JEUDI, 4 MAI 1848.
JOURNAL DTPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
feuilleton.
On s'abonne T près Marché
an Beurre, 1et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
prix de l'abonnement,
par trimestre.
Pour Ypres5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro 0-25
Tout ce qui concerne la rédae-!
tion doit être adressé, Jranco,
l'éditeur du journal, A Ypres.
Le Progrès paraît le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
tires acquirit eundo.
AVIS.
Par suite de circonstances indépendantes de
notre volonté, nous ne sommes pas encore en
mesure de tenir la promesse que nous avons
faite nos abonnés, d'imprimer dater du 1er
Mai 1848, le journal Le Progrès en caractères
neufs, et de lui donner l'agrandissement que
le droit du timbre nous rendrait possible.
Dans le courant de ce trimeslre, nous rem
plirons nos engagements sans délai ultérieur
et notre format, sans devenir plus étendu, nous
permettra d'agrandir le cadre de l'impression.
Comme le timbre des journaux est la
veille d'élreaboli, dater du trimestre prochain
le prix de l'abonnement du Journal Le Progrès,
dans cette hypothèse, sera fixé comme suit
abonnement en ville.
Pour trois moisfr. 3 50
six mois7 00
un an14 00
abonnement a l'|ntérieur du pats, y compris
l'affranchisses en t.
Pour trois mois4 00
six mois8 00
un an16 00
Pour un numéro 25 c».
H PRES le 3 Mal.
Bazile continue faire des siennes. Dans le
dernier numéro du journal du clergé, il a dai
gné insérer la lettre du commissaire d'arron
dissement, par pure bienveillance ce qu'il dit,
car la méchante insinuation qu'il a lancée con
tre ce fonctionnaire, n'était pas un fait inju
rieux, ni un crime, ni même une faute. Voyez
donc comme il est devenu placide l'enragé
détracteur du libéralisme; ce qu'il s'était efforcé
de faire passer pour un calcul ambitieux, de
vient quelque chose d'insignifiant, de très-
anodin, depuis qu'on a démontré au Bazile
qu'il a pris ses méchantes inspirations pour la
réalité.
Du reste, il s'excuse avec toute la mauvaise
grâce qu une mauvaise conscience peut donner,
des reproches de déloyauté que M. le commis
saire d'arrondissement lui adresse ajuste titre
cardans 1 appréciation des actes que ce fonc
tionnaire a posés, tout était dénaturé plaisir,
avec une mauvaise foi qui sentait son jésuite
d'une lieue. Cependant l'heure avancée la
quelle cette pièce lui est parvenuene luipermet
point de consigner ici les réflexions qu'elle lui
suggère. Il lui faut bien du temps pour rabâ
cher quelques lieux communs qui ne prouvent
qu'une crasse ignorance du mécanisme gouver
nemental de la part du Rodin. Il se rejette sur le
changement de la position administrative du
fonctionnaire en question, qui est devenue une
position politique. Comme si un commissaire
d'arrondissement n'avait pas une mission poli
tique, en même temps qu une mission adminis
trative, et comme si ces deux missions étaient
inconciliables! Nous croyons avoir démontré
dans le temps, la nécessité de la révocation de
l'ancien titulaire, parce que, par sa conduite et
son dévouement quand même au parti clérical,
il ne pouvait représenter au point de vue poli
tique, un ministère libéral II ne suffit pas de
s'occuper d'administration, le commissaire d'ar
rondissement est, au même titre que le gouver
neur dans les provinces, celui qui applique la
pensée politique du ministère dans l'arrondis
sement. C'est, pourquoi on a déplacé un certain
nombre de commissaires de district, et si l'on a
quelque chose regretter, c'est d'avoir eu
trop de mansuétude.
