EXTÉRIEUR. LA CHATELAISE DE WAGRAM. 7e ANNÉE. - r 668. JEUDI, 30 SEPTEMBRE 1847. JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. TILLE D APRES. CONSEIL COMMUNAL. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 1et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tootre qni concerne là rédac tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Yptea. Le Progrès paraît le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EDNDO. 1TPRES, le 29 Septembre. L'EXPOSITION AGRICOLE. Veut-on acquérir la conviction que le libéra lisme est plus apte diriger les affaires d'un pays que ses adversaires, il faut seulement remarquer qu'à son passage au pouvoir, chaque fois l'opinion libérale a laissé un monument de son tact d'appréciation des besoins des populations. En 1840, sous le ministère Lebeau-Rogier, l'enseignement laïc était en péril, il s'agissait de le consolider, de lui donner une nouvelle vie, et le concours fut institué. Les chefs du parti clérical ne s'y trompèrent pas, l'institution du concours fut un coup fatal porté leurs projets d'absorber l'instruction publique. El ce pendant le ministère libéral d'alors était peine arrivé au pouvoir et l'existence de ce cabinet était chancelante. Quelques mois après, il fut renversé par un vole du sénat. Après six ans de lutte, l'opinion libérale re vient aux affaires, mais celte fois avec l'appui du corps électoral qui répudie le parti clérical, avec l'assentiment des grandes villes qui ont aussi une certaine puissance. M. Rogier. l'au teur de l'institution des concours redevient ministre. Mais les temps et les besoins sont •changés. Le pays au sortir d'une crrsu <|uî l'a appauvri, doit s'occuper de questions agricoles et améliorer et augmenter les productions de la terre. A peine formé, le ministère libéral décrète une exposition agricole; la presse catho lique s'en gaudit, lâche de ridiculiser l'idée de réunira Bruxelles des échantillons des produits agricoles. Elle qualifie cette mesure de vaine parade et les jeux de mois et les calembredaines d'aller en avant rien de plus léger en effet que la joie cléricale Le jour de l'ouverture arrive et malgré les efforts de certains curés, l'exposition agricole est remarquable et présente un coup-d'œil ravis sant. L'agriculture a sa fête comme l'industrie a la sienne. Maison y découvre bien autre chose qu'une fête. Nous croyons que cette mesure attirera l'altention des hommes sérieux sur une science trop négligée de nos jours. Nous voulons parler de l'agriculture pendant longtemps dans notre pays, elle a dépassé les autres industries, mais actuellement elle se voit réléguée son tour au second plan. 11 faut qu'elle sorte de l'ornière de la routine et l'exposition agricole contribuera amener cet effet et attirer l'atten tion de tous, sur ce qu'on peut appeler juste titre la mère nourricière des peuples. Le parti clérical vient de jouer au ministère une niche, dont l'importance n'échappera personne. On n'a pas oublié que M. Dechamps, la fin de sa carrière ministérielle, sur l'insti gation des -membres influents du cabinet, avait nommé un catholique-politique pur-sang com me ministre plénipotentiaire Rome. Celte nomination ne fut pas ratifiée par le ministère libéral qui vînt aux affaires, et M. Leclercq, le procureur-général près'de la cour de cassation, fut désigné pour occuper ce poste diplomati que d'autant plus important qu'il était indis pensable d'éclairer la cour de Rome sur les intrigues ourdies en Belgique parle haut clergé et le rôle qu'il y prétend jouer. Nul ne pouvait mieux convenir que M. Leclercq pour remplir celte mission. Catholique sincère et rigide, mais repoussant l'influence du clergé en matière temporelle, il aurait joui d'un grand crédit la cour de Rome, du moment qu'il aurait pu s'y produire et par conséquent faire rendre justice son caractère honorable et ses prin cipes sincèrement religieux. Cependant, aussitôt nue l'intention du cabi- nei liLiCral fuL connue cex