classe de fonctionnaires. Le comité, sans avoir
égard la quasi-présentation faite par les no
taires, mais ayant appris que M. Boedt anrait
accepté la candidature, si elle lui était offerte
par l'association, s'est empressé de s'assurer de
ses intentions, et aujourd'hui le comité directeur
présente comme candidat M. Boedt, notaire,
non pas parce qu'il est désigné par la chambre
des notaires, mais quoique notaire. M. Boedt,
dit M. le président, adonné des gages nombreux
au parti libéral: pendant longtemps bourgmestre
de la commune de Vlamerlinghe et ensuite
conseiller communal de la ville d'Ypres, il est
au courant des affaires administraiives, cl, par
ses fonctions, il doitconnailreles lois, puisqu'il
doit se conformer leurs prescriptions dans
le libellé des actes qu'il doit dresser.
M. Alexis dit son avis sur la façon singulière
dont celte candidature s'est fait jour. Il émet
l'opinion, qu'aucun membre de l'association ne
peut s'occuper du choix des candidatures en
dehors de l'association. Il pense que ces réunions
en dehors de la société ne sont nullement d'ac
cord avec l'esprit du règlement.
M. Begerem répond qu'il est l'un des auteurs
de la convocation des électeurs patentés et
proteste contre toutes les accusations dont cette
réunion a été l'objet. 11 s'agissait simplement de
faire comme les notaires, d indiquer un commer
çant au choix de l'association. Il donne lecture
d'un manifeste, pour prouverquec'est dans des
intentions pures et nullement anlilibërales que
cette réunion a été provoquée. M. Carton, fils,
pour un fait personnel, demande la parole et
dit que dans toutes les villes où le parti catho
lique s'est trouvé battu sans espoir de se re
lever, il a essayé de reconquérir le terrain, en
affublant d un masque d indépendance et en
essayant de donner le change sur ses intentions.
Le commerce et l'industrie surtout lui paraissent
singulièrement propres couvrir ses perfides
menées. J aiditqu'à Bruxelles, de pareils essais
avaient été tentés et que des membres soit de
XAlliance, soit de 1 Association, qui y avaient
prêtés les mains, avaient été exclus de ces so
ciétés électorales. Il croit qu'un pareil fraction
nement est trèi-dangereux et peut, dans un
moment donné, embrouiller la lutte électorale.
.M. le président exprime son opinion sur la
convocation des électeurs patentés il pense
que cette Téunion publique est une impru
dence de la part des membres de l'associa
tion, qui l'ont provoquée. Puisqu'ils assurent
que ce n'est nullement en vue de faire de l'op
position contre l'association que celle démarche
a été faite, voici ce qui pouvait avoir lieu; a
leur appel, auraient pu accourir les adversaires
du libéralisme et imposer aux libéraux pré
sents des candidats que dans l'association, on
aurait dû répudier. Si pareille chose aurait du
avoir lieu, il faut en convenir, les membres qui
auraient convoqués les patentés, se seraient
trouvés singulièrement désappointés.
M. Alexis revient sur son observation et sou
tient que c'est un moyen de fausser le but de
1 association et qu'on forfait ses engagements,
eu provoquant des réunions d'électeurs en de
hors de l'association, pn laquelle tout le monde
est admis, du moment qu il professe des opi
nions libérales.
M. Auguste Brunfaut donne quelques expli
cations sur la réunion des électeurs patentés et
croit qu on s'est mépris sur les intentions des
auteurs de cette convocation, il invoque 1 ap
pui, l'écrit lu par M- Begerem Du reste, il
proteste que celle démarche n a pas la portée
qu'on lui suppose.
M. Carton, fils, répond qu'il peut admettre
de l'irréflexion dans la démarche des personnes
qui ont provoqué la réunion des électeurs pa
tentés, mais que dans tous les cas, il se refuse
croire que la conduite des auteurs de la con
vocation soit conforme l'esprit du règlement
qui régit l'association.
M. Alphonse Vanden Peereboom prend la
parole pour démontrer combien le fractionne
ment des électeurs en catégories d'après le né
goce, le métier, etc., doit être évité. C'est par
l'union qu'on peut devenir influent et non par
la division. Si les membres du corps médical
faisaient, l'instar des commerçants, une associa-
lion, et que, mécontents d'une décision prise,
ils se fractionnassent en docteurs en médecine,
en chirurgiens de ville et en docteurs en l'art
des accouchements, le tout avec des subdivi
sions que la chose peut comporter, il n'y aurait
que des individualités et plus d'associalionl
Pareille conduite vous paraît ridicule, puis
qu'elle excite le rire. El cependant ce serait li
où on arriverait, en se laissant entraîner ce
malheureux esprit de rivalité. Car, si on suppose
des droits défendre, il faut supposer des ad
versaires qui les attaquent, et on introduit ainsi
dans une ville, dans une localité, un malheu
reux espritd'anlagonisme, origine des divisions
qui se font jour parmi les diverses classes de
citoyens.
