JOIRNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
n
1
3754. 8e Année.
Jemli. 27 Juillet 1848.
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
Le Médecin «lu village.
-
ABONNEMENTS Tpres (franco), par trimestre, 3 francs
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Rèci.
50 c. Provinces, 4 francs.
,ames, la ligne 30 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
TPRES, le 26 Jfrn.I>KT.
La question des engrais viendra sans doute en première
ligne parmi celles dont le congrès agricole aura s'oc
cuper. Le programme dressé par la commission contient
un très-grand nombre de questions, capables de remplir
une sessionnon de trois joursmais de trois mois nul
doute que le premier travail du bureau et des sections ne
consiste éliminer par un judicieux triage les moins im
portantes, pour laisser seulement l'ordre du jour celles
dont la solution intéresse le plus vivement notre agricul
ture.
En première ligne doit venir la question des engrais,
surtout celle des engrais perdus. C'est une pitié de voir
détruire de gaieté de cœur les substances fertilisantes au
plus haut degré, alors qu'il serait si facile et si nécessaire
de les utiliser au profit de la production agricole. On ne
peut alléguer la difficulté de la désinfection les procédés
de MM. Sircy, de Paris, et John Martin, de Londres, sont
vulgaires; chez nous, plusieurs chimistes, entre autres,
M. Dam, pharmacien, se sont pourvus de brevets pour
divers moyens certains et économiques de désinfection. Ce
n'est donc ni la scienceni le zèle des savants qui font
défaut l'agricultureau sujet de l'emploi des engrais
provenant des villeset la perte sur cet objet ne peut
raisonnablement leur être attribuée.
Il n'y a point balancer c'est sur les autorités ur
baines qu'il faut agir. Les vœux du congrès agricole
auront sans doute assez de poids et de retentissement pour
que le ministère par l'entremise de MM. les gouverneurs
des provinces, engage les conseils communaux des villes
s'entendre avec les chimistes et les agronomes, pour
appliquer les engrais produits dans les villes h la fertili
sation des campagnes, sans en rien laisser perdre, et sans
compromettre la santé publique.
Nous prions au nom du bien public dont le zèle les
animenos jeunes chimistes de déployer dans cette cir
constance décisive une louable activitéde se présenter
au congrès armés de toutes piècesprêts répondre
toutes les objectionslever tous les obstacles pour con
quérir ce point si essentielque désormais il n'y ait plus
dans les villes d'engrais perdu. Ils auront ainsi rendu au
pays le plus important des services, comme nous applau
dissons d'avance leurs utiles travaux.
CONSEIL PROVINCIAL
DE l'A FL.IXDRE
Séance du 22 Juillet 1848,
Sous la présidence de M. le baron Pecsteen de Lampreel.
La séance est ouverte 10 heures et demie du matin
55 membres répondent l'appel nominal et M. le secré
taire lit le procès-verbal et les pièces communiquées au
Conseil.
La discussion du rapport sur l'élection du canton de
Ilarlcbeke n'a pas lieu par suite de la lecture d'une lettre
du procureur du roi de Courtrai qui fait connaître que le
jugement qui a prononcé l'interdiction d'un électeur est
passé en force de chose jugée. Comme le motif de la déci
sion du rapport, il a été renvoyé l'examen de la même
commission.
La société Kunstliefde de Bruges, avait obtenu l'année
passée, un subside sur les fonds provinciaux; la députa-
tion a proposé d'en donner un de 500 fr. Mais un membre
fait observer que le Conseil n'est pas saisi d'une demande
de la part de cette société, cependant le Conseil accorde
l'allocation demandée par la Députation permanente pour
cette société.
La demande de la commune de Wacken tendante de
venir chef-lieu de cantonest repoussée l'unanimité
moins une voix.
