nistralives car, pourquoi ne le dirais je pas Sous
un gouvernement si essentiellement populaire et
constitutionnel, aucun concours, si modeste qu il
soit, n'est dédaigner, et, pour venir d'en bas, les
lumières n'en sont pas moins des lumièresEt
puis, n'hésitons pas le dire, il y a beaucoup faire
encore, même en administration, pour lui impri
mer cette marche régulière, satisfaisante, en quel
que sorte tulélaire, en un mot, cette uniformité
de vues et d'action qui seule constitue la bonne ad
ministration, et qui importe autant aux adminis
trés qu'aux administrateurs
Veuillez, monsieur l'éditeur, recevoir mes salu
tations très-amicales, ainsi que celles de MM. mes
collègues dont je me fais ici l'interprète.
A.-B. TERTZWEIL.
■Wytscliaete, 16 mai 1848.
Les événements les plus graves ont eu lieu
Paris. L'assemblée nationale a été envahie et
violée, le 15 mai. par le peuple des clubs, sous
la direction deBlanqui, Barbés, Raspail, Ledru-
Rollin et autres démagogues enragés. II s'agis
sait de forcer l'assemblée décréter, sous la
pression du peuple en armes, la guerre en
faveur de la Pologne. La tribune a été escaladée
par un grand nombre d'individus ne faisant pas
partie de l'assemblée, et il a été donné lecture
de pétitions, de proclamations au milieu de
hurlements effroyables et d'un tumulte dont
on ne peut se faire une idée.
Un représentant est venu annoncer la trahi
son du général Courtais qui a facilité cet auda
cieux attentat contre i'assemblée. Aucun député
n'a quitté sa place, tous sont restés leur poste
et quelques-uns d'entre eux ont été menacés
par des hommes du peuple et maltraités. Bar
bés la fin est monté la tribune et a proposé
de déclarer immédiatement la guerre en faveur
de la Pologne et de voler un milliard pour
faire face cette dépense. Aucun représentant
n'a approuvé cette proposition, tous sont restés
impassibles sur leurs bancs. Les meneurs voyant
que l'intimidation ne pouvait rien sur la repré
sentation nationale, ont déclaré l'assemblée
dissoute par l'organe de Hubert Un nouveau
gouvernement provisoire a été proclamé com-
poséde Barbés, Hubert, Blanqui, Ledru-Rollin,
Louis Blanc, Cabet et Raspail. Ce gouverne
ment provisoire s'est rendu immédiatement
l'hôtel-de-ville, pour s'y installer, et la séance
a été levée de force.
Un moment après, Lamartine et Ledru-Rollin
sont forcés de revenir la Chambre et en pré
sence d une foule de gardes nationaux on les
engage sauver leur pays, ce qu'ils promettent
de faire sur l'honneur. Ils se rendent immédia
tement l'hôtel—de—vil le au milieu des gardes
nationaux au nombre de plus de six mille, qui
leur forment un rempart de leur corps le long
de la roule.
On assure que Lamartine, la suite de me
sures rigoureuses, aurait fait saisir et incarcérer
le nouveau gouvernement provisoire, excepté
toutefois Ledru-Rollin. Pans est dans une agi
tation effroyable, quatre heures toutes les
boutiques étaient fermées. On dit que les in
surgés tentent des barricades.
Le drapeau arboré par les insurgés l'hôtel-
de-ville, a été mis en pièces par un capitaine de
la garde nationale. Il paraîtrait qu'on aurait
arraché les épaulelles au général Courtais et
qu'on lui aurait craché au visage.
CHAMBRE DES NOTAIRES.
En leur séance annuelle obligatoire du 15
mai, tenu conformément aux prescriptions de
l'arrêté du 2 nivôse an XII, et du décrêt impé
rial du 4 avril 1806, les membres composant
la chambre de discipline des notaires de cet
arrondissement, ont procédé l'organisation
intérieure de cette chambre, laquelle se trouve
maintenant composée comme suit:
Titeca, de Boesinghe, président.
