DIMANCHE, 14 MA1 1848.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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YPRES, le 13 Niai.
UNION LIBÉRALE
DE L'ARRONDISSEMENT D'YPRES.
Assemblée générale du 10 mai 1848, sous la
présidence de M. CaktoS, père.
La séance est déclarée ouverteà quatre heures.
L'assemblée est nombreuse et compte environ
quatre-vingts personnes.
M. le président fuit connaître que depuis la
dernière assemblée générale, huit nouveaux
membres ont été admis dans le sein de l'asso-
cialion. Ce sont MM. Joseph Beke, Alexis, Van
Eecke, Vandelannoite-WyckaertEdm. Brun-
fnut, Théodore Pironon, De Coene-Annool et
Begerem. Tous les membres qui n'ont pas en
core signé les statuts de l'association, sont priés
de passer au bureau. M. le secrétaire fait l'ap
pel des membres qui n'ont pas encore accompli
cette formalité, et ceux qui sont présents, après
avoir signéreçoivent un exemplaire du rè
glement.
M. le secrétaire donne lecture du procès-
verbal de la dernière séance il est approuvé
avec celle rectification que si le comité dans
la présentation des candidats pour une place
vacante, trouve utile d'offrir une liste double,
celte faculté lui reste.
Ce changement dans le procès-verbal est adopté
sur l'observation de M. Alphonse Vanden
Peereboom.
M. le président fait connaître l'objet de la
réunion, il s'agit, dit-il, du choix des candidats
définitifs de l'Association libérale pour la Cham
bre des représentants. En présence d'une dis
solution du parlement, nécessitée par la réforme
électorale, il est bon de se trouver en mesure
et de désigner plutôt prématurément que trop
tard, les noms des candidats libéraux au choix
des électeurs. Du reste, en premier lieu, le co
mité présente aux suffrages des membres de
l'associationpour être admis sur la liste des
candidats provisoires, M. Alphonse Vanden
Peereboom, échevin de la ville d'Ypres, déjà
désigné comme candidat libéral la lutte du 8
Juin et dans laquelle il a failli l'emporter sur
son compétiteur soutenu par le ministère et le
clergé, M. Vanden Peereboom a obtenu tous
les suffrages des membres du comité.
Quelques membres proposent de l'adopter par
acclamation comme candidat définitif, maison
rappelle l'assemblée au respect du règlement, et
M. le président fait connaître la marche suivre
dans la délicaleopération du choix des candidats.
Premièrement la réunion admet ou rejette de
la liste des candidats provisoires, les noms pré
sentés par le comité et y ajoute ceux des per
sonnes que des membres de l associalion veulent
désigner et qui sont admis au vole par assis et
lever. Ce n'est qu'après avoir accompli ces pré
liminaires, qu'on procède au choix des candidats
définitifs par scrutin secret et parmi les person
nes portées sur la liste des candidats provisoi
res. Tout autre choix en dehors de celte liste
au scrutin définitif, serait nul.
M. Vanden Peereboom demande la parole et
rappelle que la dernière fois, il s'est laissé porter
comme candidat, parce qu'il croyait pouvoir
rendre service la ville et l'arrondissement
en acceptant le mandat de représentant, si les
électeurs trouvaient utile de le lui conférer. Ce
qu il était alors, il l'est encore aujourd'hui
C'est dans l intérêt de l'opinion libérale et dans
le but de prendre cœur les besoins de l'arron
dissement, et de pousser aux améliorations qui
peuvent y être exécutées, qu'il s'est décidé
accepter une seconde fois la candidature. Mais
il désire qu'on ne se méprenne pas sur ses in
tentions, c'est comme candidat de l'association
libérale, qu'il désire être présenté au choix des
électeurs, c'est sous les auspices de la société
libérale, qu'il désire obtenir le mandat de dé
fendre les intérêts de ses concitoyens la
Chambre.
