EXTÉESIEUIS. Quelques électeurs modérés de Poperinghe soutiennent encore que la lutte électorale dont cette ville a été le théâtren'a point eu lieu entre des rétrogrades et des progressistesni entre des catholiques et des libéraux; mais plutôt entre des conservateurs et des réformistes. Cette version-ci est au moins raisonnable et juste mais sur cela nous leur demanderons lequel néanmoins des deux partis mérite le nom de rétrograde ou de libéralou bien les conservateurs qui conservent avec ténacité tout ce dont ils se sont emparés frauduleusement leur profit personnelou bien les réformistes qui n'ont eu d'autre but que de réformer un un en vue du bien-être géné ral, les nombreux abus que les conservateurs ont intro duits dans l'administration? L'article prodigieux dont le comité bâtard semblait devoir accoucher par un travail aussi long que laborieux, et dont on croyait faire un épouvantail aux libéraux, n'ayant pas encore vu le jour, le public suppose qu'il n'est pas encore terme, ou plutôt qu'il doit être avorté non visible par suite des tiraillements qu'on dit être sur venus dans le sein du susdit comité. Mieux vaut en effet pour cette production ne jamais voir la lumière, que de naître aussi bâtarde ctaussi monstre que ses auteurs même en rougiraient. On lit dans la Chronique de Courtrai: Une visite domiciliaire a été opérée ce matin, par M. le commissaire de police et deux gendarmes, chez le sieur Delobel-Doornaertcontre lequel un mandat d'amener avait été délivré, comme prévenu d'avoir écrit des lettres de menaces aux jures de la cour d'assises d'Anvers, sié geant dans l'affaire du Risquons-Tout. Le sieur Delobel se trouvait absent, mais son maître-ouvrier, le sieur Bouillon, françaischarge duquel il existe un arrêté d'expulsion, a été saisi et conduit en prison. N'y a-t-il pas là violation de domicile? Certes, le cas de flagrant délit ne trouve pas ici son application. Trois nouvelles arrestations ont été faites, hier, dans l'affaire des vols de l'avoine des chevaux de l'artillerie savoir: celles du eantinier de la caserne, Dancien militaire pensionné, du loueur de voiture, P. D... et du voiturier W... On croit difficilement leur culpabilité. Le Congrès agricoledans sa séance de samedia adopté les résolutions suivantes: 1° L'intérêt public réclame l'appui du gouvernement dans l'industrie chevaline par l'établissement de dépôts d'étalons, organisés avec le concours direct ou indirect des autorités provinciales et des comices agricoles. L'in stitution des courses ne doit pas être maintenue. Les sommes qui y sont annuellement consacrées seront distribuées en primes aux éleveurs des meilleurs entiers et des meilleurs juments poulinières 2" Un droit protecteur modéré sur les céréales et le bétail est favorable aux intérêts de l'agriculture. Le droit ne peut être préjudiciable aux intérêts de la société en général. Subsidiairement, il y a lieu de supprimer les droits d'octroi dans les villes sur les produits agricoles alimen taires. De prendre des mesures pour abaisser les frais des in termédiaires entre les producteurs et les consommateurs. (Celte dernière résolution a été votée par division par 67 voix contre 64, après deux épreuves douteuses, par assis et levé.) La discussion sur la question de savoir s'il convient de favoriser par des réductions de péages et de tarifs le transport de denrées et d'engrais sur les chemins de fer les routes et les canaux a été renvoyé demain. leurs joyeux projetset maintenant, se remettant peu peu de leur embarras et se laissant aller la séduction que leur causait cette femme si aimable et si belle, si con fiante pour son mari et si gracieuse pour tous, ils com prenaient presque qu'une soirée intime passée auprès d'elle pouvait offrir autant de charmes que les