8e ANNÉE. - N* 743.
DIMANCHE, 23 JUIN 1848.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTERIEUR.
NILLE D'YPRES. conseil communal.
LE 9IËDECIN DD TILLiCE.
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cepteurs des postes du royaume.
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VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le 24 Juin.
Quelques journaux, dans un but très-trans
parent, s'apiloyent amèrement sur le sort du
contribuable forcé de payer les emprunts qu'une
administration imprévoyante a rendus indis
pensables. Ils voudraient l'aide deces plaintes
hypocrites, engager les personnes atteintes par
ces mesures de salut, devenir revèches et
faire comme en France, un appela la force bru
tale, pour échapper au payement des avances
extraordinaires que par suite des événements, le
ministère a été forcé de demander la législature.
Malheureusement pour ces prêcheurs du dé
sordre, ils n'ont guère d'écho dans le pays.
Tout le monde est convaincu que le pays devait
se soumettre des mesures héroïques ou faire
banqueroute. Aussi est-ce avec satisfaction que
nous pouvons dire que sur toute la surface du
pays, l'emprunt rentre sinon avec facilité, au
moins sans trop de murmures. Ce n'est pas que
nous voulons dire que le sacrifice imposé la
nation n'ait été douloureux et écrasant, mais
enfin tous les contribuables ont compris que
le refus de payer l'emprunt eut pu les mener
beaucoup plus loin et que deux jours de trou
bles eussent porté la Belgique un préjudice
bien plus énorme que les sacrifices demandés
au nom de l'ordre public Aussi les journaux qui
jouent le rôle patriotique de déprécier leur pays
et de présenter la situation sous des couleurs
excessivement sombres, en sont-ils pour leurs
peines et le mépris qu'ils inspirent toute la
partie sensée de la nation.
C'est lundi prochain l'ouverture de la session
extraordinaire du parlement belge. Elle aura
lieu avec le cérémonial ordinaire; nous sommes
curieux de voir le discours du trône, et le plan
politique du ministère pour la session de 1848-
■49. Nous espérons que les économies et les
améliorations matérielles, ainsi que les besoins
de l'agriculture fixeront l'attention du gouver
nement. Au moins, il sera libre dans ses allures
et nous ne voyons pas, si telle est la ligne de
conduite qu il tiendra qu'une opposition quel
conque puisse l'embarrasser.
Demain dimanche aura lieu une lutte d'adresse
qui a toujours eu le pouvoir d'exciter l'atten
tion et la sympathie du public. Nous voulons par
ler du tir triennal au roi des membres de la socié
té royalede S'-bébaslien. A trois heures de l'après-
midi, la société se rendra, précédée de la musi
que et drapeau déployé, au lieu de ses exercices
l'arc et celui qui abattra l'unique oiseau qui
se trouve sur la perche, sera roi de la société
pendant trois ans. C'est une dignité très-enviée,
et qui le sera encore celle année, crovons-nous,
bien que pour le moment, le métier de roi ne
soit guère quelque chose envier.
Séance publique du Vendredi13 Juin 1848.
Présents: MM. Alphonse Vanden Peereboom,
échevin, faisant fonction de président; Iweins-
Hynderick, échevin; Gérard Vandermeersch,
Louis Annoot, Boedt, avocat, Martin Smaelen,
Boedt-Lucieu Legraverand, Charles Vande
BroukeErnest Merghelynck Pierre Beke
Iweins-Fonleyne, conseillers.
M. le secrétaire donne lecture des procès-
verbaux des séances des 22, 31 mai, et 12 juin
1848. La rédaction en est approuvée.
Le premier objet l'ordre du jour est la
communication de pièces. La demande du Cou-
seil de fabrique de l'église S'-Jacques revient
devant le Conseil. Il s'agit de pouvoir employer
une somme de 2.50 francs, piovenanlde la vente
d'une partie de terrain du cimetière et qui se
trouve en dépôt chez l'acquéreur M. Malou-
Vanden Peereboom, jusqu'à ce que la question
de principe c. a. d. la question de la propriété
des cimetières soit décidée. Celte demande a
été renvoyée l'examen de la section du
contentieux qui n'a pas encore fait son rapport.
Cependantcomme la somme est minime et
pourra toujours être recouvrée sur le subside
ordinaire accordé aux églisesle Conseil est
d'avis de laisser au conseil de fabrique la libre
disposition de cette somme, sauf réserve de la
question de principes.
