7e ANNÉE. - N9 601.
DIMANCHE, o SEPTEMBRE 1847.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ISTÉRIEDR.
YILLE D'YPRES. conseil communal.
Dé
LA CHATELAINE
WAGRAM.
On »'»Mmne Ypres, Marché
«u Beurre, 1et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
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Prix d'un numéro0-25
Tout ce qui concerne la rédae-
tion doit être adressé, Jranco%
l'éditeur du journal, Ypres.
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par Jigne.
VIRES ACQWIRIT EUNDO.
YPRES, le 4 Septembre.
Feuilletez les journaux catholiques, vous n'y
voyez que des diatribes l'adresse des clubs et
des clubistes. Ce sont les croquemitaines que
ces braves carrés de papier ont inventées pour
agiter les esprits faibles et intimider les person
nes craintives, en leur rappelant le rôle des
sociétés politiques la première révolution
française. Que ce soit là le but des journaux du
clergé, on n'en p >ul douter, quand on remarque
l'insistance avec laquelle ils reviennent sur les
associations politiques. Ne pouvant les qualifier
d'illégales, ils prennent lâche d'y introduire
des germes de dissolution soit en excitant les am
bitions soit par des insinuations perfides dans le
but d'envénimer les légères dissidences qui ont
éclaté au sein de quelques unes de ces sociétés.
Qu'on ne s'y laisse pas tromper, c'est tou
jours son^ jeu ordinaire que le clergé joue.
Ecoute ce que je prêche et ne prends pas d'ex
emple sur ce que je fais. C'est là un axiome
que le parti-prêtre n'a jamais avoué, mais qu'il
a toujours religieusement pratiqué en secret.
On croirait, voir les journaux cléricaux blâ
mer si amèrement les associations politiques,
que leurs patrons ont toujours répudié ces
moyens d influence. Eh toute la hiérarchie
ecclésiastique est devenue une immense asso
ciation politique, et bien qu'elle n'ait pas été
instituée dans ce but, le clergé n'en a pas moins
par elle dominé pendant dix-sept ans la Belgi
que. Quand le libéralisme a vu que le clergé
comme agrégation religieuse, voulait s'immiscer
dans le domaine politique et dominer au tem
porel comme il règne sans partage au spirituel,
alors les yeux se sont ouverts, on a étudié les
causes de cette omnipotence et des associations
ont été formées pour lutter armes égales
contre le clergé.
L'illégalité des associations est une thèse im
possible soutenir en présence de la constitu
tion, mais les feuilles du clergé ne se font pas
faute de prétendre que les sociétés politiques
libérales sont dangereuses, tandis que celles
qui se forment sous leurs auspices, sont béni-
gnesel bienfaisantes. Oui, nous lesavons depuis
longtemps les jésuites ont trouvé le secret de
donneraux institutions politiques les plus immo
rales, un vernis de moralité et de sainteté
même, dont pendant longtemps on a été dupe,
et qu'on a fini cependant par pénétrer. 11 nous
est facile mais superflu, car personne ne le met
en doute, de démontrer que les congrégations
qu'on érige partout, sont évidemment des asso
ciations plus politiques que religieuses. Les con
fréries ont souvent un hLt double et le principal
est de faire arriver l'eau au moulin, comme on
dit communément. Il y a de quoi s'étonner, si
l'on ne connaissait le clergéde voir qu'avec
des moyens aussi étendus, il s'acharne déni
grer ces associations politiques qui lui ont fait
comprendre que le secret de si puissance était
connu, mais par le manque de discipline, elles
ne pourront jamais marcher avec cet ensemble
qu'offre l'association cléricale qui élreint la
Belgique.
Les véritables clubistes, car c'est aux libéraux
que les journaux catholiques adressent celte
qualification d une aménitédouteuse, sont ceux
qui pendant dix-sept ans ont dirigé les destinées
de la Belgique d'une façon occulte et l'on
n'ignore pas que le libéralisme a été pour
rien dans cette direction, qui a ruiné un pays
autrefois riche et prospère Puisqu'il s'agit de
clubs, comment doit-on qualifier ces réunions
annuelles des chefs des diocèses? Nous admet
tons que les bonnes âmes aient la conviction la
plus béate que dans ces synodes, il ne s'agite que
de questions religieuses, mais tous n'ont pas la
bonhomie d'être édifiés sur le parfait désinté
ressement politique de nos prélats et tort ou
raison, le club qui dii^geait les affaires inté
rieures de la Belgique était leurs yeux le
synode de nos évéques. Quant aux affaires
extérieures, on daignait les abandonner la
direction du Roi, condition encore que notre
alliance avec la France ne fut pas trop intime.
