INTERIEUR. 7e ANNÉE. N° 719. DIMANCHE, 2G MAHS 1848. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. UNION LIBÉRALE DE L'ARRONDISSEMENT D'YPRES. Feuilleton. On s'abonne Tpres, Marché an Beurre, 1et chez tous les^ per cepteurs des postes du royaume. PRIX de-L'ABONNEMEKT, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, Jranco,k l'éditeur du journal, Yprès. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. TIRES ACQtlRIT EUNDO. Assemblée générale fixée au Jeudi30 Mars 1840, 3 heures de relevéeau Grand Salon d'Apollon, rue du Lombard. Le comité direcleur a décidé dans sa dernière réunion, de convoquer les membres de l'association éleclorale en assemblée générale, afin de procéder au renouvellement du comité, dont les pouvoirs sont expirés. LE PRÉSIDENT, LE SECRÉTAIRE, H.-F. CARTON. ERN. MERGHELYNCK. YPRES le 25 mars. REFORME PARLEMENTAIRE. De toutes les réformes désirées par l'opinion publique, aucune n'est aussi indispensable que la réforme parlementaire. La composition de la chambre actuelle est un argument l'appui de cette nécessité. Un bon tiers des membres sont fonctionnaires salariés par l'Etat et amovi bles, sur un nombre de 108 représentants. Test un grave abus que de voir la chambre peuplée d'agents du pouvoir, non-seulement parce qu'ils prêtent aveuglément leur concours au gouvernement dans toutes les questions mais encore, quand même il n'en serait pas ainsi, l'opinion publique défiant vis-à-vis d un homme qui se trouve entre l'obéissance au ministère et la perte de sa place, ne peut croire l'indé pendance de celle catégorie de députés. D'ailleursle ministère qui ne pourrait que compter sur une majorité composée en grande partie de fonctionnaires, serait bien faible et n'inspirerait aucune confiance. On l'a vu dans les derniers événements qui viennent de se pas ser en France le cabinet avait un nombre d'adhérents considérable la chambre des dé putés, mais parmi lesquels on comptait environ cent trente fonctionnaires. Cet appui n'a pas maintenu au gouvernement la confiance de la nation et, dans une tourmente, trône, gouver nement, institutions constitutionnelles, tout a sombré. C'est un des plus graves défauts de la pré sence du fonctionnaire la chambre, que de n'y représenter que sa place. Car souvent c'est l aide du poste qu'il occupait, dans un arron dissement quelconque, qu'il est parvenu se faire élire. Il est donc certain qu'un député- fonctionnaire ne jouira jamais de cette in fluence morale qui appartient au représentant indépendant et l'abri des rancunes ministé rielles. Les membres de l'ordre judiciaire de vraient être également frappés d'incapacité, car s'ils sont inamovibles ils restent promovibles et cela suffit pour les mettre en état de suspi cion vis-à-vis de l'opinion publique. Si l'on veut donc rendre la chambre veuve des nombreux fonctionnaires qui y siègent, il n'est pas encore indifférent de quelle manière on s'y prendra. L'art. 50 de la constitution n'admet que quatre conditions pour être éligible 1° d'être belge ou avoir reçu la grande naturalisation 2° jouir des droits civils et politiques; 3° être âgé de 25 ans accomplis; et 4° être domicilié en Belgique. Aucune autre condition d'éligibi lité ne peut être requise. Il est donc certain qu'on ne pourra prescrire légalement comme condition d'éligibilité celle de n'être pas fonctionnaire public salarié par l'étatcar ce serait méconnaître l'article 50 de la constitu tion. Mais une loi votée dans le but de forcer les fonctionnaires restera leur poste, pourrait disposer que tout fonctionnaire de l'état qui serait élu membre de l'un ou de l'autre cham bre serait censé par le fait de sa nomination comme représentant ou sénateur, donner sa démission des fonctions dont il était revêtu. Il ne serait pas difficile d étayer une pareille disposition des meilleurs arguments puisés dans l'intérêt que doit avoir le