7e ANNÉE. - N° 688.
JEUDI, 9 DÉCEMBRE 1847-
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTERIEUR.
LA CHATELAINE DE WAGRÀM.
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VIRES ACQUiniT EUNDO.
YPRESle 8 Décembre.
Quoiqu'il nous répugne d'avoir répondre
toutes les insinuations malveillantes de nos
adversairesnous ne pouvons laisser passer
sans un mot die réponse, l'article du Journal
des Bazïlesintitulé: Les intérêts matériels.
D'après celte feuille, c'est par les actes du nou
veau cabinet que équilibre a été rompu dans
nos finances et c'est par suite de ses projets,
que le ministère sera obligé de recourir l'em
prunt et de créer de nouvelles ressources
Nous avouons qu'en réfutant ces assertions,
nous écrivons plutôt pour ceux qui croient trop
légèrement tout ce qu'ils lisent, que pour
ceux qui suivent d ordinaire la discussion des
chambres et qui ont pu se convaincre de la
réalité des faits; mais nous croyons utile d'ex-
poserla situation financière et de la préciser de
manière ce que pour l'avenir, il n'y ait plus
d'équivoque possible sur la position critique du
trésor, au moment de la chûte du ministère
clérical.
Il est d'abord deux faits aujourd'hui hors de
contestation le premier est que la situation du
trésor présente un découvert considérable, et (e
second qu'il faut des ressources nouvelles pour
.faire face aux besoins ordinaires. Or, ces faits,
loin de pouvoir être attribués la politiquô
nouvelle, sont dûs, de l'aveu même des parti
sans de l'ancienne politique, la gestion des
ministères précédents. Pour le prouver, nous
ne ferons que citer textuellement les paroles de
l'hon»rable Monsieur Malou, ancien ministre
des finances, dont sans doute le Journal des
Baziles ne contestera point l'autorité, puisqu'il
apprécie les actes de son propre ministère.
Monsieur le ministre de l'intérieur avait clai
rement démontréque le découvert existait
1° par l'émission de bons du trésor pour une
somme de 23 millions; 2U par la nécessité de
demander des crédits supplémentaires; enfin il
avait prouvé que les besoins excédaient les re
cettes ordinaires, de sorte qu'il y a nécessité
pour y faire face, d'augmenter les charges pu
bliques.
Monsieur Malou, loin de chercher nier ces
faits, en a fait l'aveu le plus complet, et pour en
fournir la preuve, nous extrayons les passages
de son discours qui y sont relatifs
«t L'honorable ministre de l'intérieur nous rappelle sa première
question avons-nous un dé6cit je ne revenais pas sur ce poiut,
parce que j'ai reconnu hier que no us avons anticipé sur l'emprunt
futur et que nous avons créé si vous le voulez, un découvert pour les
i> travaux publics d concurrence de 20 25 millions.
«Y a-t-il nécessité de crédits supplémentaires 7 II peut y avoir
dans une certaine mesure néoessilé de crédits supplémentaires, i»
Faut-il des crédits complémentaires? Je l'avoue oui, il faut des
crédits complémentairesmais ce ifti'oa appelle crédits counplé-
meolaires, c'est l'achèvement des travaux commencés et dont la
législature a cru prudent d'éohelooner l'exécution sur plusieurs
exercices.
Je le demande monsieur le ministre de l'intérieur, depuis que
m la crise des subsistances a pesé sur le pays, sur le crédit de la
France, de l'Angleterre, de toutes les nations qui nous entourent,
depuis que nous avons eu cette cruelle incertitude d« savoir, si
nous n'aurions paa la famine, depuis qu'à la crise alimentaire est
venu se joindre uue crise financière provoquée, on l'a dit tout
l'heure avec raison, par d'imprudentes spéculations, nous sommes-
nous trouvés un seul jour dans la position de pouvoir faire utile-
ment, honorablement un appel au crédit public.
Mais ces circonstance^que je viens de définir en peu de mots,
nous savions qu'elles n'existeraient pas toujours, nous savions
i> qu'un jour viendrait, où le gouvernement aurait a remplir de-
VAKT LES CHAMBRES ET LE PAYS CE GRAVE DEVOIR D'AUGMENTER LES
CHARGES PUBLIQUES NOUS NOUS ETIONS PRÉPARES A CETTE ÉVEN-
n TUALITÉ.
