Faits divers.
FOIRE D'YPRES. -
La police a également arrêté une fille désignée sous le
nom de Thérèse, logée rue de La Harpe, que la clameur
publique signalait comme ayant pris une part des plus
activesà l'insurrection. D'anrès les témoignages recueillis,
et les aveux même de cette fille, elle aurait non-seulement
concouru par ses exhortations et son travail l'érection
des barricades du Pont-Saint-Michel et de la rue de la
Vieille-Boucherie, mais cette besogne accomplie, elle au
rait revêtu un costume d'homme, aurait fait le coup de
feu sur les barricades, et serait ensuite montée au clocher
de l'église Saint-Séverinoù elle aurait sonné le tocsin.
Nous avons anononcé l'arrestation du nommé Le-
comte, le second mari de la veuve Pépin. On a trouvé
sur cet homme 5,600 fr., une carte du club Barbès et un
papier sur lequel est écrit: Il nous faut des munitions
tout prix pour soutenir nos vieilles doctrines. Inter
rogé sur la possession de cette somme, il a prétendu qu'il
l'aurait touchée dans le quartier Saint-Martinprès de
Saint-Mcry.
PRUSSE. Hi ni ix13 juillet. II y aura de
main une chaude bataille parlementaire. La proposition
Jacoby est l'ordre du jour. Cette propositionvous en
avez souvenir, veut blâmer le parlement de Francfort
d'avoir nommé un pouvoir central irresponsable et blâmer
aussi le ministère prussien d'avoir fait ses réserves vis-à-
vis du Parlementpour les actes futurs de ce dernier qui
n'auraient pas été préalablement consentis par les gouver
nements d'Allemagne.
Suivant une correspondance de Berlin de la Ga
zette de Cologne, le ministère a résolu de proposer la
complète séparation de l'Église d'avec l'État.
Le projet de loi sur la garde bourgeoise, présenté
l'assemblée nationale, porte que tout prussien fait partie
de cette garde, de 21 ans 50, et que n'en sont exclus que
ceux qui sont privés du droit de porter la cocarde natio
nale. Nouvelliste de Berlin.
ANGLETERRE. Le Times se dit autorisé an
noncer que la reine ne visitera pas l'Irlande cette année.
Le 25, Sa Majesté s'embarquera bord de son yacht pour
visiter les îles Shetland et Hébrides.
De nouvelles et importantes arrestations du chef
du crime de haute trahison ont été opérées samedi
Dublin. On cite entr'autres celles des propriétaires du
Journal la Tribune, qui seront probablement renvoyés
devant une commission spéciale.
Le rédacteur du Félon Irlandais contre lequel un
mandat d'arrêt avait également été décerné, s'est constitué
prisonnier. On a refusé de mettre ces diverses personnes
en liberté sous caution. L'imprimeur du journal, M.
Hoban, a été également arrêté. Le rédacteur d'un autre
journal révolutionnaire, M. DufTy, de la Nation, a été
aussi mis en état d'arrestation. Les livres, registres et
papiers du journal ont été saisis et la publication en a été
suspendue.
Ces arrestations ont eu lieu en vertu de la nouvelle loi
sur le crime de sédition.
La maladie des pommes de terre a reparu dans un
grand nombre de localités en Angleterreen Irlande et
en Éeosse; elle a même déjà fait d'assez grands ravages.
Les dernières nouvelles de Yucatan, arrivées en
Angleterre par le steamer America, annoncent que le
pays est toujours dans la plus complète anarchie. Toute
la côte depuis Ceilan jusqu'au cap Catochc est au pouvoir
des Indiens. Plus de 100,000 blancs se pressent dans les
murs de la ville de Campèche, et s'ils tombent aux mains
de leurs féroces ennemison s'attend un massacre gé
néral.
INAPTES, 4 juillet. La frégate vapeur Roberto
annonce que les Calabrais ont battu les troupes du gé
néral Nudziante, et qu'ils leur ont pris leurs canons. La
lutte a été très-meurtrièreon s'est battu corps corps
500 soldats de l'armée napolitaine se sont réfugiés bord
de la frégate Archimède. On ne sait pas ce qu'est devenu
Nunziante.
Thiestk, 4 juillet. Une partie des bâtiments en
nemis a bombardé hier soir le port de Pirano. Les bat
teries du port ont réponduet l'ennemi a cessé le feu au
bout d'environ trois quarts d'heure. On parle de quelques
tués et blessés du côté des adversaires.
