JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRON DISSE,AIENT. A° 771. 8e Aimée. Dimanche, 24 Septembre 1848. Vires acquint eundo. INTÉRIEUR. Maurice. ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. Piiovinc.es, 4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes.Réclames, la ligne 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. YPK.ES, le 23 Septewdre. Il faut en convenir, rien de plus obstiné qu'un parti san de l'ancienne industrie. Ni l'expérience ni les faits ne peuvent dessiller les yeux ces malheureux frappés d'une cécité qu'on dirait incurable. Réellement c'est désespérer du salut d'un pays, quand on rencontre une mauvaise, volonté aussi caractériséeune absurdité aussi évidente. On dirait vraiment que l'on a du plaisir voir des populations s'agiter dans la misère et qu'on la nourrit satiété, par des conseils auxquels on a pu croire pendant quelque temps, que le gouvernement lui-même a voulu mettre en pratique, au grand dommage de l'in dustrie libre, et pour le malheur des populations des cantons liniers, dont le sort était abandonné des empi riques incapables de l'améliorer. L'exemple de l'industrie Verviétoisc cité si souvent, n'a pu encore guérir les défenseurs de l'ancienne indus trie, de vanter tout propos la bonté, la solidité de ses produits. Mais l'ancien mode de fabriquer du drap four nissait des produits plus solides, plus forts que la fabrica tion actuelle, et cependant quelqu'un demande-Gil encore ces vieux draps qu'on ne pouvait user, et qui passaient de père en fils? Tout le monde ne s'habillc-t-il pas avec ces étoffes légères moins solides, mais ayant plus d'ap parence et ne revenant qu'à moitié prix. Il en sera de même des toiles de l'ancienne industrie, elles conserve ront quelque temps encore des rares acheteurs, mais au bout d'un certain nombre d'années, on n'en demandera pour ainsi dire plus. Les dentelles la main n'ont rien vaincu par la souf france et la patience. Les tulles et les dentelles mécani ques jusqu'ici n'ont jamais eu l'apparence même des dentelles faites sur le carreau et pour ce motif ces pro duits ont toujours été goûtés. Si l'ancienne industrie rencontre toujours chez l'ache teur une légitime préférence cette préférence doit se traduire par une augmentation de prix. Or, de jour en jour les prix diminuent et aujourd'hui que les toiles faites de fil filé la main sont vil prixon les présente toutes les portes pour trouver des acheteurs. Le Journal des Baziles a trouvé la cause de la déca dence de l'industrie linièremais la véritable causela vraie cause. Ne riez pas, c'est la politique, dit-il, le peuple perdait son pain au son cadencé du libéral tous les tons. Mais le pouvoir catholique ne devait pas laisser perdre au peuple son pain par des chansons. Vous voulez que la France diminue les droits l'entrée des toiles. C'est très bien, nous ne demandons pas mieux. Mais la France s'y refuse netconnaissez-vous le moyen de l'y contraindre? au lieu de dicter la loi, quand le parti clérical tenait le pouvoir, c'est par des concessions ruineu ses qu'il a taché de désarmer la France. Maintenant voici le spécifique que les défenseurs de l'ancienne industrie linière préconisent pour galvaniser ce cadavre. Ils demandent qu'on frappe les lins la sortie d'un droit pour ainsi dire prohibitif. A force de répéter sur tous les tons que c'est le dernier remèdeils ont fini par faire accroire quelques bonnes gens que c'était la panacée qui devait guérir les maux des Flandres. Si le lin manquait nos tisserandssi nous pouvions le tra vailler dans le pays, nous pourrions concevoir que ce soit un moyenbien que dans notre opinionil n'aurait pour effet que défaire cultiver et acheter en d'autres pays,le lin qu'on exporte