EXTÉRIEUR. FRANCE. 3 Depuis plusieurs jours, des officiers d étal- major sont occupés lever les plans détaillés des localités qui serviront au campement des troupes et aux diverses opérations. Les instructions générales, relatives l'en semble des manœuvres et aux règles observer par les deux armées, ont été rédigées par M. le lieutenant général Cbazal, personnellement, et sont contenues dans huit grandes pages; elles ont été remises, il y a deux jours, aux généraux Prisse et L'Olivier, ainsi qu'aux juges du camp. Deux tristes accidents ont eu lieu samedi dernier au camp de Beverioo, pendant les grandes manœuvres feu. Le cheval d'un ca pitaine d'artillerie s'est emporté malgré les efForls de son cavalier, et a renversé le cheval et le domestique du colonel du 3e régiment de chasseurs pied. Ce malheureux domestique qui venait de recevoir la nouvelle de la mort de son père, et d'obtenir la permission de par tir le soir même pour son village, a eu la jambe tellement broyée que les os passaient au tra vers de ses vêtements. Presqu'au même instant, un artilleur a eu le bras emporté, en chargeant sa pièce. Par suite de l'humidité de l'atmosphère beaucoup de fiévreux sont entrés l'hôpital, mais heureusement pas un seul homme n'y est mort depuis le commencement de la période du camp. Les commissaires nommés par l'académie pour examiner les appareils aéroslaliques pro posés par MM. VanHecke et VanEsscheri, ont reconnu que les deux systèmes sont essentielle ment différents quant aux principes de physique sur lesquels ils reposent, quant au but atteindre et quant aux conditions de locomotion qui en dérivent. On compte depuis le 1er Janvier de cette année, 22 médecins décédés dans nos Flandres, la plupart victimes du typhus qui a désolé nos campagnes. -i— On lit dans la Chronique de Courtrai: 11 n'y a pas de commune, d'après ce que nous apprenons, où il ne se trouve des parties de pommes de terre, parmi les rouges tardives, atteintes de la maladie; toutefois, ce fléau ne doit guères mettre le cultivateur en perte, car nous savons de source certaine que les fabricants de farines les paient 3 francs et 3 fr. 50 c. les 100 kil., livrées chez eux. Les lurbercules ma ladifs ne rendent pas moins une farine saine et parfaite, et l'opération est excessivement simple et facile. Il ne s'agit que de râper les pommes de terre de bien laver la rapure de décanter et de sécher cette rapure qui, au bout de 24 heures, se trouve réduite en fine et blanche fleur de farine. On conçoit que les ustensiles nécessaires celle fabrication en grand sont très- peu coûteux, mais on peut s'en passer si l'on veut utilement faire gagner une journée aux pauvres, en faisant râper la main et même au couteau. Quatre kil. de tubercules, donnent un demi-kil. de farine, qui se vend de 30 40 centimes. Mêlée celle de froment, elle amé liore singulièrement le pain. Pourquoi dans chaque commune où la maladie sévit, n'élabli- rail-on pas cette fabrication? Dimanche dernier, le carrousel Roulers ville où jusqu'à présent les divertissements pu blics n'ont guères été favorisés par l'autorité communale, a eu beaucoup de succès. Plus de 90 cavaliers sont entrés en lice. M. Rodenbach- Mioen a remporté le premier prix. 11 a pris 4 anneaux en 4 tours. Il paraît qu Roulers l'avènement d'un mi nistère libéral a eu pour premier effet de réveil ler le goût des habitants pour les amusements dont ils sont sévrés depuis si longtemps. Le projet d un bal pour la prochaine kermesse y a ele conçu et une souscription a été ouverte celle fin. Mais la grande salle de l'hôtel-de-ville est la seule convenable et c'est là que gît la dif ficulté, il faut obtenir l'autorisation du collège échevinal. Toutefois on ne désespère pas dy réussir, l'un des trois