Nous n'avons rien ajouter ces extraits, il
est, en effet, bien établi d'abord qu'il existe un
découvert que l'on peut sans exagérer évaluer
30 millions et que sous le cabinet précédent
il y avait déjà lieu augmenter les impôts, pour
les mettre en harmonie avec les dépenses ordi
naires.
Nous examinerons dans un prochain numéro
le mode indiqué, pour atteindre ce but par
l'ancien ministèr.: et celui proposé par le minis
tère actuel et nous prouverons sans peine que
ce dernier mérite la préférence.
La fêle offerte, le 4 Août dr, la régence de
noire ville, en reconnaissance des services ren
dus par elle la population Yproise, durant la
crise des subsistances, paraît avoir tellement
troublé l'esprit (si toutefois esprit il y a) des
rédacteurs du Journal des Bazilesque dans
leur haine implacable contre notre administra
tion communale, ils ne négligent aucune occa
sion de chercher ridiculiser la noble et impo
sante manifestation de gratitudedont on
conservera longtemps le souvenir, il serait facile
de désigner les Jeux ou trois personnages hai
neux qui poursuivent cette tâche honteuse
mais le système de personnalités ne sera jamais
le nôtre, b ailleurs, ces hommes sans cœur ne
sont-ils pas désavoués même par leur propre
parti, dont les sommités ont coopéré la fête
du 4 Août dr leur haine les aveugle au point
qu'ils ne reculent même plus devant les incon
séquences les plus flagrantes et. disons le mot,
devant les MENSONGES les plus honteux.
En effet, dans le dernier n°dela béate feuille,
page Ie. 3a colonne, on lit: Il paraît que le
budget communal pour 1848, offre un déficit
de fr. 13,000C'EST LE REVERS DE LA
MEDAILLE. Or, en disant cela, la feuille
du clergé savait qu'elle mentait, mais qu'im
porte, faut-il laisser échapper une occasion de
lancer au public et l'autorité locale un coup
de pied, fut-ce le coup de pied de làne?La
sainte feuille savait qu'elle mentait, elle le
prouve elle-même. Retournez la page du même
n", du même journal, la 3e colonne, folio 2,
vous lirez que le budget communal pour l'exer
cice 1848. a été arrêté avec un excédant de
fr. 33-37.
En vérité, nous ne concevons ni tant de
haine, ni tant d'aveuglement N'est-ce pas là
l'impudence poussée jusqu'à la folie, surtout
quand on songe que notre confrère se porte
comme l'organe d'un parti moral et même reli
gieux! La mauvaise foi, quand elle est aussi
flagrante ne doit-elle pas faire tomber la décon
sidération sur tout un parti, et n'avons-nous
pas mille fois raison de dire, que certains hommes
compromettraient la religion qu'ils veulent dé
fendre si toutefois la religion pouvait être
compromise
Mais allons plus loin; en supposant même
que la situation financière de la commune fut
momentanément gênéece fait serait-il éton
nant, et pourrait-il faire l'objet d'une critique
consciencieuse et juste? Nous savons tous que
les recettes ont diminué par suile des circon
stances. En 1847, l oclroi rapportera 20,000 fr.
de moins qu'en 1845 La perte de notre garni
son de cavalerie occasionne un déficit considé
rable et d'un autre côté, pour les mêmes cau
ses, les dépenses se sont fortement accrues. Afin
de donner du travail, d'immenses constructions
ont été exécutées, depuis deux années; 50 60
ouvriers ont été constamment employés durant
la disette (et alors on ne ricanait pas, on ne
faisait pas de calembourgs les fanfarons d'au
jourd'hui tremblaient alors pendant la disette,
disons-nous la régence a fait tous ses efforts
pour atténuer la crise. Plus de 300,000 kilo
grammes de froment ont été achetés et cédés
prix réduit; plus de 160,000 pains ont été
vendus la moitié ou au tiers du prix normal
au-delà de 4.000 kilogrammes de viande ont
élédébilés,à raison de 30 centimes la livre. Ces
mesures ont eu pour résultat de leoir constam
ment la taxe du pain Ypres au-dessus de celle
de toutes les autres villes du pays, donc béné
fice pour la généralité de fournir des aliments
6,000 personnes de la classe indigente et par
conséquent d'accomplir une œuvre sainte en
fin de prévenir les troubles et les émeutes.