Ainsi, quoiqu'en veuille insinuer le Bazile
le commissaire s'occupe diligemment des inté
rêts administratifs de l'arrondissement, sans
négliger les intérêts politiques du parti dont
il est l'agent, puisque la majorité libérale
est représentée par le ministère au pouvoir
et que ce fonctionnaire représente le minis
tère dans l'arrondissement. Et, sans le flatter,
nous estimons qu'il s'occupe davantage de
l'administration que son devancier toujours en
voyage. Mais ce que le parti cléiical ne peut se
résigner subir de bonne grâce, c'est de ne
plus avoir ce poste un fonctionnaire sa dé
votion qui, sur un simple signe, chevauchait
par voies et par chemins, enchanté d être l'exé
cuteur des sentences, excommunications et
exécutions prononcées et ordonnées par le
clergé contre les libéraux raisonneurs des
campagnes.
Le journal du clergé est bien maladroit, car
il prétend que M. le commissaire qui doit être
l'ami de tous les administrésse déclare l'ad
versaire politique d'un grand nombre d entre
eux. Il s'est trompé de date, le Rodin, car si
un commissaire était l'adversaire de tous ceux
qui ne pensaient pas comme lui, c'était l'ancien,
le signataire de la fameuse circulaire qui dé
peignait comme des ennemis du trône et de la
religion, ceux qui ne pensaient pas comme lui.
Voilà ce qui s'appelle se poser en homme de
parti de l'aveu de tout homme juste et impartial,
mais le Journal des Baziles trouvait cette cir
culaire un chef-d'œuvre de placidité, proba
blement emporté par l'esprit de paternité, car
son rédacteur paraissait ne pas avoir été étranger
la confection de celte pièce.
Nous croyons que tout le verbiage du jésuite
en robe courte peut se résumer ainsi: M. le
commissaire prend une position politique, donc
il néglige sa mission administrative. Nous le
répétons, ce sont des assertions très-gratuites et
si l'on veut se convaincrede leur fausseté, que l'on
s'informe près des administrés du commissaire
d'arrondissement et leur réponse servira de
réfutation. Du reste, nous avons faire une
observation: c'est la feuille des bedeaux qui a
voulu faire une position politique de sa façon
ce fonctionnaire et c'est cette allégation qu'il
a répondue.
M. Carton, croyons-nous, comprend trop
bien sa position, au gré des saints hommes du
parti clérical, c'est là que gît l'explication des
attaques déloyales auxquelles il se trouve en
butte. C'est un fonctionnaire l'abri de leur
influence et celui qu'on ne peut séduire, en
tactique jésuitique, il faut essayer de le briser.
Nous avons vu échouer de la part des journaux
cléricaux bien d'autres combinaisons perfides,
pour que ces jésuitiques menées pussent donner
la moindre inquiétude. L'esprit public, les
sympathies de la nation sont acquis au libéra
lisme, et les petites intrigues et les calomnies
doucereuses ne parviendront pas enlever ses
représentants, la confiance de leurs concitoyens.
La chambre des notaires a tenu, lundi der
nier, sa séance annuelle. En présence des
élections futures, MM. les notaires ont pensé
qu'il eut pu être opportun de désigner un candi
dat la représentation nationale, qui dans l'occa
sion, pourrait prendre en main la défense des
intérêts de la corporation. Ils sont donc con
venus entre eux, de présenter l'agréation de
l'Association électorale, comme candidat, M. le
notaire Boedt, membre de celle société depuis
sa fondation.
Ce choix nous paraît heureux. En effet, M.
Boedt est connu par ses opinions libérales bien
prononcées et, comme conseiller communal, il
a fait preuve d'une grande indépendance de
caractère. Sans vouloir pressentir l'opinion de
LA QUIQUENGROGNE.
(Suite.)
XII. renée de france.
Le vicomte de Frapesles, informé par la vieille Berthe que Raou-
lette avait été envoyée la cour de France, se préparait aller
Blois, quand un héraut viut annoncer la prochaine visite que la
princesse Renée devait faire la bonne ville de Saint-Malo. Rien
ne pouvait êtie plus agréable Yoiik que cette nouvelle inattendue.
En eflet, il ne se dissimulait pas que les derniers événements avaient
du produire la cour une fâcheuse impression, et que si sa présence
Bluis venait être soupçonnée, malgré le mystère dont il voulait
entourer son voyage, il lui serait difficile de travailler la délivrance
de sa fiancée, et plus difficile encore peut-être d'avoir favec Mrae
Kenée l'entrevue dont il faisait dépendre le succès de la ligue dont
il était le chef.
