INTÉRIEUR.
7e ANNÉE. - N° 712.
JEUDI, 2 MARS 1848.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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VIRES ACQUIRIT EtJNDO.
ÏPRES, le Ier mars.
Le miuistre de l'intérieur vient de proposer une
réforme électorale qui certes satisfera les plus diffi
ciles. Par ce projet de loi, il est proposé aux cham
bres de déclarer électeur, toute personne payant
fr. 4a-3a d'impositions directes versées au trésor de
l'état. C'est le minimum du cens fixé par l'art. 47
de la Constitution. Celte mesure, très-libérale pour
quelques provinces, n'aura point le même effet dans
d'autres. Nous en sommes convaincus, dans les pro
vinces des deux Flandres, d'Anvers et du Limbourg,
toutes les conquêtes faites par l'opinion libérale
dans ces dernières années, sont remises en question,
moins que sous la pression des événements exté
rieurs, ou mette les luttes de parti de côlé, pour res
ter unis. Nous approuvons le ministère d'avoir été
au-devant des vœux de réforme de l'opinion libé
rale dans quelques provinces, quoique dans d'autres
011 ne puisse se faire illusion que ce parti ne perde
du terrain, n'ait soutenir une lutte plus opiniâtre
et que l'abaissement du cens ne doive lui rend re
le triomphe plus difficile Du reste, nous croyons
que l'adoption de cette modification la loi élec
torale ne rencontrera pas de difficultés la cham
bre. L'opposition nouvelle n'a aucun intérêt
repousser cette réforme; elle lui sera plutôt favora
ble, sinon immédiatement, au moins plus tard. Les
libéraux doivent désirer que le droit électoral s'é
tende autant qu'on peut raisonnablement le faire
car c'est intéresser directement tous les ayants-droit
au maintien des institutions du pays.
CONSTITUTION DE Là SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE
DE L'ARRONDISSEMENT D'YPRES.
Samedi dernier, ainsi que les signataires des listes
pour la formation d'une société agricole en ont été
prévenus par la voie du journal, a eu lieu la pre-
niière réunion des personnes qui ont cru utile de
doler l'arrondissement d'une association agricole. Le
district d'Ypres est,en effet,essentiellement agricole
et jusqu'ici l'agriculture,cette branche de la richesse
publique, l'unique peut-être que nous cultivions
avec succès, avait été peu encouragée et surtout on
avait négligé de la maintenir la hauteur des mo
difications qu'elle a subies en d'autres pays qui
naguères nous enviaient notre culture pratique et
qui maintenant nous ont dépassés.
En effet, quand on compare la situation de no
tre agriculture celle qu'elle a acquise en Angle
terre, il faut le confesser, nous sommes bien arrié
rés. Le bétail est loin de pouvoir subir la compa
raison avec les races anglaises des différents comtés
de ce pays. Les instruments aratoires y sont perfec
tionnés, d'autres machines qui facilitent le travail
de l'homme ont été inventées, comme le semoir, etc.
Ensuite les engrais actifs et bon marché ont été
mis la portée des fermiers, des compositions chi
miques ont été recherchées et appliquées l'amé
lioration de la terre. Enfin des plantes fourragères
nouvelles, des espèces de céréales peu connues ont
été essayées quelques-unes ont réussi, la culture
d autres a ele abandonnée. La science agricole, de
pratiquequ elleelail exclusivement, il y a cinquante
ans, s est modifiée et la théorie a jeté de vives lu—
nières sur les divers modes de culture des difl'éren-
es contrées.
Pour s elever a la hauteur des améliorations ac—
omplies en d autres pays, il n'existe qu'un moyen,
'est l'association et, pouren constituer une, le pre-
nier pas a été fait samedi dernier. Environ quarante
iguatairesont été présents, parmi lesquels on comp-
ait un bon nombre de cultivateurs et dans celte
sst-nibléeil a été décidé qu'un comité de treize
îembres serait nommé pour élaborer un règlement.