Trieste, 6 juillet. La flotte ennemie avait déjà
quitté hier la hauteur de Pizan et s'était retiréecomme
nous l'avons ouï dire hierjusque devant Uncango, où
elle était encore visible aujourd'hui. Nous ne savons si
elle a reçu l'ordre de lever le blocus, mais nous le sup
posons, parce qu'elle a laissé passer deux bâtiments mar
chands autrichiens qui sont entrés aujourd'hui dans notre
port. On a reçu de Turin la nouvelle officielle que la cour
de cette ville a levé le blocus par suite des réclamations
des envoyés prussiens et bavarois. Gaz. d'Augsb.
HONGRIE. pfnth, 7 juillet.— Un horrible car
nage a de nouveau eu lieu Carlowitz. On dit que cette
ville toute entière est en flamme. De sanglants désordres
ont aussi eu lieu Neusatz. L'élite des habitants de Neu-
satz s'est enfuie Peterwardein. La tranquillité a été
rétablie le 28après que 15 personnes eurent été tuées.
Rome, 6 juillet. La Chambre des Députés a tenu
séance Rome le 5 Juillet, sous la présidence de M.
Sturbinelli. Le ministre de la guerre a déclaré, en ré
ponse des interpellations, avoir reçu des rapports sur
la triste situation du dénûment où se trouvent les milices
romaines dans le pays vénitien. Déjà, sans des obstacles
qui se sont rencontrés, des effets préparés pour cet objet
eussent été expédiés d'Ancône et de Ravenne. On expé
diera surtout du linge. Quant aux blouses instamment
demandées par les soldats, on enverra l'argent nécessaire
pour en acheter.
SICILE. Une nouvelle importante est arrivée
Parisc'est la nomination au trône de Sicile du duc de-
Gênes, un des fils de Charles-Albert.
D'un autre côtéle gouvernement français a donné
ordre aux commandans de l'escadre de la république,
stationnés dans la Méditerrannéede saluer le pavillon
sicilien. Cette décision équivaut une reconnaissance,
moins la formule diplomatique d'usage.
L'Angleterre a fait prier la Sicile de compléter sa
Constitution et de se donner un roi Italien, promettant de
le reconnaîtrele protéger et le défendresans aucun
danger pour File. Il a été répandu dans toute la Sicile un
imprimé sans nom d'auteur: On y recommande Louis
Bonaparte. Cette brochure a répandu de l'agitation dans
l'île. Le président de la chambre des pairs seul penchait
pour cette candidature. Les amis de Bonaparte sont peu
nombreux en Sicile. Les candidats les plus en faveur sont
les fils de Charles-Albert et du grand-duc. La France tra
vaille pour elle-même. Elle voudrait que l'île proclamât
la république elle a des agents qui travaillent dans ce
moment avec l'aide du club des 60 corporations qui dé
testent Ruggiero Settimo.
Les comptes et les mémoires des entrepreneurs qui
ont concouru la construction de la nouvelle salle de l'As
semblée Nationale font monter la dépense de cet édifice
provisoire 325,000 fr. environ.
La charpente figure pour 88,000 fr.; la maçonnerie
pour 56,000 fr. couverture, 14,000 fr. ferrure et ser
rurerie, 32,000 fr. menuiserie, 85,000 fr.; pavage,
800 fr. vitrerie, plomberie, peinture, ornements, etc.
46,000 francs.
M. Guizot vient d'être victime, Londres, d'un vol
qui présente des circonstances particulières. Non contents
de lui dérober son argenterieles voleurs ont forcé sou
bureau et fureté dans ses papiersdans l'espoir d'y dé
couvrir quelques docuinens politiquesavec lesquels ils
auraient battu monnaie. Par un hasard singulier, un ma
nuscrit important a échappé leurs recherches c'est un
grand travail sur l'état de l'Europe et la révolution de
février, que M. Guizot achève en ce moment, et auquel il
consacre tous les loisirs que lui a faits l'exil.
Les Bourgmestre et Échevins de la ville d'Ypres infor
ment le public que la Foire du Tuindagsur les Halles
commencera le Samedi, 5 Août 1848, et finira le Mercredi,
16 du dit mois.
