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règne parmi eux, el qu'ils se plaignent d avoir
été trompés par ceux qui les ont conduits.
Nous apprenons que la nuit dernière, avant
que la légion belge venant de Paris n arrivât
la frontière, M. Delescluse, commissaire général
du gouvernement provisoire dans le déparle
ment du Nord, a pris, vis-à-vis des autorités
belges, l'initiative d'une démarche propre
consolider encore, si c'était nécessaire, nos bons
rapports avec la France. Il s'est transporté
Quiévrain, accompagné de plusieurs autres
fonctionnaires français, afin de donner lui-même
avis de la prochaine arrivée des convois ame
nant les émigrants, et pour s'entendre ce su
jet avec les agents de notre gouvernement.
Dans celte entrevue il a protesté du désir du
gouvernement provisoire de ne prêter les mains
rien qui put être de nature altérer en quoi
que ce soit les relations de la Belgique avec la
France. Il a proposé lui-même des mesures
prendre pour dissiper les inquiétudes que l'on
aurait pu concevoir. En un mot, il a fait preuve
d'autant de courtoisie, de bon vouloir et d in
tentions amicales qu'il était permis aux agents
belges de le désirer.
Cette démarche de M. Delescluse, laquelle
on ne s'attendait pas et que rien ne l'obligeait
de faire, si ce n'est le désir de donner au gou
vernement belge une preuve des loyales inten
tions du gouvernement provisoire de France,
ne peut manquer de produire un excellent effet
sur les populations de nos frontières, en même
temps qu'elles prouvent en faveur du tact et de
la loyauté des sentiments qui animent M. le
commissaire général du département du Nord.
[Indépendance.)
Les démarches en faveur de notre industrie
dentellière, ont eu le résultat suivant: le gou
vernement a accordé un subside de 100.000 fr.,
répartir entre les fabricants de la ville, rai
son de 20,000 par semaine.
D'ici l'expiration de ces cinq semaines une
succursale du comptoir d'escompte sera établie
Bruges. Journal de Bruges.)
La nomination du nouveau bourgmestre et
des échevins d Ingelmunsler a été accueillie
dans cette commune avec des démonstrations
de joie, car le choix du gouvernement assure
celle localité une administration intelligente et
dévouée.
On écrit d'Anvers
Toute notre garnison a été subitement con
signée hier soir, et le régisseur du théâtre, a
dû faire une annonce avant la représentation de
la Juivepour justifier, la suppression forcée
du 1er el du 5° acte, les militaires comparses
étant retenus dans leurs casernes. Cette mesure
de précaution était, dit-on, motivée par l'arri
vée par le convoi de 5 1/2 heures, des ouvriers
anversois débarqués le matin Quiévrain, et
fesanl partie du fameux corps de sauveurs de la
Belgique. Ces individus, au nombre d'une demi
douzaine, sont rentrés paisiblement chez eux et
le calme de la ville est resté complet.
Notre.Dame que jamais morceau plus friand n'avait stimulé l'appé.
tit d'un soldat frauçais.
Le cabaret de la mère Caritas était fréquenté par des matelots
exclusivement. Ce n'était pas chose facile pour le Parisien, en sa
double qualité de fantassin et de soldat au service de la France, que
de prendre droit de cité dans ce cénacle Plus d'une fois il entendit
l'orage gronder sourdement au-dessus de sa tête; tes marins com
plotaient de chasser cet intrus, et, s'il faisait résistance, de le mener
prendre l'air, pendant une heure, au haut d'uue vergue; mais
Patrice, qui tremblait en dedans, faisait mine de ne pas comprendre
que c était lui qu'on en voulait. A chaque menace indirecte qui
arrivait son oreille, il répondait par un quolibet, par un bon mot
qui désarmait ses ennemis en les taisant rire. Ou bien, il tirait de
sa cervelle je ne sais quelles histoires drolatiques assaisounées de
grosses farces, d'incidents merveilleux, habilement entremêlées de
flatteries a l'endroit des matelots, el il oaptivait ainsi l'attention de
son auditoire, qui se relâchait peu peu de ses préventions contre
un homme qui avait, disait-on, tout l'esprit du diable dans le corps.
Enfin, l'arquebusier se montra si adroit diplomate, qu'eu peu de
temps il devint l'atni des matins qui, ne pouvant plusse passer d'un
si joyeux compaguon. décidèrent qu'on ferait une exception en sa
faveur et qu'on s'amuserait avec lui comme s'il était matelot
lui-même.
Pendant ce temps-là, maître Patrice faisait sa cour, sa manière,
la belle Mélise. A elle auisi il contait des histoires qui lui arra-
CîRCrUlRE.
A MM. les procureurs généraux près la cour d'appel
et procureurs du roi, près les tribunaux de pre
mière instance.
L'avance des huit douzièmes de la contribution
foncière, décrétée par la loi du 26 février dernier,
semble donner lieu des spéculations coupables,
notamment dans les communes rurales.
