t ji i 9 11 fe; m |3S 'L l''V - 1 M fit fië P -i tence d'un pouvoir occulte qui dirigeait le char de l'état. Laissons 1 c Journal d'Anvers, et ses (lignes acolytes amuser leurs lecteurs leur manière, et passons leur les drôleries auxquelles ils paraissent absolument tenir. Nos antagonistes se méprennent, ou plutôt affectent de se méprendre sur la situation. Ils s'obstinent présenter les hommes de notre opinion comme des anarchistes. Nous poumons leur demander où a été l'anarchie, avant, pen dant et après notre victoire. Pour nous, nous ne l'avons vue nulle part. Tenue en tutelle pendant dix sept ans, l'opi nion libérale a attendu de la justice seule de sa cause, son émancipation et, au moment où, malgré l'iniquité de la loi électorale, elle a saisi les rênes du gouvernement, le ministère qui est sorti de son.sein ne fait entendre qu'une voix de conciliation, voire même, consacre l'oubli du passé. Les anarchistes sont ceux quipar ambition de caste, troublent la société, et basent sur la crédulité des simples, l'édifice d'un pouvoir désormais impossible. Dans son dernier uumérole Journal des Baziles annonce qu'à dater du 13 août, il ap partient l'opposition. Il s'agit de s'entendre ici. Il végétera dans le rang de l'opposition cléricale, car il est croire qu'il ne veut pas arborer d'autre bannière que celle qu'il suivait antérieurement. Contentons-nous d'espérer qu'il restera, pour nos menus plaisirs, clérical ren forcé comme auparavant, comme le Progrès restera libéral. Le changementde ministère fera bien de quelques catholiques-politiques des libé raux, car le temps de se donner un masque cléri cal est passé autrefois ce déguisement était une recette certaine pour parvenir aujourd'hui elle a perdu momentanément sa vertu souveraine. M. deHaussy, ministre de la justice, a quitté Bruxelles, samedi, pour quelques jours. Il va Fontaine-l Évêque" où doit se célébrer le mariage de sa fille avec M. Dewandre, fils de l'avocal-général la cour de cassation. M. Brion colonel du 2e lanciers, l'un des plus anciens et des plus braves militaires de l'armée, vient d'être nommé général. ASSASSINAT DE I" LA DUCHESSE DE CHOISEUL-PRASLIN. On lit dans la Gazelle des Tribunaux v L'ordonnance de convocation de la cour des pairs a été signée hier au château d'Eu; M. le garde des sceaux l'a apportée lui-même. Depuis ce matin, un rassemblement coirsidéra- ble, et qui, sur la fie. du jour, devenait presque menaçant, stationnait aux abords de l'hôtel Sebas- tiani, attiré par le bruit qui s'était universellement répandu que M. le duc de Praslin avait mis fin ses jours par un suicide. Cette nouvelle, comme la plupart de celles qui ont été répandues depuis deux jours, était conlrouvée; tout au contraire, l'état du duc, qui avait d'abord inspiré quelques inquiétudes, est devenu beaucoup plus calme, et les deux méde cins placés près de lui n'ont désormais d'autre mis sion que de vérifier la nature des aliments qui lui sont servis. Du salftn où il avait été déposé hier, le corps de la duchesse a été transporté dans une pièce désignée dans l'hôtel sous le nom de l'atelier des demoiselles, que l'on a conveitie en chapelle ardente, et au milieu de laquelle a été dressé un lit de parade, où repose visage découvert, le corps auquel las procédés de l'embaumement ont conservé toute l'apparence de la vie. Ainsi que nous l'avions annoncé, les fosses d'aisance de l'hôtel ont été vidées cette nuit, et l'on s'est livré, en présence de l'inspecleur-général de la salubrité, M. Brissol-Tln'vars, et d'un de MM. les juges d'instruction, aux recherches les plus minu tieuses pour retrouver l'instrument tranchant avec lequel ont dû être faites les blessures. Ces recher ches, commencées neuf heures du soir, et qui se sont prolongées jusqu'à ce matin pareille heure, sont restées sans résultat. Tandis que cette opération infructueuse avait lieu, la justice procédait de nouvelles investiga tions dans l'appartement particulier du duc de Praslin. L'on avait jugé convenable de lui faire quitter sa chambre coucher, il avait été jusqu'alors gardé vue, pour le conduire dans un autre appar tement situé au troisième, lequel donne sur les jardins du palais de l'Elysée-Bourbon. En poursuivant ses investigations, la justice est parvenue découvrir dans le tiroir d un bureau du cabinet attenant la chambre coucher du duc de Praslin, le manche brisé d'un poignard auquel adhéraient des traces de sang fraîchement répandu. Il a été impossible, malgré toutes les recherches, de retrouver la lame de cette arme qui, d'après des suppositions, présentant quelque caractère de vrai semblance, aurait pu servir la perpétration du crime, niais qui se serait brisée sous la main du meurtrier, ce qui expliquerait l'emploi de la crosse du pistolet dont les traces profondes ont été con statées sur le cadavre. Interrogé sur la possession de ce fragment brisé d'une arme dont il avait été