M. Tertzweil croit qu'une pareille conduite de
la part de quelques membres de l association
doit amener un schisme ou une scission dans
le sein de l'association. Si c'est ce but qu'on
veut atteindre, qu'on le dise?
li finit par demander qu'on impose aux can
didats définitifs la mission de travailler au retrait
de la loi sur les pensions des ministres.
M. le secrétaire répond que ce serait donner
un mandai impératif aux candidats et quau
congrès libéral, cette question a été agitée et
qu'il s'est prononcé pour laisser au député toute
la liberté de ses allures. Personne ne deman
dant plus la parole, l'incident est vidé. M.
Boedt est admis sur la liste des candidats pro
visoires l'unanimité.
M. le président demande l'assemblée si
parmi les membres présents, personne ne pro
pose d autres candidats. On pourrait discuter
immédiatement leurs titres et les admettre sur
la liste des candidats provisoires s'il y a lieu.
Personne ne demandant la parole, M. le
président avertit l'assemblée qu'on passera au
scrutin définitif. Il n'y a pas de troisième can
didat. Le comité, par suite du refus de M.
Donny n'a pu mettre aucun nom en avant pour
la troisième place de représentant.
Le scrutin est déclaré ouvert, soixante mem
bres y prennent part. Le dépouillement constate
que M. Alphonse Vanden Peereboom, échevin
de la ville d'Ypres a obtenu cinquante neuf
suffrages, et M. Boedt, notaire et conseiller
communal, cinquante six suffrages. En consé
quence, M. le président proclame M. Alphonse
Vanden Peereboom, échevin de la ville d Ypres,
et M. Boedt, notaire et conseiller communal,
candidats définitifs de I'Union libérale de l'arron
dissement d Ypres, la place de membre de la
chambre des représentants.
La séance est levée.
Le receveur du droit de succession Ypres,
a l'honneur d'informer le public que le délai
fixé par l'art. 12 de la loi du 6 de ce mois, pour
faire les déclarations des rentes et créances
relatives la 3a partie de l'emprunt, est prorogé
par décision de M. le ministre des finances,
du 11 de ce moi3, n° 1233, jusqu'au 24 mai
courant.
Ypres, le 13 niai 1848.
J-EGRAVERANB.
Le concert donné par MM"'1 Henriette
Hitzemann et Désirée Fréri, et qui est fixé
demain, Dimanche, n'aura point lieu.
Le jour sera annoncé ultérieurement.
LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE.
Le ministère libéral et les Chambres ont ren
contré comme conséquence de la révolution du
24 février, une question qui engagera forte
ment la responsabilité du gouvernement Nous
voulons parler de la situation du principal
établissement financier de la Belgique. Une
demande a été faite par la Société générale de
pouvoir émettre pour une nouvelle somme de
vingt millions de billets de banque, dans les
mêmes conditions que l'émission autorisée paF
la loi du 20 mars 1B48, et ayant cours légal et
forcé. Il fallait une mesure aussi héroïque pour
permettre la banque de rembourser les dépo
sants la caisse dépargne, sans restreindre
l'escompte et arrêter le travail dans tous les
grands établissements industriels du pays.
Certes, ce qui a fait le plus de mal la Société
générale, cest que toutes ses opérations se
trouvaient enveloppées du secret le plus impé
nétrable, les bruits les plus sinistres circulaient
dans le publicsurla situation de cet important
établissement de crédit. Mais l'apparition de
l'état de situation que la direction de la société
a rendu public par la voie des journaux, les
esprits effrayés sont revenus des sentiments
plus équitables et les hommes de finance ont
dû avouer que la situation de la société sans
être brillante, par suite des circonstances poli
tiques, était loin d'être aussi mauvaise qu'on
voulait bien le publier. Certes, beaucoup de
valeurs ont été immobilisées et ne pourraient
être réalisées sans de grandes perles, mais enfin
en réalisant tout prix la Société générale
pourrait faire honneur ses affaires et payer
tous ses créanciers.
La question a été posée en ces termes devant
épanchements, la princesse laissait toujours assister ses entre
tiens avec Yorik. le baron de Rohan, quelquefois même Mélise
Cari tas, taudis que le prévôt, de son côté, se faisait accompagner par
aon jeune disciple, Jacques Cartier, qu'il destinait poursuivre ses
Voyages de découverte.
Le temps marchait vite pour Yorik et Rence. Il ne faudrait pas
croire qu'ils se bornassent discourir sur les sciences, ni qu'ils per
dissent de vue l'intérêt de la cause qu'ils avaient embrassée le
premier correspondait activement avec les principaux membres de
la ligue, achetait secrètement des armes et des munitious qu'il fai
sait distribuer sur tous les points du duché, et la princesse obser
vait d'un œil attentif les événements qui présageaient une confla
gration générale en Europe, et la faveur de laquelle sou avène
ment la souveraineté pourrait s'effectuer sans de grauds
obstacles.
11 se passait peu de jours qu'elle n'allât faire une visite la vieille
Berllie, par les conseils de laquelle elle paraissait se laisser diriger.
