3 Metternich, M.-P. NOUVELLES DE FRANCE. Metlernich et M. de Ficquelmont l'ëpoque où celui-ci fut chargé, l'année dernière, d'une mission qui a donné lieu toutes sortes de suppositions. La lettre de M. de Melternich est assez curieuse. En voici la traduction Vienne, 22 août 1847. Mon très-estimable ami, Le comte de Ficquelmont vous remettra ma lettre, et vous expliquera en peu de mots la mission dont il est chargé. La situation universelle, principalement celle de l'Italie, est des plus difficiles. De telles situations exigent des mesures analogues, et c'est là le but de la mission du comte de Ficquelmont. La politique veut être représentée auprès de S. A. I. l'archiduc vice-roi, et la politique et la guerre sont insépa rables. Entendez-vous donc breoi manu avec le comte de Ficquelmont, qui vous donnera tous les éclaircissements nécessaires sur notre relation poli tique, et vous rendra là-dessus ce calme qui est le véritable soutien d'un valeureux capitaine. Nous avons, vous et moi, cher feld-maréchal, traversé des temps difficiles; nous avons, avec la plus parfaite harmonie, fait de grandes choses, et nous ne sommes pas, ce qu'il parait, destinés par la Providence passer en paix nos derniers jours. Si le temps passé a demandé de grands efforts, il était incomparablement préférable au temps pré sent vous et nous savons lutter contre les corps, mais contre les larves fantastiques la force maté rielle est impuissante, et c'est contre de telles larves que nous avons lutter continuellement... Pour comble, il était réservé au monde de voir l'appari tion d'un pape libéralisant. Agréez l'assurance de mon estime et de mon amitié les plus sincères. Paris, 19 mai. M. Clement Thomas est venu aujourd'hni pré senter l'Assemblée, au notn des dix-huit lé gions de la Seine, une adresse daus laquelle la milice citoyenne de la Seine, déclare que ce qu'elle a fait elle sera prête le faire toutes les fois qu'il y aura défendre la liberté et l'ordre contre Vanarchie aussi bien que contre la réaction. Ce mot de réaction, qui paraît être la formule alfectée pour flétrir d'avance toute opposition, n'a trouvé que peu de succès dans l'assemblée. M. Uërard a dit avec beaucoup de justesse que personne ne voulait de réaction, et que c'était une mauvaise tactique que de repousser les pensées d'or dre et de paix, en les entourant du cortège de la contre-révolution. En blâmant notre tour cette prétention de voir prrtout des réacteurs dans les adversaires, nous voudrions pourtant que l'ancienne opposition se montrât moins systématiquement jalouse des pré rogatives du pouvoir élu par l'assemblée. Qu'elle accuse franchement ce pouvoir, nous le comprenons; qu'elle lui reproche son inaction dans la journée du 15; qu'elle lui demande compte de la disparition de Blanqui, de l'absence de fermeté qu'elle a montrée en face de certains de ses agens, auxquels la chambre a dû demander une démission que le pouvoir devait leur imposer avant toutechose. Au surplus, l'assemblée a fait aujourd'hui un pas dans la voie de la conciliation, en adoptant, sur la proposition d'un député du Calvados, une rédaction nouvelle qui pose la question d'ordre avec moins d'aigreur peut-être que n'en comportait la réaction de M. Beiaid, et qui a ele accueilli la presque unanimité. On lit dans la Preste Nous tenons de bonne source que MM. Blanqui et Flotte, élargis la préfecture de police après leur arrestation, dans la nuitdu i!iau i6mai,sont partis par le convoi du chemin de fer du Nord, dans la soirée du 16, et sont arrivés Bruxelles hier matin. Un voyageur arrivé aujourd'hui Paris assure avoir reconnu M. Blanqui dans le convoi. Nous recevons ce soir d'une main