INTERIEUR. LÀ CHÂTELAINE DE WAGRAM. T ANNÉE. - N° 687. DIMANCHE, 5 DÉCEMBRE 1847- JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Feuilleton. On s'abonne Tpres, Marché au Beurre, 1, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Tpresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 LePro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, Jranco l'éditeur du journal, Y près. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. TIRES ACQDWIT EDNDO. VPRESle 4 Décembre. Le parti catholique est inépuisable en dé guisements, en roueries, et chaque instant il adopte une nouvelle tactique avec une pres tesseune facilité qui eut fait envie Protée. Après le h Juin, rien n'était modifié son gré, il n'était pas battu. Le ministère change, la session du parlement est ouverte, la majorité catholique est devenue minorité; ce n'est rien, dit un de ses plus fidèles coryphées, cela chan gera, c'est la suite d'un malentendu. Ce mot semble si heureux au parti clérical qu'il ne se lasse de le répéter, en le faisant sui vre d'un déluge de protestations, sur sa bonne foi, ses nobles vertus et autres agréments, qui jusqu'ici n'ont pas été appréciés par l'opinion publique, probablement aussi par suite d'un malentendu. Quoiqu'il en soit du masque mielleuxsous le quel le parti clérical veut se déguiser, il lui sera difficile de donner le change et sur ses projets et sur les mobiles qui le guident. Déjà, plu sieurs fois, M. Delfosse, la Chambre, a cité quelques vers de l'inimitable fabuliste qui out fait justice des avances placides du parti catho lique. Nous avons reçu une autre pièce de vers d'un auteur moins connu, mais qui caractérise le nouveau système imposteur que les adver saires du libéralisme veulent inaugurer, et nous croyons faire plaisir nos lecteurs en reprodui sant celte fable. LE JEUNE LAPIN ET LE RENARD. Un lapin dans cet âge heureux, Qui ne connait soucis ni peine, Fôlatrait prés de sa garenne, Un ami cependant faisait faute ses jeux Il n'est d« vrai plaisir qu'à deux. Tout coup s'offrit sa vue Un animal d'espèce inconnue, C'était maître Renard qui lui dit: mon cousin, Puisqu'un heureux hasard aujourd'hui nous rassemble, Embrassons-nous, jouons ensemble-, a J'ai toujours aimé le lapin Le lapin! oh! oui, je le prise h Plus que tous les autres animaux; J'en fais serment, j'ai des défauts, i> Mais ma vertu c'est la franchise Ces mots ont du Lapin décidé le refus; Il l'enfait au terrier, et là, par sa fenêtre Toi frano!... je le croyais peut-être; Tu l'as dit, je ne le crois plus La vertu de parade bon droit épouvante: Fait-elle un pas vers moi, je recule d'un pas, Les qualités dont on se vante Sont toujours celles qu'on n'a pas. J. LAVAZÏTTÏ. XI. le duel. (êSblfei) Ces Messieurs nous serviront de témoins, dit le prince en dési gnant le capitaine et le secrétaire. A combien de pas nous plaçons-nous l'un de l'autre demanda le baron. La nuit est obscure. A bout portant, Monsieur. De la sorte l'obscurité ne détour nera pas le ooup. Le baron ne put réprimer un mouvement de surprise. Cela vous étonne et ne parait point voua agréer? reprit le duc avec ironie. En effet, Monsieur, il n'est pas dans les usages du duel de tirer de si près, moins de conventions particulières. C'est bien ainsi que je l'entends. Monsieur le baron. J'oubliais de vous parler de la convention particulière. La voici: l'un de nos pistolets est chargé, mais l'autre ne l'est pas. J'estime trop votre courage pour croire que vous ne vous empressiez pas de consentir "S'il est une époque des annales qui mérite d'être étudiée avec soin, c'est coup sûr l'époque dite des Troubles. Jusqu'à présent, que nous sachions au moins, aucun travail satis faisant n'a été publié sur celte période si émouvante de notre his toire. Les écrivains, pour la plupart contemporains, qui se sont oc cupés de ces