JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Dimanche, ÎO Septembre 1848.
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YPRES, le 9 Septeihbbe.
EXPOSITION AGRICOLE.
article.
La Société d'agriculture de l'arrondissement d'Yprcs
débute par un succès. Le concours agricoleorganisé
sous ses auspices, dès la première fois, excite l'admiration
de bien des gens, qui ne croyaient pas qu'à l'aide des pro
duits de la terre, on pouvait arranger une exposition qui
pût mériter l'attention et offrir même un coup-d'œil
charmant. Mais disons aussi que le local y est pour quel
que chose, et quand on peut disposer d'une place aussi
vaste et aussi élevée qu'une partie des Halles, il est pos
sible d'arranger, d'une manière grandiose, des objets qui,
séparés, ne provoqueraient nullement l'attention.
Nous devons encore répéter ce que nous avons dit de
l'exposition, quand il n'était pas encore possible de devi
ner qu'elle eut été aussi brillante, c'est que le plan en est
très-heureux, et pour les décorations et les ornements,
l'artiste qui en a été chargé, s'est parfaitement acquitté
de sa tâche.
Occupons-nous maintenant des produits les plus re
marquables qui figurent l'Hôtel-de-Ville. Nous disons
les plus remarquables, car nous devons faire encore un
choix parmi les objets qui sont exposés. Tous sont beaux,
magnifiques et piquent la curiosité sous un rapport quel
conque. Aujourd'hui, parmi les cultivateurs, il ne suffira
plus de vanter ses produits. C'est dans une exposition
publique que leur mérite devra être apprécié, et sous ce
rapport, ces solennités présenteront des résultats favora
bles, car elles exciteront l'émulation parmi les agri
culteurs.
Commençons par le froment, c'est un produit pour
lequel notre agriculture est renommée. La collection qui
a été envoyée de grand nombre de communes de l'arron
dissement est superbe. Il y a des gerbes qui sont de toute
beauté. Nous avons remarqué le choix de neuf espèces de
froment exposé par le cultivateur De Heegher, de Watou,
le même qui a obtenu le premier prix l'exposition agri
cole de Bruxelles en 1847. Les froments dont il a envoyé
un échantillon, sont certes les plus beaux que le pays
puisse produire! Les froments fournis par des cultiva-
IV. UNE HONNÊTE FEMME. (SUITE.)
Pendant qu'elle parlait, Maurice ne savait ce qu'il devait
le plus admirer, du tact, de l'esprit ou du cœur de cette
femme, et il la quitta comme il la quittait tous les soirs,
plus épris que jamais. Un mois se passa ainsi, et ce fut
dans les amours du pauvre Maurice l'époque la plus heu
reuse et la plus florissante. Sa position, comme capita
liste, n'était pas aussi belle il dépensait beaucoup, ne
gagnait rien, menait un grand train, prenait toutes les
actions dont le banquier ne savait que faire, et avec l'in
souciance de Jean Lafontaine,
Mangeait son fond avec son revenu.
Mais il était l'ami du baron, son ami intime, ils ne se
quittaient plus il voyait tous les jours Amélie, dont la
confiance pour lui semblait augmenter elle lui montrait
même quelque intérêt, semblait parfois s'inquiéter de sa
position et de son avenirse permettait même quelques
conseils. Enfin c'était presque de l'amitié, et Maurice,
dont les doutes renaissaient alors, se disait Est-ce qu'elle
m'aurait entendu Est-ce qu'elle saurait combien je
l'aime? Mais jamais sa pensée, même la plus secrète
n'aurait osé aller plus loin.
teurs de la commune de Bccclaere, ont beaucoup de mé
rite, surtout si l'on considère la nature du sol. M. Louis
Verschaeve a exposé du blé dont les épis sont bien four
nis, mais dont la paille n'est pas très-longue. La ville de
Poperinghe et la commune de Proven ont fourni leur
contingent en froment de belle qualité.
