INTÉRIEUR. 78 ANNÉE. - R° 683. DIMANCHE, 21 \0VEMBRE 1847. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 1, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Tout ce qui concerne la rjjjae- lion doit être adresié, Jramct, l'éditeur du jourual, i Yprei. Le PaoGlil parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quiuae centimes par ligne. TIRES ACQUIRIT EONDO. YPBES le 20 Novembre. discussion de l'adresse a la chambre. Nous marchons depuis quelques jours dans le fantastique. A en juger par la conduite du Sénat, on pouvait espérer que l'opposition la Chambre ne serait pas trop échevelée. Mais en voici bien une autre la discussion de adresse, on s'attendait toutefois voir le parti catho lique se ranger en lice et tenir honneur de porter les premiers coups au minislère libéral. Eh bien non, le parti catholique est disparu comme chez Nicolet. L'homme-drapeau s'est levé pour dire, qu'il était vivement contrarié de voir présenter un projet d'adresse tellement significatif que des amendements ne pourraient amoindrir sa portée et que lui et ses amis al laient s'abstenir. Oui, vraiment! ce parti clérical si fier, si arrogant au sein de la bonne fortune, recule, s'annihile au premier revers. C'est une preuve de couardise que le parti libéral n'a jamais donnée. Toujours luttant, dans la bonne comme dans la mauvaise fortune, il a toujours fait preuve d'une grande énergie. Mais aussi il combattait pour un principe, et le parti clérical luttait, lui, pour conserver un ordre de choses qu il n'osait avouer lui-même, pour maintenir la prépondérance cléricale sur le pouvoir laïc. Depuis, les deux aides-de-camp de M. De Theux ont pris part la discussion. M. Jules Malou, le bras droit deDeTheux, l'homme-lige des évêques et des jésuiles, a blâmé le ministère avec une amertume concentrée, tout en protes tant de sa parfaite modération. M. Dechamps, l'élu de Charleroi, quoique catholiquea pronon cé un discours qui ne manquait pas d'adresse, mais dont legraud défaut est d'être bourré de so- phismes. La chambre s'est amusée des efforts faits par M. Dechamps pour atténuer l'effet des révélations portées la tribune par M. Frère- Orban concernant les cours normaux. Disons que la discussion ne s'est relevée que par le dis cours de M. Rogier. dont le talent oratoire nous paraît plus développé depuis qu il se trouve au banc des ministres. 11 est difficile de ne pas éprou ver de la sympathie pour honorable ministre de l'intérieur, quand ou lit ses discours. La fran chise avec laquelle il s'explique, l'animation dont il colore ses paroles, les sentiments élevés qu'il laisse percer dans ses discours, font recon naître _jn lui des qualités qui attirent l'admira tion et la bienveillance de la chambre et de la nalion. De curieuses révélations ont été portées hier la tribune par M. le ministre des travanx pu blics. concernant l'indépendance dont le clergé voulait bien laisser jouir le pouvoir civil, pen dant le gouvernement deseshommes d'affaires, De Theux, Malou et comp II paraît d'après des lettres officielles adressées au gouvernement par le chef du clergé le cardinal-archevêque de Malines, qu'aucun instituteur primaire ne pouvait être nommé que sur l'agréation préa lable de l'inspecteur diocésain. Même on avait prié le gouvernement d'insérer cette obligation dans un règlement, mais aucun ministre ne s'en est soucié en secret il laissait faire au clergé tout cequïl voulait, mais il tâchait de sauver les apparences, et au fond le ministre n'était que l'hômme-lige du clergé. Bien souvent il a été question des cours nor maux qu'on devait adjoindre aux écoles pri maires supérieures, et jamais le clergé ne l'a permis. Le gouvernement ne pouvait avoir qu'un nombre restreint d'élèves instituteurs dans ses écoles normalesafin de ne pas faire concurrence aux sept établissements de ce genre du clergé. Cela ressort d'une lettre de l'archevêque de Matines, M. Nolhomb mi nistre de l'intérieur, tirée d'un dossier qui avait disparu de ce département,et que l'indiscrétion d'un évêque a fait retrouver. Eh! bien-, que vous en semble de l'indépen dance du pouvoir civil sous le bienheureux règne des Dechamps, des Nothomb.des Malou, des De Theux et autres agents d'affaires du clergé? On doit convenir, au moins, qu'elle était excessivement homoeopalhique sous la tu telle de ces MM. Une pareille révélation devrait clore la bouche ces avocats des empiétements du clergé. Ah! bah, M. Dechamps continue de plus belle proclamer l'indépendance du pouvoir civilavec tout aussi peu de désir de la pratiquer. Cette révélation doit avoir fait sensation, car. elle prouve quel point le clergé était parvenu brider le pouvoir laïc, et si l'on songe que c'est là peut-être un fait entre mille dont les traces ont été prudemment détruites, n y a-l-il pas lieu de bétonner de l'effronterie de ces ministres cléricaux, qui ont osé avec tant d'impudence berner la Belgique. Quand on se rappelle ce que M. Nolhomb a répondu l'administration communale