temps orageux, se partagent en deux partis distincts Les uns, partisans quand même de l'autorité, n'ont vu dans le Gcbcx que des éraeutiers, des pillards, des iconoclastes, des hommes impa tients de toute espèce de joug les autres, réclamant pour leurs co-réligionnaires le droit de libre examen, protestant au nom des vieilles franchises na^onales contre, l'ignoble despotisme de l'Espa gne, s'attacbent surtout dans leurs récits consigner minutieuse* ment les crimes réels' ou imaginaires, les actes de pieuse crédulité ou de superstition de leurs adversaires. Partout des écrivains pas sionnés; de véritable historien, nulle part. Il serait temps qu'un homme de cœur se chargeât de nous redire toute cette dramatique histoire des troubles des Flandres de nous expliquer, entr'autres problêmes curieux, restés sans solution comment les provinces wallonnes, qui de nos jours se sont le plus fortement prononcées en faveur des idées libérales, se sont empres sées au XVI® siècle de rentrer sous la domination de l'Espagne, et ont aidé cette puissance soumettie les Flandres révoltées com ment ces dernières qui naguère constituaient pour le parti catholi que actuel une véritable terre de proraissioD, ont pu au XVI* siècle déployer contre la tyrannie politique et contre le système d'autorité un courage qui tient delhéroïsme C'est parce que nous compre nons toute l'importance de cette période historique que nous ac- ceuillons avec une véritable satisfaction l'intéressante publication de MM, Kervyn de Volkaersbeke, et J. Diegerick, notre jeune cl laborieux archiviste. Les documents historiques inédits concernant les troubles des Pays- Bas1577-1584, lre livraisonque viennent de publier ces Mes sieurs, le premier, en mettant contribution les manuscrits de la famille Borluuïlaquelle il appartient le sécônd, en puisant dans notre riche dépôt d'archives, formant le pendant d'une volumineuse collection du même genre publiée naguère en Hollande par Mr Groen Van Prinsterer. Nous engageons fortement M. Diegerick persévérer dans la tâche qu'il s'est imposée, et nous engageons non moins fortement nos concitoyens encourager cette publication qui attirera l'atten tion des hommes sérieux, sur notre collection d'archives et prouvera qu'elle est remarquable sous plus d'un rapport. En faisant allusion la suspension de paie ments de la maison Tercelin banquier Nions, 1 Émancipationlaissait entendre hier qu'il au rait été du devoir du gouvernement d'intervenir, pour empêcher ce nouveau sinistre. Nous pensons avec le Journal de Liègeque le gouvernement se jetterait dans une voie bien imprudente s'il cédait aux sollicitations dont il est actuellement l'objet, et qui tendent obte nir son secours pécuniaire pour des sinistres commerciaux essuyés par des particuliers. Une fois engagé, dit-ildans ce système, il verrait surgir de tous les coins de la Belgique des demandes d'intervention pécuniaire ou de garantie, et ce qu'il aurait accordé aux uns, il lui serait bien difficile de le refuser aux autres. Nous subissons une crise monétaire qui afflige non-seulement la Belgique, mais d'autres pays voisins nous voyons des maisons de banque honorables, réputées solides, suspendre momen tanément leurs paiements, quoiqu'elle» aient un actif de beaucoup supérieur leur passif mais le gouvernement doit-il intervenir dans ces ca tastrophes autrement que d'une manière offi cieuse et sans engager les intérêts du trésor public? Nous ne le pensons pas, convaincusque nous sommes que cette intervention, nécessai rement incomplète et privilégiée, serait dange reuse, et qu'elle n'apporterait qu'un palliatif insuffisant la gêne actuelle. L'état de uos finances ne permet pas, d'ailleurs, au gouverne ment de céder aux obsessions qui lui sont faites. Par arrêté royal du 5 novembre 1847, est nommé dans le service