évidemment fait usage, le duc de Praslin a déclaré n'avoir rien répondre et ne pas pouvoir expliquer celle circon stance. Comme il refusait de dire ce qu'avait pu devenir la lame, on a fait des recherches dans le jardin de l'Elysée-Bourbon, qu'un mur peu élevé sépare de l'hôtel Sébastianiainsi que dans une ruelle dépendante de la succession de Mm° la com tesse de Castellane. Mais, cette fois encore on n'a obtenu aucun résultat. M"" de Luzy, dont nous avons annoncé hier l'arrestation, a été de nouveau interrogée aujour d'hui. Elle nie avoir jamais eu aucune relation intime avec leducdePraslin,et prolesteavecénergie de soiuprofond attachement la noble famille qui l'a comblée de bienfants. Elle convient avoir été péniblement impressionnée en se voyant forcée de quitter l'hôtel et de se séparer des jeunes demoisel les de Praslin, dont elle avait surveillé l'éducation, et explique par le douloureux sentiment qu'elle avait éprouvé en cette circonstance les termes d'une lettre par elle écrite au duc de Praslin, et que la justice a saisie dans les papiers de celui-ci. Du reste, rien n'est changé jusqu'à ce moment dans les dispositions dont nous avons fait mention hier. Le duc de Praslin continue d'être gardé vue dans son hôtel. On s'attend, toutefois, ce que le mandat d'arrêt qui permettra de le transférer la geôle du palais du Luxembourg lui sera signifié dans la journée de demain, et toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour l'y écrouer. Mra* la duchesse de Praslin est née Constanli- noplependant l'ambassade du général Horace Sébastiani, l'époque où s'étaut mis la tête des Turcs, il força la flotte anglaise quitter les Darda nelles. Le comte Sébastiani eut la douleur de voir, au milieu de tant de préoccupations qui l'assiégeaient, sa femme, la comtesse de Sébastiani, née Anloinette- Françoise-Jeanne de Coigny, succomber des suites de ses couches, après avoir donné le jour la mal heureuse enfant qui vient de finir d'une manière si tragique. M. Sébastiani, ne pouvant garder auprès de lui l'enfant qui lui était doublement chère, dût se résigner la faire partir pour la France, où elle arriva en même temps que les cendres de sa mère étaient transportées en Corse, où elles furent dépo sées et se trouvent encore Ohneta, résidence de M. le maréchal Sébastiani. C'est là que, selon toute vraisemblance, seront pareillement déposés les res tes de M™" la duchesse de Praslin. Comme nous le disions hier, c'est une ordon nance royale du 6 avril i845 qui, considérant les services rendus l'état par le duc de Choiseul- Praslin, membre du conseil-géuéral, ancien député, l'a élevé la dignité de pair de France. Celle ordon nance vise le passage suivant de l'article 15 de la charte constitutionnelle. La nomination des membres de la chambre des pairs appartient au roi, qui ne peut les choisir que parmi les notabilités suivantes: Les propriétaires payant 7,000 fr. de contribu tions directes, en raison de leurs propriétés foncières depuis trois airs... lorsqu'ils auront été, pendant six ans, membres d'un conseil général; les propriétaires payant 3,000 fr. d'impositions, qui auront été nom més députés. Dans la séance de la chambre des pairs du i5 avrilM. le chancelier annonça que M. le duc de Choiseul-Praslin venait de produire ses titres qui furent renvoyés une commission au nom de la quelle M. le comte de Murât fit le rapport laconique que le Moniteur transcrit en ces termes M. le duc de Choiseul-Praslin Charles-Laura- Hugues-Théobald élévé la dignité de pair de France, par ordonnance royale du G avril 1845, jus tifie parla production de son acte de naissance qu'il est né Paris le 1 o messidor an XIII f2gjuin 180S). M. le duc de Choiseul-Praslin établit également par un certificat de M. le sous-secrétaire d'état au dé parlement de l'intérieur, qu'il a été membre du conseil-général du département de la Seine et-Marne pendant plus de six années consécutives, et qu'il paie plus de 3,000 fr. de contributions depuis plus de trois ans. La commission ayant ainsi vérifié que le duc de Choiseul-Praslin remplissait la condition prescrite par le paragraphe 2 1 de la loi du 29 décembre i83t, proposa de déclarer ses titres vérifiés et l'admission fut prononcée. Le père de M. le duc de Choiseul-Praslin avait été en 1B19, sous le ministère Decazes, appelé la chambre des pairs où il siégea jusqu'à^a inortarrivée le 9 juin 1841. Nous lisons dans une correspondance de Paris, du 11 Dès quatre heures du malin, M. le duc Cazes grand référendaire de la chambre des pairs le pre mier huissier de la chambre des pairs en grand uniforme, l'épée au côté, arrivaient l'hôtel Sébas tiani, dans l'équipage du duc de Cazes. Le chef de la police, qui n'avait pas quitté le duc de Praslin, était naturellement présent. Sont arrivés ensuite le pro cureur du roi, divers magistrats, un commissairede police et des médecins occupant trois fiacres. A quatre