Une immense différence existe entre les asso-
ciationsélectorales qu'on veut faire passer pour
des clubs et la hiérarchie ecclésiastique l'action
de la dernière a été incessante, tandis que les
sociétés libérales n'exercent de l'influence qu'au
moment des élections. Il serait difficile de nier
1 intrusion du clergé titre d'autorité dans les
élections, bien qu'il y ait des journaux qui
ont encore l'effronterie de la traiter de chimère
et de songe-creux, mais c'est là un fait trop
patent dont tous les électeurs peuvent porter
témoignage. Non content de cette action exer
cée sur le choix des élus au parlement, jamais
l'administration n'a été l'abri des prétentions
les plus extravagantes et les obsessions les plus
assidues du clergé. S il arrivait au pouvoir
comme sous la mixture, de ne pas céder immé
diatement aux injonctions de 1 influence sacer
dotale, des menaces avaient bientôt raison de
ces velléités d'indépendance.
Les feuilles cléricales qui donnent une in
fluence aussi exagérée aux associations électo
rales, n'ont garde de s'expliquer sur le rôle joué
par le clergé comme pouvoir politique, dans
les administrations qui se sont succédé depuis
11530. Mais quoiqu'on fasse, jamais les sociétés
libérales ne réussiront tenir le gouvernement
err tutelle comme l'a tenu le clergé, pendant
son omnipotence.
■-» c i? n i
Séance publique fixée au Lundi, 6 Septembre
1847, 8 heures de relevée.
ORDRE DU JOUR:
Communication de pièces.
2° Emettre un avis sur un projet d'échange entre
l'administration des Hospices civils et la dama
Zénaïde-Josèphe Van Volden, épouse de M. le vi
comte Charles-Marie Du Parc.
3° Émettre un avis sur la radiation d'inscriptions
hypothécaires prises pour surelé de capitaux em
pruntés l'administration des hospices.
4° Statuer sur une demande de fonds pour la
reconstruction d'une façade en bois.
5° Statuer sur les réclamations formées contre
l'indication d'un sentier et d'un chemin d'exploita
tion sur l'atlas des chemins vicinaux.
6° Délibérer sur une demande de transfert de
crédit formée par le bureau de bienfaisance.
7° Délibérer sur une dépêche de M. le gouver
neur de la province, concernant le dispensaire oph-
thalmïque.
On nous écrit de Messines, 1er Septembre
II n'est bruit/lans notre petite ville que (Je
la scène de pugilat qui s'est passée au cabaret
la Maison de villedans la nuit du dimanche
au lundientre le fermier C.....-Dle
nommé Louis Det le notaire N. Il est inu
tile d'ajouter qu ils étaient pris de boisson
mais cela n'excuse en aucune façon ces com
bats nocturnes, qui ne se passent pas toujours
sans entraîner des suites quelque fois funestes.
Le nommé L. D., d'après ce qu'on rapporte,
aurait été l'agresseur et on le croit facilement,
car on le dit coutumier du fait. Du reste, la
rencontre doit avoir été sérieuse puisque le
fermier C. se trouve alité, dit-on, par suite des
sévices graves qui lui auraient été infligés. On
parle diversement de la conduite du notaire N.
dans cette bagarre, et en premier lieu, on s'ex
plique difficilement la présence de ce dévot
personnage une heure indue au cabaret. Les
uns affirment qu'il se serait rué avec Louis D.
sur le fermier C., d'autres disent au contraire
qu'il s'est interposé pour empêcher l'agresseur
de se livrer de plus grandes brutalités. Nous
voudrions pouvoir accepter celte dernière ver
sion mais certaines circonstances la rendent
peu probable.
B'euilletoi
(Suite.)
IV. - «CBOEKBiRONN.
m
Il y a dit-on six. mille ans qti Èy/e sacrifia les joies du paradis
terrestre la certitude d'une exist/nce étemelle et pour jamais
exemple de douleurs physiques aj* désir de connaître le secret du
bien ut le secret du mal. Nous acceptons la légende-, mais il est temps
que justice soit rendue la femyaie et nous devons déclarer qu'à
notre avis le serpent n'eut pas eu» moins de succès près de l'homme.