M. Alexis prononce une allocution chaleu
reuse et éloquente, dans laquelle il passe en
revue, ce qui a eu lieu depuis dix-sept ans. Il
rappelle que malgré la Constitution la plus
libérale de l'Europe, la Belgique a été courbée
sous le régime théocratique. 11 émet l'opinion
que dans les circonstances présentes, il im
porte surtout de faire choix d hommes, dont les
principes ne sont douteux pour personne,
d'hommes probes et dont la conscience consti
tutionnelle combattra avec énergie en faveur de
de nos institutions, mais tendra aussi les pur
ger de l'abus du cumul des sinécures et de
ces fontionnaires traitements exorbitants.
C'est d'après lui, le seul moyen de répondre aux
vœux du paysde le satisfaire et de rendre
ainsi impossible, tout changement de régime.
Après ce discours, l'assemblée passe lad-
mission du nom de M. Vanden Peereboom
au vote par assis et lever, sur la liste des can
didats provisoires. M. Vanden Peereboom est
adopté comme premier candidat, l'unanimité.
NI. le président fait connaître les démarches
du comité près d'un honorable négociant de celte
ville, qui a déjà occupé des fonctions civiques
et qui maintenant encore est le représentant de
l'arrondissement d'Ypres dans la députalion per
manente de la province. Ce choix lui paraissait
d'aulant plus heureux, qu'on désirait répondre
aux vœux émis par des personnes honorables,
de voir confier le mandat de représentant un
homme en position de connaître particulière
ment les besoins matériels de l'arrondissement.
Nul plus que M. Donny ne se trouvait apte
remplir une pareille mission. Mais il a répondu
la députalion du comité chargée de pres
sentir ses intentions, que sa santé, malheureu
sement, le forçait décliner toute candidature de
membre de la chambre des représentants. Nous
devons dire, ajoute M. le président, que M.
Donny a motivé son refus de manière ce que
personne ne pourrait le blâmer de ne pas ac
cepter la candidature en ce moment.
Le |comilé avait appris que dans la réunion
annuelle et obligatoire de la chambre des
notaires, ces Messieurs s'étaient occupés des
élections prochaines, et le désir a été manifesté
de tenter l'essai de présenter au choix des élec
teurs, par l'intermédiaire de l'association élec
torale el sous sou agréa lion, un membre de leur
corporation, afin qu an moins dans la Chambre
il y eut un notairequi, dans l'occasion, pourrait
éclairer le gouvernement sur les intérêts de celle
Feuilleton.
LA QUIQUENGROGNE.
(Suite.)
XIV. sur la reine jeanne.
Les historiens ne commencent s'occuper sérieusement de la
princesse Renée de France, qu'à 1 époque des guerres de religion,
auxquelles son nom se trouve associe d une manière remarquable,
cause de ses tendances prononcées pour le luthéranisme. Quant ce
qui précède son mariage aveo le duo de Ferrare, il en est peine
fait mention, et nous savons seulement par un de ses biographes,
qu'elle passa en Bretague une grande partie de l'année 1519, pour
se soustraire la tyrauuie domestique de madame la Régente, qui la
traitait en véritable marâtre.
Mais si l'histoire a des limites qu'elle ne doit pas franchir, si sa
mission consiste grouper avec ordre les faits généraux qui se
rattachent l'ensemble des systèmes politiques, le romancier n'est
pas obligé tant de réserve, et c'est en mettant profit les lacunes
forcées de l'historien qu'il parvient donner aux personnages qu'il
emprunte la physionomie qui leur est propre, et mettre en lumière
les événements intimes qui ont le plus souvent déterminé ceux
appartenant aux écrivains d'un ordre plus sérieux.
Nous plaçons ici ces réflexions pour ceux de no< lecteurs qui
pourraient s'étonner de l'importance que nous dounons uue
période de l'existence de la princesse Renée, que les historiens
indiquent peiue.