Les marchands qui désirent s'y placer sont invités de
s'adresser par écrit et franc de port la régence.
Les places seront distribuées le Vendredi4 Août, 9
heures du matin.
Fait la Régence de la ville d'Ypres, le 7 Juillet 1848.
les bourgmestre et échevins,
Par ordonnance JB. Vaaclersticliele.
le secrétaire,
<1. De Codt.
M. Bethmont a donné sa démission de ministre de
la justice. Elle a été acceptée par le pouvoir exécutif.
Le ministre de l'intérieur vient d'adresser aux pré
fets une circulaire relative l'exécution du décret de
l'Assemblée nationale qui prescrit le renouvellement de
tous les conseils municipaux, et fixe au 1er Août l'époque
où cette opération doit être accomplie.
Instrnrtioii du cotnplot.
Malgré le zèle des magistrats, Je travail n'a pu être prêt
aujourd'hui pour mettre les quatre eommissions mili
taires même de commencer les opérations. On espère
néanmoins, que lundi prochain elles pourront être saisies
d'un bon nombre de dossiers.
Les premières affaires porteront principalement sur les
mises en liberté. En même temps, et dès les premiers
jours, les commissions statueront sur le sort des chefs ou
instigateurs de l'insurrection ou de ceux qui ont fourni
et distribué de l'argentdes armes et des munitions de
guerre. Quant ceux-làles commissions se borneront
les mettre la disposition du général commandant en
chef la 1" division, pour être procédé leur égard con
formément la loi du 13 brumaire an V.
Le généralsaisi de l'affaire par le renvoi de la com
mission militaire, ordonnera sur-le-champ conformément
l'article 12, l'un des rapporteurs près le lr ou le 2e
conseil de guerre, de recevoir la plainte, de faire sur-le-
champ l'information, et, sur-le-champ, dit encore la loi,
l'officier-général commandant la division convoquera le
conseil de guerre qui se tiendra toujours au lieu indiqué
par le président du conseil, puis viendra le jugement.
Il est difficile de se faire une idée exacte de l'aspect
que présentent les forts occupés par les détenus de l'in
surrection. Celui d'Yvry est entouré de nombreuses sen
tinelles qui dominent la campagne. Les troupes campent
sous des tentes rangées devant le mur d'enceinte.
D'après un avis de la commission sanitaire, la police a
fait apporter dans le fort les objets nécessaires au cou
chage des détenus. On a établi des ventilateurs pour
assainir les casemates.
MM. les rapporteurs et leurs substituts arrivent au fort,
et interrogent toute la journée. Aussitôt après leur re
traite, on n'entend plus que le pas des factionnaires et un
sourd murmure produit par les conversations incessantes
etanimées des prisonniers qui s'agitentdansles casemates.
Parmi les prisonniers détenus au fort d'Yvry se
trouvent les prévenus de l'assassinat du général de Bréa
et son aide-de-camp. Déjà huit de ces hommes sont en
arrestation; on a retrouvé chez l'un d'eux les armes du
généralet chez un autre une partie de l'uniformeavec
les insignes du grade de général de brigade, et tout fait
croire que la cupidité bien plus que l'exaltation du mo
ment a été le premier mobile de cette horrible tragédie.
L'enquête a donné lieu, d'ailleurs, une scène des plus
pathétiques un garçon maçon, en arrivant au fort, pour
déposer, a reconnu le chef de bataillon Desmarets, du
24e légerqui procédait l'instructioneten le recon
naissant il s'est écrié C'est moi qui vous ai sauvé la
vie Et en même temps il s'est jeté son cou pour l'em
brasser.
Un Allemand également detenu au fort d'Yvry est
inculpé d'avoir coupé les poings un dragon. Il est re
connu par quelques gardes mobiles il se borne dire
pour sa défense qu'on ne pourra rien prouver contre lui.
Le fort de Bicètre, commandé par le capitaine
Hudelot, du 24e régiment de ligne, contient 1,451 pri
sonniers.
L'arrestation de Gronfier-Chalier, commissaire de
police du quartier des Lombards, a été annoncée dans les
journaux.
On assure que ce magistratqui faisait partie du club
dont le siège se tenait au passage Molière, a pris une part
active aux faits de l'insurrection. II comptait vingt six
ans de service. C'est le chef de la police de sûreté qui a
procédé son arrestationen vertu d'un ordre du chef
du pouvoir exécutif.