administratif; Intendant de 2e classe le sous-intendant de Ie classe Stiellemans (H.), chargé du service administratif de la province de Brabant. Le nommé Dupuis qui dans un accès de monomanie furieuse, a assassiné sa femme et sa nièce, et s'était lui-même coupé la gorge, est aujourd'hui en voie de guérison mais il a dû être transféré dans le dépôt des insensés établi l'hôpital S'-Jean, par suite de nouveaux acêès de folie furieuse. On lit dans le Moniteur: Un nouveau sinistre commercial, dont on n'ose encore calculer toutes les conséquences, vient de frapper notre ville. A huit jours d'in tervalle, la maison Tercelin-Sigarl, comme celle de M. Hennekinne-Briard a suspendu ses paie ments et demande un sursis. Si l'on ne trouve pas, dans un bref délai, un moyen de remplacer les facilités d'escompte que donnaient ces maisons, nous ne savons ce que va devenir l'exploitation de nos charbonnages qui en usaient largement, et cela, aux portes de l'hiver. II est impossible que ceux qui sont chargés de veiller la fortune publique restent indiffé rents devant un pareil état de choses. Anvers. Des héritiers désappointés avaient fait courir le bruit que le nommé Van Schil, décédé il y a près de trois ans, aurait été em poisonné. La justice a fait déterrer le cadavre pour le soumettre un examen chimique et médical. Les hommes de l'art chargés de cette cette convention. Vous avez choisi celle de ces armes qui vous con" venait, il ne nous reste plus qu'à tirer ensemble. Ces Messieurs don neront le signal. M. de Winter demeurait stupéfait. Il ne manquait certes pas de résolution ni d'intrépidité, mais il répugnait un peu ses habitudes de duelliste consommé de tout livrer au hasard dans une rencontre. Mais, Monsieur, dit-il, qîest presque un guet-apens que vous me tendez-là l Je ne puis, je ne veux pas me battre aux conditions que vous m imposez. C'est-à-dire, Monsieur de Winter, que votre courage gît tout entier dans votre adresse, et que vous n'osez vous battre qu'à coup sûr. Monsieur, un gentilhomme échange une balle, mais ne tire pas bout portant. Un homme de cœur ne reeule jamais devant des chances éga les. C'est le fait d'un lâche spadassin de mettre toujours son impu dence sous la sauve-garde de la dextérité de sa main et de la sûreté de son coup-d'œil I A ces mots, prononcés d'une voix méprisante, le biron frémit, il fit deux pas sur son adversaire et leva la main comme pour le frapper. Mais, se contenant aussitôt, il se tourna vers les témoins et dit d'un ton froid et ferme Donnez le signal, Messieurs. Le capitaine s'approcha vivement du duc de Reichstadt. Monseigneur, lui dit-il voix basse et aveo la plus grande anxiété, au nom du ciellaissez-moi prendre votre place 1 Le fils de l'Empereur Napoléon ne doit pas mourir en duel. Vaut-il donc mieux qu'il meure de phtisie pulaionaire? ré pondit le priuce. Allonscapitaineretirez-vous et laissez-moi accomplir ma résolution. Le capitaine, tout ému, se recula. Les deux adversaires se placè rent trois pas l'un de l'autre, et l'on convînt que le signal consis terait en trois coups frappés dans la main. Au troisième coup, les adversaires devaient lâcher la détente de leur arme. Les deux premiers appels furent frappés par le capitaine assez promptement, mais le troisième se fit attendre un peu. A peine était-il donné que le capitaine s'était jeté devant le duc de Reich stadt pour le couvrir de son corpa et qu'un coup de feu avait reteuli. Il y eut une minute de silence glacé pendant lequel les plaintes du vent et le grondement lointain du tonnerre se faisaient seuls enten dre. L'obsouritéétait trop épaisse pour qu'ou vit oe qui s'était passé; mais nu éclair vint lout-à-coup jaillir de la nue et permit de dis tinguer un homme gisant immobile sur la roule. C'était le baron de Winter.

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