édiles ayant répondu M. l'abbéqui l'interrogeait ce sujet, qu'il fallait bien suivre le torrent. Chronde Courlrai.) Nous apprenons que M. le ministre de 1 inté rieur vient d'accepter la présidence du banquet qui sera donné samedi prochain par MM. les professeurs, après la distribution solennelle des prix aux Auguslins. La liste de souscription restera ouverte l'hôtel du jury place des Barricades, jusqu'au jeudi 23 exclusivement. NOUVELLES DIVERSES. On lit dans une lettre de Rome adressée la Gazette de Cologne Personne n'ignore au- jourd hui qu'en vertu d'un traité d'alliance offensive et défensive a été conclu en 1843 par le gouvernement napolitain avec ceux d'Au triche et de Russie. Ce traité oblige les deux derniers gouvernements intervenir Naples, si la tranquillité publique y était fortement menacée. On se demande, aujourdhui, si l'insurrec tion, qui vient d'éclater sur plusieurs points du royaume des Deux-Sicilesn'amènera pas l in tervention des deux grandes puissances. Dernièrement, on frappe de nuit chez une pauvre famille du faubourg Saint-Sauveur, Arras. Ouvrez, ouvrez! crie-l-ou. On ouvrit. N'êles-vous pas les parents d'un fermier qui demeure dans la commune de... Certaine ment, fut-il répondu. Eh bien! reprit le visiteur nocturne, votre parent vient de mourir, et sur son testamentvous êtes inscrits pour 20.0C0 francs. Le fait était vrai. 11 y avait 20 ans que la pauvre famille n'avait pas entendu parler de ce parent. Le Courrier du Midi parle d'un jeune sculpteur qui vient de se révéler Montpellier, avec des facultés extraordinaires 11 y a plusieurs mois, les surveillants des travaux du Palais-de-Justice s'aperçurent qu'un certain nombre de pierres destinées celte con struction disparaissaient de temps en temps. Quel était l'auteur de ces larcins? Nul ne pou vait le dire. Un jour, une main inconnue glissa furtivement dans le magasin en question un petit bas-relief. Rumeur dans le chantier. L'ar- chitccle fut prévenu il loua le travail, et l'au teur se présenta avouant humblement ses lar cins et son crime. Il s'appelle Louis Milhau il travaillait jusqu'alors dans le chantier comme simple manœuvrier; on en a fait un apprenti tailleur de pierre. A quelques jours de là, Milhau s'approche un matin du maître, et lui dit J'ai rêvé cette nuit une bataille et je veux I exécuter, donnez-moi une pierre. On lui laisse le choix, et le soir, voilà notre pauvre ouvrier, emportant dans sa mansarde la pierre qu'il a marquée entre toutes. Après douze séances, c'est-à-dire après au tant de dimanches) cassc'est le seul jour de la semaine que notre ouvrier puisse donner sa muse), Louis Milhau rapporte au chantier son œuvre finie. Cette œuvre, dit le Courrier du Mtdiy est une bataille sculptée d'inspiration sur une pierre de 80 centimètres de longueur sur 40 de large. La composition en est claire et très-heu reusement ordonnée: elle se détache, avec un grand nombre de figures sur plusieurs plans. Le second le principal de tous et d'un grand relief, représente le fort de la mêlée. La lutte y est engagée corps corps entre des groupes de cavaliers et de fantassins posés dans toutes les attitudes, de face, de profil, de dos en rac courci; les armes se choquentdes chevaux foulent aux pieds les vaincus, des clairons son nent la chargedes drapeaux se déployent dans l'air. Sur le premier plan, le sol est jonché de débris d'armes, de mourants, qui vendent chèrement leur vie, taudis qu'au troisième et dernier, se dessinent vaguement des groupes de cavaliers qui accourent la bataille. D'après les reuseignemens que nous avons reçus ce matin de Londres, les craintes que l'on avait conçues sur trois maisons de premier ordre, ne se sont pas confirmées. Cependant on s'attendait encore apprendre sous