JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
IV 751. 8e Année.
Dimanche, 10 .Inillet 1848*
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
Le médecin du village.
ABONNEMENTS Yprès (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
YPRES, le 15 Jmi.i.ft.
VILEE D'YPRES. Conseil Comiu val.
Séance publique du Jeudi, 13 Juillet 1848.
Présents: MM. le Baron Vanderstichele de Maures,
bourgmestre, président; Ai.pii. Vanden Peereboom et
Iweins-IIynderick échcvins Gérard Vandermeerscii
Louis Ansoot Théodore Vanden Bogaerde Martin
Smaelen, Legraverand, Charles Vande Brouke, Ernest
Merghelynck, Pierre Beke, Iweins-Fonteyne, Auguste De
Giielcre, conseillers.
La séance est ouverte par la lecture du procès-verbal
de la réunion du 23 Juin dernier. La rédaction en est
approuvée.
M. le président donne communication d'une lettre de
M. le Gouverneurconcernant l'avance d'une certaine
somme que le gouvernement ferait la ville, pour 1 éta
blissement temporaire d'une institution de crédit. Les
fonds promis par une dépèche antérieure, sont la dis
position de l'autorité communale, qui est priée d'envoyer
au chef-lieu de la province, la signature du gouverneur,
la convention arrêtée entre ce dernier comme délégué par
le gouvernement et le collège échevinal représentant la
ville.
M. le ministre de l'intérieur a fait parvenir l'autorité
communale le rapport lui adressé sur les octrois com
munaux, par la commission de révision. Comme cette
question est de la plus haute gravité, avant de prendre la
délibération motivée qu'on demande au Conseil sur ce
travail, il est décidé qu'une commission eomposée de MM.
Vanden Peereboom, Vandcrineersch, Vanden Bogaerde,
Bocdt, avocat, Martin Sinaelen et Boedt-Lucien, exami
neront la question de la suppression des octrois commu
naux non-seulement au point de vue théorique, mais
encore dans ses conséquences pour le consommateur.
Enfin, M. le secrétaire distribue aux membres du Con
seilla circulaire ministérielle sur l'institution des sociétés
d'épargne pour l'achat des provisions d'hiver.
Le Conseil s'occupe du deuxième article de l'ordre du
jour, et sur la proposition de la commission spéciale
chargée de former le contrôle de la section active de la
garde civique, elle l'arrête au nombre de 518 personnes
sur 2,187 inscrits. M. le président faisant les fonctions
de chef de la garde, divisera ce personnel en compagnies
et les gardes de la section active seront immédiatement
après, appelés faire choix de leurs oflieiers et sous-olfi-
ciers. Par 1 art. 73 de la loi sur la garde civique, les familles
aisées qui ne comptent aucun membre actif dans les
rangs de la milice citoyenne, sont tenues de payer une
indemnité annuelle qui est destinée alléger les frais
que cette institution doit exiger du budget communal. Le
Conseil de recensement a fait la répartition et a divisé
les chefs de famille et de maison de cette catégorieen
quatre classes: La première 15 fr., la seconde 10 fr.,
la troisième 5 fr., et la quatrième 3 fr. La somme qui
sera versée de ce chef la caisse communale, montera
approximativement au chiiîre d'environ 900 francs.
Le Conseil passe l'article de Tordre du jour concer
nant les réjouissances publiques, l'occasion de la fête
communale. Dans les temps difficiles que nous traversons
il parait assez inopportun de dépenser de l'argent en fêtes
publiques, quand il est probable que pendant l'hiver
prochain, la ville et les administrations publiques seront
appelées faire des sacrifices extraordinairespar
suite de la crise commerciale, conséquence immédiate des
événements politiques. Le Conseil est unanimement d'avis
qu'il n'y a pas lieu de voter un crédit extraordinaire, et
qu'on tâchera de suffire aux exigences de la kermesse,
l'aide du crédit ordinaire alloué au budget pour les diver
tissements publics.
