NOUVELLES DE FRANCE.
Ainsi nous étions bien informés dans la nou
velle que nous avons donnée, ce sujet, il y a
quelques jours.
M. Lelewel qui avait quitté la Belgique, il y
a quelques semaines, pour suivre le mouvement
insurrectionnel de la Pologneest de retour
Bruxelles.
Ou vient de placer dans le vestibule du Palais
de la Nation, la statue de Thierry d'Alsace, qui,
en 1611octroya aux Flamands les premières
lois municipales alors nommées Coutumes. Ce
prince avait été élu comte de Flandre, en rem
placement de Guillaume de Normandie, qui
s'était rendu odieux aux Brugeois par ses vexa
tions. Il prit part aux Croisades.
Celte statue a été exécutée par M. Jehotte.
Le deuxième rendez-vous de notre monde
élégant a eu lieu Dimanche sur les boulevards
du Régent et de l'Observatoire. Le ciel s'étant
mis celte fois de la partie, tout devait être par
fait. Aussi une foule compacte envahissait nos
promenades dès 2 heures de relevée pour ne les
quitter qu'après le coucher du soleil
Les femmes yétaienl élégantes, les équipages
brillant» et les chevaux fringants. Jamais le
luxe ne s'était mieux allié au bon goût; l'illu
sion a été complète.
Bruxelles, 2 mai. Les deux anglais dont
nous avons annoncé dernièrement I arrestation
au chemin de fer, nantis d'une somme de vingt
mille francs, sont décidément reconnus pour
être d'audacieux fripons. Ils se nomment Clarke
et Bradbury.
Le représentant d'une maison de commerce
de Bruxelles avait été envoyé Londres. Là
on a su que ces deux voleurs s étaient procuré
une certaine quantité de bank-notes au moyen
d'une fausse lettre de crédit.
Le banquier, victime de cette friponnerie,
avait mis opposition au payement des bank-
notes. Deux de nos changeurs, qui avaient pris
ces bank-notes des mains des deux Anglais, et
les avaient ensuite négociées, les ont déjà rem
boursées.
Une annonce du Times avait promis une
somme de deux cents livres sterling ceux qui
procureraient l'arrestation des deux voleurs. Il
nous semble que celte somme appartient
MM. Hillenberg et Huart, qui ont opéré la
capture de ces fripons avec un courage et une
résolution qui font honneur la police de
Bruxelles. Émancipation.
NÉCROLOGIE.
M. J.-M. Polders, vioe-amiral et conseiller
la Haute Cour militaire, La Haye, est mort
Utrecht, le 27 avril.
Le général anglais Goddie est mort
Chellenharn l'âge de 74 ans, dont 60 passés
au service.
M. Olivier, bourgmestre Furnes, y est
décédé vendredi dernier.
Le ministre de Belgique Vienne, M. le
comte O'Suliivan de Grass, vient d'être frappé
cruellement; safemmea succombéà unemaladie
de poitrine dont elle souffrait depuis cinq mois.
Aurais-je eu le malheur, dit-il, de déplaire Votre Altesse en
me rendant l'interprète des vœux de la noblesse de Bretagne, et en
vous parlant comme devait le faire le chef d'une ligne organisée
dans l'intérêt de votre légitimité!
Vous comprenez, messire, répondit-elle, avec quelle réserve
je dois accueillir des ouvertures auxquelles j'étais si loin de m'at-
tendre. Tout ce que je puis vous assurer, en attendant que je vous
fournisse l'occasion de revenir plus longuement sur ce sujet, c'est
que personne n'est mieux disposé que moi travailler au bonheur
de la Bretagne.
Que Votre Al'.esse me permette une dernière observation, re
prit Vorik comme je ne saurais douter que ce que j'ai eu l'honneur
de vous dire ne vous entraîne de hautes réflexions, je dois vous
faire connaître qu'eu vous oflrant la couronne, les barons veulent
vous imposer la condition de choisir un époux parmi les grandes
familles du duché. Ils savent combien les alliances étrangères com
promettent l'indépendance de leur pays, et c'est un malheur qu'ils
désirent éviler.