A la suite de ses entrevues avec celte femme, Renée ne manquait
jamais de témoigner combieu elle était contrariée de l'absence de
madame Alix de Kerioguen, mere d'Yorik, laquelle élait allée
Bourges-pour accomplir un vœu formé au moment de l arres'ation
du prévôt, et par lequel elle s'était engagée prier pendant uu an
sur la tombe de sa sainte maîtresse, si elle parvenait obtenir la
liberté de son cher prisonnier.
C'est que la princesse attachait la plus grande importance con
stater officiellement la haute origiue du vicomte de Frapesles, et
qu'elle voulait acquérir le droit de lui donner en public le nom de
cousin qu'elle lui accordait seulement dans l'intimité. L'acte de
naissance, signé de la main de la reine Jeanne, élait une garantie
delà grande extraction d'Yorik, mais il renfermait des lacunes qu'il
était essentiel de combler, et l'on n'y pouvait parvenir qu'à l'aide
documents et des dépositions que madame Alix, de licrlogueu
pouvait seule fournir.
Et madame Alix ne revenait pas Saint-Malo, malgré les instau-
ces que son fils lui faisait dans ses lettres pour hâter son retour.
Les barons de Bretagne ne connaissant pas les motifs secrets qui
retenaient leur future duchesse dans cette longue inaction, la solli
citaient vivement de parcourir la province pour s'y populariser,
prétendant qu'il n'y avait plus de temps perdre, que toutes les
dispositions étaient prises et qu'il fallait profiter de ce que les for
ces de la France allaient être concentrées sur les frontières d'Italie
pour reoonquérir l'iu dépendance. Us représentèrent qu un nouveau
délai pourrait avoir les plus graves inconvénients, eneeque plusieurs
villes considérables ne voyant pas se réaliser les promesses qu'on
leur avait faites, suivraient l'exemple que venait de donner la ville
de Nantes en séparaut ses intérêts de ceux de la ligue.
Il fallut se rendre ces raisons et se résondreà entreprendre tout
de suite un voyage que la princesse eut mieux aimé ne faire que
plus tard, après qu'elle aurait recueilli sqr la naissauce d'Yorik, des
renseignements qui lui eussent peimis de présenter le chef de la
ligue, non plus comme uu aventurier, mais comme uu gentilhomme
de souche royale, et aussi digue par sa noblesse que par ses grandes
facultés, de marcher en tèle de l'aristocratie bretonne. Heureuse
ment que le temps n'était pas encore arrivé pour elle, où, maîtresse
du pouvoir, elle serait mise en demeure d'exécuter la condition
qu'ou lui avait imposée de se choisir un époux parmi ceux des ba
rons qui auraient contribué l'asseoir sur le trône ducal.
Par les fréquentes conversations qu'elle avait eues avec lui, Renée
avait pu juger combien le vicomte de Frapesles était un esprit supé
rieur dans quelques tournois ouverts l'occasion de son séjour
Saint-Malo, elle s'était assurée que personne n'était plus iiabde
dans les jeux de chevalerie, et qu'il n'avait pas son égal pour
l'adresse, la bravoure et le sang-froid dans les exercices de la guerre;
par l'élude qu'elle avait fade des combinaison employées par lui
poui préparer la Bretagne sa prochaine indépendance, elle avait
reconnu dans cet homme prodigieux, le géuie du politique profond
qui embrasse d'un coup-d'œil les mille détails d'uue vaste organi
sation administrative enliu, et cette dernière considération rehaus
sait encore les qualités morales du vicomte de Frapesles, elle ne
pouvait douter que les trésors qu'il avait rapportés du nouveau
moode ne lui constituassent une richesse princiére.
Il ne restait plus maintenant Renée que de connaître Yorik
comme navigateur, et ne pouvant espérer de le voir jamais l'œu
vre dans le cours d'une longue expédition, il lui vint le désir de
faire par mer le voyage de Saint-Malo Nantes, et pria cet effet
le capitaine de disposer son bâtiment de la même manière que s'il
devait retourner en Amérique, alin qu'elle put se faire uue idée
exacte de ce qu'avait été la traversée immense qu'il avait si heu
reusement exécutée.
Les barons furent informés aussitôt de la détermination de la
princesse, et chargés de préparer les Nantais son auguste visite
dont ou espérait les meilleurs résultats.
Yorik.de sou côté, lit un appel ses fidèles marins qui déposè-
reut leurs costumes de miliciens pour reprendre avec joie leur
jaquette de matelot.
La Reine-Jeanne fut repeinte neuf, ses agrès renouvelés; eu un
mot ou lui fit une toilette de fête et telle qu'elle devait être pour
recevoir diguement son bord la noble passagère.
Jacques Cartier présida ces divers préparatifs, ainsi qu'à l'achat
des comestibles les plus rares et qui figuraient d'ordinaire sur la
table de la princesse, alin que son voyage eu mer n'apportât aucuu
changement sa nourritu.ie. La cabine du capitaine fut agrauilie.
meublée et ornée avec la plus grande maguiiicence, et destinée a
loger Renée de France.
[La tuile au pruch in _V».)