Le Conseil s'occupe de la demande de la Société agri
cole, qui manifeste le vœu de pouvoir disposer des Halles
pour la prochaine exposition agricole de l'arrondisse
ment. Le Conseil autorise le collège mettre la dispo
sition de la société le vaste bâtiment des Halles. Un sub
side est sollicité par les membres de la commission de
cette société, afin de pouvoir faire confectionner des coins
pour frapper les médailles destinées servir de récom
pense ceux des exposants dont les produits sont les
plus remarquables. Le Conseilconsidérant que cette
nouvelle institution sera très-favorable la ville et atti
rera un grand concours de curieuxvote pour cet objet
une somme de quatre cents francs régulariser au bud
get de 4849.
Enfin, on aborde le dernier objet Tordre du jour qui
est la question de savoirsi la ville prendra des actions
pour Tannée courante, dans le tirage au sort du fonds
spécial pour l'encouragement de la peinture historique et
de la sculpture. Le Conseil est d'avis qu'on ne peut s'en
dispenser, d'autant plus que Tan passé, la ville a gagné le
lot de 950 francs et que, sur sa recommandation, la
commande de ce tableau a été faite M. Delbeke, artiste
pensionnaire de la ville. Le sujet choisi par le gouverne
ment est celui de Cliarles-le-Bon distribuant des aumônes.
A l'unanimité le Conseil décide qu'on continuera sous
crire au nom de la ville, pour dix actions.
Rien n'étant plus Tordre du jour, la séance est levée.
Nous donnons ci-joint le relevé du mouvement de l'état-
civil pendant les cinq premiers mois de Tannée, dans les
trente-sept communes rurales de l'arrondissement d'Arprès
Naissances739
Décès4019
Il s'en suit que le nombre des décès excède celui des
naissances de 280. Le typhus qui a régné dans quelques
communes avec une certaine intensité et la morte saison
que nous avons traversée, expliquent assez la différence
qui existe entre le nombre des naissances et des décès.
L'académie royale de médecine de Belgiquedans sa
séance du 24 Juin dernier, a voté l'unanimité, des rc-
mereimentsà M. le docteur F.-X. Dalmote, d'Yprcs, pour
son ouvrage, qu'il a fait parvenir ce corps savant, sur
les phénomènes critiques dans le typhuset elle en a
ordonné le dépôt dans ses archives.
Mercredi dernier, M. Claus, percepteur des douanes,
est arrivé Mouscron et a proclamé les promotions accor
dées ceux des douaniers qui se sont le plus distingués
dans l'affaire de Risquons-Tout. Le sous-lieutenant Becsem
a été nommé lieutenant un brigadier et neuf sous-bri
gadiers ont été nommés sous-lieutenants, et enfin quel
ques employés ont été nommés sous-brigadiers.
II paraît que la perte qu'entraînera pour M. Lemaire
de la Neuville l'incendie du château de Woestensera
très-considérable. On évalue la perte du bâtiment la
somme de 135,000 fr. et celui du mobilier environ
40,000 fr. Le château, d'après des on-dit, ne serait assuré
que pour 80,000 fr., et le mobilier pour 20,000 fr. par
la société Securitas, d'Anvers.
Élection de !u. (ohvy
Notaire, a Langemarcq.
Il paraît que la nouvelle de la nomination de M.
Servais Comyn la place honorable de conseiller provin
cial, a été accueillie avec enthousiasme Langemarcq. Un
cortège, composé des sociétés de S'-Georges et de S'-
Sébasticn, s'est spontanément organisé, et est allé rece
voir le nouveau membre du Conseil provincial l'entrée
du village. Là, on lui a présenté le vin d'honneur, et il a
été complimenté par les gouverneurs des deux sociétés,
MM. De Caestecker et Édouard Van Biesbrouck, fils. Le
soir une illumination admirable est venue couronner la
fête nous disons admirable, car le temps qu'on avait y
employer était si court qu'on aurait cru de toute impossi
bilité de faire quelque chose de bien mais l'enthousiasme
donne de la prestesse et du génie
Nous avons obtenu, par l'entremise d'un ami, l'allocu
tion de M. an Biesbrouck, fils, et nous nous empressons
de la publier. Nous la conservons en flamand, comme elle
(suite
Attendre avec impatience, c'est faire venir ce que Ton
attend. Au lieu île dépendre des circonstances, on soumet
les circonstances.