Un autre commissaire de police, nommé, celui-làpar
M. Caussidière, vient d'être destitué.
L'instruction touche sa fin. D'ici très-peu de jours
les interrogatoires seront terminés.
Au nombre des inculpés arrêtés hier matin se trouve
un des capitaines d'état-majar de la garde nationale de
la Chapelle-Saint-Denis, le sieur Rayson.
On laissait Harry jouer sous les yeux d'Eva Meredith
c'était cruel. Sans prendre souci des angoisses de cette
femme, on amenait Harry répéter des leçons en présence
de son oncle on vantait ses progrès. La mère ambitieuse
calculait toutes choses pour consolider le succès, et, tan
dis qu elle avait de douces paroles, de feintes consolations
pour Eva Meredithelle lui torturait le cœur chaque
instant du jour. Lord J. Kysington, frappé dans ses plus
cheres espérances, avait repris la froide impassibilité qui
m'avait effrayé. Maintenant c'était, je le voyais, le dernier
mot de son caractère, c'était la pierre qui scelle un tom
beau. Strictement poli envers sa helle fille, il n'avait pour
elle nulle parole d'affection la fille du planteur américain
ne pouvait trouver de place dans son cœur que comme
mère de son petit-fils. Cet enfant, il le regardait comme
n'existantpas. Lord J. Kysington fut plus que jamais som
bre taciturneregrettant peut-être d'avoir cédé mes
instances, et d'avoir donné sa vieillesse une émotion
pénible et désormais inutile.
Un an s'écoula, puis un triste jour vint où lord J.
Kysington fit appeler Eva Meredith, et lui faisant signe
de s'asseoir près de son fauteuil
Écoutez-moi, madame, dit-il, écoutez-moi avec cou
rage. Je veux agir loyalement envers vous et ne vous rien
cacher; je suis vieux et malade, il faut m'occuper de mes
affaires. Elles sont tristes et pour vous et pour moi je ne
vous parlerai pas de mon ressentiment lors du mariage de
mon fils. Votre malheur m'a désarmé, je vous ai appelé
vers moi, et j'ai désiré voir et aimer dans votre fils Wil
liam l'héritier de ma fortune, le jeune homme sur lequel
se basaient tous mes rêves d'avenir et d'ambition.
Hélas madame, la destinée fut cruelle envers nous La
veuve et le fils de mon fils auront tout ce qui peut assu
rer une existence honorable mais, maître d'une fortune
que moi seul ai acquise, j'adopte mon neveu, et c'est lui
que je regarderai désormais comme mon unique héritier.
Je retourne Londres pour surveiller mes affaires sui
vez-moi, madame, ma maison est la vôtre; je vous y ver
rai avec plaisir.
Eva (elle me l'a dit depuis) sentit en elle, pour la pre
mière fois, le courage remplacer l'abattement. Elle eut la
force que donne une noble fierté: elle releva la tète, et si
son front n'avait pas l'orgueil de celui de lady Mary, il
avait du moins la dignité du malheur.
Partez, milord, répondit-elle, je ne vous suivrai pas.
Je n'irai pas être témoin de la déchéance de mon fils
Vous vous êtes bien hâtémilordde condamner pour
toujours! Que sait-on de l'avenir? vous avez bien vite
désespéré de la miséricorde de Dieu
L'avenir! reprit lord J. Kysington, mon âge, il
est tout entier dans le jour qui s'écoule. Si je veux agir,
il faut que j'agisse le matin sans même attendre le soir.
Faites donc comme vous l'entendez, répondit Eva.
Je retourne dans la demeure où j'ai été heureuse près de
mon mari, j'y retourne avec votre petit-fils, lord William
Kysington ce nom, son seul héritage, il le garda, et le
monde, dùt-il ne connaître ce nom qu'en le lisant sur son
tombeau, votre nom, milord, est le nom de mon fils
Huit jours après, Eva Meredith descendait le grand
escalier de l'hôtel, tenant encore, comme lorsqu'elle entra
dans cette fatale maison, son fils par la main. Lady Mary
était un peu en arrière d'elle, quelques marchés plus
haut qu'elle de nombreux domestiquestristement si
lencieux, regardaient et regrettaient la douce maîtresse
chassée du toit paternel.
[La suite au prochain n°.)