7e ANNÉE. - N° 698. JEUDI, 13 JANVIER 1848. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. INTÉRIEUR. VILLE D'YPRES. CONSEIL COMMUNAL. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 1et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresh. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, Jranco% l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. TIRES ACQUIR1T EUNDO. TI'KI.Hle 12 Janvier. Il est oiseux de s'occuper des accusations adressées par la presse catholique au ministère libéralles journaux de cette couleur ont soin de se réfuter les uns les autres. Telle feuille reproche au cabinet de ne rien faire pour les Flandres, et le Nouvelliste qui certes est un or gane du parti clérical, énumère tous les jours les mesures nouvelles organisées par le ministre de l'intérieur, pour combattre le paupérisme qui ronge les Flandres ce qui n'empêche pas un autre journal de la même couleur, l Organe des Flandres, d'appeler les minisires des char latans politiques. Bien souvent il nous est arrivé de prédire que les enragés modérés sous les ministères catho liques, finiraient par dépasser toutes les bornes de convenances dans leur polémique, quand ils formeraient l'opposition et nous ne nous sommes pas trompé. Actuellement la presse cléricale est plus échevelée. plus furibonde que ne l'a jamais été la presse libérale qui a toujours eu soin de ne pas compromettre par des écarts blâmables, l'influence qu'elle devait exercer sur l'opinion publique. La différence entre la conduite des journaux catholiques et des feuilles libérales, provient de ce que les premiers n'ont jamais eu aucun res pect pour leurs lecteurs, ni pour l'esprit public. Le fond de leur polémique était et est encore la mauvaise foi la plus insigne, la plus palpable. Mais qu'importe, ont ils l'air de dire, le public, auquel nous nous adressons, nous croit bénévo lement, grâce notre titre de catholique, qu'a vons-nous besoin de dire la vérité? De grâces, béats scribes jésuitiques, mettez vous d'accord, ne blâmez pas ce que quelques uns d'entre-vous approuvent, n'injuriez pas celui que votre collègue encense. Celte anar chie dans la direction des feuilles du parti ca tholique autrefois si homogène,si bien discipliné, prouve que les revers ont amené la désorgani sation dans ses rangs Si nous devions en croire même le Journal historique, une scission serait la veille d'éclater. Une lutte intestine existe depuis longtemps dans le sein du clergé, elle prend de jour en jour des proportions plus lar ges et un caractère plus ardent. Jusqu'ici les adversaires ne se sont pas encore combattus la visière levée, mais on n'ignore pas que ce sont les jésuites qui ont commencé les hostilités. Voilà donc ce parti politique qui au fond ne se soutenait que par le clergé et les jésuites, me nacé de déchirements intérieurs qui doivent nous réjouir, car pendant que les ennemis de nos institutions libérales s'entre-déchireront, ils n'auront pas le loisir de troubler les familles, ni de semer la discorde entre les grands pouvoirs de l'état. Nous voyons dans la Sentinelle des Campa gnes. qu'une nouvelle association agricole vient d'être fondée dans la Flandre occidentale, dans l'arrondissement d'Ypres. Elle portera le nom de Société agricole du canton de Passchen- daele sa devise, elle n'en pouvait choisir de meilleure, sera Progrès et amélioration de l'agriculture. C'est le 6 janvier que les trente premiers souscripteurs-fondateurs de cette so ciété ont adopté le règlement qui la constitue sous la présidence de M. le1 docteur Comyn. M. le lieutenant-colonel Ablay, commandant de l'école d'équilation, est arrivé en notre ville. Séance publique fixée au Jeudi, i i Janvier 1848, trois heures de relevée. ORDRE DU JOUR l 1° Communication de pièces. 2° Réviser le règlement organique du corps des Sapeurs-Pompiers de cette ville. 3° Approuver, s'il y a lieu, le procès-verbal d'ad judication de Ja fourniture du pain la salle syphi litique. 4" Statuer définitivement sur la réclamation for mée contre l'indication du sentier n° 28, sur l'atlas des chemins vicinaux. 5" Émettre un avis sur la demande en autorisa tion formée par les Hospices pour la vente de plu- sieurs arbres hors de croissance. 6° Émettre un nouvel avis concernant l'accepta tion du legs fait aux Hospices par la demoiselle Liévine Ramoen. par défaut contre le sieur Auguste De Schietere de Lophempour avoir assisté le dit Reno- deyn, en qualité de témoin. Le sieur De Schietere ayant formé opposition au jugement qui le condamnait 4 mois d'em prisonnement et une amende de 300 francs, aux termes de l article 8 de la dite loi, de nou veaux débats ont eu lieu celte fois contradic- toirement, l'audience de samedi dernier. Le prévenu était assisté de M4 Spilthoren. Celui-ci a plaidé que son client, l'époque du duel du 2 novembre 1847, ne connaissait nul lement les antécédents du nommé Renodeyn que notamment il était loin de savoir que c'était un homme taré, perdu de réputation, con damné une peine infamante par la cour d'as sises du Brabant; que séduit par les manières plus ou moins distinguées de cet individu il lui avait prêté son intervention comme témoin; que, du reste, il ne s'était sous aucun rapport, écarté des règles de la loyauté et des devoirs que cette qualité lui imposait. M. de YVylge, substitut du procureur du roi, occupait