3'approu* erais celte politique si j'étaj^ duchesse de Bretagne,
dit Renée sans paraître le moins du monde blessée que l'on songeât
déjàit enchaîner son libre arbitre. Niais c'est as»-z patler de cela,
«ontinua-t-elle; entretenez-moi de vous, messire, car ce qui m'a été
raconté par le baron de Rohan et d'autres encore, me donne grand
désir de vous connaître.
Que puié-je vous dire de moi, Madame, si ce n'est que je serai
NOUVELLES DIVERSES.
M. Théodore Bacque l'insurrection de Li
moges a placé la tête de l'administration de la
ville, est arrivé ce soir Paris. Il a eu une longue
conférence avec M. le ministre de l'intérieur.
Le Glaneur d'Amiens, du i Mai, donne les
détails suivans sur les motifs de l'émeute qui a
éclaté en celte ville.
Ce fut le 29 avril dernier, qu'une foule d'ouvriers
employés aux travaux communaux s'est présentée
l'Hôtel-de-Ville, où elle demanda le paiement de
la journée du lundi précédent, prétendant que si,
ce jour-là, les travaux avaient été suspendus, ce
n'avait été que parce que les ouvriers avaient été
appelés remplir leurs devoirs d'électeurs.
L'administration n'ayant pas cru accueillir cette
demande, il en résulta un mouvement séditieux.
Des cris éclatèrent et des barricades incomplètes
furent formées sur la place de l'Hôtel-de-ville. La
garde nationale, la troupe de ligne et la gendarmerie
avaient pris les arines. Des engagemens eurent lieu
sans qu'il en résultat d'accidens.
Mais, vers quatre heures, les troubles augmentè
rent. Munis de leurs brouettes qu'ils avaient
remplies de pierres, des ouvriers se répandirent
dans la ville. La garde nationale dispersa un pre
mier rassemblement. Mais, en ce moment, une
autrecohorleessayait une barricade. Là, des pierres
étaient lancées la garde nationale. Un détachement
qui s'était fait jour sur la place refoula le rassem
blement et se rendit maître du terrain. D'autres
rassemblemens s'étaient formés sur d'autres points.
Ilsfurentfacilemenl dispersés. Les barricades étaient
enlevées, les brouettes et les amas de pierres étaient
recueillis et dix-huit prisonniers étaient conduits
la Citadelle. Vers six heures du soir l'ordre était
rétabli.
Dans celte fatale collision, on n'a en regretter,
part quelques blessures occasionnées par le jet des
pierres, que la mort d'un homme, atteint d'une
balle qui le blessa au bras et pénétra ensuite dans.la
poitrine. C'est l'événement le plus douloureux de
celte affligeante sédition.
Paris, le 2 Mai.
A Paris toutes les élections ont été républicaines
et en général d'un républicanisme modéré. La com
mission du Luxembourg, qui voulait nous imposer
vingt candidats choisis dans son sein, n'a réussi qu'à
faire nommer 4 ou 5 d'entr'eux, admis déjà posté
rieurement par tout le monde. M. de Lamartine,
qui s'est trouvé en tête de toutes les listes, présente
des garanties suffisantes: non que je le croie bien
convaincu que la république est le seul gouverne
ment possible en France, mais parce qu'il espère
obtenir la présidence et qu'il doit trouver L'instar
de Heuri IV, qu'une présidence vaut une convic
tion. M. Ledrn-Rollin et ceux de ses adhérents qui
ont réussi ne sont venus que bien après les repré
sentants de l'opinion modérée. Dans les départe
ments, presque tous les anciens députés de l'oppo
sition ont été renommés, malgré leur opposition
pour ce qui a eu, bien contre leur attente, une fin
tragique.
