Marché d Ypres, du Ier Juillet 1848. NOUVELLES DE FRANCE. Notre marché aux grains continue être abondamment appro visionné. G84 hectolitres y ont été exposés en vente anjourd hui. I es prix ont varié de 14 fr. 15 80 en moyenne fr. 14 90 baisse 10 centimes l'hectolitre. ba même baisse de 10 centimes l'hectolitre s'est fait remarquer sur les prix du seigle. 72 hectolitres ont été acquis aux prix de fr. 8 S0 a 1 0 fr. eu moyenne fr. 9 40. Il y a eu une diminution de 25 centimes l'hectolitre sur les prix de l'avoine qui ont vafié de fr. 0 50 fr. 7 7.); prix moyeu fr. 7 12. Vingt quatre hectolitres ont été exposés en vente. Soixante hectolitres de fèves ont été vendus an prix de fr. 11 20 différence avec le prix moyen du marché précédent 80 centimes a l'hectolitre. I.es prix des pommes de terre ont subi une baisse d'environ 50 centimes par 100 kilogrammes. 1,700 kilogrammes se sont vendus a 8 fr. les 100 kilogrammes. Quelques journaux annoncent que M. le ministre de la guerre aurait transmis l'ordre aux chefs de corps de rappeler sous les armes les hommes de toutes les classes en ce moment en congé dans leurs foyers. Nous croyons être même d'affirmer qu'au cun ordre semblable n'a été donné. Aucune classe en congé n'a été rappelée. Seulement le départ de la classe de 1841, qui était fixe au 26 Juin dra été provisoirement retardé .Mais tout nous autorise croire que ce retard ne sera que momentané. {Indépendance.) Hier, le sénat, après avoir admis M. Zoude, élu parles districts de Virlon et de Neufchâteau, a reçu communication du projet d'adresse, dont M. Dumon-Dumortierrapporteur de la com mission, lui a donné lecture. La chambre, dans sa séance d'hier, a terminé la vérification des pouvoirs. Elle s'est occupée ensuite de la formation de son bureau positif. Ont été nommés président de la chambre, M. Verhaegen vice-présidents, MM. Delfosse et de Bronckeresecrétaires, MM. T Kinl de Naevcr, Troye, A. Dubus et île Luesemans; questeurs, MM. le comte de Baillel-Lalour et Thiéfry. La chambre a nommé ensuite la commission de l'adresse. Ont été nommés: MM. Lebeau, Osy, d'Elhoungne, Le Hon, Dolez et Julien. Paris, 28 juin. M. Sénard, président de l'assemblée nationale, a parlé hier avec une juste indignation des actes d'atrocité commis par les insurgés. Les renseigne ments les plus certains ne nous permettent pas de douter de ces excès qu'on croirait empruntés aux annales des tribus sauvages de l'Amérique. Nous avons raconté i'a <sassinat de cinq officiers de la garde mobile, décapités par un homme vêtu d'habits de femme; nous avons parlé de l'eau-de- vie empoisonnée vendue dans plusieurs quartiers aux gardes nationaux et aux soldais de la ligne, des balles mâchées extraites des plaies des blessés. D'autres faits semblables nous sont signalés. Sur la principale barricade du faubourg Saint-Antoine, on voyait empalé sur un pieu le cadavre mutilé et éventré d'un garde républicain couvert de son uni forme. Dans le Panthéon ou a trouvé le corps de plusieurs gardes mobiles pendus par les poignets et percés de coups de sabre et de baïonnettes. Non- seulement il y avait des halles mâchées, mais des balles fondues avec des fragments de cuivre et de fonte. Dans le clos Saint-Lazare, un officier d'in fanterie, fait prisonnier par les insurgés, avait eu les deux poignets coupés, et il était mort lentement par terre de ces affreuses blessures. On avait tran- s'échappaient de ses yeux. William vint, et, s'étaut élancé sur sou cheval, il releva doucement ia tète de sa femme. Enfant lui dil-il en ia regardant avec amour et eu la baisant au front. William c'est que nous ne nous sommes pas encore quittés pour tant d'heures la fois. M. Mere.liih pencha sa tète vers celle d'Eva,et baisa de nouveau ses beaux cheveux blonds puis il enfonça l'éperon dans le