INTÉRIEUR.
LA CHATELAINE DE WAGRAM.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Feuilleton.
7e ANNÉE. - N° 680.
On s'abonne Ypbes, Marché
an Beurre, 1, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
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Prix d'un numéro 0-25
JEUDI, 41 KWEMBRE 1847.
Toulce qui concerne la rédac
tion doit être adressé, franco
l'éditeur du journal, Yprêt.
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligue.
TIRES ACQUIRIT EUNDO.
Y PIS ESle 10 IVovembre.
LE DISCOURS DU TRONE.
Nous nous empressons de reproduire le dis
cours par lequel le roi vient d'ouvrir la session
du parlement belge. Ce document, sans être
Irès-explicile, n'est plus une amplification sonore
comme du temps des ministères catholiques et
mixtes qui annonçaient de grandes choses et
s'appliquaient ne rien faire du tout. Au moins
le ministère libéral publie franchement ses pro
jets et les mettra exécution, si la législature
fait preuve de quelque activité. La question po
litique vidée, et nous croyons qu'elle le sera au
début de la session, rien n'empêche les chambres
de s'occuper franchement et loyalement des in
térêts matériels, moins que l'opposition dé
pitée d être battue sur le terrain politique
ne cherche entraver l'examen des questions
d intérêt matériel. Nous verrons quel parti
elle s'arrêtera, mais dans tous les cas, bien can
dide serait celui qui prendrait les protestations
des journaux cléricaux pour argent comptant.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que leur rôle est
tracé et depuis longtemps on a pu se convain
cre que leur mission n'est autre que celle de
tromper le pays sur les intentions et les projets
de sommités du parti catholique. C'est la se
conde fois depuis dix-sept ans, que le parti clé
rical joue le rôle d'opposition. La première fois,
elle s'est conduite avec assez d'étourderie pour
qu'aujourd'hui nous puissions compter sur de
l'imprévu de sa part, malgré les déclarations
des feuilles cléricales sur l'inutilité des discus
sions politiques.
DISCOURS DU ROI.
Messieurs,
Je puis me féliciter des témoignages de bienveillante confiauce
<1 d'à mitié qne je continue recevoir des puissances étrangères. Un
incident est survenu dans nos rapports avec la eour de Rome. Des
explications vous seront données sur ce fait qui a ému l'opinion
publique.
Un traité de commerce et de navigation a été conclu avec le
royaume des Deux-Sioiles. IJ sera soumis votre assentiment.
Des négociations se poursuivent avec d'autres Puissances, pour
donner de l'extension nos relations commerciales.
Les effoits jie mon gouvernement s'appliquent rechercher
pour nos produits des débouchés extérieurs. Nous devons beaucoup
attendre, sous ce rapport, de l'esprit d'entreprise sagement secondé,
Une société de commerce, combinée avec l'établissement de comp
toirs, est une des mesures prendre pour atteindre ce but.
Une convenlion postale, qui vient d être conclue avec la France
sur de larges bases, réduit le por^des lettres internationales et ac
corde de grandes facilités pour la transmission des correspondances
étrangères.
Les transports de marchandises et les recettes du chemin de
fer continuent s'accroître dans une proportion remarquable. Des
mesures se préparent pour les augmenter encore et pour introduire
des améliorations dans l'exploitation de cet important service. Des
crédits vous seront demandés pour achever les stations, les doubles
voies, compléter le matériel des transports et clore définitivement le
compte de dépense de premier établissement.
L'iudustrie particulière s'est associée l'État pour donner au
pays de nouvelles voies de communication. Elle trouvera mon Gou
vernement disposé faciliter l'exécution de ses engagements.
Votre concours sera réclamé pour des travaux publics d'une
haute utilité.
La voirie vicinale, si intimement liée la prospérité de l'agri
culture, a droit une large part dans ces travaux qui offriront aux
classes nécessiteures et laborieuses d'utiles ressources.
Parmi les populations qui doivent bon droit exciter la sollici
tude du Gouvernement} et des Chambres, nous devons placer
eu première ligue celles de plusieurs districts de nos provinces
flamandes. De constants efforts sont attendus de nous, et la Nation
ne reculera pas devant les sacrifices que cette situation pénible pour
rait lui imposer.