peu de jours de nouvelles faillites importantes. Les journaux tories de Londresconlinuent attaquer le cabinet de lord Palmerston, au sujet de l'exécrable projet de reconnaître l'au torité du pape dans l'empire Britannique. Telle est l'expression du Standard. Il est probable que celte question soulèvera un grand orage dans le parlement aussitôt que la session sera ouverte. A la veille des événements graves qui se préparent en buisse, il n'est pas sans intérêt de connaître les ressources des divers cantons qui composent cette petite république. Voici ce sujet des données positives: Les-Qantons hostiles au Sonderbund ont une population de 1,867,910 âmes; composées de 1,358,510 protestants et de 509,400 catho liques Les hommes de 17 60 ans sont de 273,850; le contingent fédéral de 50,104 hom mes, et la landivehr de46,889. Total des forces 96,993 hommes et 278 pièces d'artillerie, dont 36 de siège. Le budget de ces cantons est de 17.274.000 fr. et le contingent fédéral en argent de 883,523 fr. Les cantons de Neuchâtel, Bâle-Ville, Ap- penzell intérieur, qui ont gardé la neutralité, se composent de 105,000 âmes, dont 89,700 prolestans et 15,300 catholiques. Les hommes de 17 60 ans forment un total de 15,600; le contingent fédéral est de 2,528 hommes et 2,190soldalsde landvvehr, total, 4,718 hommes et 32 pièces d'artillerie. Les trois budgets sont de 1,340,000 francs, et le contingent fédéral en argent de 58.500 francs. La population des sept cantons catholiques (le Sonderbund) réunit 391,620 âmes, dont 6,620 prolestans et 385,000 catholiques. Les hommes de 17 60 ans montent 56,320 le contingent fédéral est de 11,387 hommes et la landwehr de 20,436; total 31,833 et 87 pièces d'artillerie, auxquelles il faut ajouter les 12 pièces prises dans l'expédition des corps-francs sur Bâle Campagne et Argovie, plus 20 pièces récemment achetées l'étranger, savoir, 12 par Lucerne et 8 par le Valais; total des canons, 119. Le budget de ces cantons réunis est de 2,509,000 francs et le contingent fédéral en argent de 119,788 francs. Le Sonderbund n'a donc que 31,823 hom mes de milice et 119 canons, pour résister 96,993 hommes et 278 pièces, c'est-à-dire que ses soldats sont dahs la proportion de un contre trois et ses canons dans la proportion de deux contre cinq. Et cependant il accepte ré solument la lutte; il compte sur la justice de sa cause, et repousse l'axiome impie: Dieu est toujours pour les gros bataillons. Ajoutons qu'attaqué chez lui, ses forces augmenteront de toute la population valide. Paris, 22 Septembre. 11 y avait déjà longtemps qu'on savait que le maréchal Soult voulait quitter la présidence du conseil, et que M. Guizot se réservait ce poste lui-même. Aussi l'ordonnance publiée ce maliu dans le Moniteur n'a surpris personne. La lettre de démission envoyée par le maréchal est, dit-on, la 4me ou la 5,ne qu'il a écrite pour offrir sa démission, maison avait cru jusqu'à présent devoir conserver le nom de l'illustre épée la tête du cabinet. M. Guizot se croit enfin assez fort pour se saisir officiellement de la présidence du conseil, qu'il exerçait du reste en réalité depuis le moment de la formation du cabinet du 29 octobre. On annonçait aujourd'hui que la nomination de M. Soult, comme gouverneur des Invalides, était décidée mais que la publication de l'or donnance était ajournée jusqu'après les funé railles du duc de Reggio. Aux arrestations déjà faites au Havre, au sujet de l'altaire dss houilles, il faut en ajouter trois, celle du garde magasin de MM. llanlier fils et Decaens, qui remonte jeudi, et celles des préposés de douane Couturier et l'archeveu, opérées samedi.

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Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 3