pays être bien administré et ne pas avoir des fonction naires qui par suite de leur mandat parle mentaire, doivent s'absenter une partie de l'an née de l'arrondissement où leur résidence est fixée, du chef de leur emploi. Une seule ca tégorie de fonctionnaires salariés par l'état devrait êlre exceptée de cette mesure, ce sont les ministres qui pourraient être et rester mem bres de la chambre et du sénat, après avoir toutefois satisfaits la prescription de l'art. 36 de la constilulion. En effet, le chef d'un dépar tement ministériel est toujours la chambre, il doit assister tous les débats. Les intérêts administratifs ne sont donc pas négligés, puis que sa présence la chambre est nécessitée par la nature de ses fondions. En est-il de même d'un président de tribunal, d'un commis saire d'arrondissement, d'un gouverneur, d'un procureur du roi et de bien d'autres qui ne peuvent être Bruxelles et remplir utilement le mandat que le gouvernement leur a confié, en même temps que celui conféré par les élec teurs II importe que cette réforme qui comme nous le disions est de la plus haute im portance, pour maintenir la vérité et la sincé rité du régime constitutionnel, soit votée avant la dissolution des chambres. C'est une néces sité àlaquelle la législature telle qu'elle est com- poséeetbien qu'il puisse lui en coûter d'émonder certaines branches parasites du trône, ne peut se soustraire si elle veut être l'interprète loyale de l'opinion publique et des sentiments du pays. On nous écrit de Bruxelles Les grands citoyens de l'Alliance commen cent se remuer. Dans la discussion qui a eu lieu la réunion où a été voté le fameux mani feste de nos républicains, quelques orateurs ont taché de jeter la déconsidération sur le minis tère et sur la législature. On commence miner, afin de pouvoir contrefaire la France et procla mer la république en Belgique. Au gré du Débat social qui est la bannière de nos démocrates et dont le rédacteur en chef, M. Félix Delhasseest l'auteur de celle fameuse lettre trouvée Tir- lement par le parquet, la Constitution qui, il y a un mois, était parfaite, ne suffit plus au bonheur du pays. On fait une opposition sys tématique et hargneuse au pouvoir, dans l'in tention bien évidente de l'user et de le renverser la première occasion favorable. Cequiestcaraclérisque, c'est la rélicence qui se fait remarquer dans le manifeste de 1 Alliancey l'endroit de nos institutions constitutionnelles, On veut bien de l'indépendance de la Belgique, nos dignes patriotes seraient éclipsés par une réunion avec la France. On s'est donc borné demander l'intégrité du territoire belge et le maintien de la nationalité. Ces mêmes hommes qui veulent la nationa lité, se soucient peu de la voir la merci du pre mier occupant, car du même coup, ils exigent la réduction de l'armée et convaincus des excel lentes et amicales intenlions de tous nos voisins, ils proclament l'inutilité des armements faits pour mettre le pays l'abri d'un coup de main possible, malgré les pacifiques dispositions des pays voisins qui arment plus que la Belgique. Aujourd'hui le mot d'ordre est donné, le Dé bat social et les journaux sa suite dans les provinces, comme l'Impartial de Brugesle Journal de Charleroyle Libéral Liégeois et LA QUIQUENGROGNE. VIII. l'arrestation. {Suite.) Quand ils furent partis. Yorik employa plus d'une heure com pulser les divers papiers qu'il leur avait fait examiner, et écrivit une longue lettre qu il scella après y avoir mis celte suscription A mon sire, baron de Rahau, près la cour de France, Blois. Ensuite il remit en ordre oes papiers, et après les avoir enfermés dans une cassette de fer, qu il oacha dans un autre meuble, il sonna un de ses domestiques, lui donna ordre de tenir un cheval prêt partir, et de mander au plus vite près de sa personne, Martin Gluz, celui des marins de la Reine-Jeanne, dans l'intelligence