ejjaiu. u.. juuijjua Rome pour empêcher l'envoi de cet homme éminent dans la capitale du monde chrétien. Il paraît, ce qu'on aura peine croire, que la cour de Rome a fait des observations sur la no mination de M. Leclercq comme ministre plé nipotentiaire, basées sur le caractère et les principes du procureur-général de la cour de cassation. Il faut qu'il ait été indignement ca lomnié Rome, pour qu'on ait tenu une pareille conduite son égard, et l'on dit au jourd'hui que M. Leclercq, blessé, ne veut plus accepter celte mission. Le coup est parti du camp catholique, c'est indubitable. Cela n'empêche pas Y Organe des Jésuites de Gand de dire d'un air placide, que le ministère a brouillé la Belgique avec le Saint- Siège, puisque la nomination de M. Leclercq n'est pas agréée. Baziles La Société des Chœurs, d Ypres, vient de remporter un beau succès au grand concours de chant d'ensemble Bruxelles. Pour la se conde fois, le premier prix destiné la société victorieuse des villes de second rang lui a été décerné. Ce succès est très-flalleur, en ce sens qu'il confirme la victoire remportée une pre mière fois Bruxelles. D'ailleurs depuis cette époque la société a subi une transformation .complète et aujourdhui elle peut dire qu'elle ne compte dans son sein que des Yprois. Sous un autre point de vue, ce triomphe est remar quable, parce que la musique d'un des mor ceaux qui ont fait 'obtenir le prix nos chanteurs, a été composée par le directeur sur des paroles qu'on doit aussi un membre exé- tant de la société. La commission de la Concorde a décidé de présenter son local d'été, au nom de la société, le vin d'honneur aux chanteurs Yprois leur retour de Bruxelles, qui doit avoir lieu aujour d'hui, 29 septembre, vers quatre heures de relevée. Par arrêté royal en date du 27 septembre, il est accordé au sieur Malou, Jules-Edouard- Xavier, une pension de cinq mille quarante quatre francs, charge du trésor public, partir du premier septembre 1847. m - rrj.r-7""r enareat UctvOre 1847» trois heures de relevée. ORDRE DU JOUR i° Communication de pièces. 20 Statuer sur l'objet d'une lettre adressée au col lège dss bourgmestre et échevins par l'autorité communale de Moorslede pour réclamer le paye ment d'une somme votée dans le temps pour la roule pavée de cette commune celle de Passclien- daele. 3" Arrêter la liste des personnes appelées exer cer les fonctions de jurés. 4* Approuver s'il y a lieu le procès-verbal de la location du droit d'entrée et de sortie des portes de la ville. 5° Modifier le budget du collège communal d'en seignement pour 18*7 et formuler celui pour i848. 6" Examiner le compte de l'établissement d'in struction primaire pour 1846e! le budget pour i848. ■#Of3Q On nous écrit de Poperinghe, le 23 septembre: Il parait que par suite de la négligence de notre bourgmestre-député M. Van Renynghe- Vercaemerla ville de Poperinghe ne figurera Feuilleton. VI. RIVALITÉ. [Suite.) Us-retinrent sur leurs pas Guillaume ne se défiant point de sa léverie, qu'il attribuait uniquement la majesté île la nature. Et cependant la comtesse s'appuyait toujours plus mollement son bras, et dans les rares paroles qu'elle prononçait en répondant par un merveilleux, instinct de divination la pensée de Guillaume. Mme Re Laverney attachait sur lui de ces longs regards, dont la puissance magnétique énerve les plus forts et les plus iu différent s. Allons, dit-elle tout coup avec un délicieux sourire nous voilà plongés un peu trop profondément dans les influences ger maniques. Parce qu'un lleuve coule rapidement et que la mer l'attend pour l'engloutir, ce n'est point une raison pour penser la mort pendant toute une journée j c'est ennuyeux et puis ce su jet est une vieille histoire. Parlons plutôt d'hier parlons de ces jolies comédies que savent si bien faire vos compatriotes, et qd'en véiito l'on 11e nous a pas trop mal jouées. «J'avoue, dit Guillaume, que jamais vaudeville ne m'avait fait plus de plaisir. C'est comme