89 ANNEE. - 739.
DIMANCHE, 4 JUIN 1848.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTERIEUR.
AVIS.
A dater du 25 de ce mois, le journal le
Progrès sera imprimé en caractères neufs et
compactes. Par suite de l'abolition du droit
du timbre, la direction du journal fait une
économie de trois francs douze centimes sur
l'abonnement annuel. .Nous nous empressons
non-seulement d'en faire profiter nos abonnés,
mais le succès que la feuille libérale a oblenu
et la vogue quelle conserve, nous permettent
de fixer le prix de l'abonnement pour un an,
la minime somme de quatorze francs, en nous
imposant, outre une diminution équivalente au
coût du timbre, un sacrifice d environ 3 francs.
A dater du trimestre prochain, le prix de
labonnemenl est fixé, comme suit:
A\ IS IMPORTANT. Les personnes qui s'a-
bonneion! pour le trimestre prochain, recevront
le journal gratis jusqu'au 1er Juillet 1848.
Candidats de l'Union libérale
MMALOU-YERGAUWEN, Sénateur
sortant.
1» M. ALPHONSE VANDENPEEBEBOOM
Conseiller provincial du canton de Haringhe et
échevin de la ville d'Y près.
2' M. BOEDT-LUCIEN, Notaire, et conseiller
communal de la ville d Ypres.
AUX ÉLECTEURS
L'opinion libérale a subi l épreuve du pou
voir. Depuis le 12 août, elle se trouve chargée
de ditiger les destinées de la Belgique et depuis
celte epoque, aucune des sinistres prédictions
de ses adversaires ne s'est réalisée. Les églises
sont-elles fermées, comme le disaient naguères
d'implacables adversaires la religion est-elle
diffamée; les prêtres sont-ils persécutés Nul
n'oserait le prétendre, bien que la mauvaise foi
et la calomnie soient des armes bien familières
aux ennemis politiques du libéralisme.
Mais depuis que des libéraux sont placés au
timon des afFaires, des événements imprévus,
graves, critiques ont éclaté. En France, le ré
gime constitutionnel a sombré et la république
a été inaugurée. Celte catastrophe a eu un re
tentissement éclatant et des conséquences im
médiates non-seulement pour la France, mais
pour l'Allemagne et l'Italie. De toutes parts, un
changement dans les institutions a été réclamé,
dans telle contrée par les moyens légaux, ail
leurs les armes la main.
Pendant que tous les peuples qui entourent
la Belgique sont eu fermentation et en travail
d'une reconstitution politique, nous seuls, nous
sommes restés en dehors du mouvement qui
entraînait les autres nalions. celle tranquillité
que nous avons conservée au milieu de la tour
mente, nous pouvons l'attribuer hautement,
ce que depuis le 8 juin dernier, la constitution
était devenue line vérité et qu'une majorité dé
vouée au haut clergé, et chargée dappliquer
les théories politiques des absolutistes ultra-
montains était devenue minorité, la grande
joie de tous les hommes bien pensants et ap
préciant sainement la situation de la Belgique.
Ainsi donc, électeurs, ces hommes, ces libé-
râtres, ces républicains comme les appelaient
les écrivains soudoyés par le clergé, ces libé
raux qui vous inspiraient de la crainte et peut-
être une puérile terreur, ces libéraux ont sauvé
le pays d'une crise qu'on aurait peut-être diffi
cilement traversée. Ce sont ces libéraux qui ont
maintenu les institutions telles que les a fon
dées le congrès nationalet interrogez votre
conscience et demandez-vous, si avec un mi
nistère catholique, un cabinet De Theux-Vlalou
par exemple, au milieu de la désaffection gé
nérale qu'il inspirait, le gouvernement eut pu
sortir sans danger des complications politiques
et financières qui ont surgi depuis l'avènement
au pouvoir du ministère Bogier.
l'intérieur, il fallait revenir sur les atten
tats accomplis sous la mixture contre nos liber
tés politiques; le trésor de l'état se trouvait
dans une position critique; des dépenses extraor
dinaires avaient été faites et la dette Boitante
s'élevait au quart des revenus de l étal obéré
sans pitié par des hommes de finance sans cœur
et sans conscience. Pour eux, la seule solution
qu'ils connaissent aux questions financières,
est de faire produire l'impôt tout ce qu'il
peut donner et c'est ainsi qu'insensiblement, on
est parvenu atteindre le chiffre énorme de
118 millions de francs pour le budget des voies
et moyens de la Belgique.
