2 qu'après vingt ans de service, mon service a manqué! écoulez, voici la chose c'était le jour de la Saint-Nicolas, (et par parenthèse, je ne m'attendais guère recevoir celle-là), je sors 9 heures avec le canonnier Mars, un conscrit de trois mois, bon enfant, mais farceur, pour aller fourrager pour mes sous-officiers après avoir choisi 15 kilos de viande, 6 de riz, 3 de sel, autant de sucre et d'oeufs, je fourre tout dans une manne, la hisse sur le dos de l'ami Mars, puis, en avant marche... nous filons sur la caserne. Nous allons y rentrer, quand je me dis: mais pour manger tout cela, il faut du pain, et je m'insinue chez notre boulanger, disant Mars: va, mon garçon, dépose la manne la cuisine, puis viens l'ordre, et lu trouveras ton pain tout cuit... Mars file du pied gauche, et moi j'attends... j'attends!... j'at tends! Si bien, qu'à la fin, fatigué dem'em- bêlerje cours la cuisine el là pas plus de Mars que sur ma main!! Bon, que je dis, Mars a filé, et le dîner file avec lui mais cela ne passera pas comme ça je cours alors la sentinelle, où est Mars que je lui dis? Mars, dit-il, a rencontré Jef le voltigeur el le canon nier Simar, qui étions en ribotle, et au lieu de rentrer, Mars a filé avec eux... Et sa manne, sentinelle, et sa manne? filé aussi, qu'il me ré pond puis il continue tranquillement sa pro menade, comme si mon bouillon était au feu tout écumé,... mais moi je suais, j ecumais, et ne voulant pas faire dîner mes sous-officiers par cœur, je me mets la piste de mon coquin de Mars. A force de regarder droite, gauche, en haut, en bas, j'aperçois par terre un grain de riz, puis deux, puis du selpuis du riz qui me traçait tout mon chemin, comme si Petit— Poucet avait passé par là. Bon, que je dis, m'y volà; force de se verser boire, le farceur verse sa manne, et pour peu que l'exercice dure, adieu le sel, adieu le riz el tout le bataclan Pour lors, j'allonge, au pas accéléré, et après avoir passé trois rues, six cabarets el le Ponl- des-Arches j'arrive la piste de mon riz, au café de la Grande-Cruche; là, je trouve une dizaine de farceurs, occupés se rincer la bou- phe. Dites-donc, camarades, que je leur dis n'avez-vous pas vu mon ami Mars? Oui, me répond la cafetièrela maîtresse de la maison, Mars a venu, mais il est parti... El sa manne, respectable cafetièresa manne, qu'en a-l-il donc fait Ni vu, ni connu, me dit-elle... Ah ni vu ni connu, ma belle; c'est bon, mais on ne prend pas les vieux cuisiniers avec de la paille. Qu'est-ce donc, que je lui dis, que ces œufs faits par terre? et d'où vient ce rôti, qui fricolte sur votre feu, ma cafetièreCela ne vous regarde pas, mon vieux. Ah cela ne me regarde pas, pardon, excuse, que je lui dis et alors je fais semblant de battre en retraite, mais au lieu de trimbaler les cabarets après Mars, je cours l'hôlel-de—villej'prends un pompier, lui conte la chose, el fort de la force civile, je reviens la charge, je veux dire la Cruche, el malgré les façons de la particulière, qui n'avait ni vu, ni connu la manne de Mars, je repèche mon rôti dans sa marmite, mon riz dans sa cave et ma viande sur son grenier. Mais, hélas! ajouta ce vétéran cuisinier, quand j'arrivai la caserne, avec ma pèche, il était 4 heures du soir, et, ce jour-là, comment dîna- t-on?... C'est la première fois que je n'en sais rien depuis vingt ans. Quant la cafetièrele pompier l'avait prise par I oreille et conduite au violon. (Historique.) NOUVELLES DIVERSES. Le testament de S. A R. Madame Adélaïde a été reçu par M. Deutend, notaire Paris. Par ce testament, la princesse donne au Roi son frè re, l'usufruit de tous ses biens et elle institue ses neveux ses quatre légataires particuliers. Le plus avantagé est le prince de Joinville, puis le duc de Nemours et le duc de Montpensier. Le duc d Aumale n'a qu'un legs insignifiant qui doit être considéré comme un simple souvenir. La princesse Clémentine et la reine des Bel ges héritent de diamants el de bijoux d'un grand prix. Le Journal des Débats publie vingt-deux pièces diplomatiques, relatives aux affaires de Suisse, qui ont été communiquées par M. Guizot aux commissions de I adresse de la Chambre des Pairs et de la Chambre des Députés. Il résulte évidemment de ces pièces qui ont été choisies parmi celles qu'on a cru pouvoir publier sans inconvénient, que le cabinet de Londres el ceux de Paris el de Vienne