moi j il paraît que sous ce rapport là du moins nous sortîmes en sympathie. Faites-moi l'honneur de croire Madame que ce 11 est pas le •cul. Nous y viendrons, mais nous n'y sommes pas tout rail encore. Je 'ne yous connaissais pas Madame ayant la soirée d hierj car peut-on connaître une femme-, quand on ne fait que l'entrevoir deux ou trois fois dans les salons Non vraiment Monsieur, vous ne me connaissez pas encore. Sur ce que je vous ai dit, vous pourriez être en droit d'avoir de moi la plus détestable opinion. Mais croyez-moine désespérez jamais d'une femme qui se montre sincère et résolue oe sont deux nobles qualités qui constituent la force, et pour que lu force devienne la vertu, même la vertu la plus haute, il ne faut que l'amour et l'estime d'un homme. Je crois que vous avez raison Madame la force pour moi c'est aussi la veitu, et j'admets comme vous que l'amour c'est la force et la vertu deux. Je connais les périls de celte suprême épreuve je sais que plus d'un homme loyal et courageux daus ses rapports avec les autres hommes est devenu fourbe et lâche, du jour où devant lui ne s'est plus trouvée qu'uue fumm Aussi, que Dieu méjugé et qu'il me refuse un jour toute pitié, si dans une femme ma première idée n'est pas de voir une victime et si je n'ai point pour Votre s xc la compassion la plus tendre. Anchy io! s'écria la comtesse, et inoi aussi j'ai cherché un homme. 01»! Monsieur, soyez et restez mon ami, car cet homme alors je crois que je l'aurai trouvé. Je le serai, Madame, répondit Guillaume avec feu. Je vous orois et maintenant j'espère. Quelle joie de remonter cette pente que je descendais avec tant de terreur, sentant que je finirais par y trouver un précipice 1 A présent que j'ai la foi, la foi qui soulève les montagnes et qui suffit nous transfigurer 1 Mme de Laverney était-elle sincère dans son enthousiasme N'y avait-il pas quelque contradiction dans ses élans vers l'amour et le repentir, et dans la coquetterie qu'elle avait déployée vis vis de Guillaume le jour de l^urprcmièrç rencontre au château de Wagrarn? Oui certes, il y avait contradiction, et quel cœur n'est pas un abîme de contrastes? Est-ce par un simple caprice de l'imagination que tant de millions d'hommes out personnifié 1 instinct du bien et celui du mal pour leur rendre un culte comme aux arbitres su prêmes de l'univers Mme de Laverney s'était d'abord laissé entraîner avec Gardeville la peute d une nature viciée mais ce n'était point impunément qu'elle avait entendu de nobles paroles et qu'elle s'était trouvée dans la sphère de l'attraction d'un cœur ardent et généreux. Fille d'une mère italienne aiusi qu'on l'a déjà dit, elle avait d'abord cette mobilité particulière aux organisations méridionales- Ce fut ce qui lui donna pendant quelques instants un attrait irrésistible sur Guillaume. Le manège savaut d'une coquette effrontée n'eut excité chez lui que le plus profond dégoût, il n'eût point donné la réplique 1* pruderie qui ne peut pas s'en passer mais ces regrets d'une vie mal employée, parce que tant de faiblesse et de beauté n'avaient trouvé que de la perfidie et qu'un misérable besoin de volupté, mais celte aspiration vers l'idéal, mais cette forte croyance que toute transfi guration était possible au repentir, touchèrent profondément le vicomte de Gardeville, jusqu'à lui faire oublier pour un moment la suave image qui tioitait depuis quelques jours daus ces incessantes rêveries. Ils remontèrent en voiture et bientôt ils eurent repassé le pont Ferdinand. Cédant l'influence de la locomotion, le cours de leurs idées avait insensiblement dérivé ve's la oauserie familière. Guil laume était enfin lui-même. Son imagination et sou esprit touchaient sans effort aux sujets les plus divers comme deux gracieux génies, qui, feudant d'un coup d'aile la vaste étendue du oiel, effleurèrent daus leur course rapide les sommets les plus éloignés. Il était doue

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