Il arrive, par exemple, qu'à celui dont la côte est
3 francs l'on offre de se charger du payement
moyennant un franc, et contre la cession pure et
simple de l'avertissement. L'on parvient conclure
ce marché usuraire soit en répandant des bruits
alarmants, soit en inspirant des craintes sur le rem
boursement ou de toute autre manière,
Ces manières frauduleuses, tout la fois nuisi
bles aux intérêts des propriétaires et au crédit de
l'État, méritent de fixer toute l'attention des offi
ciers du parquet ils voudront bien veiller les faire
constater avec soin et en poursuivre les auteurs.
Le Ministre de la justice,
De Haussy.
NOUVELLES DIVERSES.
M. Guizot a quitté l'hôtel de M. James Broa-
wood qu'il habitait depuis son arrivée Londres. 11
s'est logé dans une maison de Brompton-square
l'extrémité du West-End.
On disait aujourd'hui dans la cité que la mai
son Rothschild est prête escompter toutes les
acceptations quelle qu'en soit l'échéance raison de
3 3/4 p. c. par au. Le Standard rappelle que lors de
la crise américaine en i836-tH37 un avis semblable
publié par la maison Baring frères, eut un effet des
plus favorables pour ramerer la confiance.
L'arrestation el la mise en accusation de M\l.
Smith O'Brien, Meagher et Mitchell Dublin, a
provoqué une nouvelle démonstration de leurs amis
de la jeune Irlande. Une réunion très-nombreuse a
eu lieu jeudi, et l'assemblée a déclaré par une réso
lution formelle qu'elle adhérait aux principes émis
par ces trois patriotes dans les discours ou les écrits
qui ont motivé leur accusation. L'assemblée a en
suite chargé le conseil de la confédération irlandaise
de s'occuper sans retard de la question de l'organi
sation d'une garde nationale dont feraient partie
tous les citoyens en état de porter les armes. Les
orateurs qui ont été entendus dans le meeting, se
sont exprimés dans les termes les plus violents
contre le gouvernement britannique, ils ont surtout
recommandé au peuple d'acheter des armes afin
d'être prêt toutes les éventualités.
ITALIE. Rome, iStnars. L'ordre des jésui
tes se dissout eu Italie, el a déjà commencé évacuer
Rome. Ces pères devenaient de jour en jour une im
possibilité. Pie IX s'est vu enfin obligé de leur don
ner le conseil de se dissoudre, pour empêcher
1 ébranlement de l'ordre public. Depuis avant-hier
ils ont commencé suivre cet avis. Des voîlures
qu'ils remplissaient sont parties ceux qui étaient
de Rome ont pris des habits et sont rentrés dans
leurs familles.
Deux des novices sont déjà inscrits dans la garde
civique. D'autres compagnies ecclésiastiques se char
geront de leurs élèves; au nombre de celles-ci se
trouvent le collegium di propagande fide, le colle
gium rotnanum et le collegium germunicum. Des
autorités publiques occuperont leur local. Mous
n'avons rien appris de certain louchant quel sera
l'héritier de leurs possessions dans les états de
l'église.
Les jésuites ont quitté Naples dans la matinée
du 1 1 dans 3o voitures. Ils étaient précédés par deâ
hussards, la garde nationale cheval marchant des
deux côtés, et un régiment suisse tout entier les
suivait. Partout sur leur roule jusqu'au port, la
chaienl des éclats de rire, mais il avait soin de mêler l'élément
Sentimental I élément comique dans ses narrations, et sourentes
fois, un aocès de gaîté succédait chez ta jolie dite un momeul de
vague rêverie qui se trahissait par un soupir. Quand il lui soldait te
firix de sa consommation, il lui serrait te bout des doigts, ou bien
ni adressait la dérobée des oomplimeuts sur sa grâce, sa gentil
lesse, mais en termes choisis, et qui prouvaient combien il avait su
Se former l'école du capitaiue Clément.
Mélise n'ignorait pas qu'elle était jolie, mais elle aimait se le
répéter. Elle était ooquetle, quoique sage. Elle ue se fâchait dono
pas des petites libertés que le Parisieu preuait aveo elle, elle rece
vait ses compliments avec plaisir, elle les encourageait peut-être
tant il lui paraissait doua d'être l'objet d'une courtoisie si différente
de celle des hommes brusques et grossiers qui composaient la clien
tèle du cabaret.
11 ne faudrait pas croire oependant que Patrice employât tout son
temps taire rire les marins et 1 faire soupirer Mélise voyant que
ses affaires de cœur prenaient une bonne tournure (il était du
nioius autorisé a le croire d'après la manière dont il était accueilli)
il n'en était que plus porté se livrer ses autres peuchauts. Aussi
fallait voir comme il tenait tête aux marins, le goblel d'uue main
et le cornet de l'autre. Vider les brocs de cidre et d'hydromel
n'était-ce pas encore on moyen de faire sa cour la belle cabare
tiére
Patrice pouvait largement consommer et jouer gros jeu au cabaret.
garde nationale était échelonnée pour les proléger,
et, dans le port même, elle a formé la haie dans les
chaloupes. Le Neptune les a pris son bord. Des
sifflets et des malédictions les ont accompagnés.