Jamais ministère n'a rencontré sous son
règne plus de difficultés accumulées, la plu
part par la faute de ses prédécesseurs, les autres
par les événements extérieurs. Et cependant
qu'on nous réponde avec bonne foi, a-t-on eu
des reproches fondés lui adresser et les prê
tres devaient-ils parcourir les campagnes
comme des énergumènes et hurler contre le
libéralisme, qui leur a probablement rendu le
service de les sauver malgré eux, de certains
désagréments, auxquels ils auraient pu être
exposés, si un changement de ministère n'avait
donné une satisfaction l'opinion publique irri
tée par leurs audacieuses manœuvres électorales.
Quelques hommes, sans pudeur et sans con
science se plaisent faire remonter au minis
tère actuel la responsabilité des emprunts
forcés qu'on a dû voter sous peine de banque-
roule. Hâtons-nous de dire que c'est accuser
des innocents et que les vrais coupables sont
ceux qui ont contracté des dettes, sans les
liquider. Cette accusation atteint les ministères
catholiques et mixtes qui se sont succédé.
Craignant de se voir répudiés par le pays, ils
n'ont jamais osé demander l'impôt des res
sources pour payer les dépenses qu'ils provo
quaient sans rime ni raison. La dette flottante
ou échéances fixes, servait de palliatif
l'abîme financier qu'on creusait, et au 24 février,
le ministère libéral s'est trouvé en face de 28
millions de bons du trésor qui devaient être
remboursés dans l'année. Il n'y avait que deux
moyens d'en soi tir, refuser de payer, et c'était la
banqueroute ou l'emprunt forcé.
Électeurs, les circonstances sont graves, il
importe de conserver au pays une administra
tion libérale le salut de nos institutions en dé
pend la conservation de notre nationalité
[exige. Songez-y, la majorité du parlement est
la clé de voûte du système qu'il nous faut,
soyez en convaincu et vous voterez pour les
candidats libéraux
LA QUIQUENGROGNE.
Ou s'abonne Tpkes. Marché
an Beurre, 1, et cher tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABOKNEMEKT,
par trimestre.
Pour Ypres. fr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro0-25
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé, franco
Péditeur du journal, Ypres.
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligue.
TIRES ACQUIRIT EUNDO.
V P II ES le 3 Juin.
Pour tin an. fr. 14 00
Pour six mois7 00
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P«-ur les abonnés de l'intérieur du pays, par li itneslre 4 00
Prix d'un n°0 25
DE L'ARRONDISSEMENT D'YPKES,
tour l'élection du 13 juin 1848.
ad sénat:
A LA CHAMBRE DES REPRESENTANTS:
DE L'ARRONDISSEMENT D'TPRES.
feuilleton.
XVI. le 30 mai.
A 1 exception ci Vorilt, qui immédiatement la révélation de
sa véritable origine, aucun des auditeurs n'ajouta foi aux paroles
d Alix de Keilogiien. Ou crut qu'elle avait perdu la raison, et Renée
consumant les seniiments qu elle éprouvait pour le vicomte, et n'y
trouvant rten qui rassemblât a 1 affection fraternelle, persistait dans
sou amour et dans ses projets d'union.
Néanmoins, elle avait trop le respect des convenances pour ex
ger que le prélat passât outre, eu dépit de l'étrange nppositk
que venait faire la dame Alix, et daus l'espoir qu'une explic
ion
tca-
t--- 1 espoir q
tion pouvait démontrer a l'instant même le peu de fondemeut de la
décl «ration de cette femme, et l'aherratiou d'esprit sous l'influence
de 1 «quelle Alix agissait, la princesse pria tontes les personnes pré
sentes de se rendre dans la salle que 1 ou avait quittée quelques
instants auparavant.
Ou sortit aussitôt de la chapelle: Renée marchait la première,
ayant ses côtés monseigueur l'évèque et le barou de Rohau, venait
ensuite Alix de Kerlogueu, obligée, pour se soutenir, de s'appuyer
sur le bras d'Yorik et sur celui de Jaques Cartier. Enfin, derrière
le vicaire, était la vieille Berthe, dont la marche, leute et monotone,
la sombre tacituruité et le front penché vers la terre, accusaient les
profondes méditations.
