INTÉRIEUR.
ANNÉE. N° 723.
DIMANCHE, 9 AVRIL 1818
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
feuilleton.
LA QUIQUENGROGNE.
fie
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au Beurre, 1, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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tion doit être adressé, franco,
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Le Progrès paraît le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
ÏPKES, le 8 Avril.
l'emprunt.
Le premier emprunt des 8 douzièmes de la
contribution foncière a été volé par acclamation
la chambre et aucun murmure n'a accueilli
celle mesure dans le public, car on paraissait
s'attendre voir faire des dépenses extraordi
naires légitimées par la position difficile que
les événements extérieurs avaient créée la
Belgique. Mais ceux qui appréciaient la situa
tion pitoyable du trésor public et le dénue
ment dans lequel le ministère précédent l'avait
laissé, étaient convaincus que douze millions
ne pouvaient suffire la gravité de la situation.
Aussi, peu de temps après, le ministère dé-
posa-t-il un nouveau projet d'emprunt de qua
rante millions et, nous devons le dire, il fut
de prime abord accueilli avec défaveur. On se
récriait contre l'énormité des avances que l'on
était tenu de faire et qui auraient eu pour effet
d'enlever àja classe aisée, les capitaux qui de
vaient servir faire travailler la classe ouvrière.
Le sacrifice était rude, car enfin le propriétaire
territorial, en recevant 100 francs, devait en
donner 33 au gouvernement titre d'emprunt
et d'impôt et le fardeau pesait en entier sur la
propriété. Seule elle se trouvait atteinte, car les
5 p. °/0 sur le produit annuel des rentes et
créances terme hypothéquées, retombait en
core en un certain sens sur la propriété. Ce qui
avait accru le mécontentement, c'est qu'on sup
posait que ces millions devaient ètreemployés
maintenir notre état militaire sur un pied exa-
géié. Personne alors ne supposait que la France,
qui, par la bouche de M. de Lamartine, avait
promis paix et amitié tous les peuples et res
pect toutes les nationalités, aurait permis
line bande de brigands de venir attaquer la
Belgique main armée, ni que des agents fi an
çais auraient protégé les pillards et coopéré
des expéditions de ce genre. Si le ministère
s'était laissé prendre au dépourvu, comme cer
tains journaux le désiraient, comme quelques
sociétés électorales l'y invitaient presqueon
aurait alors entendu uohourrah général contre
1 imprévoyance du cabinetet ceux qui, par
leurs couseils, auraient contribué faire naître
une telle éventualité, n'auraient pasété les der
niers jeter la pierre au ministère.
Enfin, un motif qui rendait ce second em
prunt pour ainsi dire indispensable, c'était le
remboursement des bons du trésor qui exigeait
une somme de seize millions jusqu'au premier
septembre. On ne pouvait proroger l'échéance
sans manquer des engagements sacrés et une
pareille mesure eut eu pour effet d'enlever tout
crédit l'étal et de faire tomber tous les fonds
publics pour ainsi dire rien.
Aujourd'hui une réaction paraît s'être opérée
en partie. On n'aime pas davantage payer,
mais on a pu se rendre mieux compte des né
cessités de l'Etat et des secours que les circon
stances critiques dans lesquelles le commerce,
l'industrie et la classe ouvrière sont placées,
sollicitent du gouvernement. Aussi tout le
monde, hormis quelquesjournalistes, dont l'ar
dent amour pour l'économie nous paraît sus
pect. est convaincu que l'armée n'absorbera
sur les emprunts, que neuf millions jusqu'au
premier septembre, ce qui certes n'est pas exa
géré. Le restant de l'emprunt forcé, réduit par
la section centrale, de commun accord avec le
gouvernement, servira payer les bons du tré
sor et les crédits extraordinaires votés pour
donner du travail la classe ouvrière. Le pro
jet actuel du gouvernement, est de demander
un second emprunt des douze douzièmes de la
contribution foncière, de la moitié de la contri
bution personnelle, de 5 p. sur le produit
annuel des rentes et créances terme hypothé
quées et enfin, de la retenue sur les traitements.