flanc du cheval et partit au galop. Je suis couvaincu qu'il était aussi un peu ému. Rien n'est contagieux comme la faiblesse des gens que l'on aime les larmes appellent les larmes, et ce n'est pas un beau cou rage que celui qui fait rester les yeux secs auprès d'un ami qui pleure. Je m'éloignai, et, rentré dans la chambre de ma maisonnette, je me mis songer au grand bonheur d'aimer. Je me demandai si jamais une Eva viendrait partager ma pauvre demeure je ne son geais pas examiner si j'étais digue d'être aimé. Mon Dieu lors qu'on regarde les êtres qui se dévouent, ou voit bien facilement que ce n'est pas cause de mille choses et pour de boones raisons qu'ils aiiueul si bieu; ils aiment, parce que cela leur est nécessaire, iné vitable; ils aimeut cause de leur cœur, non pas cause de celui des autres. Eh bieucette bouue chance qui fait rencontrer une âme qui a besoin d'aimer, je songeais la chercher, a U trouver, absolument comme dans mes promenades du matin je pouvais ren contrer dans mon chemin une fleur parfumée. Je rthaïs ainsi, quoique ce soit un assez blâmable sentiment que ché les pieds d'un dragon el on l'avait replacé mou rant sur son cheval. En entrant chez un marchand de vin du fau bourg Saint-Antoine, on a demandé au maître de la maison s'il n'avait rien chez lui. Il a répondu Non. Cependant on a fouillé et l'on a trouvé deux mobiles ayant la tète tranchée. 11 paraît que là encore une femme, ou plutôt un individu qui en avait pris le costume, avait été signalé comme s'élant chargé des fonctions de bourreau. Le docteur Bourgeoise, qui, malgré son âge, a parcouru toutes les barricades pour porter des soins aux blessés, a reçu les derniers soupirs du citoyen Benjamin Delaroehe, le traducteur des œuvres de Walter Scott, tué la barricade Rochechouart. Voici quelques détails sur la triste mort du brave général Négrier Le général Négrier, après un sanglant combat, était parti par le quai des Ormes, la tête d'un dé tachement du 24e de ligne avec de l'artillerie de la garde nationale, pour se diriger par les quais vers le pont Marie et la caserne des Célestins qui était en core occupée par les insurgés le général accompa gné de quelques officiers d'ordonnance, a enlevé successivement un grand nombre de barricades, et, après une assez vive résistance, repris la caserne et débusqué les insurgés des Greniers d'Abondance où ils étaient établis puis revenant par le boulevard Bourdon, il venait d'envoyer le commandant Boi sa rd, de la garde nationale, pour faire avancer quel ques renforts, afin de dégager le liant de la rue Saint-Antoine des insurgés qui se trouvaient encore dans le voisinage de Saint-Paul el de la mairie du 8* arrondissement (place des Vosges), lorsqu'il a été atteint d'une balle, l'entrée de la rue Saint-An toine, en face de la grande barricade quidéfend l'en trée du faubourg. M. Cliarbonnel, représentant du peuple, a été blessé grièvement près de lui. La France entière apprendra avec une profonde douleur, la perte qu'elle vient de faire dece général, encore jeune, un des héros qu'ont épargnés les bal les des arabes, et qu'une balle française vient de renverser. L'assemblée, qui l'avait nommé questeur, et qui avait pu apprécier ses éininentes qualités, son sang-froid, son cœpr loyal et ferme, son patrio tisme éprouvé, a été saisie, cette nouvelle, d'une inexprimable émotion. La séance d'aujourd'hui rassurera complète ment la France et, nous le croyons, l'Europe, sur les résultats des dernières journées. Enfin, nous avons entendu prononcer sans hésita- lion et sans rélicence le mot d'ordre côté du mot de liberté. Le drapeau tricolore s'est, toujours, pour celte lois, séparé du drapeau rouge. L'assemblée nationale en proclamant franche ment sa foi aux principes républicains assis sur les bases de la situation