Passons au lin les échantillons que nous voyons figurer
l'exposition sont magnifiques. M. Casier, de Zillebeke,
et un cultivateur de Passchendaele, ont exposé du lin non
roui de toute beauté. M. Lahousse a envoyé de Wervicq,
du lin roui récolté en 1847, qui a les plus belles qualités
et, pour faire voir ce qu'il doit être après avoir reçu les
premières transformationsil a ajouté du lin peigné de
toute beauté.
Pas loin du linse trouve le tabac dont la culture, sur
les communes de la frontière, est renommée. Wervicq,
Comines Becelaere, ont fourni leur contingent. Le
tabac de MM. Dumortier et Dcscamps parait être de pre
mière qualitécelui de MLahoussede Wervicqest
très-beau. Quelques plantes de tabac non coupé embel
lissent l'exposition [il y en a qui sont remarquables par
la grandeur de leurs feuilles.
Des produits extraordinaires par leurs volumes
sont les betteraves. Plusieurs cultivateurs en ont exposé
qui sont démesurées. Les produits de ce genre de M.
Amand VanDamme, de Zillebeke, excitent l'admiration.
M. De Winnezeele en a exposé qui sont remarquables
ainsi que M. Louis Verschaeve et d'autres, dont nous ne
nous rappelons pas les noms. Mais nous pouvons toujours
assurer qu'un des beaux produits de l'exposition sont les
betteraves qui ont été envoyées de divers côtés de l'arron
dissement.
Les févcroles ont une large part dans l'exposition. Un
grand nombre de cultivateurs ont exposé des produits de
cette espèce et nous devons le dire que ce qui figure
l'exposition est remarquable par ses tiges élevées et la
grande quantité de grain qu'on en obtiendra.
Les houblons ne devraient pas figurer dans une
exposition agricole seulement comme produit, mais on
devrait l'employer pour l'embellissement et l'ornement
du local. La ville de Poperinghe a surtout fourni son
contingent et le sarment le plus remarquable vient de sa
banlieue. C'est M. Houwen, fermier, qui l'a cultivé.
D'autres personnes de cette localité ont exposé, mais rien
jusqu'ici ne peut approcher du sarment de M. Houwen.
Le colza et l'œillette sont représentés l'exposition
par des échantillons très-beaux. C'est la ville de Comines
qui a envoyé pour la seconde espèce, des produits très-
Un soir il y avait un bal chez le baron,.qui dansait peu,
mais qui jouait beaucoup; il avait retenu Maurice, qui
voulait se rapprocher de la salle de danse, et l'avait cloué
près de lui une table de jeu qu'entourait déjà une nom
breuse et brillante jeunesse. La maîtresse de la maison
entra en ce moment, plus jolie et plus fraîche que les
roses qui brillaient sur son front et sur son seinplus
légère et plus aérienne que la robe de gaze qui ondulait
autour d'elle. Elle adressa un regard de reproche tous
les danseurs qui encombraient l'appartement où l'on
jouait, et tous ces jeunes gens, un peu honteux et baissant
la tête, s'élancèrent dans la salle du bal.
Quant Maurice, qui aurait bien voulu faire comme
eux, il s'inclina et salua respectueusement Amélie, mais
celle-ci détourna la tête et passa sans le regarder. Lui la
regardait toujours et la suivait des yeux avec tant d'in
quiétude et d'amour qu'il ne pensa plus ce qu'il faisait
et perdit un coup superbe qu'il devait gagner; il s'en
applaudit, car il lui tardait d'être décavé pour rejoindre
Amélie mais la fortune, qui a aussi ses caprices et qui
est rarement d'accord avec les désirs des amants, sembla
prendre plaisir favoriser le pauvre Maurice, aussi con
trarié alors de ses bonnes grâces qu'il avait été souvent
malheureux par ses rigueurs il avait beau faireil ne
pouvait perdre, il décavait tout le monde et ne pouvait,
bien venus et ayant fourni une grande quantité de grain®
oléagineuse.