d'Ypres, la demande d'érection d'une école primaire supérieure, et qu'on combine sa conduite équi voque dans celte question avec la fameuse correspondance lue par M. Frère-Orbannous sommes d'avis que c'est une interdiction de ce genre qu il a obéie, dans la crainte de nuire 1 institution épiscopaled'enseignement moyen. Le Journal des Bazilesdepuis quelque temps, aime s'occuper des affaires de Suisse. Nous croyons inutile de dire que toutes ses sympathies sont pour le Sonderbund et les jé suiles, et qu ilcalomnie dire d'expert les radi caux. Ce qui a eu lieu en Belgique, se répète en Suisse. Du moment qu'un parti quelconque s'oppose aux empiétements des jésuites, on réussit le faire passer pour un ramas de gens n'ayant ni foi ni loicomposé d'anarchis tes, de buveurs de sang. On arrive ainsi le noircir et le calomnier, de manière le perdre dans l'opinion publique. Heureusement, le parti libéral en Belgique a pu faire comprendre l'absurdité de pareilles qualifications. Mais en Suisse, on a persisté nommer les adversaires des jésuiles des radicaux et ce nom seul a soulevé contre eux les haines de la France et de Y Autriche. Cependantpour tous les hommes qui ont suivi avec impartialité les évolutions du parti jésuitique et de l'opinion libérale en Suisse il est clair que le premier est une faction anti- nationale, absolutiste et rétrograde et qu elle n'a pu réussir acquérir quelque prépondé rance que dans les cantons primitifs les moins éclairés de la confédération. C est aux jésuites et leurs adhérents que l'on doit attribuer la guerre civile qui désole ce pays. C'est aux in trigues des pères de la foi, chassés de France en 18.27, et aux menées de quelques renégats politiques, comme Siegwarl-Muller et autres, qui ont déjà servi sous la bannière démocra tique, que l'Helvétie doit les malheurs qui sont la veille de l'accabler. Le Sonderbundmi norité de sept cantons, a poussé l'outrecuidance jusqu'à vouloir imposer ses volonté# au reste de la confédération qui n'a pas voulu subir la domination des jésuites tout puissants Lu- cerne. Pour comble d'extravagance les parti sans du Sonderbund n'ont pas attendu jusqu'à ce que l'armée fédérale vînt les attaquer ils ont pris l'initiative des hostilités. La guerreil faut l'espérer, ne sera ni longue ni sanglante car Fribourg s'est déjà rendu presque sans combat, et sans que l'occupation de celte ville ait été souillée par les horribles exécutions qui ont eu lieu dans le Bas-Valais et Lucerne l'instigation des jésuites. Du restenous croyons que le Journal des Baziles aime beaucoup traiter la question suisse son point de vue, parce qu'il y a dans la situation de ce pays quelque chose qui res semble celle de la Belgique, et avec les goûts militants que l'on connait la feuille cléricale, elle ne demanderait pas mieux que de pouvoir agiter la bannière d'un autre Sonderbund en Belgique, cela entrerait dans ses vues d'attiser une guerre civile, sous prétexte de religion, dans un pays qui ne veut plus de la domination clé ricale qu'il vient de secouer après une lutte de quinze ans. Quelques journaux du parti clérical ne veu lent un ambassadeur Borne que pour servir de petite poste MM. du clergé. Si on l'entend ainsi, il est inutile que la Belgique y entretienne une ambassade. C'est pour exposer les vœux et les désirs du pouvoir laïc, que le séjour d'un diplomate Rome, peut être utile Quant au clergé, puisqu'il est assez puissant pour faire refuser, sous des prétextes calomnieux, l'homme sur lequel le choix du gouvernement était tombé, c'est une preuve qu'il peut traiter ses affaires lui-même Rome, et que lïulertrié- diaire de l'ambassade est inutile. Deux anciens élèves du Collège communal de la ville d'Ypres, viennent de passer des examens qui témoignent en faveur des métho des d'enseignement en usage dans cette institu tion moyenne. Par arrêté royal du 13 septembre 18 17, M. Garnier (B -F.-L.), est admis l'école militaire en qualité d'élève. Le second qui s'est distingué est M. Hector Santy qui, par arrêté royal du 9 Novembre est nommé conducteur honoraire des ponts-et-cha ussées. SJ-C-'S O -, _J- L'affaire des quatre conseillers de Coulure- St-Germain, s'est terminée hier devant la cour d'assises du Brabantpar un verdict d'acquit- lement. Ils ont été immédiatement mis en liberté. Dix-sept ans de domination cléricale ont donné aux curés de village des airs militants qui les rendent ridicules aux yeux des hommes sensés, et qui témoignent en même temps de l'audace que leur avait inspiré la suprématie du clergé en Belgique. Un homme tonsuré était inviolable l'égal du roi, sous le bien-heureux règne des six-Malou. et sans la presse libérale qui osait révéler les faits scandaleux ou atten tatoires la liberté des personnes ou des opi nions, que ces tyrans au petit pied s'avisèrent de commettre, on eut été bien plus loin et Dieu sait où L'ou se serait arrêté.

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Le Progrès (1841-1914) | 1847 | | pagina 1