(bacon prit place eu silence sur des sièges disposés de manière h
o ner un demi-cetcie, dont le fauteuil occupé par Alix était le
centre. 4
Apiès quelques minutes de recueillement général, la princesse,
impatiente de sortir de la positioo fausse et diflicile où elle se trou
vait, piit la paiole, et s'adressant la dame Alix
Vous voyez, madame, lui dit-tlle, que vous avez été obéie là
cérémonie reste suspendue, nous attendons que vous nous fassiez
connaître les raisons qui vous ont poussée la troubler, ou que vous
nous donniez la preuve de l'étroite parentéufue vous prétendez exis
ter entre votre fils et moi.
ilélas 1 madame la princesse, répondit Alix, je devine votre
langage que vous doutez de la sincérité de ma déclaration. Plut au
ciel que vous eussiez raisou contre moi! Pourtaut, uaa lame, si l'em
pêchement dont j'ai parlé ne mettait pas uue insurmontable barrière
entre vous et le vicomte de Frapesles, quel intérêt aurais-je éloi
gner de lui l honueur que vous voulez lui faire on le choisissant ponr
époux Eucore même qu'il fut né de moi et du roi Charles VIII
comme ou vous l'a fait croire, ne devrais-je pas ut'eslimer bien heu
reuse de me voir réhabilitée par la haute alliance que vous offririez
l'enfant de ma coupable faiblesse
11 n'était pas venu 1 esprit de Renée de faire cette réflexion si
simple et si naturelle aussi voyant qu'Alix de Kerlogueu paraissait
jouir de toute sa raison, et cotnineuçaut a sentir qu'un obstacle réel
existait entre Yorik et elle, prêta l elle la plus extrême attention
au discours de cette femme Alix continua
Puisque vous m'avez forcée de dérouvrir une partie du secret
que j'avais pi omis d'emporter avec moi daus la tombe, il faut bien
que je vous le fasse connaître tout entier, pour achever de vous con
vaincre.
Elle sembla se consulter pendaut quelques instants, puis s'a se-
nouiliant devant Yorik
Monseigueur, lui dit-elle, vous êtes le 61s légitime de S. M. le
roi Louis XII et de M,ne Jeanne, reine de France. Veuille ma sainte
maîtresse me pardonner de vous appreudre votre illustre origine, en
considérant que j'ai mieux aimé trahir mou serment que de vous
laisser contracter un mariage incestueux.
Mais s'il en était ainsi, s'empressa de dire Renée, Yorik ne
serait pas le vicomte de Frapesles, il serait le roi de France.
Il serait le roi de France en eirèt, répondit Alix, si la reine
Jeanne n'eût pas voulu faire mystère de la naissauoe de ce noble
enfaot.
Quelle raison peut-elle avoir eue de tenir une pareille conduite?
demanda la princesse.
C'est une chose malaisée vous dire, madame Renée, et peut-
être qu une jeune fille comme vous ne comprendra pas les scrupules
qui empêchèrent mon illustre maîtresse d'avouer sa maternité. La
princesse Jeaune devint grosse Bourges pendant qu'elle était allée
consoler le duc d'Oiléaus, son époux, alors prisonnier. Il n'est pas
que vous u ayez entendu parler des prétextes auxquels eut recours le
feu roi Louis XII pour prononcer son divorce. Il prétendait n'avoir
jamais entretenu de relations conjugales avec la reine et l'avoir
toujours traitée comme une sœur! et cela il le disait a tout venant,
depuis le moment où on l'avait contraint épouser la femme qu'il
n'aimait pas. Ce fut doue par un sentiment de pudeur que la ver
tueuse Jeanne ne voulut pas avouer sa grossesse. Que il eussent pas
dit ses ennemis pour ternir la candeur de cette âme pure comme le
diamaul Si vous eussiez pu l'entend rc, lorsqu elle nie confiait ses
ohagrius et m'expliquait pourquoi elle remettait plus tard de.
reconnaître publiquement le fils auquel elle devait donner le jour,
vous comprendriez pourquoi je n'ai pas hésité me dévouer cet
enfant que j ai élevé avec autant d'amour que s'il eût été le fruit de
mes entrailles. Lorsque par 1 auuulatiou de son mariage, et par le