11 s'agit maintenantd'après l'ordre du jourde fixer
la séance en laquelle aura lieu l'élection des membres de
la députation permanentemais quelques conseillers
trouvent que le rapport concernant l'incompatibilité entre
le mandat de conseiller provincial et les fonctions de la
banque devrait être discuté. Un membre demande quand
on entendra la lecture du rapport sur cette question. Il
est annoncé pour lundi.
Les commissions présentent leurs rapports sur divers
objets et ils sont mis l'ordre du jour de Lundi.
Séance du 24 Juillet 1848.
A 10 heures la séance est ouverte. L'ordre du jour ap
pelle la discussion sur le rapport présenté par M. Vram-
bout, au nom de la 4e commission concernant les travaux
ordinaires et extraordinaires de la province.
M. Bril réclame des améliorations pour le port de
Nieuportet engage vivement l'autorité provinciale
négocier pour obtenir que le gouvernement veuille re
prendre l'entretien de ce port comme il a actuellement
sa charge celui,d'Ostende.
M. Vramboitt, le rapporteur, revient sur quelques pas
sages de son rapport et appuie la demande de M. Bril.
Enfin le rapport est adopté l'unanimité et les autres
objets l'ordre du jour ne présentant que peu d'intérêt,
l'exception de la Ie lecture du 2e rapport sur l'élection
d'IIarlebeke, présenté par M. Merghelynck, et celui sur la
question de l'incompatibilité, présenté par M. Roels.
La séance est levée midi, après qu'on a fixé la discus
sion de ces deux questions assez graves, la séance de
Mercredi.
On assure que le renouvellement des conseils commu
naux aura lieu dans le courant du mois d'août prochain,
et probablement dans la première quinzaine.
Nous avons fait connaître nos lecteurs, la résolution
par laquelle l'assemblée nationale de Francfort a prononcé
la séparation du duché de Limbourg d'avec la Hollande.
Nous apprenons que, par suite de cette résolution, la
ville de Maestricht vient d'être déclarée en état de siège,
et qu'on garnit de canons les remparts de cette for
teresse. Journal de Liège.)
Carde civique d'Vpres.
Plusieurs membres de la 5e compagnie, désirant que le
choix des titulaires des différents grades soit l'expression
du sentiment général, ontrésolu de se réunir l'Hôtel-de-
villcJeudi27 du c'5 heures de relevéepour se
fixer sur les candidats présenter pour la formation des
cadres.
Les habitants faisant partie de la 6e compagnie volti
geurs) se réuniront au Salon d'Apollon, Jeudi, 276
heures du soirl'effet de procéder aux élections prépa
ratoires des officiers et sous-officicrs de cette compagnie.
MM. Courtois, père et fils, physiciens et prestigia-
teurs belges, dont les journaux de Lille ont fait les plus
grands élogesdonnerontpendant la kermesse de notre
ville, quelques représentations dans leur logesituée sur
la Grand'Place. Voir aux annonces.
Un malheur est arrivé Heyst, près de l'écluse de dé
charge du canal de Zelzaete.
Une famille anglaise s'était rendue en cet endroit et
quelques uns de ses membres ont pris des bains de mer,
quand tout coup deux hommes ont disparu dans les
flots et se sont noyés. Tous deux sont anglais et un d'entre
eux est père de famille et attendait tous les jours son
épouse.
(suite et tin.)
Eva ne pouvait pas en arriver désespérer tout-à-fait
de la miséricorde divineetquand toutes chances hu
maines disparaissaientce cœur plein d'amour avait de
doux rêves dont il se refaisait des espérances. Mais qu'il
était tristehélas de voir cette pauvre mère mourir
lentement sous les yeux de son fils, d'un fils qui ne com
prenait pas et qui lui souriait quand elle l'embrassait
Il ne me regrettera pas, disait-elle, il ne me pleu
rera pasil ne se souviendra pas
Et puis elle demeurait immobile, dans une muette con
templation de son enfant sa main alors cherchait la
mienne: Vous l'aimez, ami docteur? murmurait-elle.