Oui que chacun descende au fond de sa conscience et qu'il
réponde ensuite N'est-il pas vra,i qu'autant nous éprouvons d attrait
pour un front pur, pour une beau té vierge, autant un front courbé
une âme où la passion semble avoi rdéjà régné,sans cependant l'avoir
irrévocablement flétri-', nous inspire de curiosité? Ne la blasphé
mons pas cette curiosité Souvenons-nous plutôt de Madeleine!
C'est une noble joie, une ineffable, ivresse, d'être pour celle que l'on
aime le révélateur de 1 amour triais peut-être y a-t-il un bonheur
plus grand et plus divin celui de se haisser vers celle qui tremble
et qui pleure, et qui s'accuse d'être indigne, pour lui dire Je t'aime
je t'aime EU qu'importe le passé J qu'importe un jour, si l'âme es
immortelle Voilà pourquoi peut-être Dieu mit cette curiosité dans
nos cœurs.
Il faut le dire une horrible pensée assiégeait l'esprit de Guillaume
de Gardeville. 11 doutait de Béatrix il se demandait avec angoisse
ce que signifiait sa contrainte devant ,Vl. de Winter, et le sans-gêne
avec lequel cet homme la traitait même en présence d'un tiers.
Elle n'aime point cet homme pensait-il toute sa manière
d'être avec tnoi me le prouve. L'amitié seule ne donne point
l'abandon quelle avait hier avec moi. Sans doute ce n'était pas
encore de 1 amour, mais ce n'était plus de l'amitié. Et ce matin, quel
regard elle m a jeté Sa vie tout entière avait passé dans ses yeux
C'était comme un appel que son cœur m'adressait, et que sa bouche
n'a pas osé proférer. Mais ne peut-elle avoir aimé M. de Winter
L'amour en s'éteignant n a-t-il jamais fait place la répugnance ou
même la terreur Combien n'est—il pas facile de dominer une
femme faible, et n'est-il pas des hommes assez lâches pour se main
tenir pur la crainte en possession des droits qu'ils ont surpris O
dédale dédale de malheur abîme sans fond où mon œil se perd
sans reucontrer de lumière
Et puis l'espoir revenait. Il maudissait sa lâche défiance et son
imagination perverse. N'avait-il pas lu dans le regard si pur de
Béatrix la sérénité de soiiàme? N'existait-il de secrets que les
secrets de l'amour Oh! si M. de Winter abusait de quelque secret
révélé parle hasard si parce que cette femme était sans défenseur
il ayait pris l'habitude de la torturer, s'il avait eu la folie d'espérer
qu'il en serait toujours ainsi comme il s'était trompé quel compte
il aurait rendre au compagnon d'enfance de M,n® Stiller
Et suivant que la colère et le désespoir déohiraient le cœur do
Guillaume, ou suivant qu'il eutendait une voix lui crier crois et
aimeil enfonçait ses éperons dans le liane de sou cheval comme
s il espérait laisser derrière lui sa pensée en poussant le galop jusqu'à
la vitesse de L'éclair ou bien il arrêtait par une brusque secousse le
généreux animai, comme s'il eût craint de perdre la trace de sa
chère rêverie.
Il arriva ainsi au pont qu'il devait traverser pour arriver Vienne.
I.ês voitures s'y croisaient pour aller au PraUr -, mais ni le bruit ni
le luxe ne pouvaient attirer 1 attention de Guillaume.
Arrivé son hôtelil descendit de cheval, jeta la bride un do
mestique, et courut s enfermer daus son appartement. 11 y demeura
toute la journée en proie la plus vive agitation. Le soie on lui
remit deux lettres. L'une était timbrée aux armes impériales.; Le
colonel de Reichsdorf lui anuonçait que l'archiduc Charles le rece
vrait le lendemain au château de Schoeubrùnn.
Guillaume, qui savait maintenant quel était le vrai nom du oolonel
de Reichsdorf, fut vivement touché de la bonté du prinoc. La lettre,
entièrement écrite de la main d un grand homme devenait pour
lui une inestimable relique. Il l'euferma parmi ses papiers les plus
précieux.
Quant l'autre, il ne lui fallut qu'un coup d'oeil pour reconnaître
Técriture d'une femme. Quelle feiume pouvait lui écrire si ce n'était