Par arrêté royal de ce jour, le Roi, usant des
pouvoirs que lui confère fart. 20, 2 de la loi
du 30 mars 1836,convoqueexlraordinairement
le collège électoral de la ville de Rentiers,
l'effet d'élire deux conseillers communaux.
Nous apprenons, avec douleur, que le temps
humide qui règne depuis quelques jours, a aug
menté notablement dans plusieurs localités des
Flandres les cas de typhus la mortalité va tou
jours croissante.
A Renaix, entre autres, il y a eu du 1er au 4
courant, 15 16 décès.
Le typhus sévit aussi d'une manière violente
Maeter, Marke-Kerkhem, Sulsique, Quade-
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mont et Nukerke, (arrondissement d'Audenar-
de) c'est partout la classe indigente qui en
souffre particulièrement. Dans ces trois premiè
res communes, nous écrit-on, les malades suc
combent après quelques jours de souffrance.
A Marke-Kerkhem, et Maeter, on comptait
ces jours-ci 60 malades administrés.
Voici quelques extraits d'une lettre de M. le
curé de Deerlyk qui expose bien l'état de dé
tresse de celle localité
La population de Deerlyk, qui s'est élevée
5,600 âmes est descendue 4,900 en 1846;
l'année suivante a été pour Deerlyk une année
de disette et aujourd'hui les pauvres qui ont
échappé ce fléau sont décimés par le typhus.
Durant les mois d'octobre, novembre et
décembre, 55 décès ont été inscrits l'état-ci-
vil. Ces décès privent de leurs parents 63 petits
enfants. Pendant le seul mois de janvier, il a
été constaté 45 décès qui augmentent de 43 le
nombre dos orphelins dans notre commune.
Hier malin la Cour de cassation a, par un
arrêt longuement motivé, rejelé le pourvoi par
Van Mol, condamné la peine de mort par la
Cour d'assises du Brabant,du chef de complicité
d'empoisonnement sur le nommé Bureau, de
Pommerœuil.
Van Mol s'est immédiatement adressé la
clémence royale pour obtenir sa grâce.
Hier soir, quinze ou vingt mètres de la sta
tion des Ecaussinnes, sur la ligne de Namur, un
jeune homme de vingt ans et une jeune fille
d'environ dix-huit ans étaient sur la voie lors
que le convoi de Namur est venu passer. Ces
malheureux n'ayant pas entendu le bruit du
convoi ont été renversés par la locomotive. Le
jeune homme a été littéralement coupé en deux
et est mort immédiatement. La jeune fille a eu
la cuisse broyée. Elle a subi ce malin l'amputa
tion. On espère la sauver.
Le dégel, la grande quantité de neige fondue
provenant des localités méridionales, joint aux
pluies de ces jours passés, vienneut d'occasion
ner de nouveau des inondations considérables
en amont comme en aval de la Senne. Toutes
les prairies et des terres labourées aux environs
de Bruxelles sont couvertes d'eau en ce moment.
Il en est de même dans les autres parties du
pays, où l'on craint également des inondations.
La Meuse et l'Escaut menacent de déborder.
Aux abords de l'Escaut, près de Valenciennes,
de grandes mesures de précaution ont dû être
prises. En Hollande, il y a déjà des communi-
ealions presque interrompues par l'élévatiou des
eaux du Rhin et de la Meuse.
Par suite de celle crue subite, la navigation,
qu'on avait l'espoir de se voir rétablir sur la
Meuse est de nouveau interrompue.
NOUVELLES DIVERSES.
