
2. Alfred Van de Walle, de Bruxellet,
ACCESSIT
t François Garnier, de Courtrai.
1 t Jules Kilsdonk, d'Ypret.
2. Félix Geurts, de Warnêton.
Dcuricme incision.
i. Edouard Van de Lannoite, d'Ypret.
a. Isidore Bossaert,
(1) Le même élève a obtenu, au concours de 1845, la même dis
tinction.
accessit
j Léopold Van Single, d'Ypret.
I Stanislas Ferryn,
2. Richard Coffyn,
troisième Dioision.
1. Paul Van de Brouke, d'Ypret.
2. Auguste Carpentier,
accessit
1. Joseph Cardinael, d'Ypret.
2 S Charles Liebaert,
Désiré Zimmer, de Jodoigtit.
1. Jules Kilsdonk, d'Ypret.
2. Pierre Delobel, de Kemmel,
accessit
1. Isidore Bossaert, d'Ypret.
2. Joseph Desramault,
3. Alphonse Verschaeve,
HUMANITÉS.
RHÉTORIQUE.
Professeur m* Gorrissen.
LATIN.
t. Félix Geurts, de Wamêtân.
2. François Garnier, de Courtrai.
GREC.
1. Théophile Cornette, dYpret.
2. Félix Geurts, de fVarnêtûn.
HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE.
1. François Garnier, de Courtrai.
2. Théophile Cornette, d'Ypret.
POÉSIE.
Professeur M. Gorrissew.
L'élève Louis Van Grave, d'Ypret, ayant
obtenu dans les différentes branches enseignée*
en Deuxième, une somme de points supérieure
celle exigée pour l'obtention des prix, le prix
de Seconde lui est décerné.
TROISIÈME.
Professeur ri. Dujap.din.
LATIN.
1. Alfred Van de Walle, de Bruxellet
2. Albert Van Grave, d'Ypret.
accessit
1. Hippolyte Cornette, dYpret.
2. Milon Verheylewegen,
GREC.
1. Albert Van Grave, dYpret.
2. Hippolyte Cornette,
accessit
1. Alfred Van de Walle, de Bruxellet.
2. Milou Verheylewegen, d'Ypret.
HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE.
1. Milon Verheylewegen, d'Ypret.
2. Hippolyte Cornette,
Feuilleton.
II. béat&ix. «Suite;
Environ tan an avant sa mort, c'est-à-dire en 1858, M. Hoffmann
Tenait de maiiersa fille M. Siffler lorsqu'il reçut dans sa maison
un homme qui s'y établit tout d'abord sur le pied de l'intimité. Le
lecteur a nommé celui-ci c'était Je baron de Winter. Il semblait
connaître M. Hoffmann depmis plusieurs années, bien qu'ils ne fissent
jamais allusion ni l'un ni l'autre au temps où remontait leur première
rencontre. Elle rappelait évidemment un souvenir désagréable pour
l'un d'eux et l'hésitation n'était pas permise en voyant la rondeur
qu'affectait le baron, et la déférence craintive dont ne s'écartait
jamais avec lui l'ancien fournisseur.
En 1828 M. DeWinler avait déjà dépassé la quarantaine, tt venait
de quitter Venise, où il avait été envoyé vérs l'époque où l'Italie
sagiuit sous le contre-coup de la révolution espagnole. Le baron
était investi de fonctionsimportantes.il était en outre de ces hommes
qui savent force d'adresse et de patiente audace agrandir leur
domaine au détriment de celui d'autrui.
Si l'on n'en vint pas la révolte ouverte dans les élals autrichiens
comme en Piémont et dans le royaume de Naples les conspirations
tie manquèrent pas et nul ne montra pour surprendre leurs secrets
un plus merveilleux instinct de devination que M. De Winter, ni
plu» d'habileté ponr les déjouer et les faire avorter. Nul ne sut jeter
plus de patriotes aux bourreaux et aux cachots du Spielberg. Il y
avait du Judas et du Néron dans cet homme. Jamais il ne regardait
en face, et comme si Dieu n'eut pas voulu qu'il pût cacher une seule
des parties saillantes de son caractère il n'était pas difficile de
reconnaître son visage sa grossière sensualité. Mais il avait une
certaine dignité de manières fort appréoiéedaus les salons de Vienne,
ou l'on redoutait son esprit caustique et pénétrant. Sa haute taille
ne manquait pas d élégance de sorte que, grâce ses qualités et
surtout ses défauls, il pouvait quelquefois sans craindre le ridicule
faire le jeune homme auprès des femmes.
