VILLE D'YPRES.
NOUVELLES DE FRANCE.
Mercredi et jeudi la razzia dans les ateliers
de Valenciennes et des environs contre les ou
vriers belges qu'on veut faire partir, a continué.
Des groupes se sont successivement transportés
divers domiciles qu'ils ont violés 1 effet d en
extraire les belges auxquels ils ne donnaient ni
heure ni moment pour faire leurs préparatifs.
Des ouvriers maries, ayant leur femme enceinte
ou en couches, n'ont pas obtenu de délai On a
été jusqu'à vouloir faire partir les domestiques
de Y Hôtel des Princes cause de leur qualité
d'étrangers. Là, enfin, l'autorité s'est fait sentir,
la force armée est intervînue, un des agitateurs
a été conduit au corps de garde de la place. Les
groupes l'ont bientôt réclamé avec menaces et
l'autorité a cru devoir le relâcher. 11 n'était pas
difficile de prévoir d'après cela que la tranquil
lité serait de plus en plus compromise.
On a exagéré la valeur des bijoux trouvés
chez le nommé Hoornaert, de Bruges, qui fai
sait partie de la bande qui a pillé les Tuileries.
Il paraît qu'il n'y en a plus pour une somme
aussi forte qu'on l'avait supposé, mais on a
trouvé un grand nombre de montures, dont on
avait extrait les pierres, ce qui donne lieu de
supposer qu'une bonne partie des bijoux a déjà
été vendue. Parmi ceux qu'on a trouvé on re
marque un aigle en brillants, d'une beauté re
marquable, des broches, des nœuds, des boucles
d'oreilles d'une grande richesse.
Nous avons un triste événement faire con
naître nos lecteurs.
Hier, pendant la journée, des groupes nom
breux s'étaient tenus près de la station du chemin
de fer.
L'autorité civile, craignant avec raison le re
nouvellement des désordres des jours précé
dents, avait ordonnée, 2 heures de relevée
tous les boutiquiers établis dans leurs échoppes
au marché du Vendredi, de quitter la place.
La police surveillait en même temps et d'une
manière très-active les groupes qui se trouvaient
la place d'Armes et la station.
Vers six heures du soir, un individu, nommé
Vanden Wyngaert, déjà plusieurs fois condam
né par le tribunal correctionnel pour voies de
fait, se mit crier près du pont Madou Vive
la République! et se dirigea vers la station. Le
brigadier de police Wesemael le suivit, et au
moment où Vanden Wyngaert renouvela ses
cris séditieux, l'agent l'arrêta de concert avec
deux pompiers.
Vanden Wyngaert cria au secours, et invita
la foule le délivrer la police fut aussitôt en
tourée par un groupe très-nombreux, qui es
saya de délivrer le prisonnier. Le brigadier
Wesemael requit alors l'assistance du poste mi
litaire placé la station, et l'officier commandant
lui envoya cinq hommes et un sergent.
Aidé par les militaires, on parvint sortir de
la place de la station mais dans l'enclos dit
Polkala foule grossissait outre mesureet
commença jeter des pierres la garde.
Les militaires se serrèreut autour de leur pri
sonnier, mais les pierres continuant tomber
dru comme grêle, ils couchèrent la foule en
joue, criant qu'ils allaient donner feu si la ré
sistance ne venait pas cesser.
Cette démonstration effraya un instant les
perturbateurs; mais, lorsque la garde sortit de
l'enclos dit Polkaon lui jeta de nouveau des
pierres. Le sergent fit apprêter les armes. Rue
Digue de Brabant, un attroupement considéra
ble vint rejoindre les émeutiers, et des pierres
volèrent de tous côtés. Alors le sergent et un
militaire firent feu, et les balles allèrent frapper
deux hommes, l'un au-dessous de la bouche,
l'autre dans la partie supérieure de la tête. L'un
tomba raide mort, l aulre était très-grièvement
blessé.
Aussitôt, la foule se dispersa en jetant des
cris affreux. En un clin dœil, la rue fut dé
blayée, et Vanden Wyngaert fut conduit, sans
autre obstacle, au bureau de la permanence;
mais des groupes nombreux se formèrent sur
la place d'Armes et daus différentes rues.