inconnue la lettre suivante datée de Paris. L'écriture nous en parait être exactement semblable celle des com munications que nous avons déjà reçues de M. A. Blanqui, lors de la publication du premier numéro de la Revue rétrospective M. le rédacteur; Quelques journaux me parviennent dans l'asile, où une lois de plus, depuis dix-sept ans, je me vois contraint de dérober nia vie aux proscriptions roy alistes. J Je déclare hautement que tout ce qui s'est dit la tribune, dans la séance du 16 mai, sur mes amis et moi, n'est qu'un hideux tissu de mensonges et de calomnies. Doucement, messieurs votre garde bourgeoise ne m'a pas fait encore avaler ses baïonnettes. Je suis libre, et j'ai quelques paroles dire bientôt au public. En attendant, il peut juger de la véracité des réactionnaires par l'annonce officielle de mon arres tation que M. Garnier-Pagès a faite l'assemblée. Tout le reste est l'avenant. L. Auguste Blanqui. Paris, le 17 mai 1848. Voici un mot du vénérable Dupont (de l'Eure), mot que nous voudrions voir graver en lettres d'or, au-dessus delà porte de toutes les communes de France. Pas si vite! pas si vite, faiseurs de théories! La perfection d'une pendule n'est n'est pas d'aller vite, mais d'être réglée. Un décret de 1a commission du pouvoir exécutif, en date du 16 mai, dissout la garde républicaine, le corps des montagnards, celui des Lyonnais ei autres semblables. Un second décret du même jour prescrit la formation d'un corps de deux mille hommes d'infanterie et de six cents hommes de cava lerie pour le service spécial de la police de la ville de Paris, sous le nom de garde républicaine parisienne. Les hommes qui faisaient partie des corps licenciés et qui satisfe ront aux conditions d'admission daus la garde républicaine pari sienne seront choisis de préférence. Le général Cavaignac est nommé ministre de la guerre. M. Trouvé-Chancel, ancien maire de la ville du Mans, et répresentant de la Sartbe, remplace M. Caussidière !a préfeoture de police. M. Crémieux, ministre de la justice, a, dit-on, procédé l'interrogatoire du général Courtais, qui se défend avec énergie de complicité dans l'attentat commis contre l'Assemblée nationale. Il vonlait tout ménager, aurait-il dit. Il ne voulait pas d effusion de sang... avant tout, il était le général du peuple. Le général est fort abattu, quelques larmes sont tombées de ses yeux lorsqu'il a su la terrible accusation qui pesait sur lui. Depuis le 16, M. Courtais a refusé toute espècé de nourriture. Le lendemain raatiu, il avait un peu de fièvre. Un médecin lui a été envoyé; il lui aurait dit J'aime mieux la mort que le déshonneur, docteur; c'est inutile, je ne veux accepter aucun soin. Merci! merci!» Puis il est tombé dans un état de prostration complète. Le nommé Huber, qui a été signalé comme l'un des meneurs du mouvement de lundi, était directeur de l'hospice des invalides civils. Dans les derniers jours de février il jouissait d'une grande influence au ministère de l'intérieur. Il a fait nommer plusieurs commissaires généraux des départements; deux ou trois d'entre eux sont aujourd'hui représentants. La garde nationale et deux bataillons de la garde mobile occupaient les postes, les c >ur et jardin de la préfecture de police. Les montagnards, les Lyonnais et la partie de la garde républicaine qui s'y étaient installés, sont désarmés depuis hier soir. Ils sont tou jours dans la préfecture et gardés vue. La consigne la plus sévère est donnée. Personne ne peut entrer ni sortir. On a commencé fouiller les oaveaux et les autres pièces qui renfermaient les armes de la triple garde de M. Caussidière. On a dit la Chambre qu'on a saisi un grand nombre de