La venue de la princesse lui éparguait un grand danger et servait
admirablement tous ses projets.
Nonsbstanl, Yorik n'était pas sans quelque inquiétude. Ne pou
vant douter que le roi François Ier ne fut mal intentionné pour les
M.'louios, il se demandait si la princesse avait consenti a se faire
1 instrument de la vengeance qu'il méditait contre eux, ou bien si,
instruite secrètement des desseins que les barons avaient sur elle,
elle ne s était fait octroyer sa mission en Bretagne que dans le but
de les aider de ses efforts et de venir prendre la couronne qu'on lui
offrait.
Dans l'impossibilité où il se trouvait de oonnaitre les véritables
motifs qui la faisaient agir, il songea aux brillaules destinées qui
lui avaient été prédites par la vieille Berthe, et aima mieux croire
des chances favorables que de prévoir la ruine de ses ambitieuses
espérances.
Tous les barons ligués pour l'indépendance de la Bretagne fui ent
prévenus par lui de l'arrivée de Mme Renée, et invités se réunir
Saint Malo, où devait lui être faite la réception la plusspleadide.
Cet événement jamais mémorable dans les fastes historiques de
la cité, eut lieu le 17 de septembre de l'année 1519.
Le vicomte de Frapesles, entouré de plus de quatre-vingts gen
tilshommes bretons, suivi de la milice et d'uue foule innombrable
d'hommes et de femmes du peuple accourus de loin pour cette so
lennité, s'avança jusqu'à Parauié au-devant de Renée de Fiance.
Il était monté sur un magnifique cheval noir, portait le même
habillement de velours que bous avons dépeiut et les marques dis-
tinctives de sa dignité de prévôt. Les barons montaient aussi de
superbes coursiers et semblaient avoir lutté de prodigalité pour
charger leurs toques et pourpoints de galons d'or et de pierreries;
mais au milieu de cette escorte, Yorik se faisait particulièrement
remarquer par son costume sévère, et sa nffile prestance le dési
gnait tous les yeux comme le vrai maître de l'auguste cérémonie.
Dès qu'on vit veuir la princesse, les miliciens lui firent honneur
par des décharges d'arquebuses et par des cris de joie auxquels ré
pondirent les acclamations de la multitude. Elle était accompa
gnée par quelques seigueurs de la cour, au nombre desquels était U
jeune baron de Rohan, et protégée seulement par quarante hommes
d'armes, afin sans doute que les Maiouins ne pussent pas douter de
ses intentions pacifiques.
Les gentilshommes français étaient vêtus peu près de la même
manière et non moins riohement que les Bretons, mais une grande
différence existait néanmoins entre eux, et ils auraient pu se con
fondre sans cesser d'être distincts. Gela tenait ce que les premiers
portaient de longues barbes, tandis que les derniers avaient le vi
sage rasé.
On a dit de tout temps que la mode est la chose du monde la
plus capricieuse; celle de porter la barbe venait de prendre simul
tanément aux deux cours de France et d'Angleterre d'une manière
singulière. Il avait été décidé qu'une entrevue aurait lieu, cette
année-là, entre les rois François lei et Ilenri VIII; mais toujours
au moment fixé survenait, par le fait des intrigues de Charles Quint,
quelque empêchement inattendu, si bien que les monarques com-
raeuçaienl croire qu'ils ue pourraient venir bout d'exécuter
leur projet. Cependaut le mois de juin de l'anuée suivaute ayant été
choisi d'un commun accord pour l'époque où ils se rencontreraient,
il jurèrent de laisser croître leur barbe jusqu'au jour où il leur se
rait permis de s'embrasser comme deux lions frères. A l'imitation
de leurs maîtres respectifs, les courtisans de Francfe et d'Angleterre
cessèrent de se raser, et comme la barbe seyait merveilleusement
la figure de Frauçois Ier, la mode survécut bien longtemps la cé
lèbre entrevue du Camp du Drap d'or, puisqu'il se contiuua jusqu'au
règne de Louis XIII.
Kenée de FTance avait dix-sept ans. Quoiqu'un romancier 11e
soit pas tenu un respect trop scrupuleux euvers l histoire, il ne