SENTINELLE des CAPAGNES,
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NOUVELLES DIVERSES.
EXTÉRIEUR. France.
ANNONCES.
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Organe des droits et des intérêts de la propriété.
nos produits, l'industrie et le commerce lauguis-
sent et souffrent enfin une crise financière a jeté
dans toutes les transactions une perturbation fatale.
Cet état de choses ne peut se prolonger il appelle
un prompt remède, et le seul possible se résume en
ces mots économie dans les dépenses de l'état.
Gardez-vous, en effet, Messieurs, gardez-vous de
recourir ce qu'on appelle des ressources nouvelles,
telles que les emprunts, l'augmentation des impôts;
palliatifs impuissants qui dissimulent pour quelque
temps les symptômes du mal, mais qui en aggra
vent la cause et en rendent la guérison impossible.
Les véritables ressources aujourd'hui sont des
reformes opérées avec prudence, mais avec énergie;
la réduction, la suppression de toute dépense qui
n'est pas rigoureusement indispensable la conti
nuation des relations du pays avec l'étranger, au
maintien inviolable de l'ordre public et au service
régulier d'une bonne administration. Notre salut,
eu un mot, est dans le retour aux principes d'éco
nomie qui auraient dû n'être jamais perdusdevue
et qui guidaient le Congrès constituant lorsqu'en
i83o il croyait doter la Belgique d'un Gouvernement
bon marché.
Nous vous en supplions, Messieurs, au lieu de
frapper le pays de contributions nouvelles dont il
ne pourrait supporter le fardeau, au lieu d'ajouter
aux emprunts antérieurs des emprunts nouveaux
qui ruinent l'avenir, reportez un œil sévère sur
l'organisation si onéreuse de notre diplomatie sur
notre marine militaire, dont l'utilité est si contes
table et si contestée; sur notre armée, dont la force
numérique est hors de toute proportion avec les
besoins d'une neutralité garantie par les traités.
Serait-ce d'ailleurs affaiblir les éléments de celte
partie d« la force publique, que de réduire le nom
bre d'hommes sur pied en maintenant, au complet,
s'il le faut, certaines armes spéciales et les cadres
des autres troupes
Si l'armée ainsi réduite n'offrait plus unegarantie
suffisante la conservation de l'ordre intérieur, ce
premier des besoins, n'aura-t-elle pas, pour y coo
pérer avec elle, la Garde civique dont la Constitu
tion commande l'organisation et la permanence?
Soyez en convaincus. Messieurs, le concours des ci
toyens dont l'indifférence apparente s'explique au
jourd'hui par le cumul des corvées et des impôts
qu'on leur demande pour le même objet, ce con -
cours ne rencontrera plus d'objection, dès qu'on
cessera d'exiger tout la fois et les sacrifices d'ar
gent et le service personnel.
Et après tout, l'exemple d'autres nations ne
prouve-t-il pas qu'une armée imposante peut être
en peu de temps rappelée sous les drapeaux et prête
agir sans qu'il soit nécessaire de la tenir constam
ment réunie aux dépens des contribuables
Le Pays vous le demande avec instance, Messieurs,
apportez au règlement, la réforme des dépenses
publiques, cet esprit de sage économie que vous
mettriez dans l'administration de vos^propres affai
res, et certes, nul d'entre nous n'abandonnerait sa
fortune privée aux principes qui dirigent aujour
d'hui la gestion des finances nationales.
Ecoulez les vœux du peuple, Messieurs, et vous
recueillerez ses bénédictions; accomplissez les ré
formes qu'il appelle grands cris, et en rentrant
dans vos foyers vous pourrez dire avec un juste
orgueil Wou» avons sauvé le pays de l'abîme
Agréez, Messieurs, l'hommage de notre respect et
de notre dévouement.
Voici le portrait que trace un journal de la
personne de M. le comte Mortier
M. le comte Mortier est un homme de cin
quante-cinq ans environ, d'une taille un peu
au-dessus de la moyenne, d'une stature carrée
et musculaire, d'un port digne sans être élé
gant, d'un esprit moins orné par la nature que
par le contact du monde et la routine des
affaires d'un caractère sombre, morose, tras-
cible, mais bon jusqu'à la faiblesse dans ses
retours au calme et la réflexion d'une âme
ardente, avide de toutes les affections du foyer,
de toutes les joies de famille, et dévoré du be
soin d'aimer, d'être aimé, et surtout de la
crainte de ne pas l'être; en d'autres termes,
amoureux jusqu'au ridicule et jaloux jusqu'au
délire, deux prédispositions fort embarrassan
tes tout âge, mais qui deviennent de vérita
bles infirmités quand l'infortuné qui en est
atteint approche ou dépasse dix lustres.
Des lettres particulières d Oran annon
cent, qu'à la date du 10 décembre on n'avait
pas encore reçu dans celte ville la nouvelle de
la soumission d'Abdel-Kaderl'empereur du
Maroc. On disait même que l'empereur conti
nuait ses préparatifs et que l'émir ne paraissait
pas encore disposé se soumettre quoiqu'il
fût abandonné de la plus grande partie des
tribus sur lesquelles il avait compté.