I ne nuit, lord J. Kysington me fit appeler; il soufîrait.
Après lui avoir donné les soins nécessaires, je restai seul
près de lui pour voir les résultats de mes prescriptions.
La chambre était sombre une bougie allumée laissait dis
tinguer les objets, mais sans les éclairer. La noble et pâle
figure de lord J. Kysington était renversée sur son oreil
ler ses yeux étaient fermés. C'était sou habitude quand
il se préparait souffrircomme s'il eût voulu se concen
trer en lui-même pour ne rien perdre de sa force morale
il ne se plaignait jamais il restait étendu dans son lit,
droit et immobile comme la statue d'un roi sur son tom
beau. En général, il se faisait faire une lecture, espérant,
soit que la pensée du livre s'emparerait de son esprit, soit
que le son monotone d'une voix ferait venir le sommeil.
Cette nuit-là, il me fit signe de sa main osseuse de pren
dre un livre et de commencer lire mais je cherchai
vainement, les livres et les journaux avaient été descen
dus au salon toutes les portes étaient ferméeset,
moins de sonner et de répandre l'alarme dans la maison,
je ne pouvais me procurer un livre. Lord J. Kysington
lit un signe d'impatience, puis de résignation, et me mon
tra une chaise pour que je revinsse m'asseoie auprès de
lui. Nous restâmes longtemps ainsi sans parler, presque
dans 1 obscuritél'horloge seule rompant le silence par
le bruit régulier du balancier. Le sommeil ne venait pas.
Tout-à-coup lord J. Kysington ouvrit les yeux, et, les
tournant vers moi
Parlez, me dit-il, racontez quelque chose, ce que
vous voudrez.
Ses yeux se refermèrent, et il attendit.
Mon cœur battit avec force. Le moment était venu.
Milord, lui dis-je, j'ai bien peur de ne rien savoir
qui puisse intéresser votre seigneurie. Je ne puis parler
que de moi, des événements de ma vie, et il vous faudrait
1 histoire de quelques grands hommes de ce monde pour
fixer votre attention. Que peut raconter un paysan qui
a vécu content de peu, dans l'obscurité et le repos?... Je
nai guère quitté mon village, milord. C'est un joli ha
meau dans la montagne; on n'y serait pas né, qu'on le
choisirait pour y vivre. Non loin de mon village, il y a
une maison de campagne où j ai vu des gens riches qui
auraient pu partir et qui restaient, parce que les bois sont
épais, les sentiers fleuris, les ruisseaux bien clairs et cou
rant vite sur les rochers. Hélas ils étaient deux dans
cette maison,... et bientôt une pauvre femme y resta seule
jusqu la naissance de son fils... Milord, cette femme est
une de vos compatriotesune Anglaise, belle comme on
ne Test pas souvent ni en Angleterre ni en France, bonne
comme il n'y a que les anges dans le ciel qui puissent
avoir cette bonté-la!... Elle venait d'avoir dix-huit ans
quand je 1 ai laissée sans père, sans mère, et déjà veuve
d un ami adoré elle est faible, délicate, presque malade,
et cependant il laut bien qu elle vive qu'est-ce qui pro
tégerait ce petit enfant?...
Oh milord, il y a des gens bien malheureux dans ce
monde Etre malheureux au milieu de sa vie ou quand
la vieillesse est venue, c'est triste sans doute, toutefois on
a quelques bons souvenirs qui vous font dire qu'on a eu
sa part, son temps, son bonheur,; mais quand on pleure
avant dix-huit ans, c'est bien plus triste encore, car en
fin rien ne ressuscite les morts, on le sait, et il ne reste
qu a pleurer toute sa vie. La pauvre enfant!... On voit