Lucien, de Reninghelst, syndic.
Forrest, de Wervicq, rapporteur.
Soenen, d'Hooglede, trésorier.
Boedt, d'Ypres, sécrétaire.
Gheleïn, de Poperinghe, membre.
De Leghere, de Staden, idem.
Le receveur des contributions directes,
Ypres, prévient MM. les propriétaires qui se
proposent de payer son bureau leurs quote-
partsdans la contribution foncière de l'emprunt
décrété le 6 mai se rapportant d'autres loca
lités, qu'ils doivent lui remettre en même temps
un bordereau conforme au modèle suivant, lors
même qu'ils n'auraient qu'un seul avertissement
payer.
ROMS DES COMMUNES.
ARTICLES
des
ROLES.
MORTANT
de
AVERTIS-
SEMENT*.
SOMMES
P1YÉE5.
Liste des personnes résidant dans l'arrondissement
d'Ypresqui sont appelées faire partie du jury
pour le 2» trimestre i848.
1° Bossaert, Charles, propriétaire, Comines.
2° Diirutte, Émile, proptiétaire, Ypres.
3° De Gheus, Adolphe, propriétaire, Voormezeele.
4" Vanderhaeghe, Jean, rentier, Langemarok.
5° Veys, Louis, négociant, Vlaraertinghe.
6° Lagrange-Doncker, négociant, Ypres.
7® Cappelle, Ferdinand, négociant, Ypres.
Un arrêté royal, en date du 24 avril 1848,
accorde un subside de quinze cents francs ffr.
1,500) l'administration communale de War-
nêton pour l aider contribuer la dépense de
divers travaux d'amélioration exécuter aux
chemins vicicaux de la commune.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
A l'ouverture de la séance de samedi dernier, M.
Malou, au nom de la section centrale qui a examiné
le projet de loi relatif aux incompatibilités, a déposé
le rapport sur ce projet de loi. Le projet proposé
par la section est ainsi conçu:
Art. Les fonctionnaires et employés salariés
par l'état, nommés membres de l'une et de l'autre
chambre, sont tenus, avant de prêter serment,
d'opter entre le mandat parlementaire et leurs fonc
tions ou emplois.
Il en est de mêtne des avocats en titres des
administrations publiques, des agents du caissier
général et des commissaires du gouvernement près
des sociétés anonymes.
Le i" du présent article n'est pas applicable
aux chefs des déparlements ministériels.
Art. 2. Les membres des chambres ne pourront
être nommés des fonctions salariées par l'état
multipliées et plus compliquées encore qu'avant
i83o; et, néanmoins, le salaire rogné depuis i8i4,
est resté pour beaucoup d'entre eux, la moitié,
et, pour d'autres, l'égal d'un traitement de garde
champêtre!.. El ces fonctionnaires, qu'on leur
permette de lo dire, une fois pour toutes, mo
destes autant qu'utiles, attachés leurs devoirs,
n'ayant jamais démérité des hiérarchies supérieures,
sont, peut-être, en ce moment, les seuls si mesqui
nement rétribués ces chevilles ouvrières ou
mieux, ces coopérateurs indispensables, et, peut-
être, trop méconnus, de l'expédition des affaires
toujours croissantes de la commune, de la province,
du gouvernement enfin, ne recevraient pas leur
tour, une juste rémunération, un salaire proporti
onné leur triple concours dans l'expédition des
affaires publiques!, espérons, enfin, plus de justice.
Déjà cette flagrante injustice a valu, aux secrétaires,
des paroles protectrices et d'une consolante bien
veillance de la part de leurs immédiats et meilleurs
appréciateurs: Messieurs les commissaires d'arron
dissement, monsieur le ministre d'état, gouverneur
de celte province, ont plaidé leur cause, et, derniè
rement encore des voix éloquentes autant que
généreuses, se sont élevées, dans la chambre des
représentants, en faveur des secrétaires commu
naux.