et dans la valeur duquel le capitaine avait le plus de confiance, en exceptaut toutefois Jacques Cartier. Mais Jacques Cartier était encore trop jeune pour pouvoir remplir certaines missions, et celle-ci exigeait Temploi de qualités moins nobles que celles qui le distinguaient déjà. Martin Gluz se fit longtemps attendre, et dans son impatience le vicomte de Frapesles allait recourir un autre de ses hommes lors qu'il le vit arriver. Présent, monseigneur, dit le marin en ôtant son chapeau. Martin, lui dit Yorik, vous serviez dans la cavalerie avant d'être marin savez-vous toujours monter cheval Toujours, monseigneur. Eu ce cas, voua allez vous mettre eu selle et partir pour Blois* Faut-il partir tout de suite, monseigneur Sans perdre uue minute. C'est dommage, grommela le marin entre ses dents, si j'avais seulement une heure de répit... Que dites-vous donc, Martin? —a Rien, monseigueur... je pensais une petite affaire que je ré glerai au retour. Serai-je longtemps absent, monseigneur »-« Le temps d'aller remettre cette lettre au baron de Rohan. S par hasard, vous étiez attaqué, défendez-vous jusqu'à la mort plu tôt que de livrer ce message-: la dernière extrémité, vous mauge- riez le papier. 11 y va pour moi de la vie si vous vous laissez sur prendre. Suffit, monseigneur, on avalera la lettre et on mourra s'il le faut. C'est bien, voici de l'argent. Partez. Deux minutes après, Martin Gluz était en selle et le galop de sou cheval retentissait sur le pavé des rues. Il y avait deux heures environ que Martin Gluz était parti le vicomte de Frapesles, resté seul dans la grande salle, éclairée par de nombreuses bougies, cherchait se rendre compte des suites que pourrait avoir le message qu'il venait d'envoyer au baron de Rohan, nue lui montrer le peu de fondement de ses espérances, n'avait laissé aucune trace dans son esprit; il persistait croire sa haute prédestination, seulement il n'attendait plus que le vœu de la no blesse bretonne le portât la puissance souveraine, il voyait qu'il fallait la conquérir, et cette perspective lui souriait! Tout entier ces caressantes illusions, il ne pensait pas se livrer au repos, quoique la nuit fût déjà fort avancée. Tout le monde dormait dans la maison, l'exception de deux serviteurs attachés spécialement son service, et qui attendaient son appel pour l'aider se déshabiller. Une autre personne encore devait veiller, c'était Alix de Kerloguen, qui restait habituellement dans son oratoire jusqu'à ce que Yorik vint faire avec elle la prière du soir, et le jeune homme oubliait qu'Alix ne l'avait pas vu de la soirée. Il était encore assis dans le fauteuil qu'il avait occupé pour pré sider la conférence, lorsqu'il fut brusquement tiré de sa méditation par un des serviteurs qui entra dans la salle avec un grand trouble. Monseigneur, monseigneur le gouverneur est daus l'anti chambre avec des officiers... des soldats... il demande être admis auprès de vous... je n'ai eu que le temps de venir vous prévenir... que faut-il faire Le capitaine de la Reine-Jeanne n'était pas capable de oéder au sentiment de la peur en face d'un danger quelconque, mais une pa reille visite, une pareille heure, était bien faite pour lui inspirer, sinon de la terreur, du moins cette inquiétude inséparable de tout incident imprévu qui vient renverser des projets au moment où leur réussite paraît le plus assurée. Une légère pâleur se répandit sur son visage, un pli terrible se dessina sur son front, et involontairement il porta la maiu sur son épée lorsqu'on lui annonça cette foudroyante nouvelle, mais il ne lui fallut qu'une seconde pour triompher de cette émotion passagère, et ce fut avec l'apparence du plus grand calme qu'il dit son ser viteur Laissez entrer M. le gouverneur. A peine avait-il eu le temps de donner cet ordre* que le gouver-

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