Dès-à-présent, l'assemblée nationale peut se
diviser en trois partis bien distincts la république
rouge, la république bleue et la république blan
che. La république rouge, où se trouveront Ledru-
Rollin, Flocon, BarbèsLouis Blanc, Proudbon
Pierre Leroux et tous les socialistes enfin, sera la
moins nombreuse mais elle s'appuiera sur le peu
ple, sur le bas peuple, et fera une minorité violente,
une nouvelle Montagne. Elle voudra toujours de
nouvelles et immenses concessions, qui lui seront
refusées.
toujours le plus fidèle et le plus dévoué de vos serviteurs
D'aucuns prétendent, messire, que de bas vous vous êtes plaoé
haut par votre savoir, votre courage et votre grand génie d'autres,
au contraire, disent qu'à oes mérites vous j.ignez une notde ori
gine, et que nul n'est meilleur gentilhomme que vous;je désire
apprendre la vérité par votre bouche.
Hélas! Madame, répondit Yorik, la demande que vous me
faites en ce moment est peut-être la seule qu'il ne me soit pas per
mis de contenter. De ma naissance je ce sais qu'une chose certaine,
c'est que la reine Jeanne, la sainte princesse, fat ma marraine, et
qu'elle m'a donné la vicomté de Frapesles avec le titre que je porte.
Pour le reste, c'est un mystère. Poortaut, il y a apparence que je
suis né des amours du roi Charles VIII aveo Alix de Kerloguen, et
c'est ce que je crois...
Kl je le crois aussi, interrompit Renée, tant je désire que vous
soyez mon cousin. C'est donc pour cela qu'il m'a semblé que je
vous avais vu déjà, et que vous ressembliez un prince car bâtard
de roi est prince, savez vous, messire? Il faudra remonter la
source de votre naissance, pour que nul n'en ignore et que je puisse
bien hautement vous appeler mou cousin.
Puis, tirant de son doigt un anneau d'or enrichi de rubis, elle
ajouta
Gardez ceci en souvenir de notre première entrevue, mon
cousin.
Étonnés tous les deux qu'en si peu de lemps leur inlimilé fût
La république blanche, où se verront tous les
légitimistes, pourra de temps autre faire casse
commune avec les enragés pour abattre la républi
que bleue, saufensuite, lorsqu'ils seront vainqueurs,
se séparer pour se disputer aussitôt le pouvoir,
qui n'aura plus alors que deux compétiteurs, les
rouges et les blancs. La république bleue, grand
corps sans plus d'énergie que la Plaine de 98, grande
machine sanctionner des décrets, formera tout
d'abord le centre, immense majorité que les deux
partis s'efforceront de diviser et d'affaiblir, soit en
crédit, soit en nombre. Elfe se composera de tous
les républicains modérés et de tous les anciens or
léanistes acceptant la république. Elle comptera de
nombreux talents.
L'assemblée de 1848 se présente aussi hétéro
gène que celle de 92, et les différences qu'on y re
marque ne résident que dans la force des partis. En
92, le terrorisme était le plus fort, en 48, il sera
plus considérable, mais en 92 le parti monarchique
était nul, contrairement ce qui se présente en
48. Entre les deux viendra comme toujours se pla
cer un centre nombreux, mais sans initiative et qui
d'abord se laissera battre eu brèche par les Routjee
et les Blancs réunis.
Ici, lecharap le plus vastes'ouvre aux prévisions
ou la République blanche, s'assimilant une partie
du centre, triomphera, ou les événements feront
surgir quelque soldat heureux. Suivant la prophétie
d'OU ivarius, nous aurions onze mois de république,
puis Henri V, et Paris mis feu et sang (scission
entre rouges et blancsavant d'arriver une ère de
bonheur et de bien-être qu'il nous fait espérer en
suite. Lord Brougham et le président de la diète
suisse, M. Ochsenbeiu, sont des prophètes qui valent
bien Ollivarius.