ont soutenu leur terrain sans pouvoirparvenirà s'entendre. On était con venu, il est vrai, de la rédaction d'une note ré digée identiquement dans les mêmes termes et qui devait être présentée séparément la Diète par les représentants de chacune des puissances. Mais du moment où la Suisse ne devait pas se soumettre la décision des cabinets, l'accord n existait plus entre Angleterre et les deux au tres cabinets. Lord Palmerston a toujours insisté sur la neutralité du territoire Suisse. Il reconnaît les griefs des cantons helvéti ques contre les jésuites, et la nécessité d'une expulsion de celle société soit par la médiation des puissances, soit par l'autorité du Souverain Pontife; mais il déclare s'opposer toute idée d'intervention en Suisse, dans I cas où les offres de médiation seraient repoussés, soit par l'une des deux parties contendantes, soit par toutes les deux. Il est évident que cette série de notes n'est pas complète. Elle s'arrête au 2 décembre, au moment où les cantons du Sonderbund se sou mettaient l'autorité de la Diète. Maison a omis de faire connaître l'échange des noies par les quelles M. Guizot voulait passer outre la mé diation, lorsqu'il n'existait plus en Suisse qu'un parti, tandis que lord Palmerston déclarait se retirer de la médiation, attendu que l'affaire se trouvait terminée parla défaite du Sonderbund. D'après les dernières nouvelles du Mexique, le général Anaya a été nommé président ad intérim et a été installé le 12. Cette élection a été vue de très-mauvais œil par le peuple. Le congrès mexicain a nommé des com missions chargées de négocier la paix mais leur arrivée Mexico, le commissaire américain M. Trist, venait d'être rappeléel comme le général Scott n'a pas les pouvoirs nécessaires pour traiter il est probable que les commis saires se seront rendus aux États-Unis. On lit dans le Journal du Havre du 6 Le navire le Corislancapitaine Lamand entré dans notre port, nous apporte des nou velles directes de la Plala qu'il a quittée le 30 octobre. Elles présentent de l'intérêt. La veille de son départ de la rade de Montevideole capitaine Lamand a entendu depuis midi jus qu'au soir le bruit de l'artillerie. Le canon grondait par intervalle et la fusillade n'a pres que pas cessé. Il n'a pu connaître ni le résultat ni l'explication de cet engagement que rien ne laissait pressentir les jours précédents. Si, comme on doit le penser, il signale la recru descence des opérations du siège de Montevideo, on pourrait y voir la réalisation des craintes que nous avons exprimées la suite de la rup ture des dernières opérations. Rosas prévoyant avec raison que l'accord de la France et de l'Angleterre un moment troublé, ne tarderait pas se rétablir pour reprendre et mener bien, par des mesures plus efficaces, l'œuvre de l'intervention, se serait décidé profiler du ré pit qui lui est laissé pour tenter un dernier effort contre Montevideo. Son espoir serait d'emporter la ville et déterminer la lutte par un coup de main avant l'arrivée des nouveaux né gociateursde manière rendre encore une fois leurs instructions insuffisantes. On lit dans les journaux de Toulon On se rappelle que le trompette Escoffier avait vu dans la deïra d'Abd-el-Kader une jeune française nommée Juliette, née Arles, qui avait été faite prisonnière avec sa mère. On a raconté, dans le temps, comment elle avait été prise par les Arabes, qui, sachant qu'elle parlait parfaite ment leur langue, et voulant tirer profil de cette circonstance, l avaient attiré dans un piège avec sa mère, en chargeant celle-ci d'un message remplir hors de Tlemcen. Ces arabes avaient alors conduit Abd-el-Kader celle utile inter prète, qui est devenue la femme de l'un des principaux chefs au service de l'émir. On se rappelle que Juliette était présente l'entrevue que M. Courby de Cognord eut avec Abd-el- Kader, peu de temps avant d être rendu la liberté el qu'elle servit de truchement l'émir et au prisonnier français dans la conversation qu'ils eurent ensemble. La mère de Juliette revint en France avec M. Courby de Cognord et ses compagnons de captivité. Elle s'est fixé Aix, où M"18 la du chesse d'Orléans, ayant appris qu'elle se trou vait dans la plus grande misère, lui a dernière ment fait parvenir un secours. Quant Juliette, elle était restée la deïra d'Abd-el-Kader. Elle est aujourd hui Toulon mais elle est si bien