plaisirs bruyants qu'ils étaient venus chercher. Le baron lui- même, commençait respirer, reprenait courage et re naissait l'espoir de voir la soirée se terminer pour lui sans catastrophe, lorsque la porte du boudoir s'ouvrit, et Athénaïs Tricot parut. Un frisson involontaire parcourut toute l'assemblée. Soit que sa toilette élégante lui eût donné plus d'aplomb, soit que le diner l'eût enhardie, Athénaïs n'avait plus l'air gauche et timide qui avait signalé sa première entrée. Elle était déjà presqu'à la hauteur de sa nouvelle positionet dans l'aisance de sa démarche, dans la manière dont elle portait la tète, dans un sourire tant soit peu sans façontout trahissait la femme qui se croit chez elle. En apercevant une dame dans le salon, elle courut elle d'un air familier; puis, ne reconnaissant ni Palinyre ni Cléofé, ni aucune de celles qu'on attendaitelle s'écria Qui étes-vous, madame? C'est ce que j'allais vous demander, madame, ré pondit Amélie en souriant. Le banquier, redoutant l'explication qui allait le perdre et qui semblait inévitable, se hâta de prendre Amélie par la main, et dit Athénaïs: C'est ma femme!.. Ce mot de femme produit sur toutes les lorettesgri solles, el sur lous les amours généralement quelconques, Le Congrès a répoussé, par Tordre du jour, la proposition faite par la troisième sectiond'engager le gouvernement réduire les droits qui pèsent sur les distilleries agricoles. 11 s'est séparé quatre heures. Il tiendra une dernière séance demain deux heures. La soirée, donnée vendredi par les délégués de la Société anglo-américaine de la Paix universelle, avait attiré une nombreuse et brillante réunion. M. Ewart a proposé un sentiment pour M. Rogier, ministre de l'intérieur, et pour M. Visschcrs, pour remercier la Belgique de l'accueil bienveillant qu'ont reçu les apôtres de la paix. M. Buckingham a pris ensuite la parole pour exprimer sa reconnaissance de la manière cordiale dont ils avaient été reçus Bruxelles. M. Roussel a proposé le sentiment suivant: A l'union cordiale et fraternelle des nations, et la paix permanente et universelle. Ce texte a fourni M. Vincent une nouvelle occasion de prononcer de chaleureuses paroles qui ont été cou vertes d'applaudissements. Est venu ensuite M. Lehardy de Beaulieu qui a proposé le sentiment suivant: Aux dames! Puissent-elles enseigner la nouvelle génération de tous les pays, les sentiments de paix et de fraternité universelles. M. Seoble a appuyéeette proposition par quelques mots qui ont trouvé un écho dans toute l'assemblée. M. Sturge a remis M. Visschers, président du Congrès, un exemplaire de deux mémoires sur la paix universelle, comme gages de reconnaissance et de souvenir. Après une allocution chaleureuse M. Elihu BurrittM. Bourson a annoncé que les délégués des sociétés de la Paixvoulant laisser un souvenir de leur passage en Belgique ont fondé trois prix, de 500, de 300 et de 200 fr.,pour les trois meilleurs essais sur les questions qui ont été discutées dans le Congrès. Enfin M. Sturge a adresséau nom de ses amisun dernier adieu aux habitants de Bruxelleset l'assemblée s'est séparée vers 11 heures. M. le baron de Rotschildde Parisest arrivé avant- hier soir Bruxelles. Il a été reçu hier matin en audience particulière par le roi, au château de Laeken, et est re parti pour Paris midi et demi. Samedi soir le corps de musique de la légion de Saint- Josse-ten-Noode a donné une sérénade devant la modeste maison que M. Rogieroccupe avec sa famille depuis 1830. Le 16 septembre un violent incendie a éclaté la ferme de Remy d'HalIewynsur Reckcm,etlc sieur Catteau aurait péri dans la cave de cette ferme, étouffé par la fumée, si Adolphe Evrardsous-brigadier des douanes et Joseph-Pierre Denys, douanier, tous deux en rési dence Risquons-Tout, n'avaient, au