Après qu'on eut expliqué le but des sociétés agri
coles, la réunion passa la nomination des membres
u comilé et les treize personnes dont les noms
suivent le composent
MM. Carton, commissaire d'arrondissement.
De Patin, procureur du roi.
Carton de JVinnezeelebourgmestre et pro
priétaire, Zillebeke.
Keingiaert de Gheluvellbourgmestre et pro
priétaire, Gheluvelt.
Phlypo, cultivateur, Zillebeke.
Parrêt, cultivateur Ypres.
yan Alleynnes, herbager et propriétaire,
Ypres.
Biesbrouck, instituteur, Langlieinarck.
Ferschaeoe, herbager, Ypres.
Cerelst, cultivateur, Zillebeke.
Van Eecke, brasseur, distillateur et cultiva
teur, Langhemarck.
Van Eecke, notaire, Ypres.
Bossaerl, cultivateur, Ypres.
On doit regretter que les listes envoyées dans les
communes n'ont pu rentrer en temps utile. Si 011
les avait reçues, ou aurait pu étendre le choix des
membres du comité provisoire au-delà des cantons
d'Ypres. Cependant comme les nominations faites
ne sont pas définitives, on pourra, autant que pos
sible, donner aux personnes des diverses communes
qui ont signé, une représentation équitable dans la
direction de la société.
Par arrêté royal du 26 Février 1046, le ter
me fixé par l'arrêté du 25 Août 1847, au 1'
Mars 1840, pour la libre entrée du bétail, est
prorogé jusqu'au lr Juillet 1848
Le ministre de l'intérieur a déposé un projet
de loi la Chambre, pour limiter la durée du
mandai des conseillers communaux six au
lieu de huit ans.
NOUVELLES DE FRANCE.
Paris, 25 Février.
Correspondance particulière.)
La tranquillité a été rétablie hier dans la capitale,
aussitôt qu'on a su que Louis-Philippe et sa famiile
étaient partis et qu'un gouvernement provisoire
avait été réclamé. Mais on pouvait remarquer une
vive anxiété sur tous les visages, personne ne savait
ensuite cequ'élaitdevenu Louis-Philippe. Quelques
personnes prétendaient qu'il allait envoyer des
troupes dans les forts détachés et bombarder la ca
pitale. D'autres assuraient que le duc de Nemours
voulait faire une tentative pour rentrer dans Paris.
Aussi les ordres les plus sévères avaient été donnés
pour surveiller les barricades, ce qui n'empêchait
pas l'immense population de circuler librement
dans toutes les rues et les boulevards.
Jamais depuis i83o, la capitale n'avait présenté
un spectacle pareil. Nous pouvons même affirmer
que les barricades avaient été poussées beaucoup
plus loin qu'en 18 îo, sur les boulevards les arbres
avaient été renversés, les vespasiennes étaient démo
lies et d'énormes barricades étaient formées sur
tous les points, les plus petites rues avaient leurs
barricades.
La nuit a été fort tranquille, les barricades ont
été gardées avec la plus scrupuleuse surveillance
par la garde nationale et par les citoyens armés. Des
vigies établies devant les barricades criaient par in
tervalles de quelques minutes: Sentinelles, prenez
garde-à-vous. Des patrouilles ont circulé pendant
toute la nuit, on a entendu tirer quelques coups de
fusil j usqu'à minuit, c'étaient quelques citoyens qui
déchargeaient leurs armes, mais le silence s'est en
suite rétabli, et l'on est parvenu ainsi jusqu'à ce
matin.
Midi. Nous apprenons que le commandantpar
intérim de Viucennes a rendu le fort au gouverne
ment provisoire. Des ordres ont élé donnés pour
transporter Paris les arine3 et les munitions du
fort pour armer les populations.
Los citoyens eu armes parlent de se rendre Eu,
où l'on suppose que Louis-Philippe est allé se réfu
gier avec sa famille.