L'autorité prit immédiatement toutes les me
sures que nécessitaient les circonstances, et en
viron une demi-heure après, le commissaire de
police Lacroix escorté de six agents et suivi
d'un détachement de pompiers et de gendarmes
cheval, parcourut les différentes rues et pla
ces, dissipant de la manière la plus énergique
les rassemblements. A la place d'Armes, deux
individus, qui firent résistance, ont été arrêtés
et conduits en prison.
A 8 heures du soir, il n'y eut plus nulle part
le plus petit rassemblement.
Toute la nuit s'est passée on ne peut plus
tranquillement.
On dit que l'individu blessé est mort cette
nuit l'hôpital.
Nous n'avons pu connaître leurs noms d'une
manière certaine; on dit que l'un est Jean Mal
fait, mécanicien, demeurant rue de Courtrai
l'autre s'appellerait De Weweirerue de la
Maison-Dieu.
La ville jouit aujourd'hui du calme le plus
complet. Organe des Flandres.)
Les événements qui viennent d'éclater en
France ont apporté d'utiles enseignements aux
deux gouvernements de la Hollande et de la
Belgique.
Ils ont dû comprendre qu'une loyale et sin
cère entente peut apporter de précieux avanta
ges aux deux pays.
Si nos informations sont exactes, il s'agirait
entre les deux pays de négociations importan
tes qui assureraient l'industrie belge le dé
bouché des Indes.
On sait de quelle faveur jouissent les anglais
dans les possessions hollandaises. La Hollande
s'aperçoit que c'est vainement qu'elle offre d'in
contestables avantages; elle parait disposée
nous y faire participer.
Il est évident que de semblables mesures se
raient avantageuses aux pays.
Nous ne voulons pas insister dans ce moment
sur ce point qui touche des questions brû
lantes.
NOUVELLES DIVERSES.
On croyait généralement que M. le général
Cavaignac avait refusé le portefeuille de la guerre
et qu'il avait été offert M. le général Changarnier.
Le National déclare aujourd'hui, qu'hier soir au
cune nouvelle de ce genre n'était encore arrivée
Paris.
On forme en ce moment Paris une garde
urbaine relevant du ministère de l'intérieur, et
chargée de veiller au service de sûreté dans la capi
tale et la garde du gouvernement. Le nombre
d'hommes composant la garde urbaine sera, dit-on,
de i,oon divisés en huit compagnies d'infanterie et
deux escadrons de cavalerie. Les cadres de ce corps
sont en partie formés et occupent les casernes dites
des Célestins et de Tournon.
Le révérend père Joseph de Géramb, procu
reur-général de la Trappe est mort Rome le i3
mars dans sa 77* année.
La Gazette cTAix-la-Chapelle a annoncé que
M. le baron de Meyendorff, ministre de Russie près
la cour de Prusse, avait quitté Berlin le 29 avec tout
le personnel de la légation. Ce fait est confirmé dans
une lettre de Berlin citée par la Gazette de Duttel-
dorf. La situation, y est-il dit, qui était déjà Irès^
grave, est devenue menaçante. Par suite des dépê
ches qui lui sont parvenues, le ministre russe baron
de Meyendorff a quitté Berlin avec sa famille et tout
le personnel. La guerre avec la Russie est peu près
déclarée. Le 2* régiment stationné Stettin a reçu
l'ordre de partir pour la frontière de Russie.
D'après ce qu'a dit le ministre Hausemann, la
loi électorale qui va être accordée sera basée sur
celle de la Belgique. A l'avenir, on ne recevra plus
les députations portant des pétitions relatives la
constitution. Gazette de Cologne.)
Grand-ihjchf, de posen. Ici règne actuelle
ment un état qui est semblable l'anarchie. Les
Allemands et les Juifs sont devenus en plusieurs
endroits l'objet des persécutions. Les Allemands
sont au nombre de 5oo,ooo, tandis que celui de tous
les habitants de la province s'élève 1,160,000.
Dans les districls irontières allemands de la provin
ce, on se prononce très-énergiquement pour conti
nuer faire partie de la patrie allemande, st les
habitants déclarent que ce serait les trahir que de
les sacrifier en les mettant sous un gouvernement
polonais, eux qui ne connaissent la langue, at qui
n'ont pas les mœurs de la Pologne.