Après deux années de rude épreuve, la Providence est venue
en aide aux classes pauvres par une récolle abondante. L'influence
immense qu'exerce l'agriculture sur les destinées du pays est com
prise par mon gouvernement. L'agriculture a montré de son côté
qu'elle sait apprécier nos intentions. L'empressement avec lequel,
dans une circonstance récente elle a répondu l'appel qui lui était
adressé, a témoigné de sa confiance dans les vues et les actes du
gouvernement.
Par une heureuse coïncidenot, IVxposilion des produits agri
coles est venue briller côté de celle des produits de l'industrie,
qui a révélé des perfectionnements notables.
L'agriculture et l'industrie, loin d'être hostiles l'une l'autre,
doivent se prêter un mutuel appui. Également utiles et honorables,
elles sont également dignes de toute notre sollicitude. Bientôt uue
solennité commune réunira ceux qui ont su se distinguer par leurs
travaux daus ces deux nobles carrières. Je serai heureux de pouvoir,
celte occasion, récompenser, sous les yeux du pays, les travailleurs
de tous les rangs.
La prochaine Exposition des Beaux-Arts fournira l'école belge
l'occasion de prouver qu'elle continue se montrer digne de son
passé, et qu'elle peut soutenir le parallèle avec les écoles étrangères.
t< L'instruction publique, laquelle on peut dire que se rattache
la civilisation du pays, doit être une de nos premières préoccupa
tions. La législature aura voter les mesures qui doivent perfec
tionner et compléter son organisation.
L'armée, cette grande institution nationale, continue bien
mériter du pays. Par sa bonne organisation, son patriotisme, sa
discipline et son dévouement, elle est digne de toute ma sympathie
et du haut intérêt dont vous n'avez cessé de lui donner des preuves.
Je suis heureux de voir mes deux fils figurer dans leurs raugs.
Votre sollicitude pour les classes indigentes vous déterminera
discuter, dans le cours de cette session, les projets de loi sur les
monts-de-piélé, les dépôts de mendicité et le régime des aliénés.
Le système pénilenciaire appelle des réformes que je recommande
votre attention.
Les ressources ordinaires du trésor ne suffisant pas pour couvrir
complètement les besoins constatés et pourvoir ceux qui sont pré
vus, des ressources extraordinaires sont devenus nécessaires. La
Belgique peut d'autant plus facilement faire Çace celte ^situation,
qu'elle a traversé la crise financière plus heureusement que ne l'ont
fait d'autres pays.
Il est désirer, messieurs, que les budgets qui vous sont pré
sentés pour 1848 soient votés avant l'ouverture de cct^exercice.
Nous éviterons ainsi le grave inconvénient des crédits provisoires.
Cette marche est d'autant plus nécessaire que vous aurez examiner
dans quelques mois, les budgets de l'exercice 1840.
Des propositions ont été annoncées qui ^doivent modifier en
ertains points notre législation communale et électorale. Des projets
de loi vous seront présentés dans ce but.
Dans l'ordre matériel cl financier, comme dans l'ordre moral et
politique, celte session sera, je l'espère, marquée par de nombreux
et utiles travaux. J'aime trouver cette assurance dans le concours
actif et l'appui sincère que vous prêterez mon gouvernement.
Liste des 'personne» résidantes dans Varrondissement
d'Ypres, appelées faire partie du jury.
Lambert De Stuers, propriétaire, Ypres.
Jeati De Vestele, négociant Commines.
François Liebaert, conseiller communal, Lan-
gemarck.
Des arrêtés royaux en dale du 20 octobre
nomment
Dans la province de la Flandre occidentale
Le comte Visai t de Bocarmé Amédée
bourgmestre de Sainte-Croix, en remplacement
du sieur Goupy de Beauvolers (Adolphe), dont
la démission est acceptée.
Une jeune Fille d'une commune voisine de
Tournai est morte il y a quelque temps; les
circonstances qui ont accompagné sa mort, at
tribuée par la rumeur publique une cause
violente, avaient éveillé l'attention du parquet.
L'autopsie du cadavre a été ordonnée, et avant-
hier après-midi, M. le procureur du roi, M. le
juge d'instruction, des médecins légistes et
enfin la gendarmerie se sont rendus dans une
maison de la rue des Choraux tenue par uue
dame accoucheuse, et que la jeune fille avait
habitée tout récemment là il a été procédé
des perquisitions très-minutieuses. Nous atten
drons de plus amples informations pour nous
expliquer sur cette mystérieuse affaire, qui fait
en ce moment le sujet de toutes les conver
sations.