Le bruit s'est répandu tout-à-coup dans les bu
reaux du journal la Réforme que l'on préparait une
contre-révolution en faveur du comte de Paris et
de la duchesse d'Orléans. Aussitôt une masse de
gardes nationaux et de citoyens se sont réunis et se
sont porté vers l'Hôtel—de— ville, afin de maintenir
la république qui a été proclamée.
Une multitude de gardes nationaux de la banlieue
est arrivée Paris, des citoyens sans armes se pré
sentant chaque instant demandant des armes.
M. Leonlre, gérant de la Réforme, qui avait élé
condamné quatre mois de prison a été mis en li
berté hier dans la journée, il était déjà resté plus de
deux mois en prison.
On assure que M. de Rothschild et toutesa famille
ont quitté Paris dans la nuit.
Les ex-ministres ont pris le chemin de fer du
Nord dans la nuit de mercredi jeudi. On dit qu'ils
sont arrivés Bruxelles.
On a fait un rapprochement assez curieux.
Eu ifl3o la chute de Charles Xa été précédée
immédiatement de la chute du dey d'Alger et
celle occasion on disait
Et ces deux grands débris se consolaient entr'eux.
En i»48, la chute de Louis-Philippe a été précé
dée immédiatement de la chute d'Abd-el-Kader.
Hier, on a entraîné un des gardiens de la bourse
qui est estropié et le peuple voulait le forcer tra
vailler aux barricades, je suis blessé de juillet a-t-il
dit, vous voyez bien que je 11e puis pas travailler.
Raison de plus pour travailler, lui a-t-on répondu.
Vous nous avez trompés en juillet, c'est vous
réparer ce que vous avez fait.
M. de Lamartine vient de composer une ode de la
révolution du i4 février. Ou ne sait pas encore quel
est le compositeur chargé de la musique.
Avant-hier soir M. Alexandre Dumas a été re
connu sur le boulevard, la foule l'a entouré aux
cris de Eioe Alexandre Dumas Vioe l'auteur des
Girondins Puis on a entonné l'air Mourir pour la
Patrie. M. Alexandre Dumas se retournant vers la
foule s'est écrié Oui, mes amis, je suis l'auteur de la
pièce des Girondins; mais laissez-moi que j'aille
vous en composer une autre.
Un avis a été affiché la poste, portant que les
malles partiront exactement aujourd'hui.
Ou dit que le théâtre du Vaudeville, qui est fermé
depuis quelque temps, va rouvrir sous le nom de
théâtre Républicain.
La banque de France paie bureau ouvert. A
midi, plus de 600,000 1. avaient déjà été payées sur
des mandats. Un nombre énorme de billets de ban
que avaient déjà été rembourses.
Comme hier, la banque était fermée, on a de
mandé jusqu'à 5o I. d'Agio chez les changeurs pour
le change des billets de mille francs.
Tous les journaux ont paru ce malin non-tim
brés. La Presse se vendait dans tout Paris 10 et 5
centimes.
Le gouvernement provisoire vient de faire
afficher les deux proclamations suivantes
Vingt-quatre l>aloillons,de la garde nationale
mobile, seront immédiatement recrutes dans la ville
de Paris. L'enrôlement commencera dès aujourd'hui
midi dans les douze mairies, où se trouvera le do
micile de l'enrôlé. Ces gardes nationaux recevront
une solde de fr. 1-60 par jour et seront habillés et
armés aux frais de la patrie. Le ministre de la guerre
est chargé de se consulter avec le commandant-
général de la garde nalionale, pour la prompte in
struction et l'armement de ces dits bataillons.
a5 février, 7 heures du matin, signe
Garnier-Pagès, maire de Paris, et Lamartine.
Le gouvernement provisoire, informe que quel
ques militaires ont déserté et remis leurs armes,
donne les ordres les plus sévères dans les départe
ments pour que ces militaires qui abandonnent ainsi
leur corps, soient arrêtés et punis selon la rigueur