accoutumée sa nouvelle existence et aux habitudes arabes, qu'elle de mande instamment ne pas être séparée de celui dont elle partage le sort. L'attention générale en Italie est toujours dirigée vers la Lombatdie, où s'effectuent des mouvements considérables de troupes. Jusqu'à présent l'arrivée de troupes autrichiennes Mo- dène na produit dans l'Italie centrale aucun trouble grave. Des lettres de la Sicile annoncent que des la femme de la rue de Dinan dit encore l'autre Mère, pe m'entendez-vous pas? Je suisyeuue yous parce que c'est demain le 30 mai 1519. En entendant cette date qui était prononcée d'une voix vibrante, la forme humaine tressaillit enfin, et se retournant avec vivacité ▼ers l'interlocutrice: Je ne suis la mère de personne, répondit-elle que ceux qui veulent me donner un nom m'appellent Berthe... la vieille Berlhe... La Baronne Berlhe de Kerloguen, dit la visiteuse... Non... non... que l'on ne m'appelle pas ainsi, reprit la vieille Berthe en lui jetant sa main sur la bouche, il y a longtemps que j'ai déposé ce titre et ce nom... je ne suis plus que Berthe... Berthe la folle... la sorcière, comme ils disent... Berlhe la malheureuse, ajouta-t-elle en s'atlendrissant sur elle-même. Il se fit encore un moment de silence pendant lequel Berthe «'abandonnant de tristes souvenirs, parut s'isoler du moude exté rieur et ne plus songer qu'une personne était venue la trouver pour de graves raisons, sans doute, car quelle autre interprétation don ner une visite faite pareille heure et dans un tel lieu. L'iucounue, après avoir cédé involontairement au magnétisme de cette douleur muette, reprit bi« n tôt mm Pourquoi vous trouvé-je ici, exposée l'air froid et humide de la mer? Ne voulez-vous pas venir près de votre foyer? N'avons- nous rien nous dire?... C'est demain le 50 mai... et vous le voyez, il n'est pas de retour. L'enfant reviendra le 30 mai, répondit la vieille avec une assurance qui ressemblait de l'inspiration. Mais quelle preuve en avez-vous? moins que yous ne soyez véritablement ce que le peuple prétend que vous êtes, c'est-à-dire une sorcière, ce dont Dieu nous garde, comment pouvez-vous affirmer que nous le reverrons demain Aujourd'hui, interrompit Berthe en comptant les douze coups de marteau qui retentirent sur la cloche de la cathédrale, au jourd'hui même l'enfant nous sera rendu... Attendez... voici que la lune déchire un nuage pour éclairer l'Océau.,. Mes yeux affaiblis interrogent en vain l'espace... je ne découvre rien... et cependant il reviendra. Voyez-vous, Alix, je dis qu'il reviendra parce que s'il était mort, je serais morte aussi, moi. L'enfant est robuste, l'enfant est habile, l'enfant a un bon équipage qui lui obéit comme un souverain... l'enfant aura vaincu lous les obstacles, il aura lutté victorieusement contre les tempêtes; l'enfant vit, il reviendra au jourd'hui même. Hélas! pourquoi faut-il qu'il ait mieux aimé suivre vos con seils que ies miens? Pourquoi faut-il que sou besoin d'activité lui ait fait entreprendre ce voyage dans un monde iuconnu, travers tant de périls?... Le Génois Colomb et le Portugais Gama ne sont-ils pas jamais illustrés par ces voyages qui vous effraient tant Ne sont-ils pas revenus sains et saufs de corps et d'esprit Pourquoi le même honneur et le même bonheur ne seraient-ils pas réservés l'enfant? L'enfant porte écrit sur sen front le signe de la puissance... il faut qu'il doive tout lui-même, puisque la honte et l'infainie Assez, assez... mère,., ayez pitié de moi... N'ai-je pas versé assez de larmes... ne m'avez-vous pas assez longtemps torturé le cœur Mais d'ailleurs, cet enfant, vous l'adorez... Avant de l'avoir vu je le haïssais et le méprisais... mais depuis le jour où mes yeux se sont portés sur le visage de l'enfant, j ai senti tout mon elre frémir de tendresse pour lui... j'ai voulu combattre cet entraînement que ma raisou condamnait, mes efforts ont été inutiles... j'ai compris que la voix de Dieu me commandait d'ai mer l'enfant et de l'aider devenir grand et illustre... Aussi, l'en fant revient... il revient pour être le maître Saint-Malo, comme il est le maître bord de la Reine-Jeanne, le plus noble bâtiment qui soit jamais sorti du port qui oserait dire que l'enfant ne sera pas le maître de toute la Bretagne [La mitau prochain n'.j

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1848 | | pagina 2