fusils, de pistolets, de sabres, de poignards, et une quantité considérable de cartouches. Voici quelques nouveaux détails sur les résultats de la perqui sition faite au domicile du citoyen Sobrier, rue de Rivoli, 16, et la succursale de son établissement, même rue, 6. La garde nationale a arrêté Lebouoher, secrétaire de Sobrier, au au moment où il rentrait. Il était allé la rencontre de Sobrier, qui venait d'être arrêté au quai d'Orsay. Leboucher portait les insignes de capitaine de la garde nationale, qu'on lui a arrachés. Il a été déposé au poste des Tuileries. On avait arrêté d'abord 28 montagnards attachés au service de Sobrier. Les gardes nationaux fouillèrent ensuite ses deux maisous en tous sens. Ils montèrent jusque sur les toits, où on pensait que quatre individus s'étaient retirés. Ou saisit 1,200 paquets de cartouches et 200 fusils chargés. Ces fusils et quelques poignards furent découverts dans une chambre coucher. Ou a reconnu que les balles des cartouches provenaient de Viuceunes. Ces balles enlèvent oirculairement la chair où elles pé nètrent, et rendent presque toujours la blessure mortelle. La garde nationale occupe les deux maisons habitées par le citoyen Sobrier et sa bande. Presque tous les journaux ont annoncé l'arrestation de M. Thoré, rédacteur en chef delà Vraie République. Ce qui a contribué accréditer ce bruit, c est que ce journal n'a pas paru le 16. M. Thoré annonce en tête de son numéro du 17, qu'il n'a pas été airêté, et qu'il n'a figuré ni l'assemblée nationale, ni l'hôtel de ville. Le 16, la pointe du jour, on a commencé s'occuper du trans port des prisonniers, au nombre d'environ t*ois cents. Quatre dili- geuoes cU messageries géuérales avaieut été disposées cet effet- Barbès a occupé le coupé de la dernière entre deux officiers de l'ar tillerie. Des dkagons'servaient d'escorte. On s'est dirigé par le Jardin des Plantes, et ouest arrivé la barrière du Trône par les boulevards extérieurs. Pendant le trajet, force cris A bas les émeutiers sa luaient le passage des voitures. Un ouvrier dit en désignant le coupé de la quatrième voiture Tiens voilà la boite du dictateur. Vers quatre heures et demie, on arriva au fort de Vincennes. Barbès fut incarcéré dans une chambre 230 marches au-dessu3 du sol il cria Vive la République Il ajouta au deruier moment Dans quatre jours je ne serai plus ici! Deux diligences revinrent chargées cartouches, les gardes nationaux sur l'impériale. Dans tout le faubourg Saint-Antoine, l'enthousiasme des popula tions était extrême. Assemblée nationale. M. Felicien Malefille, administrateur des ohâteaux de Ver sailles et de Trianon, a douné sa démission. Tous les cabanons de la préfecture de police étaient encombrés le 16, de citoyens arrêtés par la garde nationale. La cour d appel s'est réuuie le 17 au palais de justice pour évo quer l'affaire du 15 mai. Un fait assez digne de remarque, par le souvenir qu'il rappelle, s'est passé lundi soir, vers 5 heures, sur le quai de la Mégisserie, devant la boutique d'un armurier. M. Droineau jeune se trouvait devaut l'hôtel de ville au moment où Barb ;ss'y reudait pour pro clamer la dissolution de l'assemblée nationale et iustituer un gouver. neinent provisoire. M. Dioiueau prolestait dans la foule contre cette prétention, lorsqu'il se vit assailli par une centaine d'individus qui faisaient entendre des menaces de mort contre lui. Il a fait des efforts inutiles pour empêcher les dévastations de la boutique de l'armurier. Finalement, il a été foulé aux pieds, et l'émeute a passé outre. M. Drouineau jeune est le frère de l'officier Drouiueau, tué dans 1 échauffouiée de Eaibès, le 12 mai 1839. Le régiment d'infanterie d'Espagne est dissout. Les drapeaux seront déposés au musée d'artillerie. La Reine va s'occuper de pourvoir aux besoins des familles des officiers morts pour la défense du trône, de la constilion et de l'ordre public, dans la journée du 7. - m» JJ.