Il circulait hier 20 mars, Madrid, une nou
velle très-extraordinaire. L'établissement de la ré
publique Marbella (province de Malaga) et sou
renversement presque immédiatement. D'après les
données que nous avons recueillies voici les détails
des événetnens. Le patron d'un petit navire qui
venait d'arriver Marbella, homme d'humeur
jovial, et voulant sans doute s'amuser aux dépens
des autorités, répandit la nouvelle de la proclama
tion de la république Madrid et dans la plus grande
partie des provinces. La nomination de M. Olozaga
comme président, précédée de l'anéantissement de
la toison d'or sur la place du Progrès. Cérémonies
de l'inauguration de l'ère nouvelle et que le patron
décrivit avec les plus intéressants détails. Quelques
personnes de Marbella craignant de passer pour des
rétrogrades s'empressèrent de suivre l'exemple don
né par la république. Proclamation qui consista
afficher sur la place une pancarte avec les mots
écrits en très-gros caractères Vive la République
et plus bas ce que l'on dit Vive Charles V. L'af
faire passa presque inaperçue dans la ville qui se
souciait fort peu de ce qui arrivait. Heureusement
que, quelques heures après, la nouvelle fut reconnue
fausse. On déproclama la république on décrochant
la pancarte, et Marbella retourna la monarchie
sans s'être aperçue de la transition.
M. Raoul, chevalier de l'ordre Léopold, mem
bre de l'académie royale des sciences, lettres et arts,
professeur émérite de l'université de Cand, profes
seur de littérature latine l'université de Bruxelles,
auteur d'une traduction très—estimée des satiriques
latins, est mo'rt un âge avancé, la suite d'une
longue maladie.
M. J. Ducorron, peintre de paysage, auquel
un talent consciencieux valut une certaine renom
mée une époque où la Belgique ne comptait qu'un
petit nombre d'artistes de mérite, vient de mourir
Ath. Bien qu'il fût parvenu un âge avancé, il
participait encore toutes nos expositions.
Un israélite piémontais vient de mourir en
léguant au pape 3 millions de francs.
Âbd-el-Kader vient d'écrire au gouvernement
pour lui demander la liberté de se rendre la Mec
que ou Messine passer le reste de ses jours dans la
prière.
INSURRECTION EN LOMBARDIE.
La Concordia publie un récit complet des événe
ments donnés par un témoin oculaire.
Dans la matinée du 18, la foule commença se
réunir sur les places publiques. Elle était simple
ment armée de bâtons.
Toute la multitude se porte au palais du gouver
nement. Le corps de garde est surpris, envahi, em
porté. Quelques soldais et trois bourgeois sont tués.
Le palais du gouvernement est envahi on arbore
le drapeau tricolore aux couleurs italiennes. Le
corps municipal et l'archevêque haranguent le peu
ple victorieux.
On dépave ensuite et on barricade les rues. Du.
palais du gouvernement le peuple se porte au palais
de la police, qui est également emporté sans résis
tance.
Les troupes ne se montraient pas encore elles
paraissaient avoir abandonné l'intérieur de la ville
l'insurrection, et se borner garder les portes
pour empêcher les habitants de la campagne venir
au secours des Milanais.
Ce n'est que plus tard, vers la nuit, que le com
bat s'est véritablement engagé. Le canon a tonné
pendant toute la nuit du 18 au 19, et dans toute la
matinée du 19.
Il avait l'escarcelle bien garnie, grâce aux récoltes qu'il faisait en
jouant aveo les soldats, aux heures où il restait daus la citadelle. Les
dés ue lui étaient pas aussi favorables quaud il était attablé chez la
mère Caritas il perdait et gagnait comme tout le monde, sans avoir
ces veines extraordinaires qui prêtaient de fâcheuses interpréta
tions de la part de quelques arquebusiers de sa compagnie. Quand
il perdait au cabaret, Patrice ne jurait pas contre le soit, ce n'eût
pas ele d un bon gentilhomme, ainsi qu'il considérait lui-méuie au
milieu de ces marins épais et irascibles au ooutraire, la perle sem
blait redoubler sa verve et sa bonne humeur, et daus ces cas-là les
contes qu'il inventait eussent fait pâmer de rire une voile de perro
quet, ce que disaient les auditeurs.
Un caractère aussi charmaut était chose trop rare parmi les mate
lots pour qu ils ue tombassent pas en admiration devant celui du
Parisieu. Des qu'il entrait, c'était qui lui ferait fête, on lui serrait
les luaius, on lui souriait, ou l'engageait déserter les arquebusiers
pour prendre du service bord d'un t rois-mâts.
Pourtant, au nombre des habitués du cabaret de la mère Caritas,
se trouvait un mariu qui ne semblait pas partager l'engouement de
ses camarades, el dont la mine s'alongeait singulièrement quaud il
voyait arriver le soldat. Ce marin se uoinmail .Martin Gluz, il était
de la Reine-Jeanne, aimait depuis longtemps la belle Mélise et de
vait l'épouser prochainement.
{La buite au prochain n