le siège du ministère public. Ce magistrat a fait ressortir avec force toutes les circonstances du duel et l'étrange conduite te nue par-le prévenu De Schietere; l'absence de toute tentative de sa part, afin de détourner Renodeyn de ses projets et de le ramener des sentiments de calme et de modération, ou bien de concilier les deux champions, et enfin de faire cesser le combat soit après la première, soit après la deuxième épreuveen déclarant l'honneur satisfait. Le tribunal, après en avoir délibéré, a con firmé la condamnation prononcée le 13 novem bre 1847 contre le sieur De Schietere. Par arrêté provincial du 9 janvier, le roulage est rétabli sur les roules pavées et empierrées de l'Etat cl de la province dans la Flandre occi dentale. Nous avons rendu compte du jugement qui condamnait le sieur De Lange, otfieier-payeur au 3e régiment de ligne, au minimum de la peine portée par l'art. 5 de la loi du 8 janvier 1841, du chef d'homicide commis en duel sur Amand- Jossph Renodeyn, ex-officier au service d Es pagne, ainsi que de la condamnation prononcée Le cuisinier et sa manne. On vient d'é- crouer la maison d'arrêt de Liège, en vertu d'un mandat délivré par M. le juge d'instruc tion, un soldat de la garnison, prévenu d'avoir converti en liquidesdes provisions de ménage qu'il devait porter la caserne. Une cabarelière de la ville, a été écrouée comme complice du délit imputé ce militaire, pour avoir caché et récélé les vivres en question. Voici comment le cuisinier-chef a rendu compte de cette afFaire, lorsqu'il a comparu comme témoin devant la justice Depuis vingt ans, je fais le ménage des sous-officiers, et, soit dit sans me flatter, jamais leur pot-au-feu n'a raté... mais les jours se suivent, et ne se ressemblent paset voilà Feuilleton. LA QUIQUENGROGNE. [Suite.) II. berthe la folle. L'heure du couvre-feu était passée depuis longtemps, et la ville de Saint-Malo était plongée dans le repos et la plus profonde obscu rité. C'était le moment où les bruits humains se taisent et permet tent d'entendre la respiration de la nature, respiration si mysté rieuse parfois, qu'elle est presque le silence, d'autres fois si puis sante, qu'elle se révèle par la grande voix du veut et par le mugis sement des vagues de la mer se brisant contre les rochers et recu lant en grondant devant les limites que leur a tracées la main de Dieu. Une femme, enveloppée d'un manteau de couleur sombre, sortit d'une maison de la rue de Dinan, fermant avec précautiou la porte derrière elle, afin sans doute de ne mettre personne dans la confi dence d'une excursion qu'elle avait intérêt tenir secrète. En se trouvant seule dans la rue, par une nuit si noire qu'elle y voyait peine pour se diriger, elle eut un frisson de terreur et parut hésiter avant de mettre exécution le projet qui l'occupait, mais étant parvenue maîtriser sa craiute en songeant aux motifs qui la fai saient agir, elle se mit résolument en marche dans la direction de la rue de Toulouse qu'elle suivit jusqu'à la rue Saint-Vincent, et ne s'arrêta qu'à la poterne du château. La sentinelle ayant crié qui vive! l'inconnue donna le mot d'or dre, entra sous la voûte, et tournant aussitôt gauche, s'engagea dans une longue galerie qui conduisait la porte de la Quiquen- grogue. Cette porte s'ouvrait par un loquet mu par un ressort dis simulé dans l'épaisseur du chêne, et la facilité avec laquelle il céda la pression, prouvait que ce n'était pas la première fois que celte femme passait le seuil de la tour. Après avoir trouvé en tàtounant l'escalier tortueux, l'inconnue se servant de la muraille comme point d'appui, commença une ascen sion qui n'eût pas été sans danger pour toute autre personne moins formalisée avec la bizarre disposition de cette échelle de granit. Les épaisses ténèbres qui l'enveloppaient ne lui permettant point de faire usage de ses yeux pour reconnaître l'étage qu'elle cherchait, elle comptail voix basse les marchés mesure qu'elle les montait et s'arrêta la cinquante-sixième. En cet endroit, elle tourna sur sa droite, fit quelques pas et atteignit une petite porte laquelle elle frappa doucement. Personne n'ayant répondu de l'intérieur, la visiteuse nocturne frappa de nouveau, mais plus fort, et sans plus de succès que la première fois. Alors elle reviut l'escalier et recommença sa marche ascen dante; quelques minutes après, elle était arrivée sur la plate-forme de la tour. En sortant d'une si profonde obscurité pour se retrouver tout-à- coup en plein air, l'inconnue put distinguer plus aisément les objets, aussi se dirigea-t-elle aussitôt vers une forme liumaiue qui se tenait penchée sur le rebord de la tour, en face de l'Océau, dont le reflux laissait découvert les pointes grises des formidables rochers qui servent de ceinture la ville. Soit que la contemplation laquelle elle se livrait l'absorbât au point de l'empêcher d'entendre le bruit des pas, soit qu elle fût tout-à-fait indifférente la visite qu'on venait lui faire, la forme humaine ne sortit pas de son immobilité, et continua de tenir ses regards fixés sur le même point de l'horizon. Mere, je suis là, dit la nouvelle arrivée en touchant légère ment la personne immobile et en prenant ses côtés la même pose sur la balustrade. Point de réponse, même immobilité. Après un insla ni de silence

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