péril de leur vie, passé au travers du feu et pratiqué dans la muraille une ouverture, par laquelle ils ont pu le soustraire aux flammes. FRANCE. Ptiiis, 24 septembre. M. Cham- bolle, rédacteur en chef du Siècle et ancien député, un des candidats malheureux du journalisme aux élections de juin dernier, vient d'être élu dans la Mayenne. S'il faut en croire des personnes bien informées, M. Louis Bonaparte aurait l'intention d'arriver incognito l'assemblée nationale. Il monterait la tribune, ferait un discours et disparaîtrait ensuite jusqu'à la présidence. Les ennemis de M. Louis Bonaparte disent qu'ils ne lui demandent qu'un discours. un effet convulsifet répulsif, mêlé cependant de. respect... ascendant irrésistible de la légitimité! Aussi, Athénaïs, surprise et confuse et ne trouvant rien dire, se contenta de répondre par une révérence embarrassée qui semblait moins une politesse qu'une reconnaissance de principe. Mais il restait la question la plus difficile traiter et résoudre. Quelle est madame? demanda gracieusement Amélie son mari en lui montrant Athénaïs. Et le banquier, semblable aux gens d'esprit auxquels il ne faut que du temps pour réussir dans les impromptus, le banquier, qui avait eu le loisir de reprendre son aplomb, répondit hardiment: Madame est... ou plutôt était la propriétaire de cette maison que je viens d'acheter... Fille d'un négociant qui a eu des malheurs... elle est obligée de se défaire de tous les biens de la succession paternellecommencer par cette propriétéqui ne rapporte rien et qui est toute en tière de luxe. Ah! mademoiselle est orpheline, dit Amélie en la regardant avec intérêt. Oui, madame, répondit la fille du négociant, qui évidemment était fort mal son aise. Et si jeune encore, vous vous occupez vous-même de vos affaires...'d'affaires aussi importantes? Madame est mariée, reprit vivement le baron, ma riée depuis peu... un homme... qui est très-bien... et que madame doit rejoindre ce soir même Paris. Ouivraiments'empressa de répondre Athénaïs quiles yeux fixés sur ceux du baron, cherchait lire M. Louis Napoléon représente un mot tour-à-tour mal venu ou bien venusuivant l'état des esprits le changement. C'est là tour-à-tour sa faiblesse et sa force. Comme le disait hier un ambassadeur: M. Louis Napoléon n'est pas une solution, c'est un épisode. Le général Rulhière a été élu représentant du peuple par i0,232 suffrages, dans le département de la Haute-Loire. Des bruits de modification dans le cabinetrépétés par quelques journauxoccupent depuis plusieurs jours le public. Ces bruits n'ont pas le moindre fondement Depuis sa formation, le cabinet n'a pas cessé d'être parfaitement uniet aucun de ses membres ne songe abandonner le poste auquel Ta appelé la confiance de l'assemblée nationale et du chef du pouvoir exécutif. M. Goudchaux, ministre de finances, frappé enfin de l'insuffisance des moyens ordinaires pour remédier l'affreuse pénurie de l'agriculture et du commerce, saisira, dit-onprochainement l'assemblée d'un décret relatif l'organisation du crédit foncier et industriel. M. Roger de Beauvoir écrit un journal qu'il a formulé une demande en autorisation de poursuites contre M. Avond, représentant du peuple, et déposé une plainte des plus graves contre ce représentant au tribunal de Corbeil. Nous apprenons qu'il s'agit d'une plainte en adultère. On se rappelle que M. Roger de Beauvoir a épouséil y a deux ans environ, Mlle Doze, du Théâtre-Français, Plusieurs représentants, très-purs républicainsqui assistaient au banquet du Chàlet, ont été si effrayés et si mécontens des déclamations de M. Ledru-Rolin, qu'ils ont obtenuce qu'on assureque le discours serait modifié avant d'être publié. Constitutionnel Le Journalqui passe pour recevoir les inspirations