NOUVELLES DIVERSES.
On nous écrit Je Popcritiphe, le 30 septembre
1047
Monsieur le rédacteur
Convaincu que vous voudrez bien accorder
dans vos colonnes une place aux remarques
qui suivent, je viens réclamer de voire obli
geance et de voire impartialité l'insertion de
celle lettre. Afin de lui donner toute la publicité
que réclame l'importance de l'objet auquel elle
se rapporte, je m'étais proposé d'abord de de
mander aussi votre confrère le Propagateur
la faveur que je sollicite auprès de vous, mais
le mutisme de ce journal, l'endroit de l'expo
sition agrico'e, atteste un mauvais vouloir qu'il
partage du reste avec les antres feuilles de son
bord. Cette circonstance m'a fait craindre de
voir repousser ma lettre, et celle prévision était
fondée d'ailleurs sur l'esprit qui l'a dictée.
Pouvais-je, en effet, ne pas exaller un minis
tère qui le premier, a conçu l'heureuse idée
d'ouvrir une exposition des produits de notre
sol si riche pour l'agriculture? Pouvais-je,
en même temps, ne pas signaler les manœuvres
rl un parti vaincu et qui se fait une étude
d nlraver les mesures prises par ses adversaires,
quelqu utiles qu'elles soient d'ailleurs? Pou
vais-je enfin ne pas déverser quelque blâme
sur des fonctionnaires qui n'ont pas craint, de
se faire en ceci les instruments des rancunes
cléricales? Or, ces circonstances doivent être
des crimes aux yeux d'une rédaction qui
trempe sa plume dans le miel, pour exaller ses
patrons, mais qui n'a que du fiel pour ce qui
ne tient pas de loin ou de près la sublime
société d Ignace. Convenez-en, j'ai eu quel
que raison d'être circonspect et de ne pas
m "exposer un refus.
Ceci dit, venons notre sujet.
J ai eu l'occasion d'examiner avec attention
les objets envoyés Bruxelles des divers points
de la Belgique, et je puis l'affirmer, l'essai tenté
par M. Bogier présage pour l'avenir de bien
beaux résultats. En effet, bien qu'un grand
nombre de communes, surtout de la Flandre
occidentale, n'y soient point représentées, on
peut dire hautement que [exposition est des
plus brillantes.
Que serait-cesi des localités importantes,
parmi lesquelles je ne veux citer que Poperinghc,
eussent su secouer le joug des meneurs d'un
parti qui se joue de la crédulité populaire et
qui espère, l'aide d'escobarderies, ressaisir un
pouvoir qui lui est tombé des mains, aux
applaudissements unanimes de la Belgique
éclairée?
C'est avec un sentiment poignant de douleur,
que moi, enfant de l'operinghe, j'ai cherché en
vain notre houblon historiqueet les autres
produits de notre banlieue fertile. Il est
donc vrai, me suis-je dit, qu'il suffit que les
destinées d'une localité soient confiées aux
mains d'hommes ineptes et âpres la curée,
lorsqu'il s'agit de leurs intérêts personnels, pour
que tout esprit, tout élan local, semblent
éteints dans le cœur des citoyens! c'est ce qui
arrive aujourd'hui la ville de Poperingbe.
Que le pays tout entier sache que celte ville a
le bonheur d'avoir sa tète un bourgmestre
qui possède toutes les sympathies de la gent
cléricale, et qui la paie amplement de retour,
puisque cet excellent administrateur, ce défen
seur zélé des intérêts de la seconde ville de
l'arrondissement, n'a pas fait un pas, pour as
surer la ville, aux destinées de laquelle il
préside, la place qui lui appartenait l'exposi
tion agricole.
O Poperingois augurez dès-à-présent du
rôle que jouera M. Van Renynghe-Vercamer
aux chambres législatives. Vous venez de rece
voir un spécimen du zèle avec lequel il saura
défendre vos intérêts. Convenons-ensi
nous avons été mal conseillés, ça été le jour où,
combattant les vœux du chef-lieu de l'arron
dissement, nous avons renversé la candidature
d'un homme capable, et fait pencher la balance
électorale en faveur d'une incapacité qui se
montre aujourd'hui dans tout son jour.
En articulant franchement les paroles de
blâme que m'a arrachées l'inconcevable incurie
de notre premier magistrat, je dois aussi rendre
justice aux fonctionnaires qui ont droit de l'at
tendre de tout homme impartial. Dans une
commune rurale voisine, on a mieux compris
les intérêts locaux que dans la ville de Pope-
ringhe! A Watou, le bourgmestre. M.
Joye-Ghys, au fait des exigences progressives
de l'époque, et animé du dévouement dû aux
intérêts de la localité qu'il administre, a su
stimuler avec énergie ses commettants s'asso
cier la belle pensée du ministre, et a déployé
en ce sens un zèle digne des plus grands éloges.