Des troubles graves ont éclaté Madrid La
troupe a été obligée de faire usage de ses armes des
barricades ont été construites, mais elles ont été
bientôt renversées. Le désordre a commencé 6
heures du soir, mais minuit tout était rentré dans
le calme. On évalue la perte de la troupe 4° hom
mes tués; quant celle des révoltés, elle a été con
sidérable il leur a été fait aoo prisonniers. 11 y a
eu départ et d'autre un grand nombre de blessé».
Le capitaine Espana est au nombre des morts.
On ne cite aucun nom connu, impliqué dans cetté
malheureuse affaire. Les cris de Vive la république!
Vive la Liberté ont retenti.
Le conseil des ministres en permanence a adopté
toutes les résolutions publiées par la Gazette la
suspension des garanties constitutionnelles dans
tout le royaume la clôture de la législation de
1847 1848; la proclamation de la capitale en état
de siège; prohibition de tous les rassemblements
sur la voie publique de plus de cinq personnes 1»
désarmement général de la population.
M. Gonzalez Bravo, en se rendant en voiture an
palais a été attaqué par un des rassemblements po
pulaires. Son cocher et un de ses chevaux ont été
blessés.
l'aris, S avril.
La banque de France n'a publié qu'aujourd'hui sa
situation hebdomadaire elle continue présenter
des résultats assez favorables. Le numéraireen caisse
n'a pas diminué d'une manière sensible. La diminu
tion depuis huit jours n'est que de fr. 1,095,874-10
pour Paris et do 5,080,172 fr. pour les comptoirs.
Le portefeuille de Paris n'a augmenté que de
fr. 5o,048-58 c. et celui des comptoirs a diminué
de fr. 623,604-87 c. quoique la grande échéance
double du i5 et du 25 mars se trouve comprise
dans cette huitaine, les effets en souffrance n'ont
augmenté que de fr. 259,547-64 c. La banque a re
couvré depuis huit jours fr. 333,451-71 c. sur la
vente des rentes la Russie.
Le chiffre des billets en circulation n'a augmenté
que de fr. 10,897,300. Ce qui représenta sans doute
le chiffre des nouveaux billets de 100 fr. qui avaient
été fabriqués jusqu'à la date du 3o mars.
Mais la partie importante de la banque est le prêt
de 5o millions donné l'état titre d'avances sur les
bons du trésor. Il paraît que le compte courant dn
trésor se trouvait réduit 8 millions au moment où
celte avance a été faite. Car malgré celte somme de
5o millions, le trésor n'est encore porté comme
créditeur que pour une somme de 58,336,375 fr.
64 centimes.
L'assemblée constituante de 1848 s'ouvrira la
4 mai. C'est le 5 mai 1789 qu'a eu lieu l'ouverture
des états-généraux de la première assemblée con
stituante. Il y aura eu 57 ans jour pour jour d'inter
valle entre l'assemblée qui a commencé la révolu
tion et celle qui le suivra.
Le ministre de l'intérieur vient de nommer
une commission de trois membres chargés de ras
sembler tous les livres qui renferment le texte des
différentes constitutions républicaines aujourd'hui
en vigueur.
On dit que des protestations unanimes se sont
élevées en province contre l'arrêté du gouverne
ment provisoire qui ordonne l'aliénation d'une
partie considérable des forêts de l'état.
On dit que sur 4î,ooo francs d'effets échéant
le 3i mars i8+8, la banque n'a en caisse présenta
tion que 11 millions de francs mais on s'attend
que la plus forte partie des billets seront payés
lundi matin ou tout au plus sur la signification des
protêts. C'est ainsi que les trois quarts des billets
non payés présentation le a5 mars ont été acquit
tés le lendemain.
O11 assure que deux inspecteurs vont être
chargés de visiter les côtes de France, depuis Dun-
kerque jusqu'à Cherbourg, cette mission se rattache
la question de la défense de notre littoral.
L'administration communale a l'honneur d'infor
mer les habitants que la liste des logements militai
res arrêtée provisoirement par le Conseil, sera
déposée pendant dix jours au bureau du secrétariat
l'inspection des intéressés.
Les personnes qui désireront présenter des obser
vations ou réclamations contre la formation de cette
liste, sont priées de s'adresser par écrit au Conseil
communal dans le délai fixé ci-dessus.
Fait en séance du Collège, le 29 Mars i848.
LES BODRGMESTHE ET KCUEVJIS,
B. VANDERSTICHELE.
FAR ORDONNANCE
LS SCCRETA1RB,
J. DE CODT.