Italie. C'est seulement le 29 que le décret
du roi de Naples qui proclame la Constitution,
est parti pour Messine le 30ce décret a été
envoyé Palerme, aucun bateau vapeur
n'ayant pu être mis plus tôt la disposition du
gouvernement. L'affaire de Sicile est la plus
grande difficulté du moment. On assure que le
gouvernement ne veut aucun prix accorder
Deux drames épouvantables des titres divers,
impressionnent actuellement l'esprit public. Nous
voulons parler de la comparution en cour d'assises
de Rossecl et Vandenplas, prévenus d'avoir commis
dans la soirée du a septembre un triple assassinat
sur les personnes de M"° Evenepoel et de ses deux
servantes. Ce crime accompli avec des circonstances
horribles, avait vivement agité l'opinion publique,
d'autaut plus que la justice n'avait pu se mettre
immédiatement sur les traces de ces dangereux
malfaiteurs. Cependant la suite d'une instruction
minutieuse et active, la vindicte publique a pu être
satisfaite, les nommés Rosseel et Vandenplas que
tous les indices présentaient comme les auteurs du
crime de la Place St-Géry, ont été arrêtés. Le pre
mier est en aveu. Il n'y a que son complice qui uie
audacieusement toute participation cet audacieux
forfait. Mais les charges qui de toutes parts, s'amas
sent contre lui, ne permettent guère d'ajouter foi
ses dénégations répétées.
Dans le midi de la France, la cour d'assises de
Toulouse vient de se réunir pour s'occuper d'un
crime odieux. Un frère de la doctrine chrétienne est
accusé d'avoir commis un viol suivi d'un assassinat
sur la personne de Cécile Combelles, .âgée de moins
de quinze ans. Celte affaire présente ce caractère
particulier, que la justice a eu lutter avec une
corporation puissante et qu'elle a dù se tenir en
garde contre les embûches qu'on semait sur ses pas,
du moment qne les charges les plus graves ont
plané sur le frère Léotade. L'acte d'accusation vient
d'être publié en partie, car, dit Y Indépendance, si la
justice ne doit reculer devant rien, la publicité ne
peut tout reproduire. Du reste, ce qu'on en a publié
confirme les présomptions de culpabilité qui s'élè
vent contre le frère Léotade.
Voici comment s'exprime le Journal des Débats
sur la physionomie de la ville de Toulouse l'ap
proche de l'ouverture des débats:
«La curiosité estdu reste vivement excitée ici par
ce procès. Les deux partis extrêmesdeToulouse ont
élevé jusqu'aux proportions d'une question politi
que et d'une querellereligieuse la poursuite dirigée
contre le frère Léotade. Pour les uns, il ne s'agit pas
moins d'une persécution exercée contre la religion
dans la personne d'un ordre quasi-monastique 5 il
s'agirait en quelque sorte dans ce système d'un parti
pris par la justice de trouver un coupable parmi les
hommes que leur robe signale la haine des impies.
Pour les autres au contraire, le forfait est dès
présent prouvé. Il n'existe pas de doute sur son
auteur ou ses auteurs, et la pauvre vierge martyre a
péri victime des sombres passions que développent
la vie claustrale et le célibat.
Depuis quelque temps l'état-major de l'école
d'équitation était déjà établi en ville. Il y a deux
jours les officiers et sous-officiers désignés pour
fréquenter le cours d'équitation sont arrivés.
Après quelque temps donné aux travaux prépara
toires, nous pensons que l'organisation de l'école
aura lieu définitivement et qu'elle sera bientôt en
plein exercice.
La Gazette de Rome, journal officiel, annonce sous
la date du 26 janvier dernier, que Mr le baron
Mazeman deCoulhoveet deTonlieux,d'Ypres,et Mm°
la baronne Mazeman, née De Florisone, ont eu l'hon
neur d'être reçus, le a5 janvier, en audience particu
lière par Sa Sainteté le Pape.
M' et M"" Mazeman ont également eu l'honneur
de dîner le 22 janvier chez S. Exc. Mgr. le Prince
Altieri.
DES DÉFRICHEMENTS SOUS LE RÉGIME
AUTRICHIEN.
L'éloge du régime autrichien est l'ordre du jour
dans le camp des rétrogrades. Les organes du parti
tant son me des qualités les plus exquises, et son esprit des facultés
les plus rares. Un caractère d'une douceur angélique, une bonté
inépuisable, une franchise parfaite, vertu bien précieuse, surtout
la cour où la Providence l'avait placée, la rendirent l'objet de l'af
fection et de l'admiration de toutes les personues qui l'approchèrent.