C'est déjà beaucoup, toutefois des démarches ul
térieures, incessantes, devront être faites près des
honorables concitoyens qu'un nouveau mandat po
pulaire appellera bientôt dans le conseil de la pro
vince et la législature.
C'est ce qu'ont parfaitement compris les secré
taires ruraux des arrondissements judiciaires et
administratifs d'Ypres. Aussi, dans leur seconde as
semblée générale, tenue en la Maison-de- fille
d'Ypres, le i3 de ce mois, se sont-ils constitués en
association, d'abord, pour nouer des liens de confra
ternité qui n'existaient guère jusqu'alors, et, puis,
pour imprimer plus d'ensemble, plus de force dans
l'emploi de tous les moyens constitutionnels pro
pres leur assurer le bienveillant concours des
nouveaux mandataires du pays, au succès de leurs
justes réclamations, ou plutôt, au redressement de
la longue injustice dont les secrétaires ont se
plaindre.
Dans cello même séance, il a été adopté un règle
ment constitutif, et un comité permanent a été élu,
pour trois ans et par acclamation. Il est composé de
MM. Bl Tertzweil, président; C. Goubau, F. Joos,
F. Rubbrecht, membres; et D. Roffîaen, secrétaire-
trésorier.
MM. les secrétaires des villes de cet arrondisse
ment, ainsi que des villes et communes limitrophes,
sont conviés se faire membres de cette association,
lors de sa prochaine assemblée générale, fixée au
samedi, 27 mai 1848, 10 heures du matin.
Déjà M. J. De Codt, secrétaire de la ville d'Ypres,
a promis de se faire inscrire.
Que d'autres associations semblables s'organisent
ailleurs; que toutes s'entendent entre elles d'un
bout l'autre du royaume, et, par l'uniformité et
l'ensemble des démarches, leurs justes, leurs équi
tables demandes, ainsi formulées, obtiendront celle
force, et, surtout, celle prohabilitéde succès, néces
saires même au triomphe d'une bonne cause.
Finalement, les avantages subséquents de l'asso
ciation sont, entre autres, ceux-ci: Tant de
fonctionnaires qui ne se connaissent seulement pas,
s'aimeront, s'entr'aideront les relations de com
mune commune se ressentiront de cette bonne
harmonie toute fraternelle; et la province, elle
Gouvernement, le corps électoral lui-même, 11e
dédaigneront, peut-être, pas alors de mieux utiliser
ce faisceau d'expérience pratique des affaires admi-
pu lui donner une idée. De temps eu temps elle laissait échapper de
courtes exclaraalious.
v— Que c'est beau Mon Dieu, que c'est beau! disait-elle. Que
nous sommes petits en face de cette grande nature
Et sa main cherchait oetie d'Y orik pour la presser, le remerciant
ainsi du bonheur qu'il lui procurait.
Enfin, le crépuscule rétrécit la perspective; les points blancs dis
parurent un un, et mesure qu'ils s'éclipsèrent, les étoiles s'allu
mèrent aux eîeux. La nuit noire descendit sur 1 Océan, sans que les
ténèbres eussent, dans leur intensité, le moindre trait sinistre qui
put faire craindre aux plus vieux matelots la discoutinuation d'un
temps si favorable.
Le capitaine Yorik s'approcha de Jacques Cartier pour lui don
ner les instructions nécessaires la route du navire pendant la nuit,
et ayant jeté uu coup-d'œil sur la voilure, et un attire vers le lit de
la brise, il ramena la princesse dans sa cabine et s'enferma lui-même
dans la sienne.
Jacques Cartier, resté seul sur le pont, confiant dans cette appa
rence de beau temps, se promenait lentement, le front baissé, sou-
geant au capitaine, son mailre, qui avait cultivé sa vocation avec
tant de soins et d'affection, et sa pensée allant du présent l'avenir,
il se voyait peut-être capitaine sou tour, dirigeant de grands voya
ges d'exploration, et léguant son nom célèbre la postérité, lorsque
tout-à-coup les voiles jusqu'alors tendues par le vent nord-est, se
collèrent avec fracas contre les mâts. Les vergues agitèrent leurs
bras, et les cordages serpentèrent en sifflant.