Ce sera toujours un rude sacrifice qu'on im
posera aux contribuables et qui gênera beau
coup de personnes, car s'ileslde mode de crier
aux riches par le temps qui courtil est plus
rare de rencontrer ces richesses, dont certaines
gens se plaisent doter tout le monde. Cepen
dant nous croyons que ce sacrifice est com
mandé par la situation et que le ministère ne
peut administrer, ni répondre du maintien de
l'ordre public, si l'on ne le met en mesure d'at-
léuuer les souffrances du commerce et de
1 industrie et d'occuper autant que possible la
classe ouvrière aux travaux publics.
Plaignons le gouvernement de se trouver
réduit ces pénibles extrémités et que pour
l'avenir, ou en tienne bonne note! C'est une
leçon pour le pays, qui ne doit plus souffrir
qu on épuise le trésor de l élat, au point que le
moindre événement le force recourir des
avances forcées. Mais la situation est ainsi faite,
que faute de répondre lappel du gouverne
ment, le pays se trouverait en position de per
dre bien davantage car, qu'on y songe bien,
ce n'est que par le maintien de l'ordre public
qu'oii pourra espérer de dominer la crise et
tout le monde est intéressé le maintenir, ce
lui qui possède et celui qui n'a que son travail
X. j.a délivrance. [Suite.)
T.e gouverneur la suivît dans son oratoire. Alix ouvrit, aveo une
clé suspendue* sou cou, une petit,: caisse de métal, et elle eu sortit
plusieurs lettres, parmi lesquelles elle en choisit uue qu'elle remit
au comte.
C'est la devise et l'écriture de feu la sainte reine Jeanne, dit-il,
après avoir examiné la lettre.
Alix ne répondit pas, mais elle lui Gt signe de lire. A peine le
gouverneur eut-il parcouru les premières ligues que son visa«e ex
prima tout la fois rélouuemeut le plus profond, la joie la plus
vive, et aussi la plus extrême inquiétude. .Mais bientôt son émotion
devint si forte, qu'il ne put continuer cette lecture, et qu'il laissa
tomber la lettre eu prenant son front dans ses mains.
Pardonnez-moi, madame, de vous avoir calomniée dans mon
cœur, dit le comte lorsqu'il reprit un peu de calme; du reste, le
ciel s'est chargé de vous venger; j'ai bien souflert... un jour je vous
raconterai ma vie... Mais que sont nos misères personnelles en com-
paiai>ou du secret extraordinaire contenu dans cette lettre Mais il
y a la toute une révolution... mais c'est la guerre civile avec ses
Loueurs... El le vicomte de Fiapesles connaît-il sa naissance?
pour vivre. Si le premier peut perdre, le second
se trouve réduit mourir de faim, du moment
que le travail est interrompu par l'émeute ou
une catastrophe politique.
b~> poq ifiiw
M. Castiau vient de donner sa démission de
membre de la chambre des représentants,
après avoir fait une profession de foi républi
caine. Pas n'était besoin de lever le masque,
M. Castiau, pour faire connaître vos véritables
sentiments politiques. Ils avaient percé, tout le
monde savait que depuis longtemps déjà vous
penchiez du côté de la république. Mais ce qui
a ébahi grand nombre de personnes c'est que
vos sympathies ont fait explosion aujourd'hui,
parce que vous avez cru peut-être le moment
favorable et que le changement de gouverne
ment en France pourrait doter votre pays d'une
constitution plus en harmonie avec vos désirs.
Ces opinions républicaines ne datent cependant
pas du mois de février dernier. Si nous ne nous
trompons, vous les couviez intimement, quand
vous avez accepté le mandat de représentant
en 1843, et il n'y a pas de motif de donner
votre démission aujourd hui, puisqu avec les
mêmes sentiments vous avez cependant cru
pouvoir accepter le mandat de député de
Tournai.
Du reste, M. Castiau la chambre avait une
position isolée et ne pouvait guère exercer de
l'influence, car il était toujours dans les nua
ges. C'était un utopiste d'un caractère parfaite
ment honorable et désintéressé, mais ce n'en
était pas moins un de ces hommes expérien
ces qui, pour essayer des théories superbes sur
le papier, bouleverserait un pays.