Mais si on lui rendit cette justice, quand elle fut arrivée un âge
où elle pnnvait faire apprécier les riohesscs de son intelligenoe, il
n'eu fut pas de même dans son enfance. L'irrégularité de ses traits
et de sa taille n'iuspirait autour d'elle que du mépris et presque du
dégoût: son père et sa mère ne lui adressaient jamais une parole
caressante; et pour qne la présence de l'enfant laide et infirme
n'attristât pas ieur vue, ils l'abandonnaient aux soins de leurs ser
viteurs qui, s'autorisaut de l'exemple qui leur était donné par les
maîtres, n'avaient pas même pour elle les égards que leur comman
dait sa haute naissance.
Ces mauvais traitements, qui auraient dû aigrir le caractère de la
royale enfant, développèrent au contraire dans son oocor un im
mense besoin d'aimer et d'être aimée; et ne voyant personne dans
sa famille qui voulût faire avec elle échange de sympathie, elle avait
reporté toutes ses facultés aimantes sur la petite Alix, dont elle
s'était constituée la protectrice, et qui, elle du moins, ne manifes
tait pas de répugnance pour sa laideur, et n'avait jamais manque de
lui rendre sourire pour sourire, baiser pour baiser, caresse pour
caresse.
Cette affection réciproque de la princesse et de la GUeute du roi
clérical se font en ce moment un tort irréparable
eux-mêmes et leurs patrons, en soutenant que la
Belgique possédait sous la domination autrichienne,
sous le joug de plomb de la maison d'Autriche,
toute la somme de libertés qui lui était alors néces
saire; qu'elle n'en a point gagné depuis, et que le
comble de la félicité serait pour elle de revenir ce
bienheureux ordre de choses.
Nous savions bien que ces messieurs regrettent
amèrement ce temps, cet excellent temps où, les
abbés étant tout, la bourgeoisie peu de chose et le
peuple rien, tout allait le mieux du monde, poul
ies abbés. Paul Courrier disait Je conçois parfaite
ment les charmes du régime du bâton, pour ceux
qui tiennent le bâton. IL est naïf d'avouer de pa
reils regrets, plus naïf encore d'espérer les faire
partagera quelqu'un en Belgique.
Nous n'aborderons pas, pour notre compte, une
polémique 011 l'on fait trop beau jeu nos confrères
de la grande presse politique. Mais il nous semble
tout fait opportun de remettre en mémoire au
public belge, celte occasion, quelques faits peu
connus, relatifs au défrichement de terres inculles
en Belgique.
Ce n'est pas d'hier qu'on s'en occupe. Philippe II,
avant et après les troubles du xvirae siècle, avait
rendu plusieurs ordonnances ce sujet.
Marie-Thérèse, ou plutôt, le prince Charles de
Lorraine, mil tout en oeuvre pour arriver la mise
en valeur de toutes les bruyères des Pays-Bas autri
chiens, comme on disait alors car de Belgique, il
n'en était pas question, depuis les commentaires de
Jules César.
Or, qui s'opposait la volonté éclairée du prince
Charles, quant au défrichement des terres incultes
eu Belgique Les abbés, rien que les abbés. On peut
voir dans l'analyse de leur correspondance impri
mée qu'ils ne voulaient aucun prix vendre les
bruyères défricher, et que, dépossédés de fait par
Marie-Thérèse, qu'on ne peut accuser ni jacobi
nisme ni d'irréligion, les abbés élevaient la préten
tion de percevoir les dîmes sur les récolles des ter
res défrichées, et ruinaient les entrepreneurs de
défrichement par des milliers de procès, si bien qu'il
fallait y renoncer ils n'étaient pas plus les maîtres
que cela. Certes, ils doivent bien regretter le joug
autrichien qui leur laissait une telle omnipotence.