Or, nous le demandons, moins de pouvoir
Feuilleton.
(Suite.)
XII. mort dut duc de keichstadt.
La joie de M®* Stiller en apprenant la mort du baron fui grave
mais profonde. Quand Gardeville lui dit qui elle devait sa déli
vrance, elle eeulit son cœur se remplir pour son libérateur d'une
reconnaissance inexprimable. Gardeville avait l'âme haute et bien
placée. Loin d'éprouver l'atteinte d'une jalousie mesquine, il s'asso
cia noblement et franchement aux élans de gralitude de Réatrix.
Un jour, ils se promenaient tous deux dans le parc de Wagram,
a'eutreleoant du duo de Reichstadt qui depuis la nuit du duel
n'avait pas quitté le lit et péiiolilait de jour en jour avec une rapi
dité cfTi ayante.
Béatrix, dit Gardeviile aveo tristesse, il vous paraît peut-être
bien singulier que je ne vous parle plus depuis un mois de nos pro-
jçlsd'union? Sans doute je ne vous semble guère hâter U réalisa
tion de mon rêve le plus cher. Ah ne m'accusez pas de tiédeur,
Réatrix, car je vous aime plus que jamais
J'ai foi en vos sentiments, Guillaume, répondit Mme Stiller;
et, s'il faut vous le dire, j'ai deviné le motif de votre silence.
J'y comptais, Béatrix, et vous m'approuvez, j'eu su u sur
Je vous en estime et vous en aime davautage, Guillaume. Vous
étesd'une délicatesse, d'une bonté h», je serai heureuse, mon ami!
J'y mettrai tous mes soins, n'eQ doutez pas, car bientôt iltfau-
dra que je vous aime pour deux.
Pauvre jeune homme! dit Béatrix en soupirant, est-il donc si
près de la tombe
Le docteur Malfatti pense qu'il peut se traîner quelques mois
encore, mais il est arrivé aux dernières phases de sa phtisie pulmo
naire et ne peut plus compter sur des retours la force et la santé.
Vous ne le reverrez plus, Béatrix.
Ah que ne pouvous-nous, au prix de toutes nos espérances de
bonheur, prolonger ses jours! dit Béatrix avec un accent gouilépar
les larmes. Vous y consentiriez, n'est-ce pas, Guillaume?
N'ai-je pas songé déjà retarder notre mariage jusqu'après la
nsert du prince Apiès vous, c'est pour lui que je donnerais ma vie t
Oui, oui, vous êtes généreux, aus>i, vous
Et elle lui temlit la main aveo effusion.
Guillaume ne manqua pas un seul jour d'aller au château de
Schœnbrunn. Le duc avait4donné l'ordre qu'on le laissât entrer tou
tes les fois que son état lui permettait de recevoir quelqu'un. Il s'in
formait toujours de Béatrix et demandait des nouvelles de la France,
ses deux amours. Guillaume, avec celte délicatesse chevaleresque
qui faisait le fond de sou caractère, lui répondait que l'une et
l'autre pensaient lui.
J'ai craint un moment, lui dit un jour le prince, que vous ne
quittassiez l'Allemagne. 11 m'eût été pénible de reuoucer a voua
voir dans nies derniers instauts.
Sou Altesse peut êire certaine que je séjournerai longtemps
encore Vienne, aussi longtemps qu'il me sera permis d'apporter
mes hommages Srhœubrunu,
Le prince sourit douloureusement.
Alors vous n'avez plus longtemps rester Vienne, dit-il.
Il y a plus d'une année déjà, Mouseigneur, que vous pailez de
voire fin prochaine. Mais, Dieu merci, vos iu Jispositious ne sou t
que passagetes. et peut-être les verrez-vous céder j «mais aux «via s