8e AINEE. - Xe 746.
JEUDI, 29 JUIN 1848.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTERIEUR.
LE MEDECIN DU VILLAGE.
On t'abonne Tpres, Marché
an Beurre, 1, et chez tons les per
cepteurs des postes du royaume.
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tion doit être adressé, Jranco,
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che et le Jeudide chaque semaine.
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TIRES ACQU1RIT EDNDO.
YPRES, le 28 Juin.
LE DISCOURS DU TRONE.
L'ouverture des chambres législatives vient
d'avoir lieu en notre pays, au milieu de circon
stances solennelles, en présence d'une lutte
impie, terrible, qui vient d'éclater Paris et qui
ensanglante ses rues depuis quatre jours. En
Belgique, un gouvernement régulier vient d'ac
complir un des devoirs essentiels que les prin
cipes constitutionnels lui prescrivent celui
d'exposer ses plans et ses projets pour la session
qui vient de s'ouvrir. Nous avons lu le discours
de la couronne avec un véritable plaisir. Ce
n'est pas un de ces documents emphatiques
qui promettaient souvent l'impossible. L'œuvre
du ministère Rogier est concis, clair, net et
n'engage sa responsabilité que sur des ques
tions dont la solution est déjà mûrie.
Les deux points principaux du discours sont
l'amélioration de la position financière de la
Belgique, des modifications son système
d impôt et en second lieu, des félicitations sur
I altitude calme et digne du pays, en présence
des événements politiques qui ont agité pres
que tous les peuples du continent Européen. Le
Boi peut bon droit appeler la législature ac
tuelle I expression fidèle de l'opinion publique,
car le gouvernement a abandonné les collèges
électoraux eux-mêmes sans vouloir les
influencer. Aucun essai d'intimidation n'a
été mis en œuvre, pour guider le choix des
électeurs, et si la législature est franchement
dévouée aux principes libéraux qui sont inscrits
dans notre constitutionc'est que l'opinion
publique est convaincue, que c'est le seul moyen
d'échapper des complications intérieures qui
une fois commencées, sont difficiles apaiser.
Le discours du trône annonce que le service
du trésor est assuré jusqu'au 1er janvier. C'est
une nouvelle agréable qu'on annonce aux con
tribuables, car avec les subsides extraordi
naires qui ont été votés, on ne croyait pouvoir
aller au-delà du premier septembre. C'est
devenu une nécessité de restreindre les dépen
ses dans les limites du strict nécessaire, car le
pays n'aurait plus pu supporter de nouvelles
charges, après celles qui lui ont été imposées.
Le paragraphe le plus significatif est celui
relatif aux économies. Il prouve que la grande
voix du pays a été entendue et que le vœu émis
de toutes parts, sera pris en sérieuse considéra
tion. Des changements concernant l'assiette de
l'impôt seront proposés aux Chambres, en ayant
égard ce qui est du de ménagements ceux dont
le travail seul entretient lexistence. Maintenant
que le terrain est déblayé de toutes les ques
tions politiquesqui l'embarrassaient depuis long
temps la législature actuelle peut marcher
d'un pas ferme dans la voie des améliorations
matérielles. C'est un legs du passécar aux
précédentes sessions, la lutte entre les divers
partis qui divisaient la Belgique, était ardente
et on ne songeait que de loin en loin aux inté
rêts matériels. Aujourd'hui que nous traversons
unn époque pleine de dangers les graves évé
nements qui bouleversent la plus grande partie
des nations de l'Europearrêtent l'essor du
commerce et de l'industrie, et les souffrances
qu'amènera la situation pénible de ces deux
branches de la richesse publique, doit engager
le gouvernement en faire l'objet principal de
ses préoccupations.
ÉLECTIONS PROVINCIALES.
Par arrêté royal en date du 24 Juin 1848
Art. lr. Les conseils provinciaux sont dissous.
Art 2. Les collèges électoraux de tous les
cantons sont convoqués pour le Mercredi, 12
Juillet, 9 heures du matin, l'effet d'élire
chacun le nombre de conseillers déterminé par
la Im provinciale modifiée par la loicon
cernant les modifications punées la circon
scription cantonnale.
Art. 3. Les nouveaux conseils provinciaux
sont convoqués pour le Mardi, 18 Juillet, dix
heures du matin.