Par un changement soudain, très-commun dans cette saison, le
vent avait sauté au sud-ouest, et commençait souffler avec une
grande violence. Les manœuvres judicieuses ordonnées par Jacques
Cartier, mirent bientôt l'ordre dans la voilure qui, orientée de ma
nière recevoir l'impulsion du vent dans un sens favorable, lança
le navire dans une roule différente.
Ce contre-temps assombrit la Ggure des matelots. On s'aocoulurae
si vite àoe qui semble le bonheur.
Cependant le vent augmentait de violence. La Reine-Jeanne
orientée au plus près, penchée sur le flano, laissant derrière elle une
longue nappe d'écume, faisait entendre des craquements qui ressem
blaient des plaintes.
En haut le monde serrez les perroquets! cria le porte-voix de
Jacques Cartier.
A peine cet ordre fut-il exécuté, qu'il en fallut donner un autre,
celui d'amoindrir la surface des huniers en prenant un ris. Ce fut
alors que le capita:ne Yorik. éveillé par un bruit de pas précipités
qu'on entend toujours sur le pont pendant les grandes manœuvres,
monta son tour, et fut très-étonné de voir le brusque changement
qui s'était opéré dans la température. Il recommanda beaucoup de
prudence, approuva les précautions déjà prises, puis se retira une
seconde fois.
Les matelots ayant vu leur oapitaine calme et satisfait des ma
nœuvres, se tranquillisèrent comme par enchantement.
Le jour vint; mais aucune déviation notable ne se produisit dans
la brise, qui continua de souffler avec fureur.
Le navire, toujours un ris dans les huniers, courut des bordées
angles plus ou moins aigus, présentant tantôt un tlanc la brise,
tantôt l'autre, mais en somme ne faisant que très peu de roule. Sept
jours se passèrent ainsi, et enfin la Reine-Jeanne arriva en vue du
cap Finistère.
Si encore, ce point de voyage, une brise favorable était venue
ranimer 1 esprit de l'équipage mais non sur cette côte terrible où
le naufrage vous regarde eu tace, où le salut est une rare exception,
les matelots eurent la douleur de voir la brise se changer en oura
gan, et quoique le pauvre navire eût peine quelques lambeaux de
toiles opposer la furie de la tempête, il fut bientôt le jouet des
vagues qui, poussées par les courants de l'Atlautique, fières de leur
longue course, entraient gigantesques et oonquérautes dans le canal
britannique, ou se brisaient avec un fracas digne de leur puissance
sur les rocs et les falaises de l'Armorique.
Tortillée par la mer et l'ouragan, poussée vers des écueils dont
on entendait les voix sinistres sous les vagues éoumautes, la Reine-
Jeannetantôt plongeait comme dans un abîme, puis, emportée sur
le dos d une lame monstrueuse, s'élançait vers les nuages dans un
tourbillon d'écume.
Dans cette situation dangereuse, le capitaine Yorik crut prudent
de mettre la cape, car c'eût été courir une perte certaine que
de se confier au vol de la tempête. Il donna quelques ordres
Jacques Cartier et se retira dans sa chambre.
Dieu nous soit en aide, dit le jeune navigateur au contre
maître, lorsque le oapitaine eut quitté le pont sans les savautes
mauœuvres de M. de Frapesles, il y a quatre jours que la Reine-
Jeanne serait brisée en mille pièces, et que l'équipage serait au fond
de la mer; mais bieutôt nulle scieuce humaine ne pourra retarder
le fatal dénoûment. Pour peu que la tempête dure encore une heure,
le bâtiment aura sombré... A moins que le ciel ne veuille faire uu
miracle eu notre faveur. La suite au prochain A'*.)