On lit dans le Moniteur algériendu liî
décembre
Le courrier de l'Ouest, arrivé avant-hier,
n'a point encore apporté les nouvelles décisives
que l'on pouvait attendre de la frontière du
Maroc.
Aucun événement n'était accompli.
Cependant la fermeté de l'empereur Muley-
Abd-er-Rhaman ne s'était démentie par aucune
démarche faible. Les camps marocains s'ap
prochaient de la deira. on savait dans la co
lonne de M. le lieutenant-général Lamoricière
que ces camps la resserraient assez pour lier
ensemble leurs attaques. Le kalifa Bou-Ha-
medi avait été retenu Fez.
M. le lieutenant-général de Lamoricière est
resté la tête de ses troupes sur l'extrême fron
tière, pour être prêt agirsi l'événement
donnait lieu.
Nous ne pouvons que rappeler ici les ré
flexions que nous a déjà suggérées la même
situation, mieux caractérisée seulement aujour
d'hui. Ce qui paraîtrait infaillible avec d'autres
acteurs, reste douteux avec Abd-el-Kader d'un
côté et les marocains de l'autre
L'émir paraît toucher sa ruine... Avec
600 fantassins et autant de cavaliers environ il
est pressé entre trois camps nombreux, toutes
les tribus l'ont abandonné et secondent ses ad
versaires. Cependant il ne faut rien prédire
avant l'événement.
Le drame Praslin offre tous les jours des
détails et des faits nouveaux dans sa triste en
quête. Voici une petite anecdote dont nous
pouvons garantir l'authenticité
]\]me (Je P|-aslin se trouvait, i! y a peu près
dix-huit mois, chez le vicomte de V. On était
en petit comité, et la causerie intime avait pour
sujet les pressentiments, les visions et toutes
autres choses hors le cours ordinaire de la na
ture, et tout cela était tourné en ridicule par
l'aréopage féminin et élégant composant cette
réunion. La pauvre duchesse semblait pensive
et ne disait mot.
Qu'avez-vous donc réfléchir ainsi? lui
demanda une de ces dames.
Je me tais, répondit-elle, parce que je ne
suis pas de votre avis; pour ma part, je crois
aux visions, car j'en ai eu une.
A ces mots toutes les jolies bouches se turent,
et chacune s'empressant autour de la duchesse,
la pria de vouloir bien leur conter cette appa-
rilion, dont elle paraissait si fort impressionnée.
Volontiers, répondit-elle la voici en peu
de mots
J'habitais le chateau de Praslin, il y a un
mois peine. Une nuit, je ne dormais pas;
j avais livré mon cœur ses tristes pensées,
lorsque tout coup la porte de ma chambre
s'ouvre, et la pâle clarté de ma veilleuse
j'aperçois, dans l'entrebâillement, un chevalier
couvert d'une armure, la visière baissée, tenant
d'une main un poignard, et l'autre bras, ainsi
que la moitié du corps, couvert d'un grand
manteau blanc. A celle horrible vue, je reste
glacée d'épouvante: mais j'ai la force de m'as-
seoir sur mon séant, et de pousser des cris af
freux. Ma femme de chambre, des domestiques
arrivèrent, le fantôme avait disparu.
Ce récit achevé, on plaisanta la duchesse sur
celte apparition, qui. disait-on, n'était qu'un
mauvais rêve. Puis on n'en parla plus.
Il y a quelques jours, un des personnages
importants chargé des poursuites sur l'affaire
du crime, disait un de ses amis Nous dé
couvrons chaque instant des circonstances
bizarres dans ce drame, qui laisse bien loin
derrière lui l'imagination tnême la plus étrange
de nos romanciers du jour. Aussi, tout est vrai,
même la vision de la duchesse. C'est le premier
acte, la première tentative de meurtre arrêtée
par la Providence, mais conçue dans laine
perverse du duc de Praslin.
Paris, 31 Décembre.
C'est un coup hardi que vient de tenter M.
Guizot en faisant déclarer officiellement par
son Journal des Débats que la nomination de
tout autre candidat que M. Sauzet la prési
dence et la réélection de M. de Malleville la
vice-présidence, seraient considérés comme un
échec de cabinet et ouvriraient immédiatement
une crise minislérielle.
En voyant la feuille de M. Berlin poser si
hardiment la question ministérielle, beaucoup
de personnes ont été tentées de croire que le
ministère était sur de son fait, qu'il avait con
sulté un grand nombre de députés et que la
majorité lui était décidément acquise. Cepen
dant M. Guizot est loin d'avoir celle sécurité. Il
n'a pu jusqu'à présent réunir l'adhésion for
melle de plus de 60 70 conservateurs. Mais il
espère encore une fois faire peur aux timides
du centre en leur représentant l'imminence
d'une crise ministérielle s'ils osent voler contre
le cabinet de sept ans.
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