JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 758. 8e Année.
SOCIÉTÉ DE L'UNION LIBÉRALE.
INTÉRIEUR.
Maurice.
Jeudi, lO Août 18 68.
Virss acquirit eunio.
ABONNEMENTS Yprès (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 30 centimes. être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne
Le Comité directeur a l'honneur de prévenir MM. les
membres de l'Association, qu'ils sont invités assister
l'assemblée générale convoquée au Jeudi, 10 Août, 3
heures très-précises de relevée, au Grand Salon d'Apollon,
rue. du Lombard, l'effet de procéder la confection de
la liste des candidats provisoires pour les prochaines
élections communales.
Ce 7 Août 1848.
pour le comité
par ordonnance: LE PRÉSIDENT,
lb sf.cftétallb, >2 in «d
ERN. MF.RGHF.LYNCK.
APRES, le Aoct.
Depuis deux ou trois jours, quelques personnes parais
sent vouloir contester la validité des élections de la
Garde civique, sous prétexte que les gardes de la section
active ont seuls concouru au choix des officiers et sous-
officiers. Quelques malins prétendent que la section de
réserve eut dû être convoquéepour prendre part ces
élections. Il faut ne pas avoir vu la loi, pour émettre une
opinion aussi peu fondée, car l'art. 34 dit: Les titulaires
de tous les grades d'une compagnie sont élus par ceux
qui la composent, l'exception du sergent-major, dont
la nomination appartient au capitaine. Or, pour faire
partie d'une compagnie, il faut appartenir au contrôle du
service ordinaire ou de la section active aux termes de
l'art. 24. Les hommes portés sur le contrôle de réserve
n'étant appelés faire partie de la Garde civique que
dans des circonstances extraordinaires. En combinant
les dispositions de ces deux articles, il est clair, d'après
les prescriptions de la loique le contrôle de réserve ne
pouvait être appelé prendre part aux élections.
Les élections communales sont prochaines, il ne reste
guère du temps h perdre pour procéder au choix si ira-
portant des administrateurs de la commune aussi ne
pouvons-nous assez engager tous les membres de l'Asso
ciation libérale se trouver la réunion au Grand Salon
d'Apollon, Jeudi, 10 Août, 3 heures de relevée, afin de
procéder au choix des candidats provisoires. 11 est de la
plus haute importance que tous les membres de la société
soient présentsafin que toutes les sympathies puissent
se faire jour et que toutes les opinions puissent être dé
battues en famillede maniéré pouvoir se présenter
unis comme un seul homme au jour du scrutin définitif.
i. la sainte-bai'. be.
(suite.)
Maurice avait en effet quitté Pariscar nous ne le re
vîmes plus, et 1 ingrat, plus fidèle sa douleur qu'à ses
amis, ne nous écrivit même pas. Qu'était-il devenu? où
était-il allé?.. Nous fûmes longtemps sans le savoir.
Enfin, nous apprîmes, mais non pas par lui, qu'il par
courait la Grece et la Syrie. Cependant et depuis son dé
part les jours avançaient le temps marche pour les tra
vailleurs comme pour les oisifs, pour les heureux comme
pour ceux qui ne le sont pas seulementil marche un
peu plus vite pour les uns que pour les autres, mais enfin
tous arrivent au même butmême ceux qui n'en ont ja
mais eu.
Le printempsetl'étés'étaientécoulés l'automne voyait
revenir Paris la population fashionable des châteaux
et des campagnes, nous étions la fin de novembre- nous
n'avions point de nouvelles de notre exilé cependant le
4 décembre approchait. Maurice avait-il oublié sa pro
messe ou plutôt ne pouvait-il plus la tenir? Tout me disait
que le malheureux jeune homme n'avait pas même eu le
courage d'attendre et avait cédé son désespoir. Au mi
lieu de ces perplexités et de ces craintesle 4 décembre
arriva. Pour la première fois de ma vie j'allai cette fête
Le Conseil provincial de la Flandre occidentale qui
avait été prorogé jusqu'au 9 Août 1848, ne s'est pas réuni
au jour fixé. La commission spéciale chargée de la ques
tion des Flandres n'a pas encore fini son travail. La réu
nion est donc fixée Vendredi, 11 Août, dix heures du
matin.