du nôtre. Mais ce n'est pas ainsi. Pendant que d'un coté, nos exportations de lin diminuent, sont tombées la moitié, on se plaint de devoir vendre les fabricats de lin perte et c'est alors qu'on veut ruiner une branche de commerce agricole Mais c'est des malheu reux ajouter d'autres malheureux et détruire sans pro duire aucun bien pour le tissage, une culture qui a été plus prospère qu'elle n'est actuellement. Les arguments qu'on présente l'appui de la demande d'un droit la sortie des lins sont des plus plaisantson compare la culture du lin dans notre pays la culture delà vigne, comme si ailleui'3 il était Impossible de cultiver le lin comme en Flandre. Forcez les industriels se pour voir ailleurs et on se passera bientôt des lins de notre pays. Du reste, on commence s'en passer, puisque de huit millions de kilogrammes, l'exportation est descendue quatre raillions. Il serait difficile de se faire une idée de l'entêtement des partisans de l'ancienne industrie linière. Les argu ments les plus concluants ne produisent aucun effet sur eux. Us veulent remonter le courant et ils ne récolteront de leurs efforts, que ruine et misère. de lecteurs, M. Annoot est aujourd'hui en position de pouvoir se faire apprécier et de se créer une réputation comme savant. Le hasard nous fournit une réponse péremptoire M. le rhétoricien, champion de l'établissement ecclésias tique de Poperinghe, c'est l'annonce de la nomination par le Conseil communal de Bruxelles, de Mr I.-B. Annoot, aux fonctions de professeur de l'algèbre élémentaire l'école centrale du commerce et de l'industrie. M. Annoot, fils du conseiller communal de la ville d'Ypres, est un des élèves du collège communal de cette villequi lui ont fait honneur et ce n'est pas le seul. Etudiant de l'Univer sité libre de Bruxellesil a pris ses grades de docteur en sciences d'une manière brillante. Auteur d'un ouvrage intitulé: Essai sur les mathématiques pures, dont les hommes spéciaux disent beaucoup de bien, mais qui malheureusement ne s'adresse qu'à une classe restreinte VI. L'ORGIE. (SUITE.) En ce moment elle leva les yeuxet rencontrant ceux de Maurice,elle s'arrêta, rougit et ne finit pointsa phrase. Et M. Mathieu, reprit Maurice, ce brave garçon tailleur qui vous aimait tant et voulait vous épouser... Je ne l'aimais pas. Et si votre père en apprenant ce que vous êtes de venue, allait mourir de chagrin Ah ne dites pas çamonsieur. C'est, au contraire, pour faire un sort mes parentspour leur donner le repos et l'aisancepour que sur leurs vieux jours ils ne soient pas obligés de travailler encore. Et puis, s'il faut vous le direje voyais Fœdoraqui logeait dans la même maison que noussi heureuse et si estimée de tout le monde, commencer par Mme Galuchet, la portière, qui avait tant de considération pour elle Et c'est là ce qui vous a déterminée Ah! autre chose encore... Dans le magasin de lin- Nous avons annoncé dans notre dernier n° qu'un fes tival devait avoir lieu Messinesjeudi21 Septembre 1848. Bien que ce fut au milieu de la semaine de la ker messe un concours innombrable de monde a eu lieu. Les habitants de toutes les communes avoisinantes s'étaient rendus Messines, pour assister cette fête. L harmonie de Neuve-Église a pris part au festival avec la musique du corps des Sapeurs-Pompiers de la ville d'Ypres. Vers deux heures, cette dernière est arrivée près du bourg de Messines et immédiatement la musique de cette localité s'est formée en cortège, précédée d'un détachement de gendarmerie cheval, suivie par une brigade de la douane et escortée d'une escouade de gardes-champêtres qui formaient la haie, elle s'est rendue la rencontre de la musique des Pompiers et l'a reconduite ainsi en ville. Le même cérémonial a été suivi, quand