Je ne le quitterai pas, lui disais-je, tant qu'il n'aura
pas de meilleurs amis que moi.
Dieu dans le ciel et le pauvre médecin de village sur
la terre, voilà les protecteurs auxquels elle confiait son
fils.
La foi est une grande chose!... Cette femme veuve,
déshéritée, mourante, auprès d'un enfant sans intelli
gence n'avait pas encore un de ces désespoirs sans issue
qui font qu'on meurt en blasphémant. Un ami invisible
était près d elle; elle semblait s'appuyer sur lui, et parfois
prêter 1 oreille de saintes paroles qu'elle seule entendait.
In matin, elle m'envoya chercher de bonne heure;
elle n avait pu quitter son litetde sa main amaigrie
elle me montra une feuille de papier sur laquelle quelques
lignes étaient tracées.
Ami docteur, me disait-elle de sa voix la plus douce,
je n'ai pas la force de continuer, achevez cette lettre.
Je lus ce qui suit:
Milord, c'est la dernière fois que je vous écris. Tandis
que la santé est rendue votre vieillesse, moi je souffre et
je suis prête mourir. Je laisse sans protecteur votre
petit-fils William. Milord, cette dernière lettre est pour
le rappeler votre souvenir je demande moins pour lui
votre fortune qu'une place dans votre cœur. De toutes les
choses de la vieil n'a compris qu'une seule chosel'a
mour de sa mère. Voilà qu'il me faut le quitter pour
toujours! Aimez-le, milord: il ne comprend que l'affec
tion
Elle n'avait pu achever j'ajoutai
Lady William Kysington a peu de jours vivre quels
sont les ordres de lord James Kysington l'égard de l'en
fant qui porte son nom
Le docteur Barnabe.
Cette lettre fut envoyée Londres, et nous attendîmes.
Eva ne quitta plus son lit Williamassis près d'elle,
tenait, tout le long du jour, sa main dans les siennes sa
mère essayait tristement de lui sourire; moi de l'autre
côté du lit, je préparais les potions qui pouvaient adoucir
le mal.
Elle recommençait parler son fils; comme ne déses
pérant plus qu après sa mort quelques mots dits par elle
ne revinssent sa mémoire elle donna cet enfant tous
les conseilstoutes les instructions qu'elle eût donnés
un être éclairé puis elle se retournait vers moi Qui
sait, docteur? disait-elle, peut-être un jour il retrouvera
mes paroles au fond de son cœur
Quelques semaines s'écoulèrent encore. La mort ap
prochait et quelque soumise que fût l'âme chrétienne
d'Eva, ce moment ramenait l'angoisse de la séparation et
la terreur solennelle de l'avenir. Le curé du village vint
la voir et quand il la quitta, je m'approchai de lui, je pris
sa main Vous prierez pour ellelui dis-je. Je lui ai
demandé de prier pour moi, répondit-il.
C'était le dernier jour d'Eva Meredith. Le soleil était
couché la fenêtre près de laquelle elle s'était si longtemps
assise était ouverte; elle pouvait voir de loin ce pavs
qu'elle avait aimé. Elle tenait son fils dans ses bras, et
baisait son frontses cheveux en pleurant tristement
Pauvre enfant! que deviendras-tu? Oh! disait-elle
avec amourécoutez-moiWilliam: je me meurs! ton
père est mort aussi te voilà seul Il faut prier le Sei
gneur; je te donne celui qui veille sur le passereau
solitaire sur les toits; il veillera sur l'orphelin. Cher en
fant, regarde-moi, écoute-moi Tâche de comprendre que
je meursafin de te souvenir un jour de moi
Et la pauvre mère, perdant la force de parler, gardait
encore celle d'embrasser son enfant.
En ce momentun bruit inusité frappa mes oreilles.
Les roues d'une voiture faisaient crier le sable des allées
du jardin. Je courus vers le perron. Lord J. Kvsington
et lady Mary eutraieut dans la maison.
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