Lundi dernier9 heures du matinsous la prési
dence de M. le Bourgmestre, les officiers élus de la Garde
civique ont été convoqués pour faire le choix d'un major,
d'un médecin de bataillon et d'un médecin adjoint. A
l'unanimité des voix, moins un billet blanc, M. Auguste
Vanden Bogaerde a été choisi comme major commandant
la Garde civique d'Ypres M. Hammelrath, père, l'una
nimité, a été nommé médecin de bataillon, et M. Amand
Laheyne, médecin-adjoint.
En vertu de l'art. 58 de la loi du 8 Mai 1848, ont été
nommés par le major commandant la Garde civique
Adjudant sous-officier, le sieur Ernest Maurau, ancien
lieutenant de la Garde civique active de la Flandre occi
dentale.
Tambour-maître, le sieur François-Louis Rabau, ancien
caporal-tambour de la Garde civique.
Pour fournir l'occasion la commission directrice de la
Société de la Concorde de don icr la fête qui a dû être
remise par suite du mauvais temps, jeudi soir, 6 heu
res, le comité de l'association qui avait fixé une assemblée
générale pour le même soir, sept heures, vient d'avan
cer l'heure de la convocation de la réunion électorale.
MM. les membres de la société sont prévenus que l'as
semblée générale de l'Union libérale aura lieu, Jeudi 10
Août, trois heures de relevée, au Grand Salon d'Apollon,
par dérogation la première décision, qui la fixait sept
heures du soir.
LA KERMESSE.
Bien que les réjouissances publiques n'aient rien offert
de très-brillant cette année, un grand nombre d'étrangers
s'étaient cependant donné rendez-vous en notre ville
autant par suite d'une ancienne habitude, qu'engagés par
la généreuse hospitalité de nos concitoyens. Tout le
inonde s'attendait trouver du vide le premier jour de
la kermesse, et cependantbien qu'il n'y ail eu rien
voir, qu'il n'y avait pas de but de promenade, la ville
offrait un aspect animé et, rarement, nous avons vu la
Grande Place remplie d'autant de promeneurs.
avec un sentiment pénible et un serrement de cœur indé
finissable; au milieu de toutes ces physionomies joyeuses
et animéesj'en cherchais une triste et pâle que je n'a
percevais pas. Je parcourus dans tous les sens l'immense
salle du banquet: Maurice n'y était pas. Le docteur lui-
même n'était pas encore arrivé, et c'était le seul qui je
pouvais faire part de mes angoisses. Déjà retentissaient
les conversations bruyantes, les cris de. joie et le choc des
verres. Le président avait réclamé le silenceet d'une
voix lente et solennelle venait de prononcer le toast or
dinaire A ceux de nos camarades que l'absence ou le
malheur empêche de se trouver cette réunion Tous
se levèrent et répétèrent ce toast avec acclamation moi
seul je n'en avais pas la force... et murmurais voix
basse: Au pauvre Maurice! quand je vis apparaître le
docteurqui entrait avec l'empressement et l'animation
d un retardataire. Il aperçut du premier coup, et au banc
des anciensla place que j'avais laissée vide côté de
moi il courut s'y asseoir.
Eh bienlui dis-jependant qu'il dépliait sa ser
viette Maurice n'est pas ici
Je le sais, je viens de le voir.
Il est donc arrivé?
Depuis trois jours.
Il n'est pas venu
Le pauvre garçon ne pouvait pas: il est blessé.
0 eiel il a tenté de se tuer ou bien un duel
ce qui concerne le journal doit
•eçoit que les lettres affranchies.