M. I échevin Vanden Peereboom, président,
annonce au Conseil qu'il est appelé Bruxelles,
en vertu du nouveau mandat qui lui a été con
féré. Il s'est cependant enquis près de ses adminis
trés pour savoir s'il leur était encore agréable
qu'il restât échevin, malgré les nouvelles fonc
tions de représentant qui venaient de lui être con
férées. II lui a semblé que le vœu général de ses
concitoyens était de le voir continuer occu
per l'Hôlel-de-Ville, le poste dechevin. Mais
comme il n'aime pas le cumul, il croit devoir
laisser la libre disposition du conseil,lesémolu-
ments qu'il reçoit de ce chef; ils devront toujours
être portés au budget, mais le montant pourra,
avec le consentement du Conseil, servira accom
plir des œuvres de bienfaisance. A dater du tri
mestre prochain, son traitement d'échevin res
tera en dépôtde la caisse communale,jusqu'à ce
que le Conseil ait statué sur l'usage qui en
sera fait ultérieurement.
M. le secrétaire donne lecture de l'invitation
adressée au Conseil pour le prier d'assister la
procession de la Fête-Dieu. L'assemblée décide
qu'elle s'y rendra.
Le Conseil s'occupe de la demande du sieur
Vanden Broeletendant pouvoir rectifier l'a
lignement de la nouvelle maison, qu'il est en
train de construire, nouveau Marché-au-Bois.
Il désire pouvoir redresser une courbe du mur
du jardin public, qui doit servir en même temps
de façade latérale sa nouvelle construction.
Le plan est mis sous les yeux du Conseil qui
croit ne pouvoir modifier la séparation exis
tante, ni aliéner même une minime partie du
jardin public.
II s'agit de décider un second point, celui de
savoir, si ou permettra au sieur Vanden Broele
la faculté de construire sa nouvelle maison avec
une façade sur le jardin. Comme ce bâtiment
est destiné usage de café, il serait très-avan
tageux l'entrepreneur de jouir d'un droit de
vue et de sortie sur le jardin public. Avec un
terre-plein caché dans les massifs et fermé par
une grille, aucun inconvénient n'eut éléà crain
dre. Cependant le Conseil croit devoir refuser
l'autorisation de donner cette maison une fa
çade sur le jardin public.
Une demande subsidiaire est faite, celle de
savoir, si on lui donnera la faculté de percer
une petite porte qui ouvrira cette maison un
accès direct sur le jardin public. Celte question
qui est vidée plus lard sur les lieux, l'a été né
gativement, parce qu'on craiguaitde voir surgir
une foule de demandes semblables et puis, que
celte communication dérobée pour ainsi dire
n'eut pas été sans inconvénients.
Le Conseil s'occupe de l'adjudication du droit
de dépôt de marchandises au Quai. Les offres
faites ne s'élèvent, pour une location de six
mois, qu'à la somme de 160 francs, par con-
Feuillcton.
Mon Dieu qu'est ceci s'écrièrent la fois plusieurs personnes
qui se trouvaient reunies dans la salle manger du château de
Burcy.
La comtesse de Moncar venait d'hériter par la mort d'un oncle
fort éloigné et fort peu pleuré d'un vieux château qu'elle ne con
naissait pas, quoiqu'il fût peine quinze lieues de la terre qu'elle
habitait l'été. Mme de Moncar une des plus élégantes et presqu'une
des plus jolies femmes de Paris, aimait médiocremeut la campagne.
Quittant Paris la ûu de juin, y revenant au commencement d'oc
tobre, elle entraînait chez elle, dans le Morvan, quelques-unes des
compagnes de ses plaisirs de l'hiver, et quelques jeunes gens choisis
parmi ses danseurs les plus assidus. Mme de Moncar était mariée
un homme beaucoup plus âgé qu'elle et qui ne la protégeait pas
toujours par sa présence. Sans trop abuser de sa grande liberté, elle
était gracieusement coquette élégamment futile heureuse de peu
de chose d'un compliment d'un mot aimable d'un succès d'une
heure aimant le bal pour le plaisir de se faire jolie, aimant l'amour
qu'elle inspirait pour voir ramasser la fleur qui s'échappait de son
bouquet et lorsque quelques grands parents lui faisaient une docte
remontrance Mou Dieu disait-elle laissez-moi rire et prendre
gaîment la vie cela est moins dangereux que de rester dans la
solitude écouter les battemens de son cœur 1 Moi, je ne sais seule
ment pas 6i j'ai un egeur. Le fait est que la comtesse de Moncar
ne savait quoi s'en tenir oet égard. L'important pour elle était
que ce point restât douteux toute sa vie et elle trouvait prudent de
ne pas se laisser le temps de réfléchir.