Et quel était donc dans ce temps-là le bourgeois ou
le paysan qui pouvait devant les tribunaux, avoir
raison contre les abbés? le bon, l'excellent temps,
et comme les journaux rétrogrades ont raison de
dire qu'on n'a rien gagné depuis ce temps-là en fait
de liberté et qu'on en avait alors tout ce qu'il en
fallait aux abbés! Seulement, ils ont tort de se per
suader qu'ils parviendront faire croire au public
belge que les institutions actuelles de la patrie,
laquelle pairie n'était sous l'Autriche qu'un mot
vide de sens, n'ont rien de mieux, rien de plus libre,
que les simulacres de libertés locales dont jouis
saient divers degrés les provinces des Pays-Bas
autrichiens,sous la domination immédiatedesabbés.
(iSentinelle des Campagnes.)
i.»
ne fit que grandir avec les années, et établit entre elles un lien qui
ne devait jamais se briser. Elles devinrent sœurs par l'âme, n'eurent
aucun secret l'une pour l'autre, et se firent de leur tendre intimité
une si impérieuse habitude, qu'elles ne cessèrent point d'en ressen
tir le besoin, lorsqu'elles durent l'une et l'autre ouvrir leurs cœurs
un sentiment plus doux peut-être, mais aussi plus fécond en outrages.
Jeanne avait été mariée l'âge de douze ans au duc d'Orléans,
son cousin, qui 1 avait eu aversion, mais qui avait dû fléchir devant
la despotique volonté de Louis XI. Le duc était beau, bien fait,
admirable sous les armes, adroit tous les exercices, et par.dessus
tout affable et généreux. Jeanne, parvenue l âge de quinze ans,
aima le mari auquel elle avait été imposée, mais celui qui devait
être Louis XII et mériter le surnom de Père du peuple, sembla
prendre tâche d'user envers sa femme de procédés d'autant plus
durs et méprisants, qu'elle semblait lui témoigner plus d'amour.
Néanmoins, tant que vécut Louis XI, le duc d'Orléans se garda
bien de laisser voir son beau-père l'horreur qu'il ressentait pour
l'union qu'on lui avait ftit contracter, et dans les trois dernières
années du règne de ce monarque, il lui fallut, bon gré, mal gré,
obéir l'injonction qui lui fut faite, d'occuper le même appartement
que sa femme. Mais peine Charles VIII fut-il monté sur le ti6ne,
que le duc d'Orléans, rejetant toute contrainte, se sépara publique
ment de la piincesse, disant partout que Je mariage était nul pour
cause de parenté, qu'il ne l'avait jamais considéré comme valide, et
qu il rendait Jcaune absolument telle qu'il l'ayait prise.
Ces propos outrageants étaient d'autant plus douloureux pour le
cœur de la pauvre princesse, qu'ils venaient d'un époux tendre
ment aimé. Jeanne, pourtant, ne se plaignit pas, et ne fit rien pour
garder près d'elle, par la force de ses droits, l'homme qu'elle n'eût
voulu s'attacher que par l'affection elle puisa du courage et des
consolations dans la religion d'abord, et ensuite dans sa tendresse
pour la gentille Alix, qui ai rivait l'âge où elle pouvait comprendre
les chagrins de sa noble maîtresse.
Lorsqu'après la désastreuse bataille de Saint-Aubin du Cormier,
où fut tué le baron de Kerloguen. et qui fut si fatale aux guerriers
attachés la faction du duo d'Orléans, ce prince fut fait prisonnier
et conduit, de prisons en prisous, jusqu'à la tour de Bourges, où il
fut enfermé, et resserré la nuit dans une cage de fer, la princesse
Jeanne se jeta aux genoux de sa sœur. Madame Aline de Beaujeu,
régente du royaume pendant la minorité de Charles VIII, la sup
pliant, les larmes aux yeux, de lui accorder la grâce du duc, son
mari. Mais madame de Beaujeu était trop imbue des idées politi
ques du roi Louis XI, son digne père, pour se laisser arrêter dans
ses projets, par de simples considérations de famille aussi ne tint-
elle aucun compte des supplications de la duchesse d'Orléans, qui
obtint seulement la permission d'aller Bourges, et de jouir de
quelques entrevues avec le prisonnier.
A sou retour de Bourges, Jeanne, quoique profondément affligée
de la dure captivité de son mari, paraissait avoir daps le cœur un
secret contentement qui donnait sa physionomie une sorte d'illu-