Le bal de la Société de la Concordesans être très-
nombreux, était cependant très-animé. Un grand nombre
d'étrangers y sont venus passer une soirée dont ils con
serveront un souvenir agi'éable. Les dames y étaient en
majorité et une disette de cavaliers se faisait remarquer.
C'est souvent le contraire qu'on a lieu d'observer dans les
bals d'hiver de la société.
Lundi après-miditrois heures de relevéeun tir
la perche a eu lieu, donné par la Société royale de S1 Sé
bastien. Il n'offrait rien d'extraordinaire et il ne s'agissait
pas d'un tir solennel comme celui qui a eu lieu en 1843.
C'était un concours très-ordinaire d'archers comme les
sociétés de l'are des communes rurales en donnent ordi
nairement aux kermesses. La mise était de 10 francs.
Pour ces motifs et par suite des travaux de la récolte, les
archers n'avaient guère" répondu l'appel; 43 seule
ment ont pris part au tir et c'étaient pour ainsi dire des
confrères de la ville et des localités les plus voisines.
Nous devons dire un mot du concert donné par la So
ciété des Chœurs au bénéfice de M. Cornelis, professeur
de chant au Conservatoire de Bruxelles. Commençons par
proclamer le succès que cette soirée musicale a obtenu.
Une foule compacte se pressait en la salle de spectacle qui
a été rarement trop exigue pour les fêtes qui y ont été
données; cette fois-ci, elle était trop petite.
Le bénéficiaire, M. Cornelis, s'est parfaitement acquitté
de sa tâche. Les romances qu'il a chantées avec ce goût
suave et cette méthode parfaite qui nous rappelle les dé
licieuses traditions de Ponchardont fait le plus grand
plaisir. Le duo pour ténor et baryton exécuté par MM.
Cornelis et Brunfaut, a produit le plus grand effet. Mais
aussi l'exécution a marché parfaitement. Les deux chan
teurs ont fait preuve d'un talent d'artiste très-remarqua
ble et d'une connaissance approfondie des ressources de
l'art musical.
Les chœurs comme toujours guidés par M. Duhayon-
Brunfaut, ont chanté avec ensemble divers morceaux, et
entre autres, le dernier était de la composition de
leur directeur pour la musique et sur des paroles de M.
Albert Denoyelle. Cette espèce d'ode-symphonie a plu
généralement nous devons le dire, juste titre, car la
musique n'en est pas sans mérite. C'est pour la deuxième
fois que le directeur de la Société des Chœurs se fait re
marquer comme compositeur et l'on doit avouer que ce
n'est pas sans succès qu'il a fait ses débuts.
Passons maintenant l'exécution d'un Bouquet de mé
lodies pour piano, par M. Verhille. Comme toujours cet
Rien de tout cela... une jambe cassée. Sois tran
quille les jambes cassées, cela me regardec'est ma
partie, ma spécialité.... Chacun la sienne, et cela ne doit
pas plus t'effrayer qu'un dénoûment changer ou un acte
refaire.
Comment cela lui est-il arrivé?
Fidèle son système de silence, il ne me l'a pas dit.
Il est donc toujours bien malheureux
Au contraire, il est charmé, enchanté, il cause, il
ritil chante, il danserait même si je le lui permettais;
enfin, c'est un changement complet, et il n'y a pas au
monde d'homme plus heureux depuis qu'il a la jambe
cassée je crois que cela l'a guéri.
En vérité
C'est peut-être une découverteun remède contre
le spleen... j'y réfléchirai.
Et tout le reste du dîner le docteur fut d'une humeur
charmante, comme il est toujours quand il vient de sauver
un de ses clients. C'est presque dire qu'il passa sa vie
être aimable.
Le lendemainje courus avec lui chez Mauricemais
au lieu de nous arrêter au second étage, nous montâmes
jusqu'au sixième c'est là qu'habitait notre ami de son
appartement d'autrefois il n'avait conservé que cette man
sarde, brûlante en été et glaciale en hiver. Cette seule
pièce servait Maurice de chambre coucher, de salle
manger et de cabinet de travail. Un lit, une table et