du président du conseilapprécie en ces termes le banquet Nous n'avons rien d dire contre ce diner, sinon qu'il s'est terminé par un discours un peu trop vif de M. Ledru-Rollin. Nous n'aimons pas, même au dessert, le style des circulaires. Le transport des insurgés dans les forts a donné lieu, ces jours derniers, un incident singulier. Un tein turier de la rue Fontaine-au-Roi, le sieur B..., la suite des événements de juin, avait été renfermé au fort de Noisy. Cet homme, qui vivait depuis longtemps avec une femme dont il a deux enfans, ayant appris qu'une décision de commissions militaires l'avait condamné la transpor- tation, songea légitimer ses deux enfans par un mariage avec leur mère; mais une difficulté vint l'arrêter. Le maire de la commune où est situé le fort, s'appuyant sur l'article 73 du code civil, déclara qu'il ne voulait point procéder la célébration du mariage sans un ordre supé rieur, parce que ni l'un ni l'autre des deux époux n'avait six mois de résidence dans la commune. Il fallut en ré férer l'autorité administrative. Pendant que ces choses se passaientl'ordre arrivait de faire partir le convoi de transportés dans lequel se trouvait compris le malheureux teinturier comme il n'existait point d'ordre qui fit ex ception en sa faveur, il dut partir. Arrivé au Havre, son premier soin fut d'écrire celle qu'il appelait sa femme; saisie cette nouvelle du plus violent désespoir, cette malheureuse se rendit chez M. le général Cavaignac, èt réclama grands cris son inter vention pour que le sieur B... pût revenir accomplir l'acte qui devait lui donner le nom et les droits d'épouse légitime. Quelques jours après un ordre supérieur ramenait en effet le sieur B... du Havre Paris, et le réintégrait au fort de Noisy; là la première difficulté relative aux six mois de domicile fut de nouveau relevée par le maire, et ne fut applanie que par la permision qui fut donnée de conduire le sieur B... la mairie de l'arrondissement de son premier domicile, où le mariage a pu être enfin célébré. Cet acte accomplile sieur B... a dû être reconduit au Havre par le dernier convoi des transportés. toutes ses réponses. Madame, continua le banquier, avait jusqu'ici ha bité cette maison c'est elle qui, notre arrivée, nous en a fait les honneurs; mais, comme je l'ai dit, son intention est de repartir ce soir. J'espère qu'elle n'en fera rien réprit Amélie. D'a bord il est déjà très-tardet puis j'aurai demander madamesur cette maisonune foule de renseignements et de détails que la propriétaire seule peut donner, et qu'elle ne me refusera pas. Le banquier était sur les charbons et bien décidé dès ce moment ne pas laisser sa maîtresse en contact avec sa femme et renvoyer la première Paris mais il fal lait pour cela donner des ordres et prendre des arrange ments que la présence de M,ne d'Havrecourt rendait bien difficiles. D'un autre côté, il croyait chaque instant entendre le roulement des voitures; il tremblait de voir arriver l'Opéra. Ses compagnons de plaisir partageaient la même crainte. En vain, par une préparation adroite, le banquier avait parlé des artistes qu'il attendait, il serait bien aisé de voir que ces dames n'arrivaient point en cos tume et pour un divertissement, et puis on avait pu jusqu'à un certain point compter sur la coopération d'Athénaïs, laquelle ne manquait ni de tact ni d'esprit et avait compris demi-mot. Mais faites donc entendre raison une douzaine de jeunes filles folles et rieuses qui se précipiteraient dans le salon en dansant, et quiloin d'entrer dans l'embarras de la situation, s'amuseraient beaucoup des infortunes conjugales du baron sans compter que ces demoiselles venaient pour souperet

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Le Progrès (1841-1914) | 1848 | | pagina 2