et du progrès, repoussant du pied l'anarchie el les doctrines féroces empruntées d'autres temps, va rétablir, nous l'espérons,la confiance pour le présent, l'espoir pour l'avenir. E11 quatre jours de crise, l'établissement républi cain aura conquis tout le terrain que quatre mois d'agitation coupable ou de lâche inertie lui avaient fait perdre. C'est d'aujourd'hui qu'il faudra dater l'ère de iS48; en jetant un voile sur les 1 20 jours de terreur et les 120 heures de combat qui l'ont précédée. Le général Cavaignac a déposé aujourd'hui dans les mains de l'assemblée nationale les pouvoirs qu'elle lui avait confiés. Elle a immédiatement et par acclamation nommé le général Cavaignac chef du pouvoir exécutif, chargé de la composition el de la piésideuce du mi nistère. L'état de siégea été provisoirement maintenu. celui qui, la vue du lionlieur des autres, nuns fait regretter ce qui nous manque. N'y a-t-il pas la un peu d'euvie? et si la joie se vo. lait comme on vole de l'or, ue sougerious nous pas eu faire le I rein La journée se passa, et je venais de terminer mon frugal souper quand on vint me prier, de la part de M'ot Meredith, de me rendre elles elle. Eu cinq minutes j'arrivai la porte de la maison blanche. Je trouvai Eva, seule eucore, assise sor un sofa, saus ouvrage, sans livre, pâle et toute tremblante. Venez, docteur, veuez, me dit- elle de sa plus douce voix; je ne puis rester seule. Voyez comme it est tard! il y a plus de deux heures qu'il devrait être ioi, et il n'est pas encore rentié. Je fus étonné de l'ahseuce prolongée de M. Meredith; mais, pour rassurer sa femme, je répondis tranquillement Oue pou vons-nous savoir du temps nécessaire ses ailaires, une fois arrivé la ville? Ou l'aura fait alleudre le notaire était absent peut-être. II y aura eu des actes rédiger, signer... AM duoteur, je savais bieu que vous me diriez quelques con solantes paroles. Je n'ai pas hésité a vous demander de venir; j'avais besoin d'entendre quelqu'un me dire qu'il n'était pas sage de trem bler ainsi. Que la journée a été longue, graudDieu! Docteur, est-ce qo il y a des personnes qui peuveut vivre seules? Est-ce qu'on ne meurt pas tout de suite, comme si ou vous ôlait la moitié de l'air qu'il faut pour respirer? Mais voila huit heures qui souuenl -, Huit heures s-muaient eu effet. Il m'était difficile de comprendre pourquoi William n'était pas de retour. A tuut hasard, je dis m"e Ce matin 3o,ooo hommes environ de gardes nationales venues de tous les points de 1 aFranceau secours de l'ordre et de la liberté, ont été passés en revue sur la place de la Concorde par le chef du pouvoir exécutif. Un grand nombre de représen tants étaient cheval auprès de M. le général Eugène Cavaignac, d'autres marchaient en tète de la milice civique de leur département. Voici le nom d'une partie des détachements qui ont successirement défilé sur la place aux cris mille fois répétés de Vire la République Caen, Valognes, Coutances, Saint-Lô, Evreux, Honfleur, Pont-Audemer, Vassy, Château-Thierry, Bar-sur-Seine, Troyes, Douai, Amiens, Boulogne- sur-Mer, Doullens, Vernon, Bourges et diverses communes du Cher. Beaucoup de ces braves citoyens portaient la blouse; nous avons vu des détachements de quel ques communes du Nord venus sans armes des maires en cheveux blancs, fatigués d'un long voya ge, marchaient en lêle de leurs concitoyens de vieux officiers de l'armée avaient pris le comman dement des forces détachées des blessés marchaient dans les rangs et étaient respectueusement salués par la foule. Déjà plusieurs milliers de citoyens dévoués, ve nus au secours de la capitale, ont pu regagner leurs foyers quelques - uns emportent leurs morts, aux quels ils se préparent faire au retour de glorieuses funérailles. A la chambre, on disait, et nous le répétons