7e ANNÉE. N° G73. INTÉRIEUR. LA CHATELAINE DE WAGRAM. DIMANCHE, 17 OCTOBRE 1847. JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. On s'abonne Ypres, Marché nu Beurre, 1, et chez tous les per cepteurs îles postes du royaume. PRIX DE 1,'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, Jmnco l'éditeur du journal, Y près. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque Semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quiuze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUHDO. ¥PKES, le 16 Octobre. Il faut bien que le parti clérical ait une mai gre opinion de ses chances de reconquérir le pouvoir, puisqu'il ne voit d'autre planche de salut qu'une nouvelle union avec le libéralisme. Nos adversaires doivent désespérer de l'avenir car ils en sont réduits ni pouvoir inventer d'autre moyen d'arrêter les progrès de l'opi nion libérale, qu'en essayant de démontrer l'utilité de la conclusion d'un nouveau pacte dans le genre de celui de 1330. Le parti-prêtre voudrait s'attacher intimement au libéralisme, pour éloufFer son essor, puisqu'il n'a pu le comprimer la suite d'une lutte ouverte et opiniâtre. Sous le masque d'un allié, il veut tâ cher d'en avoir raison par la ruse et l'astuce, car toutes les autres armes sont émoussées entre ses mains. Il est assez digne de remarque que chaque fois que le parti clérical s'est trouvé dans l'em barras, il a fait des appels l'union. Son but n'était pas d'abandonner ses projets, ni de dé vier d'une seule ligne du plan qu'il s'élaittracé, mais en se montrant bon apolreil voulait ca resser l'opinion publique et donner ses ad versaires, l'apparence nullement fondée, de se laisser guider par nue ambition sans limites. Combien d'homélies ayant pour texte l'insatia ble cupidité des libéraux, n'avons-nous pas vu figurer dans les journaux soi-disant catholiques, et cependant l'épreuve, les élus de ce parti ne se sont pas montrés très-désintéressés. A l'avènement d'un système nouveau, d'une po litique nouvelle, les agents politiques les plus immédiats du ministère ont menti leur passé, pour pouvoir conserver leurs fonctions et ont préféré passer par toutes les avanies plutôt que de rentrer honorablement dans la vie privée. Les quelques fonctionnaires que le ministère libéral a destitués ou déplacés, n'ont pu se con duire en hommes sérieux; ils ont rempli l'air de leurs plaintes et de leurs gémissements. Pour un parti qui aimait accuser ses adver saires d'ambition il faut convenir que les fonc tionnaires de son choix n'étaient pas des modèles de désintéressement. Du reste, il n'y a pas de thèse que la presse clé ricale traite avec plus de volupté que celle de la négation des partis. Elle désire que les partis s'effacent, c'est-à-dire que le libéralisme s'efface Feuilleton. et se laisse absorber par le parti clérical; car c'est au fond ainsi qu'elle entend la fusion de tous les partis, bien entendu que le sien seul reste maître du terrain politique et que les li béraux abdiquent leurs idées, leurs principes, pour adopter les idées de leurs adversaires. Ainsi on arriverait sans secousse, si ce plan était exécutable, changer le gouvernement repré sentatif en un gouvernement absolu théocra- lique d'autant plus oppressif qu'on conserverait en apparence, tous les dehors d'un régime libéral. Par la négation des partis, par leur extinction, on opérerait une modification profonde dans le système de gouvernement inauguré en 11130, car quelle est la sanction des libertés que nous donne la Constitution? Il n'y en a pas d'autre que le contrôle sévère et la surveillance vigi lante d une opposition suivant d'un œil méfiant, les actes et les tendances du parti, qui, par ses adhérents, dirige les destinées du pays. Admettons pour un moment l'hypothèse qu'il n'y ait pas de partis, pas d'opposition le ministère serait absolu, il lui serait loisible de commettre les plus graves abus de pouvoir, du moment qu'il aurait dans les chambres des agents serviles au lieu de représentants, qui ont la conscience de leur finHrir- Pers«iM»«-n élè verait la voix pour dénoncer les abuscar dans quel intérêt le ferait-on, puisqu'il n'y au rait pas d'opposition Par celle absence de lutte il faudrait conclure que la quasi unanimité approuve ces abus et les sanctionne par son inaction et son silence C'est ainsi que par la faute des hommes, un régime fondé sur de bonnes bases, peut devenir un détestable gou vernement quand le peuple n'est pas assez éclairé pour pouvoir jouir sagement des libertés et user avec prudence mais avec fermeté des prérogatives que la Constitution lui a concé dées pour le maintien de ses droits et de ses libertés. La négation des partis prouve au fond que le- parti clérical veut miner sans bruit le gou vernement représentatif. A la révoluÛQn, les meneurs du clergé auraient bien voulu ne pas consacrer un régime aussi libéral par la Consti tution mais ils ne pouvaient se démasquer de sitôt sans compromettre tout ce qui avait été fait de commun accord avec le libéralisme. D'ailleurs les libéraux se seraient vu joués et la scission aurait eu lieu de suite. Alors les hauts bonnets du parti soi-disant catholique ont voulu essayer de dominer un peuple, eu lui donnant un régime aussi libéral que possible, mais avec l'arrière pensée de faire intervenir la religion et de défendre en son nom ce qu'on devait permettre au nom de la Constitution. L'essai jusqu'ici n'a pas tourné l'avantage du parti rétrograde. En faisant