Il s'est même décidé accompagner personnel
lement Bruxelles les objets destinés l'expo
sition. Honneur au magistrat qui a si bien
compris son noble mandat! Honneur la com
mune de AVatou qui a secondé les efforts de
son digne chef. Si nos informations sont exac
teselle trouvera, dans le zèle de son bourg
mestre, une récompense qui au point de vue
de l'esprit de clocher, devrait être pour nous
une source d'amers regrets. On assuré
qu'une médaille pour le plus beau froment sera
décernée M. De Heeger, fermier Watou, et
que M. Deblock, cultivateur au même Watou
en obtiendra une pour le houblon pour le
houblon entendez-vous!... ce produit spécial
du sol de Poperinghe, et qui. au dire même de
M. Aran Renynghe-Vercaemer allait trouver en
lui un zélé défenseur.
Agréez, M. le rédacteur, l'assurance de mes
sentiments distingués.
UN HABITANT DU POPERINGIIE.
justice de paix du canton de Furnes, a été retiré
du canal de Furnes. On présume que cet événe
ment est accidentel puisqu'une demi heure
auparavant, M. Vande Kerkhove avait quitté la
commune d'Adynkerke, pour se rendre Fur
nes. Du reste, aucune trace de violence n'a été
remarquée par le médecin qui a fait la visite du
cadavre.
Il nous a manqué dernièrement deux numéros
de la Reçue de Namur nous ne savons quelle
cause attribuer la non-réception de celte feuille.
- 1» 9 ftO «gî~—
Nous voyons dans la Sentinelle des campagnes
que .M. De Block, Watou, a obtenu l'exposition
agricole le premier prix du houblon, et l'Association
de S1 Vincent de Paul Liclitervelde, le second
prix. Le premier prix est une médaille de vermeil.
Le lr de ce mois, vers midi, le cadavre de AI.
Arande Kerckhove, âgé de 42 ans, greffier de la
On nous assure que la destitution de M. D'Huart
est ence moment la signature du roi. [Observai.)
Samedi derniervers quatre heures de rele
vée une poudrière a sauté, Ben-Ahin, près
de Huy; les bâtiments ont été renversés de
fond en comble, et rien n'est resté debout; par
un hasard providentiell'explosion a eu lieu
au moment où les ouvriers étaient prendre
leur repas dans un petit bâtiment situé une
distance de 33 40 mètres de la poudrière, et
aucun n'a été blessé. On ignore la cause de ce
sinistre. On présume seulement que l'une des
pièces de la mécanique sera brisée et que le
frottement aura mis le feu 400 kilos de pou
dre qui était en fabrication. Heureusement
l'établissement était assuré.
Nous lisons dans la Chronique de Nivelles
que le tribunal correctionnel a condamné avant-
hier le curé d'une commune voisine de ladite
ville 50 fr. d'amende pour avoir frappé une
vieille femme.
La récolte du tabac n'a pas réussi celte
année en Hollande; elle est bonne, mais peu
considérable.
Il existe Thines, quelques minutes de
Nivelles, un ancien grenadier de la garde impé
riale qui a accompagné Napoléon dans son exil
l'île d'Elbe et qui combattait encore pour lui
Waterloo. Le20avril 1815 legrand-charffcelier
lui écrivait que l'Empereur l'avait nommé che
valier de la Lcgion-d'Honneur par décret du 27
février, et le 3 mai l'inlendant-général de la
couronne l'informait que par décret du 27 avril
S. M. lui avait accordé une dotation de200 francs
transmissible ses enfants. Et jusqu'à ce jour le
vieux soldat n'a reçu ni croix ni dotation On va
réclamer pour lui près du roi des Français.
On voit Valcnciennes un phénomène
curieux c'est une dame de 18 ans, née avec trois
yeux, deux nez, deux figures pour ainsi dire
distinctes l'une de l'autre.