X. le serment. («Suite.)
Mme Stiller fit rapidement quelques pas, et cachant son visage
dans son mouchoir avec une pudeur indicible
Les anges, dit-elle, sont fidèles la vertu Et moi, moi, je
brave tout.
La vertu, Béatrix, n'est-ce pas d'aimer, de se dévouer, quand
on est libre P reprit Guillaume d'uue voix pénétrante. N'êtes-vous
pas libre? et ne venez-vousp*s apporter li guéiison au pauvre blessé
que la vue vous soulage
U la fit asseoir près de lui avec ce respect religieux qui fait de
l'amour un culte. Béatrix sentit ces bonnes paroles se raffermir
ses esprits. Et tendant la main au jeune homme
J'ai confiance en vous, dit-elle avec une douce fierté, voilà
pourquoi je suis venue.
Et je ne faillirai jamais celle confiance, Béatrix* Vous êtes
la fiancée de mon cœur. Dites un mol et vous devenez ma femme.
Je vous dois la vie, que je vous doive cn:ore le bonheur!
Si je suis ici, M. de Gardeville, répondit Béatrix avec la même
cxpiession de fierté, c'est que ma résolution est prise et que ma
main vous appartient. Mais, reprit-elle, j'y mets une condition.
J'y souscris d'avance! répondit Guillaume avec transport.
Quelle est cette condition? parlez, Béatrix.
C'est que vous ne vous battrez jamais avec M. de Wiuter.
Que me dites-vous
-h C'est que, quelque insulte qu'il vous fasse, vous le mépriserez
assez pour ne pas l'honorer d'une réponse.
Mais, Madame, si son outrage est public?
Vous le démasquerez publiquement eu déolaraut que vous ne
vous battez pas avec un spadassin. Le monde vous approuvera.
Le monde, Madame, répondit Guillaume en hochant la tête,
n'a pas cette équité que vous lui supposez. Il n'interpiélerait cette
aotion dans le sens de la peur, et je serais déshonoré.
Non, Monsieur de Gardeville, non, le déshonneur ne saurait
jamais alteiudre un homme de cœur qui est prêt donner sa vie
dans vingt circonstances, mais qui ne veut pas l'exposer contre un
indigne, 0
Je serai alors obligé de prouver d'aulres que o'est par excep
tion que je ne me bats pas avec le baron de "Winter. Je surprendrais
sur plus d'un visage quelque sourire railleur qu'il me faudrait
ohâtier. N ous le comprenez, n'est-ce pas, Béatrix? et vous n'exigez
pas de moi
Je ne suis pas assez déraisonnable, Monsieur, dit Béatrix d'une
voix timide, pour vous dicter d'avance votre conduite en toute
occasion. Bien que je désapprouve en principe cette obligation fu
neste du duel qui soumet la dextérité d'une balle ou d'une épée la
conclusion d'un différent, le redressement d'une injure dont l'in
nocent est souvent victime, hélas I je sais que le duel est trop invé
téré dans nos mœurs, trop indispensable peut-être la sauve-gardê
de certains intérêts moraux pour qde l'on puisse permettre de s'y
soustraire toujours. Aussi la seule chose que j'implore de vous, o'est
que vous n'acceptiez jamais, jamais, entendez-vous bien le cartel de
M de NVinter. Son adresse m'épouvante. Avec tout autre d'ailleurs
une affaire peut s'arranger sur le terrainj avec cet homme fatal,
qui se fait un jeu du duel, c'est impossible!
Eh bien je cède 5 vos iuslauces, Béatrix, dit Guillaume avec
effort, je vous promets formellement d'éviter, autant que cela dé
pendra de moi, toute collision avec M. de NVinter.
Celte promesse n'est pas assez précise, dit Béatrix en regar
dant fixement Guillaume, lui soupçonnant une ani rc-peusée.
Donnez-moi votre parole d'honneur que vous ne vous battrez jamais
avec le baron.
Guillaume tourmenta horriblement ses moustaches et ne répondit
pas.
Vous hésitez, Monsieur de Gardeville? Ce sacrifice est-il donc
au-dessus de votre affection pour moi? Ma inaiu est pourtant ce
prix.
Alors, répondit Guillaume avec une douloureuse résignation,
je vous le jure sur mon honueur, Madame.
Ah! merci, Monsieur de Gardeville, merci, mon ami! s écria
Béatrix, ayee uiic joie inexprimable. J'apprécie la générosité de son
•ES*