des appels 1 union il est probable qu'il désire recommencer l'expé rience de 1830mais avec plus d'adresse et de savoir-faire. Le Journal des Baziles revient dans son der nier n°, sur ce que nous avons dit concernant la congrégation dans un de nos derniers arti cles. C'est en torturant les idées que nous avons émises, que le béat journal se met épiloguer sur uue prétendue ignorance dont, d'après lui, nous aurions fait l'aveu. Quand on est de mau vaise foirien n'est plus simple que d extraire de quelques phrases, des idées qui ne s'y trou vent pas. Quand nous avons dit qu'il y avait un doute éclaircirc'était du public que nous voulions parler, car il pouvait douter en tre nos assertions et les dénégations intéressées du Journal des Baziles. Pour nous, dans la congrégation, il n'y a ni doute, ni mystère. Nous savons très-bien ce que c'est et quoi on pré tend la faire servir. De morale et de religion, on n'en parle tout juste assez, que pour donner une couleur l'affiliation jésuitique. Du reste, les congrégations existent dans tous les collèges des Jésuites et les pensionnats du Sacré-Cœur. De l'aveu desjeunes gens qui y ont été et qui ont refusé l'emploi de congréga- nisle, il ne consiste que dans la plus vile déla tion. C'est une initiation jésuitique procédant de la disposition disciplinaire eu usage daas les maisons de l'ordrequi ne permet la pro menade et la conversation, que lorsqu'on est trois personnes réunies, afin que la délation puisse s'exercer sans qu'on puisse savoir au juste qui s'en prendre. Cela est si bien connu de la part des jeuues gens qui reçoivent leur in struction dans les maisons dirigées par des jésuites, que parmi ceux qui ont conservé, malgré leur éducation, des sentiments nobles, presque tous repoussent avec indignation le rôle qu'on veut leur faire jouer vis-à-vis de leurs camarades de collège. Lundi dernier, 11 octobre, la chambre des notaires de l'arrondissement judiciaire d'Ypres s'est assemblée et a pris une décision assez grave vil. le duc de reichstadt. Suite. Béatrix sentit son cœur se foudre une larme sillonna ses joues. Le duc s'en aperçut, Yous pleurez sur moiMadame, dit-il avec teudressc et vous avez raisou car mon soit est digne de pitié. Je suis un triste exem ple des avot lements de l'âme que ne favorisent pas les circonstances. Mon père a rempli le moude, moi je ne remplirai que ma tombe. A peine laisserai-je uu souvenir dans le cœur d'un ami. Monseigneur répondit Béalrix d'une voix altérée, vous ap partenez l'histoire qui vous accordera l'intérêt que l'on doit au malheur et la vertu! il n'est pas un cœur sympathique et loyal qui De soit pi ôl vous consacrer une pensée religieuse -- Yous êtes bonne, Madame reprit le prince donl le visage s épanouit un peu* Yous avez bien l'âme française, spirituelle et généreuse Aussi, dois je vous l'avouer, je n'ai eu, depuis quelques Diois, rien qui me fut plus doux et plus agréable que votre rencuu- tre. Oui, Madame, le rêve avait succédé chez moi l'agitation, et il me semble que vous personnifiez la France. Yous souriez? La Fi ance est si belle et si grande Monseigneur que vous auriez du chercher une personnification plus digue d'elle. N'èles-vous pas la châtelaine de YVagram et AVagram ne contient-il pas un des plus glorieux souvenirs de la France? je n'avais donc pas tout fait tort d'aimer en vous ma patrie absente. Depuis lors je vous cherchai souvent dans cette plaine, heureux quand je vous avais aperçue plus heureux quand j'avais échangé quelques paroles avec vous, et faisant pour votre bonheur, Madame, des vœux bien vifs et bien siucères. Yœux infructueux hélas car je sais que vous n'êtes pas heureuse. Moi monseigneur Ah daignez ru'accorder votre confiance Madame et soyez franche avec moi C'est une grâce que je réclame do vous avec prière, avec instance. Mon intérêt pour vous, le plus profoud que je puisse désormais ressentirme donne quelque droit votre amitié, votre confidence. Celle qui personnifie la France nus yeux ne saurait refuser an duc de Reichstadt un peu de sympathie. Ma sympathie pour vous iftonscigneur est au-dessus de toute expression. Yous uie comblez, et je veux mériter tant de bienveillance en osaul m'iinmiscer dans les secrets les plus intimes de votre exis tence. Oh 1 ne dites pas non, Madame, je ne puis plus être heureux que de votre bonheur. Parlez donc, je vous écoute, répondit Béalrix avec une irrésis tible agitation. Que pouvez-vous avoir dire sur ce point Deux chosesMadame que je n'hésite pas vous déclarer sans détourje vous aime tant! C'est que vous vous perdez sans rémission en épousant le baron de Winter? Monseigneur!... Et que vous commencez une grande injustice en repoussant le vicomte de Gardeville. Je fais mon devoir, Monseigneur; M. de Winter a ma paiule. Quant M. de Gardeville, il se consolera. Jamais, Madame! C'est que vous ignorez sans doute... Je sais tout, au eoutruii e il ni'a tout avoué. Cette erreur d'uu moment, sans grav lé et sans résultat, me semble un bien plutôt qu uu mal, M. de Gardeville vous en aime davantage, car mju amour pour vous s eat accru du sentiment de sa faute. Sou esprit léger, inconstant Serait moins craindre dans tous 1rs cas que le caractère des potique et cupide de M. de Wioler, qui vous épouse autant pour votre grande fortune que pour votre beauté. M. de G.rdetillr, au contraire, vous aiuic sans auicrv-i<t.ns£« el sans uaolif U'iuléict. Il

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