INTERIEUR. LA CHATELAINE DE WAGRAM. 7e ANNÉE. - N° 670. JEUDI, 7 OCTOBRE 1847. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Feuilleton. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 1et chez tous I es per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres looalités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui concerne la rédac tion doit ètie adressé, Jranco Tédit eur du journal, Yprcs. I.e Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par lijjne. VIRES ACQUIR1T EUNDO. YPRES, le 6 Octobre. L'OPPOSITION CLÉRICALE. Bien des fois nous avons fait pressenlir que du jour où le parti clérical sera devenu mino rité, lopposition qu'il fera l'opinion libérale au pouvoir, sera autrement échevelée et furi bonde, que celle du libéralisme au temps de l'omnipotence du catholicisme-politique. Nos prédictions se réalisent et au-delà de toute at tente. Il est difficile de se faire une idée de la folle conduite de la presse des enragés modérés. des inventions absurdes propagées pour calom nier le ministère, des calomnies débitées avec une assurance dont les Aristarques du camp clérical possèdent le monopole. L'autre jour c'était le profond dédain de M. Rogier pour les blessés de septembre qui faisait les frais de la polémique cléricale. On repro chait au ministre de 1 intérieur son ingratitude, parce qu'il n'avait pas réuni les blessés de sep tembre en un banquet, ce qui non-seulement ne se faisait plus depuis cinq ans, mais en outre aucune demande n'avait été faite pour qu'un banquet eut lieu, excepté celle du restaurateur qui avait fait les fournitures du festin commandé il y a cinq ans. Il est incroyable combien la presse cléri cale s'est appésantie sur ce conte, pour présen ter le caractère du ministre de l'intérieur sous un jour odieux. Les démentis sont venus de tous côtés. Rien n'y a fait, les feuilles cléricales ont continué de plus belle injurier M. Rogier et eiles ne se tairont pas de sitôt, car n'est pas journal clérical celui qui fait preuve de justice dans ses appréciations et d'équité dans sa critique. Le refus fait par la cour de Rome de recevoir M. Leclercq comme ministre plénipotentiaire, a été une bonne aubaine pour l'opposition cléri cale. On sait pertinemment comment les faits se sont passés. On a présenté Ihonor-able pro cureur général de la cour de cassation comme un Joséphisteel pour ce motif la cour de Rome, sans prendre des informations plus étendues que celles que quelques familles belges, qui ont des relations avec la capitale du monde chré tien, ont bien voulu donner, a notifié par le nonce, au ministre des afFaires étrangères, que la nomination de M. Leclercq n'était pas agréée, parce que les antécédents de cet homme hono rable, auquel la calomnie n'avait pas encore osé s'attaquer, empêchaient qu'on put le rece voir avec plaisir. Les journaux du clergé vou draient bien donner une autre couleur ce refus. Ils suent sang.el eau pour présenter l'acte de la cour de Rome comme une condamnation du ministère libéral. Mais outre qu'il n'incombe pas un souverain étranger, fut-il même Pape, d'approuver ou de désapprouver le mode de gouvernement d'un pays indépendant, les choses se sont passées autrement que les feuilles jésui tiques ne le racontent pour justifier la conduite de la cour pontificale, conduite que le parti clérical, par ses intrigues, a provoquée. On se re jette sur la nomination de M. Leclercq, rendue publique et officielle, sans que le gouveme- ait fait des démarches pour savoir si elle était agréée. Mais M. Leclercq n'a jamaiséténommé, seulement il était, comme on dit en langage diplomatique officieusement désignépour oc cuper le poste de ministre plénipotentiaire Rome. Du restela Belgique par suite des intrigues du parti clérical, n'aura pas d'agent diplomatique et ce sera le budget qui en pro fitera. 