Le receveur des contributions directes de la
ville d'Ypres, par suite d ordres réitérés du
départemeut des finances et en acquit des de
voirs que lui imposent ses fonctions, invite tous
les contribuables payer les termes échus de
leurs cotisations. Comme beaucoup d'habitants
ont l'habitude de payer la première moitié de
leurs contributions au mois de mai et juin il
se flatte d autant plus qu'ils répondront cet
appel, qu'en payant au mois d avril, ils ne font
en réalité que devancer leurs habitudes de
quelques semaines.
La Revue de Namw nous accuse d'avoir fait
une volteface ministérielle. Cette accusation ne
nous paraît pas très-logique, d'autant plus que
nous nous sommes toujours cru journal mi
nistériel depuis le 12 août 1847, jour de l'avé-
Il faut qu'il l'ignore toujours... c'est le vœu suprême de sa
sainte mère.
Il l'ignore, dites-vous, et cependant il paraît être le chef d'une
ligue considérable qui veut soustraire la Bretagne l'autorité de la
couronne de France... Croyez-vous qu'il ne soupçonne tien?...
Est-ce Dieu qui lui inspire cette conduite?... Est-il destiné aux
grandes choses? Qui pourrait dire l'avenir de ce jeune homme
S'il conspire, dit Alix, s'il est prévôt de la ville, s'il paraît
avoir renoncé sa passion pour les découvertes, c'est la mort du sire
de Bizieu et l'enlèvement de Raouletle qui eu sont cause. Il a suffi
d une étincelle pour allumer une ambition immense dans ce grand
cœur, dans ce cœur vraiment royal, et si tnaguanime, que j'ai bien
souvent gémi de l'obscurité laquelle sa mère l'a condamné, en
croyant travailler au bonheur de son enfant.
Il y eut un moment de silence pendant lequel Alix et le comte
restèrent plongés dans les réflexions que devait faire naître eu eux
le sujet qui les occupait.
La reine a commis une faute, reprit le gouverneur: elle n'avait
pas le droit de disposer ainsi de la vie d'un prince... mais le désir de
lui épargner le malheur attaché la position de# grands, a troublé la
sagesse de son esprit. Quoi qu'il en soit, vous aviez raison de le dire,
Alix, ce serait commettre un crime que d'envoyer le vicomte de
Frapesles une mort certaine. Le ciel soit loué puisqu'il a voulu
que je fusse seul iuformé de cette conspiration qui devait le perdre 1
A dater de ce moment, le vicomte de Frapesles est libre mais em
ployons nos efforts éloigner de lui toute idée d'entreprises contre
la France... je ne serais pas toujours maître d'arrêter les événements,
et ce serait folie de sa part, même quand il connaît! ait le secret de
la reine Jeanne, que de vouloir lutter contre ce qui est.
Et en disant cela, le comte de Charolles brûlait la lettre enlevée
par Patrice au cadavre du malheureux Martin Gluz.
Il n'y a plus de preuve contre le conspirateur, coutinua-t-il,
réjouissez-vous, Alix.
Je n'attendais pas moins de votre loyale générosité, monsieur
de Charolles; acceptez mes remercîruents, et courons délivrer votre
prisonnier. Je ne serai tout fait tranquille que lorsque je le verrai
hors des maius de vos soldats.
Soyez sans inquiétude, Alix, je leur ai recommandé d'avoir
les plus grands égards pour celui que je croyais être votre lils Je ne
veux pas ine séparer de vous sans vous prier de ra'aider terminer
cette lutte sourde qui existe entre la citadelle et la ville, et qui
pourrait amener de grands maux. Le nom de Raouletle, que je
viens de vous entendre prononcer, n'est-il pas d'une jeune fille qui
avait été enfermée dans le château?
C'est la fille du sire de Bizien et la fiancée du vicomte, répon
dit Alix. On L'a crue morte... que pouvez-vous m'en dire?
Elle est venue s'accuser du meurtre de mou fils, le capitaine
Clément...
Raouletle... meurtrière... votre fils... je ne sais rien de ces
affreux événements; mais je jure que Raouletle était incapable
d'uue action aussi abominable... où est-elle? Rendez-la-nous, et
vos dissentiments avec la ville ne seront plus de longue durée; je