la musique de Neuve-Église a été annoncée l'entrée de Messines. Après, les trois musiques réunies ont fait le tour de la pe tite ville et le festival a commencé. Chaque harmonie a exécuté trois morceaux, tous ont été bien exécutés et surtout ceux joués par la musique des Sapeurs-Pompiers. A sept heures, le festival était ter miné et les assistants ont été conviés Ta danse. De toutes parts on entendait le violontoutes les salles se remplis saient vue d'oeil. La fête a été très-animée et nous croyons que Messines en gardera un bon souvenir. Par arrêté royal du 18 Septembre, l'installation des nouveaux conseils communaux est fixée au jeudi, 5 Oc tobre prochain. ÉCOLES PRIMAIRES COMMUNALES. Nous donnons dans notre numéro de ce jourla liste officielle des jeunes élèves qui ont obtenu des prix la distribution du 19 Septembre 1848. Prix d'honneurBorry, T. Bras, J.; Wydooghe, L.; BorryF. SoetaertE. JoestcnsL. Prix d'encouragement :\anLitnbeck, D.; François, C.; De Puydt, D. Taflfin F. 1° année Ie division. Catéchisme: 1er Van Hollcbeke, C. 2e De Lobelle, A. Application et conduite Prix CasierE. Lecture: 1er VandenBulcke, G.; 2° Germonprez, L. Arithmétique: 1er DondeyneT.; 2e Bouten, II. Écriture: lor De Weerdt, F.; 2° Robbe, H. 2" division. Cathéchisme1" Leroy, F. 2e GodtsclialckT. Application et conduite Prix Verhaeghe. Lecture: 1er Vermeulen, L.; 2° Dédier, E. Arithmétique 1er De ThoorE. 2e Calame, F. Écriture: 1" Bernard, T.; 2e Volleboudt, P. gerie où j'allais, toutes ces demoiselles se moquaient de moi et cherchaient toujours m'humilier sur ma tenue et sur ma mise; elles étaient pimpantes et brillantes, elles avaient des chapeaux et des cachemires, une surtout, Cléofé, qui était d'une insolence!... Elle plaisantait tou jours sur mes socques et mes bas crottéset c'est pour l'humilier mon tour que j'ai voulu avoir une voiture c'est là surtout ce qui m'a décidée. Ah le baron vous donne voiture s'écria son voisin de droite, qui, au milieu du tumulte, avait saisi ces der niers mots. Oui, monsieur, un coupé!., et rue de Bruyère, n° 33, une petite maison charmante moi toute seule que j'habite depuis hier; car jusque-là, dit-elle en se tournant vers son voisin de gauche, je n'étais pas encore décidée. Et même aujourd'hui c'est tout au plus si je le suis. Eh bien puisque vous vous appartenez encore puisque vous ne vous êtes pas donnée, dites un mot, et je vous reconduis ce soir même chez votre père. Chez mon père dit la jeune fille avec effroi. Oui, n'êtes-vous pas libre? Non, non... après ce que j'ai déjà reçu, je suis en gagée... j'ai promis au baron... je suis unehonnête fille... et moins que lui-même ne me rende ma parole... En ce momentle bruit, qui depuis quelque temps re doublait, était arrivé son apogée: des acclamations et de longs éclats de rire partaient du bout de la table. Alfred, qui venait de se lever, avait obtenu un instant de silence, et il en profita pour s'écrier: Je dois, messieurs, vous signaler un fait important notre amphytrion disait tout l'heure qu'il y voyait double, et il ne voit pas qu'en face de lui,etsoussesyeux, Maurice lui enlève, sa maîtresse. LuiMaurice dit le banquier en riant il n'est pas redoutable il n'entend rien aux conquêtes Il est vrai, dit Alfred, que je ne lui en ai jamais connu mais s'il est comme le lier Ilippolyte, s'il n'a pas de passion... Il en a! s'écria le banquier, exalté par le vin, le bruit et la chaleur de la salle. Il n'en a pas! cria Alfred sur le même ton. 11 en a une, répliqua le banquier, une inconnue que je connais et que je vous nommerais si je voulais. Je vous en défie, reprit froidement Maurice. Ah! il m'en défie... vous entendez qu'il m'en défie...

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