Passons aux pommes de terre. En premier lieu nou»
devons citer M. Louis Verschaeve, qui a exposé une col
lection de douze variétés de pommes de terre dont la
croissance et la maturité sont complètes. MM. Bayart, de
Becelaereont exposé diverses espèces de pommes de
terre, ainsi que M. Louis Lapiere. Un cultivateur de
Gheluvelt a envoyé des échantillons de ce solanée qui pa
raissent avoir des qualités excellentes, parce qu'elles sont
récoltés dans un terrain sablonneux particulièrement
favorable cette espèce de culture. Nous en passons parce
que nous ne pouvons tout citer. On nous pardonnera nos
oublisen faveur de la très-grande quantité d'objets ex
posés.
Nous devons cependant parler des collections de fruits
envoyées par plusieurs amateurs d'arboriculture. En pre
mier lieu, nous devons la première place aux variétés de
fruits, envoyées par M. De Winnezeele, le bourgmestre de
Zillebeke. Les pèches, les poires, les pommes d'espèces
rares choisies, se trouvent étalées sur une table immense.
Rien qu'à examiner ces fruits, l'eau vous vient la bouche,
tellement ils ont l'air succulent. La collection de fruits de
M. François Iweinsest assez complète et nous devons
mentionner aussi les fruits envoyés par M. VanderMoere,
curé Bixschote. Ils sont beaux, de qualité choisie, et en
les examinant, on peut se convaincre que M. le curé est
amateur d'arboriculture.
La collection de légumes qui nous a paru la plus com
plète, est celle de M. Vande Putte, curé Boesinghe.
Toutefois, nous devons dire qu'aujourd'hui encore, il est
arrivé un grand nombre de nouveaux produits. M. Vande
Putte a également mérité une mention pour un envoi de
pommes de terre de diverses espèces. Nous voulons aussi
mentionner des navets monstres exposés par MDavid
Bossaert, de S'-Jcan, et d'autres envoyés par M. Vermeu-
len, de Becelaere.
Pour en finir, disons quelques mots des fleurs et des
arbustes qui ont été prêtés, pour orner et embellir l'expo-
tion. L'honneur en revient pour la plus grande part
M. Auguste Aeben, qui a exposé une collection de dah
lias rares et magnifiques. Ces fleurs, entremêlées aux
produits agricoles, produisent un effet agréable l'œil et
animent le local des Halles, de façon qu'en y entrant on
se croirait transporté dans un jardin. Somme toute, l'ex
position agricole est bien garnie pour une première fois,
et la seconde, on aura soin d'approprier une plus
grande partie des Halles cette solennité, et nous croyons
que ce sera nécessaire.
son grand regret, quitter la table de bouillotte. La nuit
s'avançait, un monceau d'or s'entassait devant lui, et M.
d'Havrecourt, qui plusieurs fois déjà était rentré, venait
cette fois de se recaver de trois mille francs. En ce mo
ment, Maurice leva les yeux et vit derrière M. d'Havre
court et en face de lui Amélie, qui le regardait avec cet air
qu'il connaissait si bien. Il y avait dans ses traits l'ex
pression du blâme et du reproche et en même temps un
sentiment d'inquiétude.
0 ciel se dit-il avec joie, elle daigne donc s'intéresser
un peu moi Elle a peur que je ne perde Et l'instant
d'après il en eut la preuve certaine, car Amélie s'adres-
sant lui d'une voix un peu émue, lui dit: Je suis fâ-
cliée de déranger monsieur Mauricemais il m'avait
promis hier de donner le bon exemple et de danser (ce
qui était vrai) faut-il lui rappeler sa promesse et l'in-
viter moi-même? continua-t-elle, en étendant vers lui
n sa jolie main... mais l'instant, car la contre-danse va
commencer.
En ce moment le baron, qui avait un brelan de valets,
dit d'une voix sèche Je fais le tout de Maurice.
Je tiens, répondit celui-ci en se levant. II avait dix-
huit et, les yeux rayonnants de joie, il abandonna ses
mille écus au baron et courut prendre la main d'Amélie.
En vérité, monsieur Maurice, lui dit-elle au moment