11 n'y a pas jusqu'aux roquets de la presse cléricale qui ne se jettent tête perdue dans la melée. Nous disons tête perdue, car l'ardeur de dénigrer les fait divaguer, et ce qu'ils impri ment aujourd'hui, est la condamnation de ce qu'ils aboyaient il ya huitjours, tellement ils ont la mémoire courte. Dans le dernier numéro du Journal des Bazilesnous remarquons un aveu qui est le plus sanglant démenti qu'on pouvait adresser ses imputations calomnieuses d il y a peu de temps. Il avoue qu'il est convenu que la religion est en dehors des débals politiques et il n'y pas un mois, il prétendait que les églises allaientètre fermées, que la religion étailen péril, -enfin il s'exprimait comme si une persécution religieuse était imminente par suite de l'avène ment du libéralisme au pouvoir. Ouivous serez les bienvenus, faites des appels l'union; quand le parti clérical se croyait maître absolu en Relgique, la presse de cette couleur prenait pourdevise: Tout ce qui n'est pas pour nous, est contre nous. Aujourd hui que le parti-prêtre a perdu tout son prestige, pour se maintenir sur l'eau, il fait des avances et prêche l'union. Kl le a été conclue en 1829, et qui l'a brisée? ce même parti catholique qui a douce ment voulu égorger ce libéralisme trop confiant et qui avait cependant assez de racines dans le pays pour s'étendrese développer et finalement diriger les destinées du pays. Eu 1829, on se faisait illusion sut le parti clérical, aujourd hui il est percé jour et l'on sait trop bien que c'est une duperie de s'unir une caste qui a tou jours eu pour maxime: tout ou rien. 'm La fête donnée par la Société des Chœurs aux membres des diverses sociétés qui avaient pris part la manifestation faite son retour de Bruxelles, avait attiré beaucoup de monde. Une société brillante s'était réunie pour en tendre une dernière fois les deux morceaux dont l'exécution a fait couronner nos chanteurs. La salle était très-bien ornée, grâces M. Bohm qui, avec de simples dahlias était parvenu en changer l'aspect triste et négligé. Après l'exécution des deux chants qui a été parfaite, les danses se sont organisées et ont duré jusque vers une heure du malin. C'est avec regret que nous avons appris que notre respectable commandant de place a été mis la re traite. Une pension de ?,5oo francs lui est accordée. C'est encore un débris des vieilles colonnes de l'Em pire qui, en fait de travaux guerriers, exciteront l'étonneinent et l'enthousiasme de la postérité. M. Baudoux, pendant son commandement Ypres, a mérité, par sa conduite et son caractère, l'estime et la considération de tous les habitants de la ville. Conciliant, juste, d'un abord prévenant, M. Bau doux avait toutes les qualités qui peuvent faire chérir l'homme remplissantune fonclionqui permet de disposer d'un pouvoir qui frise l'arbitraire. C'est une perte pour la ville et nous sommes certains que le souvenir du commandant Baudoux ne sera pas elFacé de sitôt, quand même son successeur prendrait lâche de marcher sur ses traces. Par arrêté royal du 3 Octobre 1817, sont nommés lieutenant-colonel, le major de Blochouse, du io* r 'giment de ligne; capitaine de première classe, le capitaine de 2° classeStroobanl, A.-J.,du 5"de ligne; capitaine de 2° classe N.-F.-L. Brialmont, du 5* de ligne. Dans la cavalerie le capitaine commandant De Ravenne, du ir régiment de chasseurs; capitaine en second, J.-P. Vandernoot, du 2" cuirassiers. Dans l'artillerie: lieutenant-colonel, le major Soudain de Niederwerth, de l'état-major major, le capitaine commandant Marchand, J.-P.-N., adjudant major au 4' régiment. Par disposition ministérielle du 4 Octobre 1847; M. Berlen, lieutenant-colonel au régiment des Gui des, commandera provisoirement le 2e Lanciers, et le lieutenant-colonel De S' Charles, directeur de l'artillerie dans la a* division territoriale, comman dera provisoirement le 3e régiment d'artillerie. "VII.