Un matin donc elle et ses hôtes par nne belle matinée de sep
tembre, se mirent en route pour le château inconnu avec l'intention
d'y passer la journée. Uu chemin de traverse que l'on disait prati
cable, devait réduire douze lieues le voyage que l'on entreprenait.
le chemiu de traverse fut affreuxon s'égara daas les bois; une
voiture se oassa enGn ce ne fut que vers le milieu du jour que les
voyageurs, fatigués, et peu émerveillés des beautés pittoresques de
la roule arrivèrent au château de Burcy dont l'aspeot ne devait
guère consoler des ennuis du voyage.
C'était un grand bâtiment aux murs noircis. Devant le perron
un jardin potager, en ce moment sans culture, descendait de terrasse
en terrasse car le château adossé aux flancs d une colline boisée
n avait aucun terrain plat autour de lui; des moulagnes l'écrasaient
de tous oôtés elles étaient rocailleuses et les arbres poussant au
milieu des rochers avaient une verdure sombre qui attristait les
regards. L abandon ajoutait au désordre de cette nature sauvage.
Mme de Moncar resta interdite sur le seuil de son vieux château.
Voilà qui ne ressemble guère une partie de plaisir, dit-elle,
et il me pi end envie de pleurer, l'aspect de ce lugubre lieu ce
pendant voioi de beaux arbres, de grands rochers, un torrent qui
gronde il y a peut-être là une certaine beauté; mais tout cela est
plus sérieux que moi, dit-elle en souriant. Entrons et voyons l'in
térieur.
Oui, voyonssi le cuisinier, parti hier en avant garde, est arrivé
plus heureusement que nous, répondirent les convives aflamés.
Bientôt on acquit l'heureuse certitude qu'un abondant déjeuner
serait rapidement sei vi, et l'on se mit} en attendant, parcourir le
château. Les vieux meubles couverts de toiles usées, les fauteuils
qui n'avaient plus que trois pieds, les tables qui branlaient, les sous
discords d'un piano oublié depuis vingt ans, fournirent mille sujets
de plaisanterie. La gaieté reparut. Au lieu de Bouffrir des inconvé
nients de. cet inconfortable séjour, il fut décidé que l'on rirait de
tout. D'ailleurs, pour ce inonde jeune et oisif, cette journée était
un événement, une campagne presque périlleuse dont l'originalité
commençait parler l'imagination. On avait brûlé un fagot dans
la grande cheminée du salon, mais, des bouffées de fumée s'étant
fait jour de toutes parts, chacun s'enfuit dans le jardiu. L'aspect en
était bizarre les banos de pierre étaient couverts de mousse les
murs des terrasses, souvent éboulés, avaient laissé croître entre les
pierres mal jointes mille plantes sauvages, tantôt s'élançant droites
et hautes, tantôt tombant terre comme des lianes flexibles les
allées avaient disparu sous le gazon les parterres, réservés aux
fleurs cultivées, avaient été envahis par les fleurs sauvages, qui
poussent partout où le ciel laisse tomber une goutte d'eau et un
rayon de soleil le liseron blanc entourait et étouflait le rosier des
quatre saisons le rosier sauvage se mêlait au fruit rouge des gro
seilles; la fougère, la menthe aux doux parfums, les chardons la
tête hérissée des dards, croissaient côté de quelques lis oubliés»
Au inoineut où les voyageurs entrèrent dans l'endos, mille petites
bêtes, effrayées de ce bruit inaccoutumé, s'enfuirent sous l herbe,
et les oiseaux quittèrent leurs nidseii volant de branche en bi anche.
Le silence, qui avait tant d'années régné dans ce paisible lieu, fit
place au bruit des voix et de joyeux éclats de rire. Nul ne com
prit cette solitude; nul ne se recueillit devant elle. Elle fut trou
blée, prefanée sans respect. On se fit de nombreux récils des dilfé-
rents épisodes des plus jolies soirées de l'hiver, récits entremêlés
d'aimables allusions, de regards expressifs, de co.upliinents cachés