ARRONDISSEMENT D YPRES.
Le canton de Messines, 2; Passchendaeie, 2;
Poperinghe, 1 Wervicq, 2; Ypres, 4; Harin-
Ghei
Il y a depuis l'année dernière, un changement
dans la circonscription cantonnale de notre ar
rondissement. Par la loi du 8 mai 1847 le
canton d'Elverdinghe n'existe plus et se trouve
absorbé par celui d Ypres. C'est pour ce motif,
que les deux cantons d'Ypres (est et ouest)
auront le droit de nommer quatre conseillers
provinciaux au lieu de trois, tandis que les
électeurs du canton d'Elverdinghe seront ap
pelés Ypres pour prendre part l'élection qui
aura lieu en celte villetandis qu'auparavant
ils exerçaient leurs droits d'électeur Elver-
dinghe, chef-lieu du canton supprimé.
Les élections sont prochaines, il est temps d'y
songer. Pour les cantons d'Ypres, nous avons
fait une perle sensible, par suite de la loi sur
les incompatibilités en la personne de I hono
rable chef du parquet d Ypres, M. De Patin. II
ne peut plus faire partie du conseil provincial,
où il exerçait une grande influence, autant par
sa capacité bien reconnue, que par son caractère
honorable. Les deux autres candidats, MM.
le baron Vanderslichele de Maubus et Donny-
Van Daele se maintiennent sur les rangs, et
personne, croyons-nous, ne voudra entraver
l'élection de ces deux honorables conseillers.
L'ancien canton d'Elverdinghe n'avait plus de
représentant au Conseil, M. Ch. Vanderghote
ayant cessé d'être domicilié dans la province.
Il restera donc faire choix de deux nouveaux
conseillers provinciaux et nous espérons que
l'Association libérale sera bientôt en mesure de
convoquer ses membres, pour s'occuper de l'a
doption des candidats définitifs.
T»OBU I
LES ÉVÉNEMENTS DE PARIS»
Une véritable guerre sociale a ensanglanté
les rues de Paris pendant quatre jours et quatre
nuits. 11 ne s'agissait plus de la forme de gou
vernement dont on voulait doter la France,
c'était le pillage et l'anarchie qui devaient être
les conséquences de la victoire des insurgés.
L'origine de la lutte qui vient d être comprimée
par la garde nationale, la mouue, ci
coups de canon, dans les rues de Paris, doit
être attribuée aux promesses faites par le gou
vernement provisoire, dans l'ivresse de la vic
toire du 24 février et l'organisation des ateliers
nationaux. Si la responsabilité de ce qui vient
d'arriver, doit remonter quelqu'un en parti
culier, nul n'est plus coupable que Louis Blanc,
ce fameux utopiste, (inventeur de l'organisa
tion du travail qui a eu de si belles conséquences.
Paris est tranquille maintenant, mais quelle
tranquillité Celle de I horreur et de la lassi
tude. Paris, qu'on se plait appeler la capitale
de la civilisation a été pendant quatre jours,
le théâtre d'un carnage sauvage qui peut être
assimilé une attaque de bêtes féroces de la
part des insurgés et d'une lutte terrible entre
l'écume de la société et les défenseurs de l'ordre
public, dont un grand nombre sont tombés
victimes de leur dévouement.
DISCOURS DU ROI.
Messieurs
Je suis heureux de me trouver au milieu des
Veuilletoii.
Suite.
Madame dit un des voyageurs bas l'oreille de Mrae de
Moncar madame il y a ici quelque mystère. Voyez comme notre
Esculapc est devenu sombre. Un drame pathétique s'est passé là-basj
un amour de jeunesse peut-etre. Demandez au docteur de nous faire
ce récit.
Oui oui murmura t on de toutes parts, le récit une histoire
une histoire et si l'iutérét manque nous aurons pour nous égayer
l'éloquence de l'orateur.
Non pas messieurs répondit demi-voix M,ne de Moncar
si je demande au docteur Bariiabéde raconler l'histoire de la maison
blanche c'est la couditiou que persouue ne rira.