<1 UI— «W—WMBMB— VARIÉTÉS RÉPUBLICAINES. Voici ce que nous reucontrons dans les Petite* Affiches de la première révolution. Lorsqu'en 1789 les Français (ceux qui aimaient véritablement la patrie), s'empressèrent de faire l'état un sacrifice proportionné leur fortune, une courtisane écrivait l'assemblée nationale, la lettre suivante, qu'elle accompagna d'un don de 1,200 livres. Citoyens, j'ai un cœur pour aimer j'ai amassé quelque chose en aimant; j'en fais en vos mains hommage la patrie. Puisse mon exemple être imité par mes compagnes de tout rang Décidément, lé gamin de Paris voit tout, connaît tout, entend tout, et rit de tous et de tout. Nous nous promenions hier, pendant un entr'acle, sur le boulevard du Temple, quand un bohème de douze ans vint notre rencontre en chantant tue tête Petit Blanc, mon bon frère, O petit Blanc si doux, Il n'est rien sur la terre D'aussi petit que vous Une vieille muse de notre connaissance a fait, en i835, l'adresse des représentants, des vers que les derniers décrets du gouvernement ont rajeunis de quinze ans. Nous en citons quelques-uns Messieurs, vos beaux discours en nous édifiant, D'un peuple travailleur ont fait un mendiant; Bravo l'idée est grande et l'effort est sublime Vous avez poursuivi le luxe comme un crime, L'éclat comme un abus; vous avez tant vanté Ce rêve d'envieux qu'on nomme égalité, Que vous avez chassé l'argent de nos boutiques, Que la peuple, enrichi de ses droits politiques, Abondamment nourri de vos discours sans fin, Pa uvre, nu, sans travail, mais libre, meurt de faim On dirait ces vers écrits d'hier; mais ces vers n'ont pas corrigé le passé, ils ne corrigeront paà davantage le présent. Hier, dans un club excessivement avancé, un orateur déclamait contre les assassins de Rouen. Oui, mes frères, disait-il, l'indignation est telle que les citoyens ne peuvent plus passer devant un poste de garde nationale sans tendre vert le ciel leurs maint suppliantes. Sapristi! s'écria un interrupteur, savez-vous que cela doit devenir fatiguant, s'il y a beaucoup de postes. On se promenait dans la salle des Pas-Perdus de l'Assemblée nationale, journalistes et représentants, officiers de la milice citoyenne et commissaiies dans les départements en congé... définitif. Tout coup j'aborde le citoyen Xavier Dureu. Eh bien c'est donc vrai, citoyen, vous avez démasqué les Cinq Mon Dieu, oui Mais pourquoi? Bast une misère. Ils voulaient se faire rois. Comment le savez-vous? Par le tapissier de la salle. Ils avaient projeté... D'avoir une citadelle comme Pisislrale? Non mais de faire faire... Des couronnes de laurier en or, comme Sylla? Point. Ils voulaient se tenir tous les cinq, au fond de la salle, dans une loge grillée, comme l'Opéra. Inlâmes tyrans, va Une feuille américaine donne un moyen assez ingénieux pour dissiper les attroupements. Envoyez au milieu des groupes un certain nombre d'indivi dus porteurs de bourses et quêtant en faveur de quelque œuvre charitable. Peu de gens tiennent devant cet appel leur générosité. Affranchir le travail émanciper les ouvriers. Les fous et les ignorants n'ont que cette proposition la bouche. Cela nous rappelle ce nègre qui se félicitait d'être du bonheur d'être affranchi. Je ne suis plus esclave, dit-il, je suis domestique. Ils ne seront plus ouvriers; non, ils seront tra vailleurs!

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Le Progrès (1841-1914) | 1848 | | pagina 3