La France doit retomber, comme au 18 brumaire,
sous le despotisme militaire. Nous voudrions faire
un meilleur choix.
On voit maintenant les affreux résultats de l'ar
mement général du peuple. La plupart des révoltés
ne savaient pas pourquoi ils se battaient, Rouen,
mais ils se battaient en attendant, sauf s'en infor
mer après. Des meneurs étaient venus de Paris.
Après deux jours de combat, l'autorité a eu lo
dessus, et maintenant tout est rentré dans l'ordre;
mais il est craindre que les rouges ne s'en tiennent
pas là, et que, comme en i834, ils se rejettent sur
Lyon, où une sourde agitation fermente toujours,
comme un feu mal éteint sous quelques poignées de
cendres.
L'armée s'est admirablement battue Rouen. A
Paris elle est parfaitement disposée aussi. Elfe a été
cordialement reçue et hébergée chez les bourgeois
elle s'en est montrée partout, on ne peut plus re
connaissante et a fait les plus sincères protestations
d'amitié et de secours en cas de besoin, car elle com
pare la manière dont elle y a été traitée avec des
humiliations inouïes que lui a fait souffrir le peu
ple, qui, le 24 février, s'est conduit avec elle, quoi
qu'elle eût peine consenti se battre contre lui,
comme 011 ne se conduit pas avec un ennemi vaincu.
La France, comme vous voyez, n'est pas au bout
de ses peines. Il est vrai que depuis le 24 février,
sauf des troubles continuels dans les départements;
tout s'est, politiquement parlant, assez bien passé,
mais, financièrement, il en est tout autrement. Il
est impossible de ne pas voir clairement sinon la
ruine, du moins la gêne et la misère qui sévissent
de toutes parts.
M. Emile de Girardin vient de voir échouer sa
candidature dans la Creuse. Le gouvernement s'y
était opposé de toutes ses forces et il a triomphé
mais c'est, je crois, un bien pauvre triomphe. M.
Girardin a entre les mains uii pouvoir immense,
lin journal qui se tire 5o,ooo exemplaires et qui
allée aussi loin, ils se turent pour pouvoir mieux jouir du charme
qu'ils goûtaient se comprendre et s'aimer, sans cependant se
connaître.
Quand la princesse eut fait dans la ville son entrée solennelle, le
prévôt la fit s'arrêter, ainsi que le groupe des barons, dans le milieu
de la place Saint-Vinoent, et allant se placer luûmême la tête de
la milice qui comptait plus de douze cents hommes, il la fit défiler
devant l'auguste visiteuse, qui fut émerveillée de l'excellente tenue
de celte troupe bourgeoise, dont le bon ordre ne le cédait pas
celui des soldats les plus consommés dans les évolutions militaires.
Mais bientôt Renée oublia la milice pour ne penser qu son
commandant, et elle n'eut plus d'yeux que pour le vicomte dont le
nom retentissait tout luoinent, mêlé celui de la princesse, daus
les acclamations de la foule.
Dans son esprit, elle le comparait au roi François Ier, qui passais
pour l'homme le plus beau, le plus habile dans les exercices, le plus
gracieux dans l'équitatioo, qu'il y eût dans le royaume de France,
et elle se disait que le vicomte de Frapesles était plus beau, pins
gracieux, plus habile, et qu'à les voir l'un de l'autre, c'eût été
bien sûr le bâtard de Charles VIII qui eût été pris pour le roi, tan
dis que François Ier n'eût semblé que son écuyer.
Et de fait, jamais peut-être Yorik n'avait déployé autant que dans
cette cérémonie, les avantages physiques qui le distinguaient. On
aurait dit que, devinant les pensées qu'il inspirait la princesse, il
prenait tâche d'exercer sur ell cette fascination qui met ceux qui