heures et demie précises, le cortège» composé de quatre voitures escortées par 4o sergents de ville pied a quitté l'hôtel Sébastianipour se rendre rue de Vaugirard la prison de Luxem bourg, en passant parla rue des Champs-Elysées la place et la rue de la Concorde la rue de Bour gogne, la rue de Grenelle-St-Germain la rue d Vieux-Colombier, la place St-Sulpice et la rue Ferron. Le duc de Praslin était placé sur un matelas, qu'on a ensuite remis dans un fiacre pour le reporter l'hôtel Sébastiani. Un instant après deux agents de la prison se sont procurés une bouteille d'eau chaude, ordonnée par les médecins, pour rechaulï'er Stiller qui rêvait les yeux perdus au ciel. Il lui prit une main que Béatrix ne songea pas retirer et s'incliuunt sur !e banc comme s'il eût cru ne pouvoir regarder que d'en bas cc noble et beau visage, il leva lentement sur elle ses yeux rayonnants d'une puissance électrique. Béatrix tressaillit un singulier frisson parcourait toul son corps. Que faites-vous là, Mousieur dit-elle d'une voix troublée. Je faisais comme vous, murmura Guillaume qui se sentait frcniirqui tremblait de trahir son ivresse.Je regardais le ciel. Depuis que la boussole est inventée, ce n'est pas ce qute doit faire un marin consommé comme vous prétendez l'être répliqua Béatrix, qui, commençant comprendre le danger voulut 1 éloigner en mettant la conversation, sur le ton de la plaisanterie. Guillaume se tut peudant quelques instant?; puis il répondit d'une voix plus ba.'Se et plus tremblaute encore qu'elle ne l'était aupara vant Comment ne pas songer au ciel Béatrix quand on est upres de vous. Béatrix sentit son cœur battre plus vite elle s'elTorça cependant de sourire et de continuer sur le ton léger qu'elle avait piis. Ali ceci, c'est de la galanterie française, dit-elle, et c'est mal entre nous. Mais, tenez, regardez le ciel, puisque tel est votre plaisir K'y voyez-vous rien qui mérite voire attention, Monsieur le pilote Vous avez raison la biise fraichit de plus en plus; les nuages s'avancent et nous dérobent chaque instant quelque nouvelle étoile. Rentrons alors. Aussi bien la fraîcheur m'a toute pénétrée et d'ailleurs l'heure avance. Oh maudite soit l'heure maudit s°it l'orage qui mettent sitôt fin cette belle soirée qui font cesser si vite un rêve si long temps poursuivi Cette fois je vous surprends en flagrant délit la poésie vous entraîne. Malgré notre amitié d'enfance n étions nous pas réelle ment inconnus l'un 5 l'autre il n'y a que quelques heures encore. Vous le croyez? eh bien, c'est une erreur. JNc vous souvient-il plus de ce portrait de votre mère, admirable comme peinture et comme ressemblance, dont votre père en quittant la France laissa une copie parfaite votre grand'mère Cette noble et douce image avait toujours exercé sur moi, je ne sais quel attrait mystérieux. C était bien naturel. N'aviez-vous pas déjà douze ou treize ans-, quand elle est morte! N'aviez-vous pas partagé bien souvent ses caresses avec moi G était peut-êlre bien un peu cela. Et cependant ce n'était point seulement en souvenir du passé que je m'attendrissais et que je rêvais devant cette peinture. Je ne pouvais m'accoulumer croire qu une créature si belle fût couchée dau3 la tombe et même qu'elle eût pu perdre quelque chose de sa jcuuesse. Quand je me promenais seul daus les bois ou dans les sentiers de nos prairiesemporté par l'imagination hors du monde réel, c'était toujours cette figure, qui flottait devant moi. Ali m'écriais-je souvent, elle existe! Je la rencontrerai et je l'aimerai. Mais cela ressemblait un peu la folie, dit Béatrix. Oh non c'était un press alimentcar un jour votre père écri vait votre aïeule Vous me demandez de vous dépeindre Béatrix; ce sera bieulôt fait. Regardez le portrait de sa mère. C'est le même regardle même port de tête, la même coupe de visage, la même tournure et jusqu'au même son de voix. Il n'y a qu'une diflérence si légère qu'elle ne change en rieu la grâce et l'expression de a l'ensemble. Les «heveux de ma fille sont plus clairs que les cheveux de sa mère. Et puis reprit-il en s'animant toujours j'ai fait déjà une excur sion pédestre en Allemagne. Il y avait longtemps que je u'avais vu votre grand mère j'ignorais où vous résidiez eu ce pays et cepen dant, après avoir parcoaru la plaine de Wagrain lorsque j'arrivai devant votre château je fus saisi de je ne sais quel presseu'.imeut bizarre, et je demeurai plus d'une heure le considérer dans une rêverie inexprimable. N'élait-oe pas vous que je pressentais Ah Madame ma chimère existait et je l'ai reconnue, quand vous vous êtes présentée mes yeux. Béatrix n'osa répondre. Elle bâta le pas. Ils rentrèrent au salon, elle émue de ce qu'elle venait d'entendre, lui tout tremblant de ce qu'il avait osé dire. [La suite au pruchain n?,)

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Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 2