sans le garantir, qu'à la nouvelle de l'insurrection de Paris transmise par le télégraphe, l'armée des Alpes s'était mise en marche vers la capitale, et que le général Oudinot avait aussitôt pris la poste pour Paris. M. le général Oudinot assistait hier la séance de l'assemblée nationale. On assurait qu'une nouvelle télégraphique an nonçait le départ pour Paris d'une partie considéra ble de Bordeaux. Ce sont des gardes nationales du Loiret qui ont surtout souffert de la méprise sanglante qui a eu lieu lundi soir sur la place du Carrousel. Deux officiers de l'état-major ont été blessés dans cette bagarre, ainsi qu'un adjudant du château. Un chef de bataillon de la garde nationale de Cambrai, M. Durrieu, a été tué. On porte trente tués el dix- sept blessés le nombre des prisonniersdout 011 a fait justice. Une soixantaine de gardes nationaux ont été blessés et sont l'ambulance dans les Tuileries. Quelques-uns des insurgés évadés se sont empa rés de fusils tombés sur le champ de bataille, et l'un d'eux a été pris tirant des combles des Tuileries. Quelques coups de fusil ont aussi été tirés du quai Voltaire. Le général Damesme, dont on avait annoncé la mort, a survécu au contraire la douloureuse opération qu'il a dû subir; on lui a coupé la cuisse au moyen de la désarticulation. O11 espère sauver ce brave officier. Différentes versions ont couru sur la mort si funeste du général Bréa. Nous croyons que celle-ci est la vraie Le général s'était avancé avec son aide- de-camp tout près de la barricade de la barrière Fontainebleau pour faire entendre des paroles de conciliation Avancez encore, lui crièrent les hommes de la barricade, nous ne vous entendons pas. Sans hésiter, le général descend de son cheval et s'avanceAussitôt ces hommes se jettent sur lui et sur son aide-de-camp, les entraînent de l'autre côté de lu barricade, el, une fois là, déclarenlau général Bréa qu'ils vont le fusiller lui et l'officier qui l'ac compagne, s'il ne donne l'ordre ses troupes de livrer immédiatement leurs armes et leurs muni tions. 1 Meredith Madame, le soleil se couche peine il fait jour en core, et ia soirée est superbe Vente® respirer la honuc odeur de vos fleurs venez du côté de l'arrivée. Votre mari vous trouvera sur sou chemin. Elle s'appuya sur mon bras et marcha vers la barrière qui fermait le petit jardin. J'essayai d'attirer son altentiou sur les objets qui l'entouraient. Elle me répondit d'abord comme un enfant obéit mais je sentais que sa pensée n'était pas avec ses paroles. Son regard inquiet restait tixé sur ia barrière verte, eucore eutr'ouverte comme au départ de William. Elle vint s'appuyer sur le treillage, puis elle me laissa parler, souriant de temps autre pi>ur me remercier car, mesure que le temps passait, elle perdait le courage de rac répon dre. Ses yeux suivaient dans le ciel le coucher du soleil, et les triâ tes grises qui succédaient l'éclat de ses rayons marquaient d'une manière certaine la marche du temps. Tout s'assombrit autour de nous; le chemin qui, travers le bois, nous avait jusqu'alors laissé voir ses blauos contours, disparut nos yeux sous 1 ombre des grands arbres, el l'horloge du village sounn neuf heures. Eva tressaillit; nioi-iuème je seutis chaque coup aie frapper au cœur. j'avais pitié de ce que devait soulRir celte femme. Sxjngez, madame, lui répoudis-je (elle ne m'avait pas parlé, mais je répondais l'inquiétude qui parlait sur ses traits), songez que M. Meredith ue'peut revenir qu'au pas; les roules travers les bois sont saus cesse coupées de rochers qui ne permettent pas d'avancer vile. Je lui parlais ainsi parce qu'il fallaii la rassurer, mais le fait est que je ne savais plus commuent expliquer l'absence

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Le Progrès (1841-1914) | 1848 | | pagina 2