— suites d'une faute. (Sai/e.) Guillaume était arrivé au comble de l'exaltation. Béatrix s'ef forçait de le croire sincère et y pouvait peine réussir. Quoique bien jeune encoreelle avait acquis une certaine expérience de la vie, et l'expérience engendre le doute. Béatrix avait vu Guillaume em pressé auprès de Mrae de Laverney; elle avait entendu les médisances du baron, et toutes ces particularités avaient acquis dans son esprit troublé la valeur d'une inconstance bien caractérisée. Son cœur était ému, mais sa raison résistait toujours. Calmez-vous, Monsieur, dit elle, ou je me verrais dans l'obli gation de me retirer l'instant même. Je veux bien ajouter foi tout ce que vous me ditesquoique les apparences soient contre vous, mais je ne puis que répondre toutes les protestations de votre tendresse, qu'il faut que mon destin s'accomplisse, Après de longues réflexions j'ai promis enfin au baron de Winter de l'épouser je ne saurais manquer ma promesse. Tôt ou lard il fallait que cet évé nement sans cesse différé par moi se présentât dans ma destinée un incident pénible vient d'en hâter l'accomplissement. Je n'y puis plus rien, et je me résigne. Dans cette union, qui n'est pas saus doute celle que j'ai choisie, mais celle que la fatalité m'impose, je trouverai sinon le bonheur,du moins le repos, je l'espère. Cessez donc, je vous en priede me poursuivre de votre bienveillante sollicitude, et laissez-moi tranquillement me préparer l'union que j'ai irrévoca blement résolu de contracter. Elle ne se fera pas, Madame elle ne se fera pas ou ce ne sera que sur mon oadavre! M,ne Stilter frémît malgré elle ces mots, et ce fut avec une agi tation mal conteuue qu'elle répondit Monsieur, vous n'êtes pas généreux. Si peu de foi qu'ajoute une femme de si étranges paroles, vous savez qu'elles ont toujours le don de l'émouvoir surtout lorsqu'elle se trouve comme moi placée dans une situation exceptionnelle et terrible. "Vous avez surpris mon secret vous savez quelle menace implacable est suspendue sur ma vie comme uue épée de Danioclès j vous avez cruellement tort de m'en faire souvenir. Si vous vous placiez sur le chemin du baron, il vous tuerait, et il agirait dans son droit, et mou existence serait jamais empoisonnée, non que je vous aime, Monsieur,mais parce que je ressens pour vous, malgré tout, une amitié sincère. De l'amitié dit Guillaume avec douleur. Béatrix l'interrompit C'est le seul sentiment que je doive désormais vous témoigner. Croyez-moi, oublions jamais quelques heures de folle rêveiie et de tendre enfantillage, qui de toute manière ue pouvaient aboutir qu'à une prompte séparation. Nos existences n'étaient pas faites pour s'unir un trop grand obstacle existait de mon côté, et des disposi tions trop..., légères du vôtre pour qu'il nous fût possible de nous tenir longtemps rapprochés l'un de l'autre. Adieu donc Mousieur ce n'est pas sans regret que je renonce vous revoir encore mais c'est une nécessité de la position nouvelle que j'ai prise. Je ue crains pas que vous cherchiez troubler mon existence, vous n'en avez pas le droit, et surtout vous u'en aurez pas la cruauté. Il faut être un fat ou uu méchant pour intervenir malgré elle dans la vie d'une femme. Alors, je ne serai ni uu fat ni uu méchant, Madame, répondit enfin Guillaume qui, chacune des paroles de Béatrix, sentait un froid glacial s'éleudre sur son cœur. Vous ne m'aimez pas, vous ne m'avez jamais aimé! C'est bien, je me résigne, je me tais, je souf frirai en silence. Si vous m'eussiez aimé, la sincérité de mes excu ses eût amené la générosité de votre pardoa. Mais non, vous vous êtes un instant laissé preudre au charme de quelque souvenir d'en fance dont vous êtes lasse présent, et vous profitez du premier prétexte venu pour terminer cette comédie sentimentale. Soyez satisfaite, Madame! Avec votre amour j'eusse bravé le monde en tier! saus votre amour, je seus tomber mon courage et je m'éloigne jamais! Pourtant, reprit-il eu dévoraut des larmes et en se rap prochant encore de la haie qui le séparait de Béatrix, Dieu m'est témoin que mon amour pour vous était immense et profond et que j'aérais versé mon sang gomlte goutte pour vous voir libre et heu-

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Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 1