Chacun promit d'être sérieux et poli j Mmc de Moncar s'approcha
de M. Bainabé
Docteur, dit-elle en s'esseyanl proche du médecin, cette
maison, je le vois, se rattache quelque souvenir d'autrefois qui vous
est resté précieux. Voulei-vous nous le dire Je serais désolée de
vous donner un regret qu'il serait eu mon pouvoir de vous épargner}
Je laisserai cette maison si vous me dites pourquoi vous l'aimez.
Le docteur Barnabe parut étonné et demeura silencieux. La com
tesse s approcha plus encore de lui
Cher docteur, dit-elle, voyez quel mauvais temps comme tout
est tuste 1 ous êies le plus Agé de nous tous, coutez-ncus une his
toire j laites-nous oublier la pluie, le biouil,ard et le froid.
M. Barnabé regarda la comtesse avec un grand étonnement.
11 n'y a pas d'histoire dit-il ce qui s'est passé dans la maison
blanche est bien simple et n'a d'intérêt que pour moi, qui aimais ces
jeuues gens des étrangers ne peuvent pas appeler cela une histoire.
Et puis, je ne sais ni conter ni parler longuement quand on m'écoute,
d'ailleurs, ce que j'aurais dire est triste, et vous êtes venu pour vous
amuser.
Le docteur appuya de nouveau son menton sur sa canne.
Cher docteur reprit la comtesse la maison blanche restera là
si vous dites ce qui vous la faites aimer.
Le vieillard parut un peu ému il croisa décroisa ses jambes
chercha sa tabatière la remit dans sa poche sa us l'ouvrir} puis
regardant la comtesse
Vous ne l'abattrez pas dit-il en montrant de sa main maigre
et tremblante la demeure qu'on voyait l'horizon.
Je vous le promets.
Eh bien soit doue je ferai cela pour eux, je sauverai cette
maison où ils ont été heureux.
Mesdames reprit le vieillard je ne Sftis pas bien parler mais
je pense que le moins savant arrive toujouis se faire comprendre
quand il dit ce qu'il a vu. Cette histoire sachez-le d'avance n'est
pas gaie. On appelle un musicien pour chanter et pour danser on
appelle un médecin quand ou soutfre et qu'on est prêt de mourir.
Un cercle se forma autour du docteur Barnabé, qui restant les
mains croisées sur sa canne commença tranquillement le récit
suivant, au milieu de l'auditoire qui, tout bas, projeltait de sourire
de ses discours
C'était il y a bien longtemps c'était quand j'étais jeune j car
j'ai été jeune aussi. La jeunesse est une fortune qui appartient
tout le moude aux riches comme aux pauvres mais qui ne reste
dans les mains de personne. Je venais de passer mes examens, j'étais
reçu médecin etbien persuadé que grâce moiles hommes al
laient cesser de mourir je revins dans mon village déployer mes
grands talents.
Mon village n'est pas loin d'ici. De la petite fenêtre de ma cham
bre, je voyais cette maison blanohe du côté opposé celui que vous
regardez eu ce moment. Mon village, vos yeux, ne serait sûrement
pas très-beau; pour moi ,il était superbe; j'y étais né, et je l'aimais.
Chacun voit sa façon les choses que l'on aime ou s'arrange pour
continuer les aimer. Dieu permet qu'ou soit de temps en temps un
peu aveugle, car il sait bien que voir toujours clair dans ce bas
moude, n'amène pas grand profit. Ce pays donc me paraissait riant
et animé j'y savais vivre heureux. La maison blanche seulement,
chaque fois qu'en me levant j'ouvrais mes volets frappait désagréa
blement mes regards elle était toujours close sans bruitet triste
comme, une chose abandonnée. Jamais je n'avais vu ses fenêtres
s'ouvrir et se fermer, sa porte s'entrebâiller et les barrières du
jardin livrer passage qui que ce fût. Monsieur votre oncle qui
n'avait que faire d'une chaumière côté de sou château cherchait
la louer mais le prix était uu peu élevé et personne parmi nous
n'était assez riche pour venir y demeurer. Elle resta donc vide
taudis qu'au hameau on voyait chaque feuêtre deux ou trois
joyeuses ligures d'enfants écartant des branches de giroflée pour
regarder dans la rue au moindre bruit qui faisait japper les chiens
mais un matin, mon réveil *je fus tout étonné de voir la maison
blanche avec une grande échelle placée le long de set murs. Uu