Quatre mois s'étaient écoulés depuis que Renée avait quitté Blois,
el, a l'exception d'un voyage Rennes, elle ayait passé tout ce temps
au château de Saint-Malo. Instruite par M. le vicomte de Frapesles
des projets formés par la noblesse de Bretague, elle s'était fait
expliquer l'orgauiaatiou de la ligue des barons, et avait voulu
connaître en détail les ressources dont ils pouvaient disposer, après
avoir reconuu que toutes les circonstances se réunissaient pour
favoriser leur entreprise, elle s'était engagée accepter la couronne
A la cour on recevait fréquemment des messages de la princesse
annonçant qu'elle avait bon espoir de réussir dans la mission dont
on l'avait chargée, et qu'il n y avait pas craindre le moindre soulè
vement eu Bretagne tant qu'elle resterait dans cette province; de
sorte qu'on était loin île se douter des intrigues qui se tramaient
contre la couronne, et encore moins qu'une fille de France y prit part.
Cependant, sans avoir précisément des soupçons contre Renée,
mais avertie seulement par les instincts de la haine, Louise de
Savoie avait, l insu du roi, envoyé Saint-Malo un espion chargé
de surveiller toutes les actions de l'ambassadrice, de tenir note de
chacune de ses démarches, de rendre un compte détaillé du uom et
des personnes qui avaient accès près d elle. Mais il semblait qu en
entrant dans une conspiration, la jeune princesse eût acquis tout
coup uue prudence consommée, et qu'elle pressentît la surveillance
occulte dont elle était l'objet, car les barons, sur la fidélité desquels
la cour de France pouvait concevoir quelques doutes, furent invités
ne pas venir au château de Saint-Malo sans y être mandés, et elle
prit un soin extrême de conserver sa trahison les apparences de la
plus parfaite loyauté.
Du reste, les préoccupa lions politiques ne tenaient, pour le moment,
qu'une place secondaire dans lespiit de Renée, et si son désir de
régner sur la Bretague était grand, plus grand encore était l'atta
chement singulier qu'elle éprouvait pour le vicomte de Frapesles,
attachement qui n'avait fait que grandir depuis leur première en
trevue.
La présence d'Yorik était devenue pour elle un besoin il fallait
qu'elle le vît chaque jour. Elle se plaisait l'entendre faire le récit
de ses fabuleux voyages, s'eulretenir avec lui des sciences qui
leur étaient familières eux deux, interroger ses souvenirs de
jeunesse, lui parler des modifications profondes qu'un dominicain
de l'Allemagne faisait subir l'église romaine, et vers lesquelles
elle se sentait d'autant plus portée, qu'elle se souvenait des mille
tracasseries suscitées naguère au roi son père par les papes. Les
mérites de la réformation, soutenus par elle et combattus par Yorik,
qui comprenait trop combien l'unité est chose essentielle la sta
bilité des institutions, pour approuver les dissidences fâcheuses qui
se manifestaient dans la chrétieiité, donnaient lieu de véritables
disputes théologiques et politiques pendant lesquelles toute diffé
rence de rang disparaissait entre les deux jouteurs, sans pour cela
refroidir la sympathie qui les unissait.
Le vicomte de Frapesles, qui avait rarement rencontré des hom
mes avec lesquels il pût échanger des idées, était émerveillé de
l'instruction, du bon sens et de ia dialectique vigoureuse de Renée,
qui ne tarissait jamais d'éloquence pour faire prévaloir ses opi
nions, et qui néanmoins, avait assez de boune foi pour se reconnaî
tre vaiucue, lorsque l'argumentation puissante de son redoutable
adversaire faisait pénétrer de nouvelles lumières dans son intelli
gence.
Heureux de se voir, de se parler, de se comprendre, ils ne son
geaient ni l'un ni l'autre se faire l'aveu de la mutuelle affection
qu'ils se portaient, et comme s'il leur eût suffi de se donner réci
proquement la preuve du plaisir qu'ils avaient se rechercher l'un
1 autre, et qu ils eussent voulu éloigner toute occasion de tendres