Restée orpheline et veuve avec une immense fortune justement
célèbre déjà par sa beauté, Béatrix ne pouvait manquer d'avoir de
nombreux prétendants: mais elle s'enferma dans une retraite absolue,
où M. de Winter fut seul admis. Le baron aspirait-il sa main On
le supposait assez généralement dans les cercles de Vienne; car la
mésalliance en valait la peine; mais nul ne savait au juste quelle était
la position du baron au château de Wagram. Quelques-uns présu
maient qu'il resterait en chemin; car dans les rares occasions, où l'on
avait pu voir M. de Winter auprès de Béatrix il ne paraissait pas
lui inspirer d7autre sentiment que celte respectueuse orainte grâce
laquelle il s'était irapatronisé ohez M. Hoffman. Quelques autres,
cette portion qui, pour deviner juste, pense toujours mal de l'huma
nité semblaient ne voir dans de pareils rapports que l'effet d'une
diplomatie fort habile, et ne s'étonnaient pas qu'un tel maître eût pu
faire une excellente élevé.
La position du baron chez Béatrix était donc depuis longtemps
et solidement établie mais les vieilles relations de leurs familles
devaient, quand il se ferait connaître, mettre Guillaume sur le pied
de l'égalité. Aussi rien n'annonçait qu'il eût l'intention de se retirer
bientôt.
Monsieur n'est*il pas de la suite du colonel et de son neveu?
demanda sèchement le baron de Winter.
Gardcville toisa le baron de cet air hautain qui déjà presque est
une insulte.
Dans un instantMonsieur dit-ilvous apprendrez mon nom
et mon titre, et vous comprendrez alors qu'ils ne sauraient appartenir
«iu secrétaire intime d un colonel allemand. Nous n avons eu jusqu
présent dans ma famille qu'une profession et nous n avons porte
notre épée qu'au service de la France.
c'est parfsritMonsieur répliqua le baron ayee le plus grand
flegme, surtont si voire épée vous sert de compagne de voyage.
N'en doutez pas, monsieur, s écria vivemeot Gardeville avec uri
regard de défi.
Pardon, madame, ajoula-t-it en se tournant vers Béatrix, et sa
voix avait pris une inflexion aussi douce et caressante, qu'elle avait
été ferme et railleuse en s'adressant au baron pardon si je me pré
occupe d'abord de M. de Winter qui est une nouvelle connaissance.
La nôtre est plus ancienne et peut-cire trouverez vous comme moi,
qu'elle me dispense de la galanterie banale de rigueur aveo une per
sonne étrangère»
Je ne vous connais pas. Monsieur, et peut-être y-a-il de vous
au fond de ma mémoire un vague souvenir qu'un mot fixerait sans
doute.
-« Cherchez bien Madame N'eussé-je pas su votre nom il me
semble que je vous aurais devinée, moi Et cependant nous ne nous
sommes pas vus depuis que vous avez quitté la France. Vous n'étiez
alors qu'une enfant et je vous retrouve jeune femme. Ah vou9
vous souvenez maintenant, n'est-ce pas, Madame Vous vous sou
venez, n'est-ce pas d'un château voisin de celui qu'habitait alors
votre père. Il y avait là une famille, qui l'accueillit avec tant de
cordialité, en souvenir de l'hospitalité qu'elle avait elle-même
trouvée autrefois en Allemagne, et qui l aiina bientôt; car votre père
était le plus noble et le meilleur des hommes. Comme l'exilé, le
chef de cette famille n'avait qu'un seul enfant, un enfant qui se prit
vous chérir, vous protéger, comme s'il eût été voire frère. U s'est
toujours, souveuu, lui, de celle sœur d'adoption. Elle s appelait
Béatrix, nom charmant, nom d'un heureux augure! Nous voyez
bien qu'il n'a pas oublié, lui
On pense si cette révélation imprévue était de nature dérider le
baron. Ses lèvres serrées étaient devenues blanches, et si le regard
pouvait tuer, son regard eût foudroyé Guillaume.
Monsieur de Gardeville s'écria Béatrix. C'est donc vdug
Monsieur Guillaume Ah vous êtes le bien venu Que de choses e
que de détailsje yais vous demander Heureusement je me rappel!*