On écrit de Fi ibourg, le quartier-général
des Jésuites en Suisse: Unedamede Porentruy
se trouvait dernièrement Estavayer, canton de
Fribourg; là se trouvait aussi un jésuite en pas
sage, auprès duquel toutes les dames de la ville
voulaient aller se confesser. Celte dame, pour
faire plaisir ses deux grandes et jolies demoi
selles mineures, s'y rendit aussi avec elles. La
mère et la plus âgée de ses filles obtinrent tout
de suite 1 absolution mais la plus jolie et la plus
jeune des deux demoiselles ne put l'obtenir
même au bout de trois séances. La mère en
était désespérée et alla trouver le jésuite pour
rcusc. Dieu m est témoin que je n'ai jamais imaginé, jamais rêve
de bonheur plus ineflab'e et plus grand que le bonheur de vivre
auprès de vous, esclave de vos moindres désirs, et renfermé clans
votre amour comme dans un Edcn enchanté! Hévc sublime espé
rance adorée! qu'êtes-vons devenus? Ah! vous détruisez tout cela
aau* remords, sans douleur, Madame! Après m'avoir montré le
ciel, vous me plonge»dans l'abîme froidement, pans hésiter! Puisse
l'avenir ue point me venger! Puisse le souvenir de votre impi
toyable dureté ne point troubler ce repos et ce bonheur sur lesquels
Vous compte» si bien! Adieu
Et il s'enfuit. M,oe Stiller fit un mouvement comme pour le rap
peler, mais elle se rejeta aussitôt eu arrière, cl cachant sa tête entre
ses deux mains
A quoi bon, murmura t-elle;cela vaut mieux ainsi. Le rap
peler, ce serait le perdre. O mon Dieu! comme je l aitue encote!!
Les lai mes s'échappèrent a Ilots de ses yeux.
Tant que Guillaume avait été en sa présence, cherchant se dis
culper, Béatrix sVlait sentie soutenue par les forces combinées de
sou amour-propre et de sa raison; niais il avait peine dis{ aru que ces
pui-r- in'a étais avaient croulé d cux-uièuies, et qu'elle était tombée
dans uu désespoir profond. Elie s'a contait d'insen.-ibililé et maudis
sait le soit qui la livait au baron, comme si sa vie était une galère.
Elle ne croyait pin* un mot de riiiconstaucc de GuilLuuie et sen
tait grandir cfl son âme une compassion infinie pour ce pauvre
jeune homme si aimant, si dévoué et si maltraité par elle. Si Guil
laume fût revenu en cet instant, elle eût imploré son pardon
genoux, et n'eût pas criint de lui promettre de n'appartenir jamais
qu'à lui, au i isque de l'exposer toutes les colères du baron. Mais
Guillaume, étourdi par son chagrin maladroit comme tous les
amoureux éconduits quoiqn'aimés, ne songeait point revenir sur
ses pas. Il était icmonté cheval, et parcourait au galop la campa
gne, franchissant au hasard les niisseaux, les ravins et les échaliers,
cl se sentant avec un âpre plaisir emporté dans cette course folle et
dangereuse comme en un tourbillon. De même que ses pleurs
séchaient au vent, il lui semblait que son âme s'endurcissait ce
véhément exercice.
Quand il rentra chez lui, le jour commençait poindre; il était
accablé de fatigue, mais il ge sentait plus calme et plus fort. Il
essaya de dormir et n'en put venir bout. Vers midi il se reudil au
palais de Scliocnhruun dont on lui permettait l'accès. Grâce ses
opinions légitimistes et sa conduite îéservée, il n'était pas de ceux
qu'oïl écartait de sa personne, soit qu'on craignît leurs opinions
exaltées, soit qu'on les regardât comme les émissaires ou les agents
indirects du parti bonapartiste en France car des engagements
formels et sacrés, pris par la cour d'Autriche envers le cabinet des
Tuileries, s'opposaient ce qu'on donnât aucun espoir ce parti et
qu'on lui permît de faire auprès du prince aucune tentative capable
de compromettre sa sécurité personnelle et le repos de l'Europe.
Le duc de Reichstadt attendait Gardeville. Il portait cette fois
l'uniforme de son grade de colonel. Il avait sur sa poitrine les pla
ques des ordres de France et de Saiut-Étienne de Hongrie, On
remarquait dans sa tenue une coquetterie charmante qui lui était
d'ailleurs habituelle. Son visage mélancolique et très-pâle n'avait
pas perdu son expression maladive, mais il était facile de voir que
la souffrance était en partie dissipée et ne laissait là qu'un vague
reflet.
Arrive» donc, Monsieur, dit-il aussitôt qu'il aperçut Guillaume;
arrive» donc, je vous attends. Ne vous ai-je pas dit que, si je me
sentais bien disposé, nous irions au château de Wagram. En vérité,
je me porte merveille, et suis tout prêt faire celte éxeursion.
Puis-je compter sur vous
Non, Monseigneur, répondit G.irdeyille d'une voix altérée, je
n'irai plus au château de Wagram.
Qu'avez-vous donc, mon ami? dit le jeune duc avec intérêt.
Vous paraisse» chagrin, souffrant. Quel malheur est venu vous frap
per
Le plus grand, Monseigneur Mme Stiller me liait, elle épouse
le baron de Wiuter, et je retourne en France.
Que signifie tout cela? demanda le prince stupéfait. Expli
quez-vous, Monsieur de Gardeville, car je ne comprends rien ce
que vous me dites.
[La suite au prochain n°.)